Marges de Julien Métais

 

 

 

 

 

« L’enfance, c’est l’esprit de pauvreté répandu à satiété sur toute la création. »

 

 

 

L’enfant dépense la pauvreté. L’enfant dépense l’extrême pauvreté. L’enfant dépense l’extrême pauvreté de la joie. L’enfant dépense le dénuement. L’enfant dépense le dénuement de la joie. L’enfant dépense l’immédiat. L’enfant dépense l’extrême pauvreté de l’immédiat. L’enfant dépense le dénuement de l’immédiat. L’enfant dépense le dénuement de joie de l’immédiat.

 

 

 

 

 

« Les enfants vivent dans un monde en perpétuelle mutation. Du reste ils sont eux-mêmes l’expression de cette mutation, »

 

 

 

L’enfant affirme la métamorphose. L’enfant affirme la métamorphose de l’immobile. L’enfant affirme la métamorphose de l’immédiat. L’enfant affirme la métamorphose d’immobile de l’immédiat.

 

 

 

 

 

« La curiosité insatiable de l’enfant épuise le langage, le laisse brisé et sans voix. »

 

 

 

L’enfant épuise le langage par le geste même de recommencer le langage à chaque instant. L’enfant recommence le langage à chaque geste. L’enfant recommence le langage à chaque geste du silence. L’enfant recommence le langage par les gestes de feu du silence.

 

 

 

 

 

« Chaque enfant porte en lui comme un secret descellé l’image de sa destinée. »

 

 

 

L’enfant affirme le destin. L’enfant affirme l’improvisation du destin. L’enfant affirme l’insouciance du destin. L’enfant affirme les formes d’improvisation du destin, les formes d’insouciance du destin, les formes d’improvisation insouciante du destin.

 

 

 

 

 

« Le sommeil est la récompense de ceux qui ont abandonné l’espérance en chemin. »

 

 

 

Le sommeil invente une forme de baume paradoxal. Le sommeil embaume la blessure par le repos du désespoir. Le sommeil compose le baume du désespoir. Le sommeil compose le baume d’amnésie du désespoir. Le sommeil repose le désespoir sur le piédestal de la chute, sur le piédestal de chute de la nuit. Dormir c’est ainsi apprendre à dissocier le désespoir de l’angoisse. Dormir c’est apprendre à distinguer le désespoir de l’inquiétude. Dormir c’est ainsi aussi une manière d’apprendre au désespoir à tomber avec exactitude, une manière d’apprendre au désespoir à tomber à l’intérieur d’une forme exacte. Dormir c’est apprendre au désespoir à reposer comme posture d’insouciance, comme posture d’insouciance précise.

 

 

 

 

 

« L’homme dort pour se consoler de l’énigme dévorante qu’il est pour lui-même. »

 

 

 

Le sommeil déclare l’énigme du destin. Le sommeil déclare l’énigme de dévoration du destin. Le sommeil déclare la réponse du destin. Le sommeil déclare la réponse d’énigme du destin.

 

 

 

 

 

« Pour celui qui vit en paix avec le sommeil la vie perd toute dimension tragique, »

 

 

 

Celui qui apparait en paix à l’intérieur du sommeil détruit la dimension dramatique de l’existence. Celui qui apparait en paix à l‘intérieur du sommeil affirme une forme paradoxale d’existence tragique. Celui qui apparait en paix à l’intérieur du sommeil affirme l’insouciance même de la tragédie, les formes de désinvolture de la tragédie, les formes d’insouciance de la tragédie, les formes de désinvolture insouciante de la tragédie.

 

 

 

 

 

« On dort pour se réconcilier avec l’absurdité d’être vivant. »

 

 

 

Le sommeil affirme l’absurdité de l‘existence. Le sommeil affirme l’absurdité impeccable de l’existence. Le sommeil affirme l’absurdité impeccable d’exister en dehors de la vie et de la mort. Le sommeil affirme l’absurdité impeccable d’exister comme chose, comme chose du destin, comme chose souveraine du destin.