Postures de l’Enfant.

 

 

 

L’enfant troue le vide. L’enfant troue le vide avec l’intégralité de son corps.

 

L’enfant troue le vide avec le filtre d’intégrité de son corps.

 

L’enfant marche tranquillement parmi les murs du vide.

 

 

L’enfant regarde la parole de ses pieds.

 

L’enfant regarde ses pieds parler au front de la terre.

 

L’enfant respire son ombre avec ses pieds. L’enfant respire son ombre avec la plante de ses pieds.

 

L’enfant regarde la route avec ses pieds. L’enfant regarde la route avec l’éloignement de ses pieds.

 

L’enfant fait des pieds et des mains. L’enfant fait des pieds de nez et des mains d’oreilles. L’enfant fait des pieds d’oreilles et des mains de nez.

 

L’enfant marche sur le carrelage froid pour réveiller ses pieds.

 

Quand il rêve, l’enfant apprend à marcher avec autre chose que ses pieds.

 

L’enfant sait que quand il marche ses chaussures sont sur ses pieds et que quand il est assis  ses pieds sont sur ses chaussures. L’enfant sait que quand il marche ses pieds sont dans ses chaussures et que quand il reste assis ses chaussures sont dans ses pieds.

 

L’enfant marche dans les allées du jardin comme s’il jouait aux cartes avec ses pieds à la surface d’un échiquier.

 

 

L’enfant fait le tour du monde à chaque pas.

 

L’enfant sait quoi dandine. L‘enfant sait comment quoi dandine. L’enfant sait comment quoi dandine encore aussi.

 

L’enfant saute à cloche-pied d’un désert à l’autre.

 

L’enfant se tient debout auprès de la margelle du puits de sa démarche.

 

L’enfant sait qu’à chaque tour de manège le regard revient. L’enfant sait qu’à chaque tour de manège le regard de l’immobile revient, le regard de l’immobilité du monde revient.

 

L’enfant marche sur la terre à la manière d’un cosmonaute. L’enfant marche sur la terre comme le cosmonaute de son amnésie. L’enfant marche sur la terre comme le cosmonaute de son âme, le cosmonaute de l’amnésie de son âme.

 

 

L’enfant s’accroupit afin de hisser le drapeau d’herbes de la terre. L’enfant s’accroupit afin de prier les brins d’herbe qu’il arrache. L’enfant s’accroupit afin de prier comme ça les brins d’herbe qu’il arrache et suce. L’enfant s’accroupit pour devenir le contrebassiste des racines.

 

L’enfant se tient debout en équilibre sur les fesses. L’enfant s’assoit sur les oreilles de ses pieds. L’enfant s’accroupir sur son front. L’enfant s’accroupit sur la bouche de son front.

 

 

L’enfant utilise des échelles de cheveux pour grimper au sommet de sa tête.

 

L’enfant sait que la tête de la terre coupe les pieds du ciel. L’enfant sait que le matin la tête de la terre coupe les pieds du ciel et que le soir la tête du ciel coupe les pieds de la terre.

 

L’enfant sait comment marcher sous les marches de l’escalier avec la tête (et les pieds dans le vide …).

 

L’enfant marche sur les œufs de fesses du volcan.

 

L’enfant marche sur les fesses de bonbons du volcan.

 

L’enfant marche sur les fesses de yoyo du volcan. L’enfant marche sur le yoyo de fesses du volcan.

 

 

Courir est la sagesse de l’enfant. L’enfant court parmi les flaques d’eau comme un sage reste assis immobile au pied d’un arbre.

 

L’enfant ne regarde presque jamais le ciel. L’enfant regarde là où il marche. L’enfant regarde là où la terre marche. L’enfant regarde la terre marcher parfois jusqu’au ciel. L’enfant regarde la terre marcher parfois au-dessus même du ciel.

 

L’enfant ne voit pas le ciel. L’enfant marche à la surface de la terre comme il vole à l’intérieur du ciel. L’enfant marche à la surface du ciel comme il vole à l’intérieur de la terre.

