Tournures de l’Utopie

 

 

 

 

 

Souder l’usage du ciel. Souder le dehors des yeux. Souder l’usage du ciel comme dehors des yeux. Souder l’usage du ciel avec le dehors des yeux. Souder l’usage du ciel jusqu’au dehors des yeux.

 

 

 

La drogue soude l’usage du ciel. La drogue soude le dehors des yeux. La drogue soude l’usage du ciel comme dehors des yeux. La drogue soude l’usage du ciel avec le dehors des yeux. La drogue soude l’usage du ciel jusqu’au dehors des yeux.

 

 

 

Le papier a une ombre. Le tas de papier a une ombre. Souder l’usage du ciel à l’ombre du papier. Souder l’usage du ciel à l’ombre du tas de papier. Souder le dehors des yeux à l’ombre du tas de papier. Souder l’usage du ciel avec le dehors des yeux à l’ombre du tas de papier. Souder l’usage du ciel jusqu’au dehors des yeux à l’ombre du tas de papier.

 

 

 

Souder l’usage du ciel avec le tube du tabou. Souder l’usage du ciel avec le tube de hasard du tabou. Souder l’usage du ciel avec le tube d’habitude du tabou. Entre la chose et l’événement, c’est-à-dire face au tube du tabou. Entre la chose et l’événement, immiscer le tube du tabou. Entre la chose et l’événement, incruster le tube du tabou. Entre la chose et l’événement, projeter le tube du tabou. Entre la chose de la parole et l’événement du sentiment, projeter le tube du tabou. Entre la chose du sentiment et l’événement de la parole, projeter le tube du tabou. Entre la chose et l’événement, reposer le sexe du vide. Entre la chose du sentiment et l’événement de la parole, reposer le sexe du vide.

 

 

 

Savoir eh bien. Savoir les yeux de eh bien. Savoir les yeux de eh bien avec le tube du tabou. Le tabou tube le visage. Le tabou tube le visage et la disparition du visage. Le tabou tube le temps. Le tabou tube les réflexes du temps. Le tabou tube les réflexes d’habitude du temps.

 

 

 

La matière de l’amour méprise la pensée. La matière de l’amour méprise la pensée à l’intérieur du tube du tabou. La matière de l’amour méprise la pensée à l’intérieur du carré du tabou, à l’intérieur du tube carré du tabou.

 

 

 

Souder l’usage du ciel. Sauvegarder le tas des paroles dites à l’intérieur des escaliers. Souder l’usage du ciel. Lire la parole avec les escaliers. Souder l’usage du ciel comme lire la parole avec les escaliers.

 

 

 

Avoir un cœur d’escalier. Souder l’usage du ciel comme avoir un cœur d’escalier. Avoir une sœur inconnue comme un cœur d’escalier. Souder l’usage du ciel comme avoir une sœur inconnue et un cœur d’escalier.

 

 

 

Ecrire les émotions selon les lieux. Dire les gestes et les paroles qui apparaissent dans les  demeures, les cinémas, les cathédrales. Dire les gestes et les paroles qui apparaissent dans les escaliers des demeures, les escaliers des cinémas, les escaliers des cathédrales.

 

 

 

Enfant, je regardais l’émission au titre gombrowiczien Samedi est à Vous, inanimée par le très quelconque Bernard Golay, sur un poste de télévision posée sur les marches d’un escalier. Je n’ai jamais compris l’expression avoir l’esprit d’escalier. Enfant, je confondais parfois en rêve les battements de mon cœur avec les pas de quelqu’un d’inconnu dans un escalier en fer.

 

 

 

Souder l’usage du ciel avec un escalier de têtes. Marcher avec la tête sur l’escalier veut dire quelque chose. Marcher avec la tête sous l’escalier veut dire quelque chose. Marcher avec la tête sous l’escalier c’est à dire se taire entre la chose de la parole et l’événement du sentiment.

 

Marcher avec la tête sous l’escalier repose le sexe du vide. Marcher avec la tête sous l’escalier veut dire le tube carré du tabou.  Marcher avec la tête sous l’escalier veut dire le sexe révèle aussi une sublimation. Marcher avec la tête sous l’escalier veut dire le sexe révèle la sublimation du cœur. Marcher avec la tête sous l’escalier c’est à dire le sexe révèle la sublimation du cœur. Marcher avec la tête sous l’escalier veut dire les gestes du sexe essaient de sublimer les paroles du cœur comme les paroles du sexe essaient de sublimer les gestes du cœur.

 

 

 

 

 

Hier j’ai parlé avec Rita Gombrowicz. Quelques jours avant de mourir Witold Gombrowicz a regardé à la télévision des cosmonautes marcher sur la lune. Aujourd’hui, après avoir achevé un texte à propos du cosmonaute, j’écris ceci.

 

 

 

Hier j’ai parlé avec Rita Gombrowicz. Quand Rita Gombrowicz était jeune, elle ressemblait à Nicole Calfan. Quand Witold Gombrowicz était jeune, il ressemblait à Humphrey Bogart.

 

 

 

Quand elle partageait l’existence de Witold Gombrowicz, Rita Gombrowicz ressemblait à Nicole Calfan. Nicole Calfan a partagé l’existence de Jean Yanne. Il y a ainsi une ressemblance entre Witold Gombrowicz et Jean Yanne.

 

 

 

Dans une émission de télévision j’ai entendu une fois Laurent Baffie se moquer de Nicole Calfan en répondant ainsi à sa place à cette question « Pourquoi avez-vous écrit ce livre ? » « Parce que ça faisait longtemps que je voulais apprendre à lire. »

 

 

 

Hier j’ai parlé avec Rita Gombrowicz. Et elle a souri quand je lui ai dit que j’étais d’origine polonaise et elle a ri quand je lui ai dit que je ne serai édité qu’après ma mort.

 

 

 

Hier j’ai parlé avec Rita Gombrowicz. Pendant la petite conférence de Rita Gombrowicz, le metteur en scène du spectacle intitulé le Gombrowizoshow a dit ceci « Comparé à Gombrowicz,  David Lynch c’est du Tex Avery. » 

 

 

 

 

 

La joie parle à quatre pattes. La joie parle à quatre pattes à l’intérieur de l’usage du ciel. La joie parle à quatre pattes à l’intérieur de la tranquillité du ciel, La joie parle à quatre pattes à l’intérieur de l’usage de tranquillité du ciel.

 

 

 

Dire les mains du hasard. Taire les mains du hasard. Marcher l’usage du ciel. Marcher l’usage du ciel avec la tête. Marcher l’usage du ciel avec le hasard de la tête. Marcher l’usage du ciel avec les mains de hasard de la tête.

 

 

 

Les choses surviennent en dehors de tout. Les choses surviennent en dehors de tout comme une main tourne autour d’une tête. Les choses surviennent en dehors de tout comme un cœur tourne autour d’une main. Les choses surviennent en dehors de tout comme une tête tourne autour d’un cœur.

 

 

 

Avant de m’asseoir à ma table de travail, je me lave le visage à l’eau froide, j’ouvre et ferme quelques portes de la maison afin que les trajectoires de l’air et les flux de poussière soient favorables à mon âme. Pour travailler je m’habille presque toujours avec les mêmes vêtements, un short beige très léger, un tee-shirt blanc et un pull vert bouteille avec un liseré rouge autour du cou. Avant de m’asseoir, j’ajuste toujours mon slip et mon short sur mes hanches et je commence à travailler.  

 

 

 

Avant de commencer à travailler, j’évite de parler. Avant de commencer à travailler, j’ajuste toujours mon short sur mes hanches et j’évite de parler. Avant de commencer à travailler j’ajuste un slip de silence sur mes hanches.

 

 

 

Se mettre au travail. Attendre son tour. Se mettre au travail comme attendre son tour. Se mettre au tour comme attendre son travail.

 

 

 

Avoir besoin. Avoir besoin comme quoi. Avoir besoin c’est à dire se mettre au travail comme quoi. Avoir besoin c’est à dire commencer à travailler comme quoi. Avoir besoin c’est à dire, souder l’usage du ciel, commencer à travailler comme quoi. Avoir besoin c’est à dire droguer l’escalier du cœur, souder l’usage du ciel, se mettre au travail comme quoi.

 

 

 

Avoir un cœur d’escalier c’est à dire se mettre au travail. Avoir un cœur d’escalier c’est à dire commencer à travailler. Avoir un cœur d’escalier c’est à dire souder l’usage du ciel comme commencer à travailler, comme commencer à travailler comme quoi.

 

 

 

 

 

La parole fait tourner la tête autour du cou. Le silence fait tourner le cou autour de la tête. Par l’aisance de la parole, la tête tourne autour du cou. Par l’aisance du silence, le cou tourne autour de la tête. Par l’ascèse de la parole, la tête tourne autour du cou. Par l’aisance du silence, le cou tourne autour de la tête. Par l’aisance de la parole, la tête tourne autour du cou. Par l’ascèse du silence, le cou tourne autour de la tête.

 

 

 

Dehors il y a du vent. J’imagine comment approcher H. J’imagine comment rencontrer H. Et à l’instant où j’imagine cela, le vent ouvre une fenêtre, le vent ouvre une fenêtre à l’intérieur de l’escalier, au-dessus de la chambre où j’écris, à côté de la chambre où je dors. Il y a des coïncidences. Il existe des coïncidences. Comment savoir si les coïncidences surviennent en contact avec l’il y a ou avec l’existence. Il y a des coïncidences entre les choses qui se trouvent alentour et nos intuitions, entre les choses qui se trouvent alentour et nos sentiments.

 

 

 

Avoir besoin des coïncidences. Avoir besoin des coïncidences, souder l’usage du ciel. Avoir besoin des coïncidences, déchirer le papier, souder l’usage du ciel. Avoir besoin des coïncidences, déchirer le coma du papier, souder l’usage du ciel.

 

 

 

Avoir besoin des coïncidences révèle le tube du tabou. Avoir besoin des coïncidences donne à sentir le tube du tabou. Le tabou tube l’espace. Le tabou tube le temps. Le tabou tube le temps à l’orée de l’espace. Le tabou tube l’espace au dos du temps.

 

 

 

A l’instant où. Souder l’usage du ciel à l’instant où. Avoir besoin des coïncidences comme souder l’usage du ciel à l’instant où. Souder l’usage du ciel au souterrain du jeu. Souder le jeu du ciel au souterrain de l’usage.

 

 

 

Inscrire la liste des escaliers au cinéma. Inscrire la liste des escaliers au cinéma à l’instant où.

 

Inscrire la liste des escaliers au cinéma où ça. Inscrire la liste des escaliers au cinéma à l’instant où ça. Avoir besoin des coïncidences, souder l’usage du ciel, inscrire la liste des escaliers au cinéma à l’instant où ça.

 

 

 

Avoir besoin des coïncidences du tabou. Souder l’usage du ciel. Avoir besoin des coïncidences de colle du tabou. Avoir besoin des coïncidences de papier du tabou.

 

Avoir besoin des coïncidences de cous du tabou. Avoir besoin des coïncidences de décapitation du tabou. Avoir besoin des coïncidences de cous décapités du tabou. Avoir besoin des coïncidences de colliers du tabou. Avoir besoin du collier de coïncidences du tabou. Souder l’usage du ciel. Avoir besoin des coïncidences de carrés du tabou.

