Asthme

 

 

 

 

 

 

 

L’asthmatique essaie à la fois de poser et de projeter sa respiration. L’asthmatique essaie à la fois de poser la projection de sa respiration et de projeter le repos de sa respiration. L’asthmatique essaie à la fois de poser et de projeter sa respiration avec sa chute.  L’asthmatique essaie à la fois de poser la projection de sa respiration et de projeter le repos de sa respiration avec l’extase de sa chute, avec l’extase de chute de sa chair.

 

 

 

L’asthmatique essaie à la fois de poser et de projeter la chute. L’asthmatique essaie à la fois de poser la projection et de projeter le repos de sa chute avec sa respiration. L’asthmatique essaie à la fois de poser la projection et de projeter le repos de sa chute avec l’extase de sa respiration, avec l’extase de respiration de son existence.

 

 

 

 

 

L’asthmatique paralyse le souffle avec la poussière. L’asthmatique paralyse le souffle avec la poussière et métamorphose la poussière avec le souffle le jour.

 

 

 

L’asthmatique métamorphose le souffle avec la poussière. L’asthmatique métamorphose le souffle avec la poussière et paralyse la poussière avec le souffle la nuit.

 

 

 

L’asthmatique se tient assis sur la barricade de son souffle. L’asthmatique se tient assis sur la barricade révolutionnaire de son souffle. L’asthmatique agite la barricade de son souffle au-dessus de sa tête comme un drapeau de poussière, un drapeau de tonnerre, un drapeau de poussière tonitruante.

 

 

 

 

 

L’asthme immisce l’illusion de la douleur à l’intérieur du souffle. L’asthme immisce l’illusion de la douleur à l’intérieur de la respiration. L’asthme immisce l’illusion de douleur du dehors à l’intérieur de la respiration.

 

 

 

L’asthmatique artificialise la douleur. L’asthmatique transforme la douleur en feu d’artifice. L’asthmatique transforme la douleur en feu d’artifice du souffle. L’asthmatique transforme la douleur d’apparaitre ici-maintenant en feu d’artifice du souffle. 

 

 

(…)

 

 

L’asthme affirme la déchirure de coïncidence de l’apparaitre et de l’âme. L’asthme déclare la déchirure de coïncidence de l’apparaitre du mourir et de l’immortalité de l’âme. L’asthme déclare la déchirure de coïncidence de l’apparaitre mortel de l’âme immortelle comme de l’apparaitre immortel de l’âme mortelle.

 

 

 

L’asthme essaie d’esquiver la conjonction obligatoire (automatique) de l’être et de la vie par le geste d'affirmer l’apparaitre mortel de l’immortalité de l’âme.

 

 

 

 

 

« Au moment mes bribes de rêves s’enrayent, le signal de l’imminence de la crise… Quelque chose ne passe plus dans le fil des images et des mots, le cours des rêves revient sur lui-même, le ressassement me sort du sommeil. «  F. Valebregue

 

Une caractéristique de l’asthme : l’enrayement du rêve. A l’instant de la crise d’asthme (de la crise d’asthme à l’intérieur du sommeil), le rêve s’enraye soudain, les situations et les paroles se réitèrent alors ad libitum. Cet enrayement du rêve réveille alors le dormeur selon le tourbillon strident, la stridence tourbillonnaire, le larsen hallucinatoire de l’enchevêtrement de la respiration et du rêve.  

 

 

 

« L’enrayement du rêve » indice de la crise d’asthme n’est pas une répétition, cet enrayement du rêve serait plutôt un éternel retour ou une hantise, l’éternel retour d’une hantise. La répétition revient, malgré tout la répétition revient en avance. La répétition revient comme futur, la répétition revient comme forme vide du futur. A l’inverse l’enrayement du rêve revient en arrière, l’enrayement du rêve ne revient pas comme forme, il revient en tant que signal, en tant que signal d’alerte, en tant que signal d’alarme. L’enrayement du rêve revient  en tant que signal de saturation, en tant que signal de saturation de la pensée, en tant que signal de saturation d’une pensée non-temporelle, en tant que signal de saturation d’une pensée au-delà du temps.

 

 

 

Pour l’asthmatique le rêve hante le sommeil. Pour l’asthmatique, le rêve n’est rien d’autre  qu’un signal de la continuité de la vie qui hante le sommeil.