 

L’enfant ne regarde le ciel qu’à l’instant où il tient un couteau dans la main. L’enfant ne regarde les étoiles qu’à l’instant où il tient un couteau dans la main.

 

L’enfant examine les cas de jurisprudence des flaques d’eau. L’enfant ne regarde le ciel qu’à l’intérieur des éclaboussures d’oubli des flaques d’eau. L’enfant se nettoie de ses cauchemars en courant dans les flaques d’eau.

 

L’enfant patauge dans les éclaboussures des carrés. L’enfant patauge dans les éclaboussures de carrés de la disparition du ciel.

 

 

 

L’enfant frictionne ses yeux avec des doigts de soleil.

 

L’enfant sait qu’il y a de gouffres de confiture entre chaque doigt.

 

 

L’enfant cherche un tigre de silence entre ses doigts.

 

L’enfant sait que les déserts sont les doigts d’une seule et même main.

 

L’enfant essaie de montrer ses doigts avec sa main. L’enfant essaie de montrer le feu de ses doigts avec l’eau de sa main.

 

L’enfant sait qu’il y a un jour entre chaque doigt et une semaine entre chaque main. L’enfant sait qu’il y a un jour entre chaque doigt et une main entre chaque semaine.

 

 

L’enfant suce son pouce comme une planète. L’enfant suce son pouce comme un escargot suce la terre.  

 

Les doigts de l’enfant sont les satellites de la planète de son pouce. Les doigts de l’enfant sont les satellites de la planète de sang lacté de son pouce.

 

L’enfant extrait l’intégralité du futur de son pouce comme un prestidigitateur fait jaillir un chat sauvage d’un chapeau. L’enfant extrait l’intégralité du futur de son pouce comme un prestidigitateur sort un chapeau d’un lapin. L’enfant extrait l’intégralité du futur de son pouce comme un prestidigitateur fait jaillir un chapeau d’un lapin.

 

L’enfant se promène à l’intérieur de la motte de terre qu’il tient à l’intérieur de la main.

 

L’enfant sait que s’il creuse très profond à l’intérieur de la terre il trouvera sa main. L’enfant sait que s’il creuse très profond à l’intérieur de la terre il trouvera le souterrain de sa main. L’enfant sait que s’il creuse très profond à l’intérieur de la terre il trouvera la grotte de préhistoire de sa main. L’enfant sait que s’il creuse très profond à l’intérieur de la terre il découvrira la poche de kangourou de la clarté.

 

 

L’enfant entasse des œufs et des chemins à l’intérieur de sa brouette. L’enfant entasse des œufs, des bombes, des chemises et des chemins à l’intérieur de sa brouette.

 

L’enfant sait que les brouettes roulent à cloche-pied. L’enfant sait que les brouettes roulent à cloche-pied et restent parfois bloquées les bras nus.

 

L’enfant pousse la brouette avec les battements de son cœur. L’enfant pousse la brouette avec les battements de racines de son cœur. L’enfant pousse la brouette avec les racines de brûlures de son cœur.

 

L’enfant sait que c’est l’haleine du dragon qui apprend comment rester en équilibre à bicyclette. L’enfant apprend à rester en équilibre à bicyclette grâce à l’haleine du dragon. L’enfant roule à bicyclette comme s’il se tenait à califourchon sur une licorne de braises.

 

 

L’enfant pêche les murs, les portes, les fenêtres, les toits et parfois même les maisons. L’enfant chasse les bruits, les cris, les frissons, les chansons et parfois même les paroles.

 

L’enfant pèche la rivière en y plongeant la main. L’enfant plonge la main dans l’eau pour essayer de pêcher la rivière.

 

L’enfant pêche des éléphants avec le fou-rire de ses orteils. L’enfant cueille des otaries avec le fou-rire de ses orteils.

 

L’enfant cueille les rivières. L’enfant pèche les fruits et cueille les rivières. L’enfant pêche les fruits avec sa bouche et cueille les rivières avec ses pieds.