 

 

 

Avoir besoin des coïncidences de l’herbe. Souder l’usage du ciel. Avoir besoin des coïncidences d’herbes du tabou. Avoir besoin des coïncidences du ciel. Souder l’usage de l’herbe. Avoir besoin des coïncidences de ciel du tabou.

 

 

 

La chair a lieu. Le problème reste de savoir si la pensée a lieu. Le problème reste de savoir si le sentiment a lieu. Le problème reste de savoir si la pensée a lieu uniquement à l’instant où elle n’est pas ma pensée, ou si elle a lieu uniquement quand elle est ma pensée. Et si la pensée  a le même lieu lorsqu’elle est dite ou non, lorsque je dis la pensée ou ne la dit pas, lorsque l’autre dit la pensée ou ne la dit pas, lorsque je sens la pensée ou ne la sent pas, lorsque je dis la pensée et je sens la pensée, lorsque je dis la pensée sans la sentir, lorsque je sens la pensée sans la dire, lorsque je ne dis pas la pensée et ne sent pas la pensée. Ou encore si la pensée a des lieux différents selon qu’elle montre l’âme ou qu’elle révèle l’esprit, selon qu’elle déclare un sentiment ou qu’elle détruit un sentiment. Où se trouve la pensée ? Où se trouve le sentiment ? La pensée se trouve-t-elle à l’intérieur du sentiment ? Le sentiment se trouve-t-il à l’intérieur de la pensée ? La pensée se trouve-t-elle à l’intérieur du sentiment qui se trouve à l’intérieur du corps ? La pensée se trouve-t-elle à l’intérieur du sentiment qui se trouve entre les corps ? Le sentiment se trouve-t-il à l’intérieur de la pensée qui se trouve à l’intérieur du corps ? Le sentiment se trouve-t-il à l’intérieur de la pensée qui se trouve entre les corps ? Ou bien la pensée se trouve-t-elle à l’intérieur des corps qui se trouvent à l’intérieur des sentiments ?  La pensée se trouve-t-elle à l’intérieur des corps qui se trouvent entre les sentiments ? Où se trouve la pensée ? Une seule chose apparaît certaine, évidente, le corps ne se trouve pas à l’intérieur de la pensée. 

 

 

 

Avoir besoin du carré. Avoir besoin du carré, souder l’usage du ciel. Avoir besoin des coïncidences du carré. Avoir besoin des coïncidences du carré, souder l’usage du ciel. Avoir besoin des coïncidences de carrés du tabou, souder l’usage du ciel .Tourner le cou autour de la tête, avoir besoin des coïncidences de carrés du tabou, souder l’usage du ciel. 

 

 

 

A la télévision, j’ai vu une femme noire déambuler presque nue, maquillée de boue ocre-rouge dans un supermarché. A l’instant où un employé lui tendait une bouteille de jus de fruit en plastique, elle tremblait d’extrême inquiétude et elle hésitait plusieurs fois de la main avant d’oser enfin la saisir. 

 

 

 

A la télévision, dans l’émission de Laurent Ruquier On n’est pas Couché, j’ai entendu l’acteur Gérard Lanvin dire cette phrase magnifique, belle simple et noble comme une formule de Ernest Hello « Je n’ai pas honte de dire ce que je n’ai pas honte de penser. »

 

 

 

A la télévision, j’ai vu aussi une publicité pour les rasoirs qui ressemblait de manière stupéfiante à mes rêves de vol. Un nageur sur le plot de départ d’une piscine plonge et glisse comme une otarie aérienne à la surface de l’espace et se retrouve ainsi quasi instantanément de l’autre côté du bassin. Rêve de vol qui selon Bachelard serait une forme de vol mercurien. L’envol vient à la fois des talons et des chevilles. L’envol survient par l’impulsion de la plante des pieds. Je sais la honte. Je sais la honte du XXème siècle. Autrement dit désormais un publicitaire est apte à concevoir rationnellement un de mes rêves de vol les plus intimes pour vendre des rasoirs. Où se trouve la pensée ? Quelle est la relation entre un rasoir et voler à l’intérieur de l’eau avec les talons ? Où se trouve la pensée ? Une coïncidence a lieu entre se raser le visage et voler avec les talons, entre la honte de se raser le visage et l’extase de voler avec les talons.

 

 

 

Souder l’usage du ciel, tourner le cou autour de la tête. Souder l’usage du ciel, tourner le cou autour de la tête, répéter la décapitation du temps. Respirer le tube du tabou comme le crâne répète la décapitation. Respirer le tube du tabou avec les coïncidences du carré comme le crâne répète la décapitation. Respirer le tube du tabou avec les coïncidences du carré comme le silence du crâne répète la décapitation du temps.

 

 

 

Le monde ne parle pas plusieurs fois. Le monde ne parle pas une seule fois. Le monde répète une seule fois. C’est à dire le monde tait une seule fois ce qu’il dit plusieurs fois et le monde dit une seule fois ce qu’il tait plusieurs fois.

 

 

 

La répétition pète d’étonnement. La répétition pose la tentation de l’extase. La répétition entasse la tentation de l’extase. La répétition tente d’architecturer le sang. La répétition mange le vagin avec l’anus et l’anus avec le clitoris. La répétition mange le vagin de l’homme avec l’anus de la femme et boit l’anus de la femme avec le clitoris de l’homme.

 

 

 

Le crâne pétrit le carré. Le crane pétrit le magma du carré. Le cou aimante le tube du tabou. Le cou bande le tube du tabou. Le cou bande le tube d’aimants du tabou. Le cou ose l’escalier  du tabou. Le cou ose l’escalier de tube du tabou.

 

 

 

Dehors il y a du vent. Le cou écoute. Le cou écoute dehors il y a du vent. Le cou écoute la voix du vent. Le cou écoute le cœur du vent. Le cou écoute l’asthme du vent. Le cou écoute les sourires du vent. Le cou écoute les sourires d’asthme du vent. Le cœur écoute les silex du vent. Le cœur écoute les cils de silex du vent. Le cœur écoute la voix de silex du vent. Le cœur écoute les sourires de quartz du vent. Le cou écoute le cœur à l’intérieur du vent. Le cœur écoute le cou à l’intérieur du silence.

 

 

 

Poser demain la tête en bas. Poser hier les pieds en haut. Le cœur parle à quatre pattes. Le cœur parle à quatre pattes entre les yeux du tabou, autour des yeux du tabou. Le cœur parle à accroupi entre autour le carré du tabou, entre autour avec le carré du tabou. Le cœur parle accroupi entre les yeux carrés du tabou. Le cœur parle accroupi entre autour avec les yeux carrés du tabou.

 

 

 

Le tas de papier sur lequel j’écris ces phrases ne repose pas à hauteur de ma poitrine. Le tas de papier sur lequel j’écris ces phrases repose à hauteur de mon front.

 

 

 

Il apparait apaisant de rester seul. Apparaître seul apaise. Apparaître seul pendant plusieurs jours apaise. Apparaître seul pendant plusieurs jours apaise l’âme. Apparaître seul pendant plusieurs jours apaise la mosaïque de l’âme, la mosaïque de sentiments de l’âme.

 

 

 

Aider le vent. La solitude aide le vent. La solitude aide le vent à savoir. La solitude aide le vent à savoir comment dire merci.

 

 

 

Dehors il y a du vent. Dehors il pleut. Apparaître seul apaise. Apparaître seul aide le vent. Apparaître seul aide le vent à souffler. Apparaître seul aide la pluie à tomber. Apparaître seul aide le vent à vouloir la pluie. Apparaître seul aide le vent à vouloir toucher la pluie. Apparaître seul aide le vent à vouloir embrasser la pluie.

 

 

 

Je regarde la page blanche et je ris. Je touche la page blanche et je ris. J’hume la page blanche et je ris. J’écoute la page blanche et je ris. Je goûte la page blanche et je ris.

 

 

 

Je remercie Christophe Tarkos. J’ai besoin de Christophe Tarkos. J’ai besoin de lire Christophe Tarkos pour écrire autre chose que ce qu’il écrit. J’ai besoin de lire Christophe Tarkos pour écrire le monde d’une autre manière que lui. J’ai besoin de lire Christophe Tarkos c’est à dire la chose tourne avec deux mains. Elle a une main droite et une main gauche. Et hop voilà que le ciel a une belle clarté et que les yeux voient. Et hop le froid, le même froid. Et hop c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence.

 

 

 

Où se trouve le lieu de coïncidence entre Sacha Guitry et Witold Gombrowicz ? Où se trouve le lieu de coïncidence entre Amélie Nothomb et Christophe Tarkos ? Où se trouve le lieu de coïncidence entre Métaphysique des Tubes et Anachronisme ?

 

 

 

Salvador Dali, Christophe Tarkos et Marc-Edouard Nabe ont chacun écrit un livre intitulé Oui. Salvador Dali a écrit Oui je ne sais quand. Christophe Tarkos a écrit Oui en 1996 et Marc-Edouard Nabe a écrit Oui en 1998.

 

 

 

Où se trouve un livre ? Où un livre a-t-il lieu ? Le livre a-t-il lieu devant celui qui l’écrit ou devant celui qui le lit ? Le livre a-t-il lieu derrière celui qui l‘écrit ou derrière celui qui le lit ?

 

Le livre a-t-il lieu autour de celui qui l’écrit ou autour celui qui le lit ? Le livre a lieu où il se trouve. Le livre a lieu où celui qui l’écrit le trouve. Le livre a lieu où celui qui le lit le trouve. Le livre a lieu où il se perd. Le livre a lieu où celui qui l’écrit le perd. Le livre a lieu où celui qui le lit le perd. Le livre a lieu où il se trouve comme il se perd. Le livre a lieu où celui qui l’écrit le perd et ou celui qui le lit le trouve. Le livre a lieu où celui qui l’écrit le trouve et celui qui le lit le perd.

 

 

 

Les fiançailles de la trottinette et du dauphin. Je monte et je descends les escaliers avec l’amnésie de ma parole. J’apprends par cœur les fiançailles de la trottinette et du dauphin.

 

 

 

La drogue soude les yeux doux. Se mettre au travail, le savon en équilibre au sommet de la tête, le savon du savoir en équilibre au sommet de la tête. Le savon soude les yeux doux. Le savon drogue. Le savon drogue je ne sais quoi. Le savon drogue le vide. Le savon drogue le je ne sais quoi du vide.

 

 

 

Se languir devant le pot de yaourt. Se languir devant la télévision. Se languir dans le canapé devant la télévision. Se languir devant le canapé dans la télévision. Se languir au zoo. Se languir au zoo des yoyos. Se languir au zoo des zéros, au zoo des zéros yoyos. Se languir non loin de là. Se languir non loin du piano. Se languir non loin des langues. Se languir non loin des langues du piano, non loin des langues d’os du piano. Se languir comme la baleine. Se languir comme la baleine à la sortie du labyrinthe.

 

 

 

Avant de commencer à travailler je repousse l’imprimante. Avant de travailler je repousse les avances de l’imprimante. L’imprimante a-t-elle aussi un cœur ? L’imprimante a-t-elle un cœur quand elle est allumée ou quand elle est éteinte ? L’imprimante a-t-elle deux cœurs, un cœur quand elle est allumée et un autre cœur quand elle est éteinte ?

