Bonjour Boris, 

 

 

Je viens de lire sur ton site un poème que je ne connaissais pas, Avec l’enfant, qui m’a enchanté — je veux t’en dire un mot sans attendre. Ce poème est sûrement l’un des plus justes et des plus beaux que j’ai lu sur l'enfance, "sujet" tellement délicat à évoquer, a fortiori lorsque l’on se prétend soi-même poète — sans doute parce que l’enfance représente, dans notre imaginaire, une sorte d’état de grâce de la poésie, où l’enfant-poète ignore qu’il est poète, ignore même jusqu’à l’existence de la poésie, mais en a l’instinct inébranlable, vit en poète. Il semble qu’en prenant peu à peu conscience de lui-même, du monde et de la langue (il y a encore la poésie des balbutiements, des premiers mots dits, déformés, puis vient la norme qui nivelle) l’enfant abandonne la poésie — ou que la poésie abandonne l'enfant, et qu’ensuite un long cheminement soit nécessaire pour revenir à la poésie par l’art… C’est ainsi que j’ai lu ton poème un peu comme l’acquittement d’une dette du poète à l’égard de l’enfant : ta poésie rend l’enfant à la poésie, et la poésie à l’enfant. 

 

 

J’ai bien reçu le fichier des Paraboles mais je n’ai fait que l’entrouvrir. Depuis ton appel je me suis plongé dans la lecture d'À oui. Là, il serait prématuré de te dire quoi que ce soit sur ce texte, sur cette masse, sur ce monstre, (mais j’ai commencé à noter des impressions). Pour l'instant je n'en ai qu'une vision partielle, bien sûr, mais enfin, je peux déjà te dire sans hésitation — et ce n’est pas une décision prise à la légère, crois-moi — que j’aimerais le publier. Tu m’as dit que tu comptais le publier à compte d’auteur ? Serais-tu d’accord pour le publier chez Lurlure ? 

 

 

Voilà où j’en suis. Si tu en étais d’accord, étant donné que la publication d’À oui ne pourrait se faire du jour au lendemain, nous pourrions peut-être commencer par la publication d'Avec l’enfant, j’en serais très heureux. 

 

 

Dis-moi ce que tu en penses. 

 

 

Bien à toi, 

 

 

Emmanuel 

 

 

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