Bonjour Emmanuel, 

 

 

 

Je t’envoie quelques citations à propos de Godard. 

 

 

 

« Les cadrages dans un film de Godard se prêtent parfaitement à une compréhension immédiate – on peut tout distinguer d’un seul coup d’œil – et au montage rapide. Ils peuvent défiler avec la vitesse d’une bande dessinée dans laquelle nous pouvons lire à la fois l’image et les mots simultanément. »  Pauline Kael, Chroniques européennes 

 

 

« Il est fort probable que nombre d’entre nous apprécie un film si son rythme s’accorde au nôtre. (...) Dans la mesure où le rythme de Godard est trop rapide pour de nombreux  - voire la plupart des - spectateurs, on peut comprendre que ces derniers ressentent colère et confusion. »  Pauline Kael, Chroniques européennes 

 

 

« Godard fait preuve d’une hyperactivité et d’une curiosité telle qu’il ne développe pratiquement pas ses idées. Dans un nouveau film il est capable de retourner en arrière pour revisiter un thème s’il a trouvé le moyen d’en développer une partie qu’il n’avait qu’effleurée précédemment. »  Pauline Kael, Chroniques européennes 

 

 

« La fusion des attitudes – trouver ses personnages à la fois charmants et poétiques, et ridicules et absurdes – est l’une des contributions de Godard au cinéma moderne. »  Pauline Kael, Chroniques européennes 

 

 

 

« En douze films, Godard n’a jamais fait allusion au passé, même pas dans le dialogue. Réfléchissez à cela : pas une fois un personnage de Godard n’a parlé de ses parents ou de son enfance, c’est extraordinaire. D’ailleurs une étude sur ce qu’il n’y a pas dans les films de Godard serait aussi passionnante que sur ce qu’il y met. Il est quelqu’un de profondément moderne, et le fait qu’il soit suisse est important. Il faudra un jour étudier le côté suisse des films de Godard, la Suisse qui est le plaisir de la mise en page, des montres, des matériaux modernes, des comptes secrets et tout ça. 

 

 

Mais presque tous les films imités de Godard sont insupportables parce qu’il y manque l’essentiel. On imitera sa désinvolture mais on oubliera (…) son désespoir. On imitera les jeux de mots mais pas la cruauté. »  François Truffaut (Cahiers du Cinéma 1967) 

 

 

 

« Philosophe, scientifique, prédicateur, éducateur, journaliste, mais tout cela en amateur (…) Si Godard comme Rossellini en son temps, avait abandonné sa base de départ (le cinéma) et s’était laissé proclamer pasteur ou prophète, son image serait plus nette. Mais c’est ce qu’il s’est bien gardé de faire. 

 

 

C’est qu’il y a une différence entre les prophètes et les inventeurs. A partir de l’ancien cinéma, Godard a « inventé » (voire bricolé) les formes actuelles de notre perception des images et des sons. Il a toujours été un peu en avance, mais rien ne l’a protégé des illusions moyennes de son temps (…). Sinon comme beaucoup d’inventeurs de formes, il va de l’avant à reculons, avec appréhension, le regard tourné vers ce dont il s’éloigne. »  Serge Daney, La Maison Cinéma et le Monde 3 

 

 

« Dans la narration d’un film antérieur, Godard définissait son champ d’action comme « le présent, là où le futur est plus présent que le présent. » (…) Nous n’avons pas le temps de nous mettre au diapason du futur qu’il est déjà là, et Godard est déjà en train d’en faire la critique dans ses films : des documentaires sur le futur au présent. »  Pauline Kael, Chroniques européennes

 

 

 

 

 

 

 

 

Bonjour Boris,

 

 

 

(…)

 

Merci pour ces citations. Pauline Kael dont tu m’as parlé dit effectivement des choses éclairantes.  

 

 (…) 

 

Bien à toi,

 

 

 

Emmanuel