 

 

 

Je sais la honte. Je sais la honte du XXème siècle et je n’ai jamais appris à taper à la machine. Je sais la honte de XXème siècle et je ne veux pas écrire en utilisant des caractères d’imprimerie. J’écris uniquement avec des caractères de calligraphie, avec des rythmes de calligraphie. J’écris uniquement avec des caractères-rythmes de calligraphie. Je lis les caractères d’imprimerie cependant je ne les écris pas. De même j’appelle parfois les autres au téléphone et je ne réponds jamais à leurs appels. J’écris sans répondre aux appels des autres.

 

 

 

Il y a une volupté étrange à exister comme un écrivain clandestin. Il y a une volupté étrange à écrire de manière clandestine. Il y a une volupté étrange à écrire chaque jour une œuvre sans jamais être reconnu en tant qu’écrivain. Il y a une volupté étrange à écrire une œuvre sans jamais vendre le moindre livre. Il y a une volupté étrange à écrire sans jamais recevoir d’argent en échange de ce geste d’écrire. Il y a une volupté étrange à écrire à destination du vide, à destination du vide qui attend à l’intérieur des autres hommes, à destination des multiples formes de vide qui dorment à l’intérieur des autres hommes, à destination du magma de vide qui dort abstrait à l’intérieur des autres hommes.

 

 

 

La catastrophe a des yeux. La catastrophe a des yeux de savon. La catastrophe a des yeux doux. Avoir besoin des coïncidences de l’herbe, souder l’usage du ciel, la catastrophe a des yeux doux. La catastrophe a des yeux doux comme le souffle des animaux, comme le souffle de silhouette des animaux.

 

 

 

La suite des phrases projette la catastrophe du souffle. La suite des phrases provoque la catastrophe de facilité du vent. Le vent apprend comme apparaît loin. Le vent apprend comme apparaît loin parce que chaque fragment du monde projette la translucidité du futur en dehors de tout. La suite des phrases sourit la catastrophe du souffle. Le vent apprend par cœur la venue du lointain.

 

 

 

Le squelette a un sexe. Le squelette a un sexe facile. Le squelette a un sexe acéphale. Le squelette a un sexe de facilité acéphale. Le squelette a le sexe zéro. Le squelette incruste le sexe du zéro. Le squelette incruste le sexe de facilité acéphale du zéro.

 

 

 

La ventouse de la plante du pied respire les poumons. La ventouse de la plante du pied respire l’implosion des poumons. La ventouse de la plante du pied respire l’implosion de terre de poumons.

 

 

 

Les pieds parlent à la mosaïque de la terre. Les pieds parlent à la mosaïque de patience de la terre. Les pieds parlent à la mosaïque d’impacts de la terre, à la mosaïque de coagulations de la terre, à la mosaïque d’impacts coagulés de la terre. Les pieds adressent des palpations de paroles à la mosaïque de patience de la terre. Les pieds adressent des palpations de paroles à la mosaïque de pendaisons de la terre, à la mosaïque de pendaisons coagulées de la terre, à la mosaïque de pendaisons patientes coagulées de la terre. La démangeaison des pieds adresse des pains de paroles, des champignons de paroles à la mosaïque de pendaisons coagulées de la terre.

 

 

 

Chaque place d’un petit village tente à la fois de poser et d’oublier une forme d’équation mathématique pronominale et inconséquente. Chaque place d’un petit village ressemble à un échiquier de miracles inconséquents.

 

 

 

De même que les places de villages les escaliers tentent aussi de poser une équation mathématique inconséquente, et qui sait s’il n’y a pas une lettre qui attend à l’intérieur de chaque marche de l’escalier. Chaque marche de l’escalier a la forme d’un village, le village d’un cœur.

 

 

 

Avoir besoin des coïncidences de l’herbe. Souder l’usage du ciel. Apprendre l’oubli par cœur. Apprendre l’escalier de l’oubli par cœur.

 

 

 

La première phrase du livre compare l’odeur du sperme à j’ai oublié. Des années plus tard j’ai appris par cœur. Des années plus tard j’ai oublié. Des années plus tard j’ai appris par cœur j’ai oublié. Des années plus tard j’ai appris par cœur j’ai oublié l’ouverture de la lettre à l’intérieur du viol.

 

 

 

Savoir comment respirer sans poumons. Savoir comment respirer sans poumons des millions d’années perdues. Le vent reste loin. Le vent s’imprime blanc. Le vent apparaît là pour disparaître comme les souvenirs.

 

 

 

 

 

Pendant la petite conférence de Rita Gombrowicz alors qu’elle évoquait l’exil, j’ai dit ces mots « L’action a lieu en Pologne, c’est à dire nulle part. » Et j’ai essayé d’expliquer » En s’exilant, Gombrowicz a tenté de transformer le monde même en Pologne, en Pologne du nulle part, c’est-à-dire en pays de l’utopie.

 

 

 

J’écris en français. Je ne suis jamais allé en Pologne. Je viens d’un pays où je ne suis jamais allé. Mon cœur vient d’un pays où je n’ai jamais mis les pieds. Je suis un exilé à l’envers. Je tente de transformer le français que j’écris en polonais que je ne parle pas. Je tente de transformer le français que j’écris en langue de la Pologne comme lieu paradoxal de l’utopie.

 

 

 

Où les phrases apparaissent-elles à l’intérieur de l’espace ? Comment les phrases apparaissent-elles à l’intérieur de l’espace ? Que deviennent les phrases après avoir été projetées à l’intérieur de l’espace ? Que deviennent les phrases après avoir été projetées sur l’écran de l’espace, sur l’écran de temps de l’espace ?

 

 

 

Où se trouvent les phrases ? Où se trouvent les bibliothèques ? Parfois des phrases se trouvent à l’intérieur d’une bibliothèque. Parfois des bibliothèques se trouvent à l’intérieur d’une phrase.

 

 

 

Heureusement que ça a une bouche délicate

 

Heureusement que ça a une bouche délicate des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate les phrases viennent comme j’entends le bruit du vent

 

Heureusement que ça a une bouche délicate les phrases viennent comme j’entends le bruit du vent des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate les phrases viennent comme j’entends le bruit du vent le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate les phrases viennent comme j’entends le bruit du vent des millions d’années perdues le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate préparer la tête

 

Heureusement que ça a une bouche délicate préparer la tête des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate préparer la tête autour de la poitrine 

 

Heureusement que ça a une bouche délicate préparer la tête autour de la poitrine des milliers d’années perdues 

 

Heureusement que ça a une bouche délicate tourner le cou autour de la tête

 

Heureusement que ça a une bouche délicate tourner le cou autour de la tête des milliers d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence

 

Heureusement que ça a une bouche délicate c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence des millions d’années perdues le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate je déplace ma main dans le vide

 

Heureusement que ça a une bouche délicate je déplace ma main dans le vide des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate je déplace ma main dans le vide c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate le silence

 

Heureusement que ça a une bouche délicate le vide entre les choses et les événements

 

Heureusement que ça a une bouche délicate le vide entre les choses et les événements des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate les jeunes filles ont dans leurs yeux la douce souplesse de leur corps

 

Heureusement que ça a une bouche délicate les jeunes filles ont dans leurs yeux la douce souplesse de leur corps le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la roche est source le vide entre les choses et les sentiments

 

Heureusement que ça a une bouche délicate il existe une paix à l’intérieur du besoin

 

Heureusement que ça a une bouche délicate il existe une paix à l’intérieur du besoin des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate il existe une paix à l’intérieur du besoin le ciel abrupt est allé prendre un bain 

 

 

Heureusement que ça a une bouche délicate il existe une paix à l’intérieur du besoin des millions d’années perdues le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate bouger la tête à l’intérieur du cœur

 

Heureusement que ça a une bouche délicate bouger la tête à l’intérieur du cœur des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate bouger la tête à l’intérieur du cœur des millions d’années perdues le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate tourner la tête à l’intérieur du cœur

 

Heureusement que ça a une bouche délicate tourner la tête à l’intérieur du carré du cœur

 

Heureusement que ça a une bouche délicate tourner la tête à l’intérieur du carré du cœur des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate pousser un ours blanc

 

Heureusement que ça a une bouche délicate pousser un ours blanc le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate regarder loin

 

Heureusement que ça a une bouche délicate pousser un ours blanc regarder loin

 

Heureusement que ça a une bouche délicate pousser un ours blanc des millions d’années perdues regarder loin

 

Heureusement que ça a une bouche délicate je regarde la page blanche et je ris

 

Heureusement que ça a une bouche délicate je regarde la page blanche et je ris des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate je regarde la page blanche et je ris des millions d’années perdues le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate les phrases restent et reposent

 

Heureusement que ça a une bouche délicate le silence comme les phrases restent et reposent

 

Heureusement que ça a une bouche délicate le silence comme les phrases restent et reposent à l’intérieur des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate le silence comme les phrases restent et reposent à l’intérieur des millions d’années perdues le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate dormir comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate le silence dormir comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate le silence des millions d’années perdues dormir comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate le silence des millions d’années perdues dormir

 

comment embrasser des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate avoir besoin des coïncidences de l’herbe

 

Heureusement que ça a une bouche délicate souder l’usage du ciel

 

Heureusement que ça a une bouche délicate avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel

 

Heureusement que ça a une bouche délicate avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel dormir comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel dormir comment embrasser des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate tourner la tête à l’intérieur de la démesure du carré

 

Heureusement que ça a une bouche délicate tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur

 

Heureusement que ça a une bouche délicate tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur dormir comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur dormir comment embrasser des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur montrer comment embrasser des millions d’années perdues le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur dormir comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur dormir comment embrasser des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur dormir comment embrasser des millions d’années perdues le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chose tourne sur deux mains

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chose tourne sur deux mains montrer comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chose tourne sur deux mains dormir comment embrasser des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chose tourne sur deux mains dormir comment embrasser des millions d’années perdues le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence dormir  comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence dormir  comment embrasser des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence dormir  comment embrasser des millions d’années perdues le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence dormir comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence dormir  comment embrasser des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence dormir comment embrasser des millions d’années perdues le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chair tourne autour de la tête

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chair tourne autour de la tête dormir comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chair tourne autour de la tête dormir comment embrasser des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chair tourne autour de la tête dormir comment embrasser des millions d’années perdues le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chose tourne sur deux mains la chair tourne autour de la tête dormir comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chose tourne sur deux mains la chair tourne autour de la tête tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur dormir comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chose tourne sur deux mains la chair tourne autour de la tête tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence dormir comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chose tourne sur deux mains la chair tourne autour de la tête avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur dormir comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chose tourne sur deux mains la chair tourne autour de la tête avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence dormir comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chose tourne sur deux mains la chair tourne autour de la tête avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence des millions d’années perdues dormir comment embrasser

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chose tourne sur deux mains la chair tourne autour de la tête avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence des millions d’années perdues dormir comment embrasser des millions d’années perdues

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chose tourne sur deux mains la chair tourne autour de la tête avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence des millions d’années perdues dormir comment embrasser le ciel abrupt est allé prendre un bain

 

Heureusement que ça a une bouche délicate la chose tourne sur deux mains la chair tourne autour de la tête avoir besoin des coïncidences de l’herbe souder l’usage du ciel tourner la tête à l’intérieur de la démesure de carré du cœur c’est l’ondulation de la colonne vertébrale et puis hop le silence des millions d’années perdues dormir comment embrasser des millions d’années perdues le ciel abrupt est allé prendre un bain.