 

 

 

Ce qui asphyxie aussi l’asthmatique c’est la conjonction automatique du rêve et du sommeil. L’asthmatique préfère ne pas dormir plutôt que de rêver, plutôt que de rêver pendant son sommeil.

 

 

 

Pour l’asthmatique, le rêve parasite le sommeil. Pour l’asthmatique le rêve parasite la grâce du sommeil. Pour l’asthmatique, le rêve parasite la grâce du sommeil à savoir celle par laquelle l’existence parvient à donner précisément une forme discontinue à la vie.

 

 

 

Pour l’asthmatique, le sommeil apparait comme un absolu. Pour l’asthmatique le sommeil apparait comme l’absolu de la discontinuité, comme la discontinuité de l’absolu.

 

 

 

L’asthmatique préfère ne pas rêver parce qu’il a en effet le sentiment que le rêve s’obstine à relativiser l’absolu du sommeil, que le rêve s’obstine à relativiser l’extase du sommeil, l’extase absolue du sommeil.

 

 

 

 

 

« Il entra en moi. Je ne le revis jamais plus. Il cherchait à respirer. Il ne repartit jamais. S’il s’était libéré, je me serais souvenu de lui. » E. Canetti,  Le Cœur Secret de l’Horloge 

 

 

 

L’asthmatique sait qu’il existe quelqu’un qui essaie de respirer à l’intérieur de sa chair. L’asthmatique sait aussi que cette existence qui essaie de respirer à l’intérieur de sa chair restera à jamais inconnue.

 

 

 

L’asthmatique a la sensation que l’inconnu essaie de respirer à l’intérieur de sa chair.  L’asthmatique a la certitude que l’inconnu essaie de respirer à l’intérieur de sa chair.  L’asthmatique a la sensation comme la certitude, la sensation de certitude que l’inconnu essaie de respirer à l’intérieur de sa chair.

 

 

 

L’asthmatique sait aussi que cet inconnu, cette force inconnue ne cherche pas à se libérer de sa chair. L’asthmatique sait que cette force inconnue préfère rester à l’intérieur de sa chair plutôt que de devenir libre, plutôt que d’apparaitre libre.

 

 

 

L’asthmatique sait aussi qu’il n’est pas apte à mémoriser cet inconnu. L’asthmatique a précisément la sensation de cet inconnu (le sentiment de cet inconnu) par son amnésie, par l’asphyxie de son amnésie, par la forme de son amnésie, par la forme d’asphyxie de son amnésie.

 

 

 

Pour l’asthmatique respirer c’est précisément intégrer à chaque instant le souffle comme une force étrangère, comme une force à la fois étrangère et inconnue. Pour l’asthmatique respirer c’est paradoxalement approcher la respiration, c’est approcher la respiration comme une planète lointaine, comme une planète lointaine qui se trouve pourtant à l’intérieur même de sa poitrine.

 

 

 

 

 

L’asthmatique fait l’amour avec sa respiration même. L’asthmatique essaie de faire l’amour avec sa respiration même.

 

 

 

L’asthmatique apparait possédé par sa respiration. L’asthmatique apparait sexuellement possédé par sa respiration.

 

 

 

La possession sexuelle de l’asthme apparait comme une possession symbolique. L’asthme apparait comme la possession sexuelle symbolique par laquelle la chair essaie de sublimer sa chair avec son souffle et de sublimer son souffle avec sa chair.

 

 

 

A chaque instant l’asthmatique à la fois pénètre et apparait pénétré par son souffle. A chaque instant à la fois l’asthmatique pénètre le sexe de son souffle, le sexe féminin de son souffle avec sa chair et sa chair apparait pénétrée par le phallus de son souffle, par le sexe masculin de son souffle.

 

 

 

A force de faire ainsi l’amour avec son souffle, l’asthmatique parvient à s’extraire de lui-même, à s’abstraire de lui-même. L’asthmatique contemple alors le coït de sa chair et de son souffle du dehors. L’asthmatique contemple le coït de sa chair et de son souffle comme du dehors.

 

 

 

Quand l’asthmatique apparait abstrait de cette possession de son chair par son souffle et de son souffle par sa chair, l’asthmatique parvient ainsi à jouer et à rejouer cette possession, l’asthmatique parvient à répéter le jeu de cette possession, à répéter le jeu de cette possession à sa manière, à volonté, à la manière de sa volonté.