 

L’enfant pèche le poisson du paysage. L’enfant pèche le poisson du paysage comme un chien court après sa queue. L’enfant pêche le chat du paysage. L’enfant pèche le chat du paysage comme un chien court après sa queue. L’enfant saisit le soleil par la queue comme si c’était un chat.

 

 

L’enfant s’assoit sur le banc de l’abribus comme un athée à l’intérieur d’une église.

 

L’enfant s’assoit sur le banc de l’abribus comme un saint à une table de jeu, comme un saint à une table de baccara, comme un saint à une roulette de casino.

 

L’enfant se tient assis sur la chaise de la cuisine comme un homme dans un fauteuil de bordel.

 

A califourchon sur la chaise, l’enfant parvient à devenir acrobate sur l’échine de braises du temps.

 

L’enfant s’assoit à l’intérieur du cerisier comme sur un totem de serrures. L’enfant s’assoit entre les branches du cerisier comme sur un totem de serrures déchirées. L’enfant s’assoit à l’intérieur du cerisier comme sur un totem de clowneries. L’enfant s’assoit à l’intérieur du cerisier comme sur un totem de cris clownesques.

 

 

L’enfant sait que les galipettes plantent des buissons de grenouilles et des ventilateurs de champignons. L’enfant sait que les galipettes plantent des galimatias de pendules, des matelas de pendules, des galimatelas de pendules. L’enfant sait que les galipettes schématisent des galimatelas de pastèques, des galimatelas de pastèques de pacotille. L’enfant sait que les galipettes plantent des grillages de mousse, des grillages de papier-buvard.

 

L’enfant sait que faire une galipette c’est galoper à l’intérieur d’un sablier. L’enfant sait les galipettes galopent à l’intérieur du papier-buvard. L’enfant sait que les galipettes galopent parmi des buissons de papier-buvard. L’enfant sait que faire une galipette c’est galoper à l’intérieur d’une toupie, à l’intérieur d’une toupie de papier-buvard, à l’intérieur d’une toupie de sable. L’enfant sait que faire une galipette c’est galoper à l’intérieur d’un buisson de champignons, à l’intérieur d’un bosquet de champignons. L’enfant sait que faire une galipette c’est galoper sur un matelas de champignons, c’est galoper à l’intérieur d’un accordéon de champignons. L’enfant sait que faire une galipette c’est retourner le sablier du paysage.  L‘enfant sait que faire une galipette c’est retourner la clepsydre de grains de beauté de l’espace. L’enfant sait que faire de galipettes c’est retourner la clepsydre de la dérive de continents.

 

L’enfant fait de galipettes pour boire l’odeur de la terre à la bouteille. L’enfant fait des galipettes pour boire l’odeur de l’herbe et de la terre à la bouteille. L’enfant fait des galipettes pour boire la terre à la régalade. L’enfant fait des galipettes pour boire la terre au goulot de l’herbe, à la régalade de l’herbe, au goulot de régalade de l’herbe.

 

 

L’enfant sait comment s’allonger à l’instant de son sourire.

 

L’enfant allonge son sourire au-dessus de l’en deçà. L’enfant allonge son sourire au-dessus du ciel de l’en deçà.

 

L’enfant s’allonge à la balustrade de clarinettes de son sourire.

 

L’enfant allonge le cosmos de son sourire au-dessus du télescope de son rire. L’enfant allonge le cosmos de son sourire au-dessus du télescope de sa gravité.

 

L’enfant tient le télescope de sa gravité debout à l‘intérieur du cosmos de son sourire. L’enfant prend et jette le télescope de sa gravité à l’intérieur du cosmos de son sourire, à l’intérieur du cosmos de son rire.

 

 

L’enfant se cogne parfois le front contre avec. L’enfant se cogne parfois le front contre avec demain.

 

L’enfant plante des échelles de couteaux. L’enfant plante des échelles de couteaux à l’intérieur de la semaine de demain.

 

 

L’enfant pose à chaque instant le problème de la disparition du vide.

 

Un petit enfant au milieu de l'aéroport ne veut pas marcher. Son aphasie accroupie devient un avion.