 

 

 

Poser le pied autour. Poser le pied autour de la poitrine. Poser le pied autour d’un sourire. Poser le pied autour d’un sentiment. Poser le pied autour de la poitrine d’un sentiment. Poser le pied autour du sourire d’un sentiment. Poser le pied autour de la poitrine de sourire d’un sentiment. Poser le pied autour de la mosaïque des sentiments. Poser le pied autour de tenir debout. Poser le pied autour de la poitrine de tenir debout. Poser le pied autour de la mosaïque de sentiments de tenir debout. Apprendre par cœur comment marcher.

 

 

 

Souder l’usage du ciel. S’amuser. Souder l’usage du ciel. S’amuser entre l’armoire et la montagne. Avoir besoin des coïncidences de l’herbe. Souder l’usage du ciel. S’amuser entre l’armoire des pierres et la montagne du linge. S’amuser entre l’armoire des mains et la montagne des regards. S’amuser entre l’armoire des regards et la montagne des mains. S’amuser entre l’armoire des adresses et la montagne des jours.

 

 

 

Avoir besoin des coïncidences de l’herbe. Souder l’usage du ciel. Poser le pied autour de la poitrine comme le léopard. Poser le pied autour de la poitrine comme le léopard des nuages.

 

 

 

L’éruption d’un volcan, un bouquet de tulipes, le où ça.

 

 

 

Les prospectus auprès des buissons dans les squares. A quoi ressembleraient les aventures sentimentales, les aventures érotiques, les aventures de gentillesse d’un homme qui ne lirait que des prospectus ? Les prospectus non loin d’un vice d’arbres. Les prospectus, la futilité des virgules scientifiques, l’année des pleurs.

 

 

 

Manger un sandwich auprès d’une rivière. Manger un sandwich poulet-crudités entre un champ de courses hippiques et une petite rivière (dans la commune du Lion d’Angers).

 

 

 

Les lieux où j’ai mangé un sandwich composent une constellation. Ils ne composent pas la constellation d’un visage. Ils ne dessinent pas la constellation d’une face. Ils dessinent la constellation d’une gueule, la constellation d’une gueule acharnée, la constellation d’une gueule hyaline acharnée, la constellation d’une gueule sphinge, d’une gueule hyaline sphinge.

 

 

 

Dévorer un sandwich. Oublier le titre d’un livre. Dévorer un livre. Oublier le nom d’un sandwich.

 

 

 

 

 

Savoir lire. Aimer écrire. Chercher son chemin. Trouver l’amour. Chercher l’amour. Trouver son chemin.

 

 

 

Découvrir un monastère cistercien dans la campagne troyenne là où les nuages donnent le sentiment de toucher le haut des collines comme dans les westerns.

 

 

 

Dans le film L’Année du Dragon de Michael Cimino, l’instant où Mickey Rourke face à un gangster chinois extrêmement élégant crie « I’m a pollack ! »

 

 

 

 

 

Je me souviens avec précision qu’il y a des livres que j’ai lus en même temps et qui composent ainsi un livre unique. Par exemple Jacques Le Fataliste de Diderot et Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll. La Caverne Céleste de Patrick Grainville et Molloy de Samuel Beckett. Le Maître du Haut Château de Philip. K. Dick et Le Mythe d’Icare d’André Comte Sponville. Il y a aussi des livres que nous lisons en des temps différents et qui provoquent cependant en nous l’impression d’être des sosies ou des siamois. Par exemple Madame Bovary de Flaubert et Lolita de Nabokov. Il y enfin des écrivains aux caractéristiques physiques semblables et qui ont malgré tout des styles intégralement différents. Par exemple Gombrowicz et Proust asthmatiques l’un et l’autre. Gombrowicz qui assassine les métaphores à mains nues, qui les étrangle dans l’œuf et Proust qui noue, love et loue les métaphores avec des gants. 

 

 

 

Les jours comme les nuits où je lisais en même temps Jacques Le Fataliste et Alice au Pays des Merveilles, je ne dormais quasiment pas, seulement une à deux heures par nuit. J’avais la sensation d’évoluer à l’intérieur d’un espace d’anamorphose semblable au rêve.

 

 

 

Je me souviens qu’un matin en arrivant au lycée Douanier Rousseau à Laval, je marchais dans la cour et j’ai vu au loin deux jeunes filles qui étaient mes élèves. Elles se trouvaient à plusieurs dizaines de mètres. Ce matin-là il y avait beaucoup de vent. Pendant qu’elles se tenaient ainsi au loin j’entendais malgré tout avec une netteté incroyable chacune de leurs paroles. Je marchais vers elles et elles marchaient vers moi et plus nous nous rapprochions ainsi moins j’entendais ce qu’elles disaient. Ce matin-là le vent avait métamorphosé une conversation de Diderot en une scénographie paradoxale de Lewis Carroll. Et à l’instant où nous nous sommes croisés, je les ai vues me dire bonjour sans les entendre.

 

 

 

La seule fois où  j’ai eu une sensation semblable de révulsion de l’espace, c’est au musée de l’Orangerie à l’instant où j’ai vu un tableau de Van Gogh au loin. A cet instant les formes visibles qui se tenaient autour de moi ont soudain reculé très vite et un fragment bleu nuit du tableau a surgi comme projeté jusqu’à toucher mon visage, jusqu’à m’embrasser à la fois sur la bouche et sur le front. Il y a du vent dans les tableaux de Van Gogh. La couleur des tableaux de Van Gogh survient en dehors même des tableaux comme un vent qui souffle l’espace, comme un vent qui souffle l’espace à volonté.

 

 

 

Où se trouvent les phrases ? Les phrases sont-elles dites avant d’être lues ? Les phrases sont-elles dites par le vent avant d’être lues par les hommes ? Les phrases sont-elles lues avant d’être dites ? Les phrases sont-elles lues par le vent avant d’être dites par les hommes ?

 

Les phrases sont-elles dites avant d’être écrites? Les phrases sont-elles dites par le vent avant d’être écrites par les hommes ? Les phrases sont-elles écrites avant d’être dites? Les phrases sont-elles écrites par le vent avant d’être dites par les hommes ? Les phrases sont-elles écrites avant d’être lues?  Les phrases sont-elles écrites par le vent avant d’être lues par les hommes ? Les phrases sont-elles dites avant d’être écrites? Les phrases sont-elles dites par le vent avant d’être écrites par les hommes ? Les phrases sont-elles lues avant d’être écrites ? Les phrases sont-elles lues par le vent avant d’être écrites par les hommes ?

 

 

 

Avoir besoin des coïncidences de l’herbe. Souder l’usage du ciel. La pluie tombe. Le slip lévite. Poser le pied autour de la poitrine c’est à dire dormir comment embrasser. Avoir besoin des coïncidences de l’herbe. Souder l’usage du ciel. S’accouder au trampoline de la dynamite.

 

 

 

 

 

Dans les supermarchés, je vogue comme un cheval. Dans un supermarché, le reste d’un rituel entre les shampoings et les sandwichs.

 

 

 

Parfois je trouve une tombe avec une bicyclette. Parfois à l’instant de l’éveil, je trouve une tombe avec une bicyclette.

 

 

 

Prendre la main c’est à dire perdre pied. Tenir la main c’est à dire perdre pied. Poser le pied c’est à dire perdre la main. Prendre la main à proximité c’est à dire perdre pied au loin. Prendre la main au loin c’est à dire perdre pied à proximité. Poser le pied à proximité c’est à dire perdre la main au loin. Poser le pied au loin c’est à dire perdre la main à proximité.

 

 

 

Ravi de vous rencontrer, il y a un vide avec demain. Avoir besoin des coïncidences de l’herbe. Souder l’usage du ciel. Ravi de vous rencontrer, il y a un vide avec demain.

 

 

 

Attendre dans une boulangerie a un aspect différent d’attendre dans une boucherie. Attendre une pâte de céréales mélangées a un aspect différent d’attendre un morceau de viande découpée. Attendre le destin a une forme différente d’attendre la vie. Attendre le pain du destin a une forme différente d’attendre la viande de la vie.

 

 

 

 

 

Comment montrer l’avoir lieu du langage ? Le langage a-t-il lieu ? Où se trouve le sentiment qui donne un lieu au langage, qui donne à sentir le lieu du langage ? Où se trouve le sentiment qui imagine, qui imagine à l’instant le lieu du langage ? Le problème reste de savoir si ce qui donne lieu au langage c’est la voix ou la main, la voix qui parle ou la main qui écrit, la main qui parle ou la voix qui écrit. Le problème reste de savoir si ce qui donne lieu au langage  c’est la coïncidence de la voix qui parle et de la main qui écrit ou la coïncidence de la main qui parle et de la voix qui écrit.

 

 

 

J’ouvre le livre de Macedonio Fernandez Tout n’est pas Veille lorsqu’on a les Yeux Ouverts et je trouve cette phrase « Je n’ai jamais entendu parler de quelqu’un qui serait devenu fou pendant son sommeil ». J’ouvre le livre de John Cage Pour les Oiseaux et je trouve cette phrase. « Chaque fois que nous établissons une relation, chaque fois que nous connectons deux termes, nous oublions que nous avons à retourner à zéro, avant de parvenir au terme suivant (…) On oublie qu’il faut à chaque fois, pour passer d’un mot à l’autre, revenir au zéro. ». J’ouvre le livre de Fernando Pessoa Titre et je trouve cette phrase « Le zéro est la plus vaste des métaphores ».

 

 

 

Avoir besoin des coïncidences du sommeil. Avoir besoin des coïncidences du sommeil c’est à dire avoir besoin de sentir la métaphore de démesure du zéro, c’est à dire avoir besoin de toucher à chaque instant la métaphore de démesure du zéro. Avoir besoin des coïncidences du sommeil c’est à dire avoir besoin de toucher à chaque phrase la métaphore de démesure du zéro afin d’offrir l’exactitude de la déraison, afin d’offrir l’exactitude de la déraison en dehors de la vérité et de la folie.

 

          

 

Avoir besoin des coïncidences d’herbes du sommeil. Souder l’usage du ciel. Toucher la décapitation du sang à la manière d’un cosmonaute. Avoir besoin des coïncidences d’herbes du sommeil. Souder l’usage du ciel. Toucher la décapitation du sang à la manière du cosmonaute du destin.

 

 

 

 

 

La tête chevauche l’éveil. S’asseoir sur les cheveux. La tête chevauche les cheveux. S’asseoir sur l’éveil. Les cheveux chevauchent l’éveil. S’asseoir sur la tête. Asseoir la tête sur les cheveux. Asseoir la tête sur les cheveux de l’éveil.

 

 

 

Nous jouons les jours de la semaine comme les nuits de la semence. Nous jouons les jours de la semence comme les nuits de la semaine. Nous jouons le sera hier comme c’était demain.

 

 

 

Nous jouons le petit déjeuner. Nous jouons le petit déjeuner aux dés. Nous jouons le petit déjeuner avec les dominos. Nous avons joué le petit déjeuner avec les dauphins. Nous avons joué le petit déjeuner avec  les dominos et les dauphins. Nous avons joué le petit déjeuner avec les gibbons. Nous avons joué le petit déjeuner avec les gibbons et les dés.