 

 

 

L’asthmatique apparait ainsi d’abord possédé par l’asthme qui lui tombe soudain dessus (et cela presque à chaque fois à l’intérieur de son sommeil) et l’asthmatique parvient ensuite à force d’apparaitre ainsi possédé à s’abstraire de cette possession. A partir de cet instant l’asthmatique joue l’asthme. L’asthmatique joue la possession de l’asthme. L’asthmatique répète à volonté l’asthme. L’asthmatique répète à volonté la possession de l’asthme. L’asthmatique répète à volonté la possession de l’asthme par jeu. L’asthmatique répète la possession de l’asthme par volonté du jeu. L’asthmatique répète la possession de l’asthme de manière rituelle. L’asthmatique répète la possession de l’asthme par volonté rituelle, par jeu rituel, par volonté de jeu rituel, par volonté rituelle de jeu. 

 

 

 

L’asthmatique à force de jouir d’une possession qu’il n’a pas eu le temps de désirer finit malgré tout par jouer à jouir de cette possession, par jouer à jouir de cette possession en dehors du désir, par jouer à jouir de cette possession comme plaisir en dehors du désir, comme extase en dehors du désir, comme extase d’apparaitre en dehors du désir, comme extase d’exister en dehors du désir.

 

 

 

 

L’asthmatique respire avec la bouche du sang. L’asthmatique respire avec la bouche de vertèbres du sang. L’asthmatique respire avec la bouche du crâne. L’asthmatique respire avec la bouche de sang du crâne.

 

 

 

L’asthmatique mange le feu de la parole taboue. L’asthmatique mange le feu tabou de la parole.

 

 

 

L’asthme fume le crâne. L’asthme fume le silence du crâne. L’asthme fume la solitude du crâne.

 

 

 

L’asthme fume l’allumette du crâne. L’asthme l’allumette de silence du crâne. L’asthme fume l’allumette de solitude du crâne.

 

 

 

 

 

L’asthmatique ne respire pas les odeurs du monde. L’asthmatique respire l’érosion des odeurs du monde. L’asthmatique respire les phrases d’érosion des odeurs.

 

 

 

L’asthmatique respire le désert des odeurs. L’asthmatique respire la métamorphose de déserts des odeurs.

 

 

 

L’asthmatique n’inhale pas des images. L’asthmatique inhale et exhale des déserts de défigurations. L’asthmatique inhale et exhale des déserts de transfigurations, des déserts de transfigurations immédiates.

 

 

 

 

 

L’asthmatique s’offusque à l’intérieur du feu de l’érosion. L‘asthmatique s’offusque à l’intérieur du feu de conversation de l’érosion.

 

 

 

L’asthmatique boit les vertèbres de l’érosion. L’asthmatique boit le vent de vertèbres de l’érosion. 

 

 

 

L’asthmatique boit le vent de vertèbres de l’ainsi. L’asthmatique boit le vent de vertèbres de l’ainsi ça. L’asthmatique boit le vent de vertèbres de l’érosion avec ainsi. L’asthmatique boit le vent de vertèbres de l’érosion avec ainsi ça.

 

 

 

 

 

L‘asthmatique affirme la rature. L’asthmatique déclare la rature. L’asthme rature la maladie même. L’asthmatique n’est pas à distance de sa douleur. L’asthmatique ne dédouble pas sa douleur. L’asthmatique rature sa douleur. L’asthmatique rature le hasard de sa douleur.

 

 

 

L’asthmatique rature sa douleur avec l’anesthésie. L’asthmatique rature la douleur avec le vide. L’asthmatique rature la douleur avec l’anesthésie du vide, avec l’élan d’anesthésie du vide. L’asthmatique rature la douleur avec l’érosion du vide, avec l’érosion d’anesthésie du vide. L’asthmatique rature la douleur avec la translucidité du vide, avec la translucidité d’anesthésie du vide. 

 

 

 

L’asthmatique joue avec la douleur. L’asthmatique joue à raturer la douleur. L’asthmatique possède la douleur comme apparait possédé par la douleur par le jeu de raturer la douleur.

 

 

 

L’asthmatique ne jouit pas de la douleur. L’asthmatique jouit de raturer la douleur. L’asthmatique jouit de raturer la douleur par l’artifice du jeu.

 

 

 

L’asthmatique jouit de séduire la douleur. L’asthmatique séduit la douleur par le geste de raturer la douleur. L’asthmatique rature la douleur par le geste de séduire la douleur.