 

 

 

Nous avons dit au-revoir et merci à l’escalier. Nous avons dit au-revoir et merci aux sourires. Nous avons dit au-revoir et merci à l’escalier des sourires.

 

 

 

Le tableau sait où se trouve le vin et l’ombre du vin. La table sait où se trouve le lit et l’ombre du lit. Le tableau sait où se trouve la bouteille de l’ombre. Le tableau sait où se trouve la bouche du vin, la bouche du vin et les bouteilles de l’ombre.

 

 

 

 

 

Les jours jonchent la chasteté. Le ciel jonche la joie.

 

 

 

Le cul carillonne Le cul carillonne la mousse. Le cul carillonne le caoutchouc. Le cul carillonne le feutre. Le cul carillonne le tissu. Le cul carillonne la laine. Le cul carillonne le coton. Le cul carillonne le velours. Le cul contente. Le cul contente la cloche. Le cul contente la cloche des abricots.

 

 

 

L’iris étonne. L’iris étonne la dynamite. L’iris étonne le sourire de la dynamite.

 

 

 

Les ruines enivrent. Les ruines enivrent les ombres du ciel. Les ruines enivrent le vide du ciel. Les ruines enivrent les ombres de vide du ciel.

 

 

 

La bombe mendie. La bombe mendie son tombeau. La bombe mendie son ombre. La bombe mendie le tombeau de son ombre. La bombe mendie l’ombre de son tombeau.

 

 

 

Les chaussures cherchent les yeux de la terre. Les chaussures cherchent les regards de la terre.

 

 

 

L’armoire mémorise. L’armoire mémorise l’abondance. L’armoire mémorise l’ordre de l’abondance. L’armoire mémorise la mise en ordre de l’abondance.

 

 

 

Les pieds flirtent avec l’éclipse. L’ours brode des souches.

 

 

 

Le sentiment rythme la poussière. Le sentiment rythme les pauses de la poussière. Le sentiment rythme le désespoir de la poussière. Le sentiment rythme les pauses de désespoir de la poussière.

 

 

 

L’espièglerie attise l’attention des pulvérisateurs de laque. L’espièglerie attise l’attention des bombes de laque.

 

 

 

Une goutte de bombe cligne les mâchoires de la rigolade. La roulade absorbe les braises. La roulade absorbe la cantate des braises. Le cœur apprend comment faire des sauts périlleux aux cartes de géographie.

 

 

 

Le panier penche la tête. Le panier penche la tête pour penser je ne sais quoi. Le panier penche la tête pour eh bien. Le panier penche la tête pour penser voilà, pour penser eh bien voilà. Le panier penche la tête pour penser eh bien voilà je ne sais quoi.

 

 

 

Les poumons tamisent. Les poumons tamisent la passion. Les poumons tamisent demain. Les poumons tamisent la passion de demain. Les poumons tamisent l’espace de demain. Les poumons tamisent la passion d’espace de demain. Les poumons tamisent avec un panier. Les poumons tamisent avec un panier de sang. Les poumons tamisent la passion de demain avec un panier de sang. Les poumons tamisent l’espace de demain avec un panier de sang. Les poumons tamisent la passion d’espace de demain avec un panier de sang.

 

 

 

Les épaules absorbent le blanc de l’œil. Les épaules absorbent le blanc de l’œil de l’espace. 

 

Les épaules bercent le blanc de l’œil. Les épaules bercent le blanc de l’œil de l’espace. Les épaules approchent le blanc de l’œil. Les épaules approchent le blanc de l’œil de l’espace. Les épaules puisent le blanc de l’œil. Les épaules puisent le blanc de l’œil de l’espace. Les épaules parabolisent le blanc de l’œil. Les épaules parabolisent le blanc de l’œil de l’espace. Les épaules apposent le blanc de l’œil. Les épaules apposent le blanc de l’œil de l’espace.  

 

 

 

Le merci viole le matin. Le merci viole le réflexe du matin.

 

 

 

Le télescope plonge. Le télescope plonge à l’intérieur du prolongement du viol. Le télescope plonge à l’intérieur du rire du viol. Le télescope plonge à l’intérieur du prolongement de rire du viol.

 

 

 

Le sol sait le visage du pied. Le sol sait le visage éthique du pied. Le sol sait le visage de plaisir du pied. Le sol sait le visage de plaisir éthique du pied.

 

 

 

Le relief relit une dernière fois le livre de la poussière.

 

 

 

Le fiancé félicite le dé. Le fiancé félicite l’édition du dé.

 

 

 

 

 

Comment dire l’odeur de l’eucalyptus ? Comment adresser la parole à l’odeur de l’eucalyptus ?

 

 

 

Trouver les phrases. Trouver les phrases là où elles se perdent. Perdre les phrases là où elles se trouvent.

 

 

 

Les sauts périlleux du sexe collent des pendus. Les sauts périlleux du sexe collent des pendaisons. Les sauts périlleux du sperme collent des pendaisons de léopards, des pendaisons de léopards mentholés.

 

 

 

A chaque instant la masse du temps s’ouvre et se ferme selon de multiples trajectoires à la fois. A chaque instant la masse de vide du temps s’ouvre et se ferme selon d’innombrables trajectoires à la fois. La masse de vide du temps s’ouvre et se ferme comme un cœur. La masse de vide du temps s’ouvre et se ferme comme un cœur qui évolue selon une multitude de trajectoires à la fois.

 

 

 

 

 

Mourir c’est tomber dans le trou. Mourir c’est tomber dans le trou qui tourne sur lui-même. Mourir c’est tomber dans le trou qui tourne sur lui-même autour de lui-même. Mourir c’est tomber dans le tourbillon du trou. Mourir c’est tomber dans la danse du trou. Mourir c’est tomber dans le tourbillon qui danse à l’intérieur autour du trou, dans le tourbillon qui danse à l’intérieur comme autour du trou.

 

 

 

Mourir c’est tomber dans le trou, cependant le trou n’est pas destiné à celui qui y meurt. Le trou attend à tour de rôle. Ce qui s’adresse à celui qui meurt n’est pas le trou. Ce qui s’adresse à celui qui meurt c’est le tour du trou. Mourir n’est pas la rencontre fatale avec un trou.  Mourir est plutôt la rencontre hasardeuse avec le tour du trou.

 

 

 

Mourir c’est tomber dans le trou à la fois par hasard et par forme. Le trou dans lequel tombe celui qui meurt a lieu à la fois par hasard et par forme. Le trou dans lequel tombe celui qui meurt a lieu par coïncidence d’un hasard et d’une forme.

 

 

 

A l’instant de mourir celui qui meurt tombe dans le trou par hasard. Tomber dans le trou par hasard apparaît à la fois en dehors du sens, de la vérité et de la conscience. Tomber dans le trou par hasard n’est pas l’acte de révéler le sens, n’est pas l’acte de lire la face du sens autrement dit n’est pas l’acte de connaître la vérité. Tomber dans le trou par la coïncidence du hasard et de la forme affirme l’existence comme chose du destin, c’est-à-dire comme chute qui ose, comme audace de tomber du destin, comme ascèse de chute du destin, comme ascèse de chute aisée du destin.

 

 

 

Il est inutile de nier le hasard. Il est inutile de transgresser le hasard à travers le sens. Il apparait simplement nécessaire de répondre au hasard, de répondre au hasard par l’affirmation d’une règle du jeu c’est à dire par l’affirmation d’une forme. 

 

 

 

La mort n’est pas un sens qui excuse, justifie ou honore l’absurdité de l’existence. Mourir apparaît plutôt comme un geste du hasard parmi d’autres. C’est pourquoi plutôt que de nier le hasard à travers l’acte de croire à la mort en tant que sens, à travers l’acte de croire au sens de la mort, il reste préférable d’acquiescer au hasard, d’acquiescer au hasard de manière insensée.

 

 

 

Répondre avec candeur au hasard. Répondre par candeur obscène au hasard afin d’apparaître comme, c’est-à-dire afin d’apparaître en dehors du sens, en dehors du tout, en dehors du sens du tout.

 

 

 

 

 

Les phrases restent et se reposent. Les phrases restent et se reposent comme ça. Les phrases tombent et reposent comme ça en dehors de tout. Les phrases tombent en dehors de la mort. Les phrases tombent en dehors du tout de la mort. Les phrases tombent immortelles. Les phrases tombent immortelles afin de donner une forme exacte aux trous. Les phrases tombent immortelles jusqu’à donner une forme exacte à un tas de trous, jusqu’à donner une forme exacte à un tas de trous en dehors du tout de la mort. Les phrases tombent immortelles afin de donner une forme de sommeil, une forme de sommeil facile au feu du temps, une forme de sommeil facile à l’extase de feu du temps.

 

 

 

La drogue multiplie les têtes sans jamais parvenir à poser et reposer les têtes comme un tas de formes. La drogue développe des épidémies de têtes. La drogue développe des épidémies de têtes amorphes. La drogue en tant que stupéfiant développe des épidémies de têtes amorphes.

 

 

 

L’écriture a d’innombrables têtes. L’étonnement a d’innombrables têtes. L’écriture a d’innombrables têtes étonnées. L’écriture a une tête différente à chaque parole, une tête différente à chaque regard, une tête différente à chaque parole du regard, à chaque regard de la parole. L’écriture multiplie les têtes comme des pains. L’écriture multiplie les têtes comme des pains de dynamite, comme des pains d’amitié, comme les pains de dynamite de l’amitié. L’écriture multiplie les têtes comme elle parvient malgré tout à entasser les têtes, comme elle parvient à projeter les têtes jusqu’à composer un tas de formes. 

 

 

 

Souder l’usage du ciel. Avoir besoin des coïncidences d’herbes du sommeil. Avoir le courage de tomber. Avoir le courage tranquille de tomber. Avoir le courage obscène de tomber. Avoir le courage de jouer. Avoir le courage de jouer à tomber. Avoir le courage de jouer avec la destruction. Avoir le courage de jouer avec la déchirure. Avoir le courage de jouer avec les déchirures du feu, avec les déchirures de ravissement du feu. Avoir le courage de jouer avec le destin. Avoir le courage de jouer avec les déchirures du destin. Avoir le courage de jouer avec les déchirures du feu du destin. Avoir le courage de tomber à l’intérieur du sang. Avoir le courage de tomber avec dehors. Avoir le courage de tomber à l’intérieur du sang avec dehors.

 

 

 

Le manège mange. Le manège mange le vide. Le manège mange les yeux du vide. Le manège mange les regards du vide. Le manège mange le tournoiement de regards du vide. Le manège boit. Le manège boit l’utopie. Le manège boit le bonjour de l’utopie. Le manège boit les poumons de l’utopie. Le manège boit le bonjour de poumons de l’utopie.

 

 

 

Celui qui écrit sait le spin de chaque phrase et le spin de chaque lettre cependant il méprise le spin des mots. Celui qui écrit sait combien de fois une phrase tourne sur elle-même avant de reposer à l’intérieur d’une forme exacte. Celui qui écrit sait combien de fois il apparait nécessaire de répéter une phrase afin qu’elle donne une forme de sommeil exact, afin qu’elle donne une forme de sommeil exact à la chute immortelle du destin.

 

 

 

Chaque chose, chaque chair tourne un nombre particulier de fois sur elle-même afin de

 

retrouver la forme de son destin. Ce nombre de fois est son spin symbolique (parabolique). La chair tourne à chaque instant sur elle-même pour retrouver la forme de son destin. Les phrases surviennent là où la chair tourne sur elle-même pour retrouver la forme de son destin.

 

 

 

Le temps fait tourner la chair sur elle-même. Le temps provoque le tournoiement de la chair sur elle-même. A chaque tour, la chair apparaît selon une forme différente. Cependant à la suite d’un nombre particulier, chaque chair retrouve la forme de son destin.

 

 

 

Les chairs se distinguent par l’instant où elles trouvent la forme de leur destin pour la première fois et par le nombre de fois où elles parviennent à retrouver la forme de leur destin pendant leur existence.  Il y a des chairs qui trouvent cette forme avant même de naître, d’autres à la naissance, d’autres à 5 ans ou 10 ans ou 75 ans, d’autres à leur mort et il y a même ceux qui  meurent sans l’avoir jamais trouvée.

 

 

 

L’autre aspect est le rythme auquel chaque chair parvient à retrouver la forme de son destin, le rythme de sa répétition.  Il y a des chairs qui après avoir trouvé cette forme une première fois ne la retrouvent jamais, d’autres qui la retrouvent une seule fois, d’autres qui la retrouvent des dizaines, des centaines, des milliers ou des milliards de fois. Il y aussi un paradoxe : ce n’est pas parce que deux corps ont le même spin qu’ils vont retrouver la forme de leur destin au même rythme, cela dépend en effet aussi de la vitesse de rotation de leur chair. Par exemple pour deux chairs qui ont le même spin (3) c’est à dire qui retrouvent la forme de leur destin après avoir effectué trois tours sur eux-mêmes, si l’un des deux à une vitesse de rotation 10 fois plus grande, il retrouvera la forme de son destin 10 fois plus souvent.

 

 

 

Il apparait ainsi nécessaire de distinguer la durée qui sépare deux rencontres avec la forme de son destin et le rythme auquel ces retrouvailles s’effectuent. Il y a des chairs qui retrouvent la forme de leur destin chaque jour, d’autres chaque semaine, d’autres chaque mois, d’autres chaque année, d’autres après plusieurs années. Cependant la chair qui retrouve la forme de son destin chaque jour après avoir effectué 20 tours sur elle-même n’a pas le même sentiment du destin que celle qui la retrouve chaque jour  après avoir effectué 10 millions de tours ou 2 tours. De même la chair qui retrouve la forme de son destin  tous les 20 ans après avoir accompli 5 tours sur elle-même n’a pas le même sentiment du destin que celle qui la retrouve tous les 20 ans après avoir accompli 500 tours.  

 

 

 

Ce qui compose l’âge symbolique d’un homme c’est ainsi la conjonction du temps dont il a besoin pour retrouver la forme de son destin avec le rythme du tournoiement sur lui-même qui correspond à ce temps.

 

 

 

 

 

Le sentiment attend comme un axe. Le sentiment attend comme l’axe par lequel voir, toucher, humer, entendre, goûter l’âge symbolique de son existence. Le sentiment attend comme l’axe par lequel voir, toucher, humer, entendre, goûter le rythme comme le temps de tournoiement de la chair afin de retrouver la forme de son destin.

 

 

 

Le problème reste de savoir à quoi ressemble la chair quand elle révèle une autre forme que celle du destin. A quoi ressemble la chair quand elle révèle la forme du hasard, la forme de l’habitude, la forme de la pulsion, la forme du savoir, la forme de l’oubli, la forme de l’éthique, la forme de l’utopie ?

 

 

 

Le spin du slip n’est pas le même que le spin du pantalon. Le spin du slip apparait malgré tout  le même que le spin de la jupe. C’est pourquoi les hommes déshabillent leur sexe avec maladresse et les femmes avec précision. C’est pourquoi les hommes déshabillent leur sexe avec stupidité et maladresse et les femmes avec virtuosité et précision.

 

 

 

Chaque homme désire les femmes quels que soient leur spin. Malgré tout chaque homme aime uniquement les femmes qui ont le même spin que lui.

 

 

 

L’amour sommeille comme l’axe par lequel sentir le rythme de répétition de la forme du destin.

 

 

 

Souder l’usage du ciel. Avoir besoin des coïncidences de l’herbe. Jouer avec le oui. Jouer avec l’enfance du oui. Jouer avec l’enfance efficace du oui.

 

 

 

Prendre et jeter les phrases par l’enfance du oui. Prendre et jeter les phrases par l’enfance efficace du oui. Prendre et jeter le lieu des phrases par l’enfance de tu. Prendre et jeter le lieu des phrases par l’enfance efficace de tu. Prendre et jeter le feu des phrases par le sommeil d’enfance de oui. Prendre et jeter le feu des phrases par le sommeil d’enfance efficace de oui.

 

Prendre et jeter le feu des phrases par le sommeil d’enfance efficace de oui jusqu’à tu.

 

 

 

Imaginer le cœur. Imaginer la maison. Imaginer la maison par cœur. Imaginer le cœur par maison. Imaginer par le geste de tourner autour de la maison. Imaginer par le geste de tourner à l’intérieur de la maison, par le geste de tourner à l’intérieur autour de la maison. Imaginer un cœur qui tourne sur lui-même autour de lui-même. Imaginer une maison qui tourne sur elle-même autour d’elle-même. Imaginer un cœur qui tourne autour d’une maison. Imaginer une maison qui tourne autour d’un homme. Imaginer un homme qui à chaque fois qu’il tourne sur lui-même à une forme différente. Un tour, il a une tête, deux jambes, deux bras. Un autre tour, il a une tête, deux jambes, trois bras (deux de chaque côté et un dans le dos). Un autre tour, il a une tête, deux bras, deux jambes (une au-dessous de l’abdomen et une au-dessus de la tête) Un autre tour, il a deux bras, deux jambes et il n’a pas de tête. Un autre tour, il a deux têtes, deux bras, deux jambes. Un autre tour, il a deux têtes, deux bras et il n’a pas de jambes. Un autre tour, il a deux têtes, deux jambes et il n’a pas de bras. Un autre tour, il a une tête, deux bras, deux jambes, deux sexes. Un autre tour, il a deux bras, deux jambes, deux sexes et il n’a pas de tête. Un autre tour, il a 10 têtes, 10 bras, 10 jambes, 10 sexes. Un autre tour oh là là, il a 100 têtes, 100 bras, 100 jambes, 100 sexes et il n’a pas de mains et il n’a pas de doigts. Imaginer une maison qui à chaque fois qu’elle tourne sur lui-même à une forme différente. Un tour, la maison a la forme d’un carré. Un autre tour, la maison a la forme d’un triangle. Un autre tour, la maison a la forme d’un losange. Un autre tour, la maison a la forme d’un trapèze. Un autre tour, la maison a la forme d’un hexagone. Un autre tour, la maison a la forme d’un octogone. Un autre tour, la maison a la forme d’un cercle. Un autre tour, la maison a la forme d’un éléphant. Un autre tour, la maison a la forme d’une baleine.

 

 

 

Les phrases se trouvent à l’instant où les hommes tournent sur eux-mêmes autour d’eux-mêmes. Les phrases se trouvent à l’instant où la maison tourne à l’intérieur d’elle-même autour d’elle-même. Les phrases se trouvent et reposent comme ça à l’instant où l’homme tourne autour de la maison comme la maison tourne autour de l’homme.

 

 

 

Il existe une certitude du carré. Il existe une certitude du carré qui méprise la vérité. Le carré parabolise. Le carré parabolise le temps. Le carré parabolise le prénom de Boris. Le carré parabolise le prénom de Boris à temps. Le carré parabolise le prénom comme rythme et le rythme comme temps. Le carré parabolise la coïncidence du prénom et du rythme à la surface du temps.

 

 

 

Les chansons, les phrases des chansons. Où se trouvent les chansons ? Où se trouvent les phrases des chansons ? Les chansons chantournent le temps. Les chansons chantournent les yeux du temps. Les chansons chantournent les cils du temps. Les chansons chantournent les sourcils du temps. Les chansons chantournent le front du temps. Les chansons chantournent le front du temps avec la langue. Les chansons chantournent le front du temps avec l’année hier de la langue. Les chansons chantournent la langue du temps. Les chansons touchent comme embrassent le tournoiement du temps. Les chansons touchent comme embrassent les atours du temps, les atours de tournoiements du temps. Les hommes et les femmes s’embrassent avec les chansons. Les hommes et les femmes s’embrassent sous les chansons. Les hommes et les femmes s’embrassent sous le lustre des chansons. Les hommes et les femmes s’embrassent sous les frondaisons des chansons. Les hommes et les femmes s’embrassent sous le lustre d’arbres des chansons.

 

 

 

J’ai des chansons. J’ai des chansons qui tournent. J’ai des chansons qui tournent avec ma tête autour de ma tête. J’ai des chansons qui tournent avec mon cœur autour de mon cœur. J’ai des chansons qui tournent avec ma bouche autour de ma bouche. J’ai des chansons qui tournent avec ma langue autour de ma langue. J’ai des chansons qui tournent avec mon souffle autour de mon souffle.

 

 

 

Dans ma maison tu viendras, je pense à autre chose et je ne pense qu’à ça. Tu enlèveras tous tes vêtements et tu resteras immobile, nue avec ta bouche rouge comme les piments rouges pendus sur le mur blanc. Et puis tu te coucheras et je me coucherai près de toi. Voilà dans ma maison qui n’est pas ma maison tu viendras.

 

Si belle, si belle et inutile, mais ce sont vos valeurs que je trouve futiles. Si belle, si belle et puérile, mais ce sont vos discours que je trouve infantiles.

 

Je dors, je dors, je dors par mes petits matins. J’ai jeté mes idées dehors, je ne pense plus à rien. La nuit c’est mon petit paradis.

 

Rêver c’est déjà ça. Oh oh oh et je rêve que Soudan mon pays soudain se soulève. Rêver c’est déjà ça, c’est déjà ça.

 

Tes yeux brillent tant, je suis heureux.

 

Rétine et pupilles. Les garçons ont les yeux qui brillent pour ce jeu de dupes voir sous les jupes des filles.

 

Oh oh oh et je rêve que soudain mon sexe comme une jupe se soulève. Rêver c’est déjà ça, c’est déjà ça. Oh oh oh et je rêve que soudain mon sexe se soulève comme un paysage, comme la jupe d’un paysage. Rêver c’est déjà ça, c’est déjà ça. Oh oh oh et je rêve que soudain mon sexe se soulève comme la jupe de l’utopie, comme la jupe de paysage de l’utopie. Rêver c’est déjà ça, c’est déjà ça.

 

 

 

Le tube touche la tête. Le tube touche loin. Le tube touche la tête loin. Le tube touche la tête du lointain. Le tube touche le tabou. Le tube touche le tabou du lointain. Le tube touche la tête du tabou. Le tube touche la tête de tabou du lointain.

 

 

 

Avoir besoin des coïncidences de l’herbe. Souder l’usage du ciel. Le sexe se soulève comme une jupe. Le tube touche la tête de tabou du lointain. Le sexe se soulève comme la jupe de paysage de l’utopie. Le tube touche la tête de tabou du lointain.