 

 

 

L’asthmatique séduit la douleur par l’approximation. L’asthmatique séduit la douleur par l’approximation de l’anesthésie.  L’asthmatique séduit la douleur par l’humour de l’anesthésie. L’asthmatique séduit la douleur par l’humour du mourir, par l’humour d’anesthésie du mourir.

 

 

 

L’asthmatique séduit la douleur par l’artifice de l’anesthésie, par l’artifice d‘approximation de l’anesthésie. L’asthmatique séduit la douleur par l’artifice d’anesthésie du mourir.

 

 

 

L’asthme déclare la rature d’érosion de l’âme. L’asthme déclare la rature d’érosion artificielle de l’âme. L’asthme déclare la rature d’anesthésie de l’âme, la rature d’érosion anesthésiée de l’âme. 

 

 

 

 

L’asthmatique rature sa chair avec sa respiration et rature sa respiration avec sa chair.  L’asthmatique rature la lucidité de sa chair avec le sommeil de sa respiration et rature la lucidité de sa respiration avec le sommeil de sa chair. L’asthmatique rature la lucidité de sa chair avec l’extase de sa respiration et rature la lucidité de sa respiration  avec l’extase de sa chair. L’asthmatique rature le chant de lucidité de sa chair avec le sommeil d’extase de sa respiration et le chant de lucidité de sa respiration avec le sommeil d’extase de sa chair.

 

 

 

L’asthmatique rature l’enthousiasme de sa chair par la solitude de son souffle. L’asthmatique rature l’enthousiasme de son souffle par la solitude de sa chair. L’asthmatique rature le crâne d’enthousiasme de sa chair par la bouche de solitude de son souffle. L’asthmatique rature la bouche d’enthousiasme de sa chair par le crâne de solitude de son souffle. L’asthmatique rature le crâne d’enthousiasme de son souffle par la bouche de solitude de sa chair. L’asthmatique rature la bouche d’enthousiasme de son souffle par le crâne de solitude de sa chair.

 

 

 

L’asthmatique respire par le geste de jouer aux chaises musicales avec son crâne et sa peau.

 

 

 

L’asthmatique rature le souffle avec la peau. L’asthmatique rature le souffle avec la décapitation de la peau. L’asthmatique rature la douleur du souffle avec la décapitation de la peau. L’asthmatique rature la douleur du souffle avec la décapitation frivole de la peau, avec la décapitation désinvolte de la peau.

 

 

 

L’asthme affirme la décapitation de peau du crâne. L’asthme déclare la décapitation de peau du crâne. L’asthme affirme la décapitation de peau de l’extase. L’asthme déclare la décapitation de peau de l’extase. L’asthme déclare la décapitation de peau de l’âme.

 

 

 

« Les premiers rapports avec d’autres créatures sont caractérisés par une sensation de masse. C’est la sensation de masse la plus dense et la plus directe, celle de la peau. »  Elias Canetti, Masse et Puissance.

 

L’asthmatique a la sensation des masses de peaux. L’asthmatique a la sensation des masses de peaux de la poussière. L‘asthmatique a la sensation des masses de peaux du vide. L’asthmatique a le sentiment des masses de peaux de la poussière, des masses de peaux de vide. L’asthmatique a l’intuition immédiate, l’intuition instantanée des masses de peaux de la poussière, des masses de peaux du vide.

 

 

 

L’asthmatique a la sensation de la peau comme composition d’une multitude de têtes. L’asthmatique a la sensation de la peau comme composition d’une multitude de têtes et de la tête comme composition d’une multitude de peaux.

 

 

 

L’asthmatique a la sensation de la peau comme composition d’un tas de têtes et de la tête comme composition d’un tas de peaux. Ainsi quand l’asthmatique respire, l’asthmatique essaie de jongler avec ces deux tas de têtes. Quand l’asthmatique respire, l’asthmatique essaie de jongler avec le tas de peaux de sa tête et le tas de têtes de sa peau.

 

 

 

L’asthmatique a la sensation de la peau comme composition d’une multitude de têtes et de la tête comme composition de sang de la solitude.

 

 

 

 

 

L’asthmatique inhale l’exosquelette de l’oxygène. L’asthmatique essaie d’inhaler l’exosquelette de l’oxygène.

 

 

 

L’asthmatique déambule comme la bague de l’oxygène. L’asthmatique déambule comme la bague aléatoire de l’oxygène, la bague d’absurdité de l’oxygène, la bague d’absurdité aléatoire de l’oxygène.