 

 

 

Il y a des tubes de colle. Il y a des tubes de dentifrice. Il y a des tubes de rouge à lèvres. Quand une chanson marche, quand une chanson est diffusée très souvent à la radio, quand une chanson marche chaque jour sur les ondes radios, cela s’appelle un tube. C’est Boris Vian un homme qui avait le même prénom que moi qui a inventé cette appellation.

 

 

 

Dans le film Le Petit Baigneur, il y a un gag où Louis de Funès fait sonner plusieurs fois des tubes de carton à l’intérieur desquels se trouvent des outils d’architecte afin de savoir celui qu’il préfère, celui qu’il désire sauvegarder pour son travail futur.

 

 

 

Tube serait un bon mot pour parler du sexe de manière obscène. Suce-moi le tube. Grâce au tube, la tête joue. Grâce au tube, la tête joue avec le tabou. Grâce au tube, la tête joue au ballon avec le tabou. Grâce au tube, la tête utilise le tabou comme télescope. Grâce au tube, la tête sait comment faire de la broderie. Grâce au tube, la tête sait comment faire de la broderie avec les télescopes. Grâce au tube, la tête sait comment broder les télescopes du tabou.

 

 

 

Je me souviens de mon émotion la première fois que j’ai entendu la chanson de Vincent Delerm Les Filles de 1973 dans le kiosque à journaux de la gare de Troyes. Ce qui est beau surtout dans la chanson c’est le jeu avec les nombres. La chanson de V. Delerm révèle en effet qu’il existe une forme allusive de l’âge. Elias Canetti avait eu l’idée d’un monde où les hommes ont deux âges. Par les pauses de sa voix à l’intérieur même de la date « les filles dix-neuf cent/ soixante-treize/ ont trente ans Delerm révèle un monde où les femmes en ont trois ou même quatre. Quel âge a une femme ? C’est comme si chaque femme avait à la fois un âge socle, l’âge de son siècle 1900, un âge actuel évident 30 et aussi un âge allusif 13, qui est un fragment de sa date de naissance 73. Chaque femme jongle ainsi à chaque instant avec une multitude d’âges. Les pauses de la voix de Delerm insinuent ainsi que le titre de la chanson est à déchiffrer, à déchiffrer par le souffle de son chant, par le rythme de souffle de son chant. La chanson dit les filles de 1973 (nées en 1973) ont trente ans et elle évoque implicitement en même temps les filles de 2002 ont treize ans. La voix d’un homme mélange les âges des femmes. A l’intérieur de la voix d’un homme se mélangent les âges du temps. A l’intérieur de la voix d’un homme s’étreignent les âges du temps. (4 âges différents 1900, l’âge originel, 73 l’âge de la mort, 30 l’âge évident, 13 l’âge allusif.)

 

 

 

Les filles de 1973. Dans la liste des noms de jeunes filles il y a aussi deux noms en -age (Katia Bocage et Fabienne Lesage). La chanson révèle ainsi qu’il y a un âge des noms. Delerm chante une site de noms de jeunes filles, la suite de noms que ces jeunes filles avaient à un âge allusif. Delerm chante ces noms sans savoir si ces jeunes filles ont toujours le même nom. 

 

 

 

La chanson ne nomme pas. La chanson ne nomme pas les femmes. La chanson évoque l’âge des noms. La chanson évoque l’âge des noms de femmes. La chanson révèle qu’aucun homme ne parvient jamais à nommer une femme. La chanson révèle qu’un homme n’est apte qu’à évoquer une femme, qu’à évoquer la coïncidence de l’âge d’une femme et de son nom.

 

 

 

Comment reconnaître un homme qui tourne à chaque instant sur lui-même autour de lui-même ? Comment reconnaître la forme équivoque d’une clameur ?  Les chansons, la mosaïque des chansons, le flux des chansons, le flux-mosaïque des chansons donne à entendre, adonne à entendre la clameur équivoque des sentiments, la clameur équivoque de la reconnaissance, la clameur confuse du sentiment de reconnaissance. Par les chansons je me reconnais. Par les chansons j’éprouve de la reconnaissance. Par les chansons j’ai de la reconnaissance envers le hasard de mon existence. Le tube révèle la reconnaissance insignifiante de mon absence de gloire. Lorsque j’écoute un tube, je me reconnais et je me remercie, je remercie ma banalité. Lorsque j’écoute un tube, je ne remercie pas ma renommée, je remercie la disparition de mon nom. Je remercie la clameur à la fois honteuse et noble de ce qui dans la suite des événements de ma vie n’a ni nom, ni prénom, de ce qui plutôt insiste comme le ton, le timbre, le ton de l’âge, le timbre de l’âge, le timbre de coïncidences des âges, le timbre de la coïncidence à la fois amorale et atonale des âges, de la multitude des âges. Les chansons ne nous rappellent pas notre nom. Les chansons nous rappellent notre âge. Les chansons nous rappellent un âge qui n’est pas le même que celui du nom. Les chansons nous rappellent les âges que nous partageons avec d’autres hommes, d’autres states, d’autres flux de notre peuple. Les chansons nous rappellent notre génération. Les chansons nous rappellent que nous appartenons à la génération d’un peuple. Les tubes révèlent des pistes de chant. Les tubes révèlent les pistes de chant d’un peuple. Les tubes révèlent les pistes de chant qu’une génération d’un peuple parcourt. Même si les hommes et les femmes d’une même génération ont des désirs, des idées, des sentiments et des rêves différents, ils partagent les mêmes chansons, ils sont reliés par les mêmes chansons, ils évoluent sur la même piste de chant, leurs désirs, leurs idées, les sentiments et leurs rêves évoluent sur une même piste de chant.

 

 

 

Le bouleversant ennui. Quand j’écoute un tube, j’éprouve le bouleversant ennui d’appartenir à l’âge d’un peuple, le bouleversant ennui d’avoir le même âge que d’autres hommes et d’autres femmes de mon peuple, c’est à dire celui d’avoir la même manière de coller, de souder, de relier les multiples âges de hasard de mon existence. Quand j’écoute un tube, j’éprouve le bouleversant ennui de partager avec les hommes et les femmes  d’un peuple le rythme selon lequel  ma chair tourne sur elle-même pour retrouver la forme de son destin. Les pistes de chant indiquent les spins d’un peuple. Les chansons ne provoquent pas le partage de l’instant où la chair trouve la forme de son destin pour la première fois. Les chansons ne provoquent pas le partage de l’instant où la chair retrouve la forme de son destin. En effet la rencontre et les retrouvailles avec la forme de son destin apparaissent particulières à chaque chair, elles ne sont jamais partagées. Il n’y a pas d’échange, de communication entre le peuple et les formes du destin. Cependant les chansons provoquent le partage du rythme auquel de chairs ont une chance de retrouver la forme de leur destin. En effet, quand des chairs partagent une piste de chant, elles partagent le rythme selon lequel elles tournent sur elle-même autour d’elles-mêmes. 

 

 

 

Ainsi parce que nous partageons des pistes de chant « Nos histoires d’amour sont les mêmes » (Natation Synchronisée, V. Delerm). Malgré tout la forme de chaque amour reste particulier. Par les pistes de chant nous partageons la structure chronologique de nos sentiments, malgré tout le silence anachronique de l’amour affirme une forme du sentiment à chaque fois particulière.

 

 

 

Dans son film Jackie Brown Quentin Tarantino a effectué un hommage paradoxal à Jean-Pierre Melville. Ce que Tarantino modifie essentiellement par rapport aux films de Melville c’est l’attitude envers le silence et la musique. En effet, là où les personnages de Melville se taisent, là où les personnages de Melville attendent la venue vide du temps et se taisent, (par exemple Alain Delon dans Le Samouraï et le Cercle Rouge), les personnages de Tarantino préfèrent quant à eux écouter de la musique (Pam Grier qui écoute une chanson sur l’autoradio de sa voiture à la fin de Jackie Brown). Malgré tout les personnages de Tarantino écoutent de la musique exactement de la même manière que les personnages de Melville écoutent le silence. Il reste ainsi extrêmement difficile de savoir si Tarantino abolit alors l’expérience par ses personnages de la forme du destin, les chansonnettes de la distraction pop niant le sentiment de la tragédie, ou si à l’inverse Tarantino tente de révéler une forme paradoxale de sentiment de la tragédie par l’écoute même de ces chansonnettes pop. Par sa manière de montrer une forme de contemplation par la chanson elle-même, une forme de contemplation avec la chanson elle-même, Tarantino révélerait ainsi que les tubes (les chansons de la distraction pop) évoquent la forme du destin. La tentation du cinéma de Tarantino serait d’inventer un monde où les chansons de la distraction populaire, où les pistes de chant du peuple coïncideraient avec la forme particulière du destin.

 

 

 

En lisant le magazine Les Inrockuptibles j’ai appris que Christophe Tarkos était mort la même semaine que le cinéaste Philippe de Broca. En lisant le magazine Les Inrockuptibles j’ai appris aussi que Jacques Derrida était mort la même semaine que Christopher Reeves, l’acteur interprète de Superman.

 

 

 

Les premiers poèmes de Rimbaud ressemblent à des chansons. « Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin. » « Je m’en allais les poings dans mes poches crevées. » « A reculons, un noyé pensif parfois descend. » « Il a deux trous rouges au côté droit » Et aussi « Oh oh Arthur, ô Bentley ô châteaux, quelle âme Arthur est sans défaut. Oh oh Arthur et pas de cresson bleu où la lumière pleut. » (H.F Thiéfaine) L’œuvre de Rimbaud résumée un seul mot. Baou. Le beau, la boue. Le beau comme la boue. Baou.

 

 

 

Dans Buffet Froid de Bertrand Blier le personnage joué par Jean Carmet explique qu’il tue les femmes parce qu’il ne parvient plus à entendre quand il se promène au dehors assez de chants d’oiseaux. Jean Carmet explique que s’il tue les femmes c’est pour les entendre à l’instant où il les étrangle pousser des cris semblables aux chants d’oiseaux. Il y aurait ainsi une ressemblance paradoxale entre le cinéma de Blier et la musique de Messiaen.

 

 

 

Et je dis je dis oh, oh oh oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

J’ai un sac de plastique vert au bout de mon bras. Dans ce sac vert y’a de l’air. C’est déjà ça.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Je dors, je dors, je dors. La nuit c’est mon petit paradis.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Elles dans le suave, la fragilité des hommes elles savent que la seule chose qui tourne sur terre c’est leurs robes légères.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Les murs écroulés du monde, les nageuses à l’envers, les odeurs dans les chemins de fer, la beauté d’Ava Gardner.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

C’était pas pour tes cahiers, pour lire des textes, que le dimanche soir je venais, c’était prétexte.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

C’était pour sentir en moi le jazz venant quand tes genoux tu les croises de temps en temps.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Dans le soir, dans le son, quel que soit l’abandon, pourvu qu’il soit le bon. Sur de suaves toboggans vous m’avez vu glisser.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Je cloue des clous sur des nuages.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Marcher sur l’eau. Eviter les péages. Jamais souffrir. Juste faire hennir les chevaux du plaisir.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Peu à peu tu me happes. Je me décolle. Les cymbales, les symboles collent. Peu à peu tu me happes.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

J’écume, je m’enrhume. J’ai qu’une idée éternuer, te retourner le canoë.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Je suis celui qui luit, qui vous éblouit. Qu’à la bougie. Qu’a des éclairs tous les bicentenaires. Qu’à la bougie.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Dieu fait des images avec les nuages. La pluie fait des miroirs dans la boue.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

J’ai pris la main d’une éphémère qui m’a suivi dans ma maison. Elle avait les yeux d’outremer, elle en montrait la déraison. Elle avait la marche légère et de longues jambes de faon. J’aimais déjà les étrangères quand j’étais un petit enfant

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Madame rêve d’un amour qui la flingue, d’une fusée qui l’épingle au ciel.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Quel que soit le temps que ça me prenne, quel que soit l’enjeu, je veux être un homme heureux.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Si belle, si belle et inutile. Mais ce sont vos paroles que je trouve futiles.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Si belle, si belle et inutile. Mais ce sont vos paroles que je trouve futiles.

 

Je veux être un homme heureux.

 

Si belle, si belle et inutile. Mais ce sont vos paroles que je trouve futiles.

 

Je veux être un homme heureux. C’est déjà ça.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Quand c’est fini tout recommence. Toute musique me séduit, et la plus banale romance m’est l’éternelle poésie. Nous avions joué de notre âme un long jour une courte nuit. Puis au matin bonsoir madame, l’amour s’achève avec la pluie.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Nous avions joué de notre âme un long jour une courte nuit. Si belle, si belle et inutile mais ce sont vos discours que je trouve futiles. Je veux être un homme heureux. Puis au matin bonsoir madame, l’amour s’achève avec la pluie.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

Nous avions joué de notre âme un long jour une courte nuit. Si belle, si belle et inutile mais ce sont vos discours que je trouve futiles. Je veux être un homme heureux. Puis au matin bonsoir madame, l’amour s’achève avec la pluie.

 

Et je dis je dis oh amour, à tire larigot je t’aime.

 

C’est déjà ça.

 

 

 

La liste des chansons dont je connais l’intégralité des paroles par cœur. La liste des chansons dont je connais quelques paroles par cœur. Une chanson dont je connais l’intégralité des paroles par cœur sans en connaître le titre. Chansons dont je connais l’intégralité des paroles par cœur. Ces Gens-là  de Jacques Brel, Dans ma Maison de Jacques Prévert. Pauvre de toi de Georges Brassens. Chansons dont je sais des fragments de paroles par cœur. Mathilde, Amsterdam, A Jeun, Le Gaz de J. Brel. Les Croquants de G. Brassens, Cécile de Claude Nougaro, La Beauté d’Ava Gardner d’A. Souchon. Chansons dont je sais quelques paroles par cœur. Chapeau bas, Nantes de Barbara, Evidemment de France Gall, Je suis venu te dire que m’en vais de Serge Gainsbourg Ultra Moderne Solitude d’Alain Souchon, Mistral gagnant de Renaud, Osez Joséphine d’Alain Bashung. Une chanson de Montand dont je connais l’intégralité des paroles sans en connaitre pourtant le titre.  « Il existe près des écluses un bas quartier de bohémiens dont la belle jeunesse s’use à démêler le tien du mien … Puis au matin, bonsoir Madame, l’amour s’achève avec la pluie. »

 

 

 

La seule chanson que j’ai jamais essayé d’écrire. « Je t’aime. Je t’aime et. Je t’aime et comment dire. Oh il y a des flèches à l’intérieur des puits et des dauphins parmi les oreillers. » 

 

 

 

 

Pendant la petite conférence de Rita Gombrowicz, pour indiquer un exemple de la banalité de la pensée selon Gombrowicz, j’ai touché une chaise vide qui se trouvait devant moi et j’ai dit « Pour Gombrowicz la pensée n’est pas une sorte de principe supérieur situé dans nos têtes. Pour lui quand par exemple je touche cette chaise, c’est une pensée, c’est une forme de pensée. C’est un geste banal, malgré tout ce geste banal a un sens. Le metteur en scène du Gombrowiczoshow est alors intervenu et a dit « C’est comme le cendrier de Cosmos dans le spectacle. » Et je me suis instantanément souvenu que Berroyer, lecteur à quoi bonniste de Gombrowicz m’a un jour dit qu’il désirait parfois jouer une scène de film du point de vue d’un cendrier. » Pourquoi avoir touché la chaise vide ? Où se trouve la pensée ? J’ai ajouté « La pensée elle est là entre nous dans cette pièce. Ou plutôt à l’instant où je touche cette chaise la pensée est à la fois dans ma tête et dans la pièce, à la fois dans ma tête et entre les hommes dans cette pièce. Ce que je ne savais pas cependant à cet instant c’est que cette pensée était aussi dans une autre pièce, celle de ma chambre de travail. En effet dans ma chambre de travail quand je suis assis à ma table, il y a une chaise posée devant moi tournée face au mur de telle manière que je ne vois que l’envers de son dossier, le dos de son dossier. Un jour que Eric Chevillard et moi nous nous trouvions dans cette chambre de travail, Eric avait été surpris par la position étrange de cette chaise et il m’avait dit « J’aurais toujours envie de me lever de ma table pour aller l’attraper ». Je n’ai pas répondu. Cependant j’ai pensé. « C’est bizarre, je ne vois le dos de cette chaise que lorsque je ne travaille pas. En effet quand je travaille, le tas du papier sur lequel j’écris, la hauteur même du tas de papier sur lequel j’écris s’interpose entre mon regard et le dos de la chaise. » J’ai aussi pensé « Avant quand j’étais enfant, au lieu de cette chaise il y avait mon lit, le lit que j’ai ensuite emporté dans chacun des appartements où j’ai vécu, un lit qui se trouve maintenant dans une pièce presque vide aux fenêtres fermées avec des planches cloutées comme dans les westerns de John Ford.

 

 

 

Où se trouvent les choses ? Où se trouvent les phrases ? Où se trouvent les choses comme phrases ? Où se trouvent les phrases comme choses ? Où se trouvent les choses de phrases ? Où se trouvent les phrases de choses ?

 

 

 

Où se trouve le papier ? Le papier se trouve-il au dos des choses ou au dos des phrases ? Le papier se trouve-il face aux choses et dos aux phrases ou face aux phrases et dos aux choses ?

 

 

 

La logique confond la différence et la négation. Pour la logique la différence de b est non-b, la différence de b égale non-b. La table apparaît différente de la chaise. Malgré tout la table n’anéantit pas la chaise. La table apparaît différente de la chaise sans abolir la chaise. La table apparaît parfois dans le même espace que la chaise. La table apparaît à proximité de la chaise. La table partage l’espace avec la chaise. La folie de la logique est de faire croire que l’espace n’existe pas.

 

 

 

La folie de la logique est de faire comme si il n’y avait qu’une place pour la multitude des choses et qu’ainsi chaque chose devait anéantir les autres choses pour pouvoir occuper cette place, la place exclusive du sens. Malgré tout c’est précisément parce que les choses partagent l’espace que le monde apparaît illusoire et insensé. C’est précisément parce que les choses surviennent à l’intérieur d’un seul et unique espace que le monde apparaît miraculeux et insensé. (Le monde serait un univers sensé soit s’il n’y avait qu’une place pour la multiplicité des choses soit si chaque chose ne disposait que d’une place à jamais identique parmi l’espace.)

 

 

 

Dans Gombrowicz en Europe Rita Gombrowicz raconte que Gombrowicz se posait le problème de savoir comment faire disparaître un lit, l’obscénité d’un lit. Pour Gombrowicz l’unique solution à ce problème était d’y déposer une couverture, même si cette solution était finalement illusoire et que l’obscénité du lit restait indestructible. A propos de la couverture C. Tarkos écrit ceci « Si c’est une couverture, on peut la regarder et dire voilà une présence. Elle s’étale (…) et elle fait présence, elle est assez grande pour faire présence (…) contrairement à la tragédie. » Le problème reste de savoir si le lit révèle le trou de la tragédie ou si le lit tente de fermer le trou de la tragédie et cela d’une autre manière que la couverture. Le problème reste de savoir où se trouve le trou de la tragédie. Le trou de la tragédie apparait-il à l’intérieur d’un lieu ou le trou de la tragédie est-il plutôt ce qui évoque comme ce qui provoque l’apparaître d’un lieu ?

 

 

 

Combien de sentiments différents suis-je apte à envisager ? Combien de sentiments de corps humains différents suis-je apte à envisager ? J’ai déjà parlé de cela une fois dans la voiture avec mon père non loin de Fontainebleau. Et ce jour-là nous avons aussi parlé de la forêt et de la disparition de la forêt et aussi du fait que les hommes n’habitent presque plus à l’intérieur de lieux où il y a beaucoup d’arbres. Dans son journal Gombrowicz remarque qu’il serait intéressant de connaître le quantum d’un individu, le poids mental d’un homme autrement dit non pas la qualité d’un individu mais sa quantité. Pour déterminer la quantité d’un individu il serait alors indispensable de connaitre le nombre d’hommes qui vivent en même temps que lui. En effet indique encore Gombrowicz « Si je suis un parmi deux milliards ce n’est pas la même chose que si j’étais un parmi deux cent mille. » (citation de mémoire). De même il serait intéressant de savoir pour chaque homme le nombre d’autres êtres humains à qui il adresse des sentiments, le nombre d’autres êtres humains qui comptent pour lui comme le dit bizarrement la langue française. Il serait intéressant de savoir le quantum sentimental de chaque être humain. Un homme qui sait qu’il y a 5 milliards d’êtres humains sur la terre et qui adresse ses sentiments à une centaine de corps, ce n’est pas la même chose que celui qui sait qu’il a 5 milliards d’êtres humains sur la terre et qui adresse ses sentiments uniquement à un ou deux corps. Il serait aussi intéressant de savoir le nombre de morts à qui un homme adresse ses sentiments et si le nombre de morts à qui il adresse ses sentiments est plus ou moins grand que celui des vivants. Il serait encore intéressant de savoir s’il adresse aussi la parole à ceux et celles à qui il adresse des sentiments ou s’il adresse les sentiments uniquement par gestes avec les mains et les yeux, avec les coudes et les sourcils, avec la poitrine et les pieds.

 

 

 

Roue libre. Relecture en roue libre. Avoir besoin des coïncidences de l’herbe. Souder l’usage du ciel. Souder l’usage du ciel avec la roue libre de la terre. Souder l’usage du ciel avec la relecture en roue libre de la terre.

 

 

 

Dans Le Cercle Rouge de Jean-Pierre Melville, il y a une scène extraordinaire de rencontre entre deux hommes (Alain Delon et Gian Maria Volonte) auprès d’une voiture dans un champ de boue. Le découpage de la scène par Melville est prodigieux. Melville montre d’abord la voiture qui avance en glissant dans le champ (Delon est au volant). Melville montre alors seulement le haut de la voiture sans quasiment montrer les roues, sans montrer les roues qui tournent. La terre n’est pas à cet instant visible sous la voiture, la terre apparaît seulement visible derrière et autour de la voiture, aux alentours de la voiture. Ainsi filmée la voiture ressemble à un aéroglisseur. Puis Delon arrête la voiture, dépose une cigarette entre ses lèvres et regarde dans le vide par la fenêtre. Il sort alors de la voiture et à l’instant où Delon referme la portière, Melville effectue un abrupt et élégant raccord à 90 degrés. Et ce n’est qu’après la fermeture de la portière que Delon allume sa cigarette. Il l’allume en tournant sur lui-même à 180 degrés c’est à dire en tournant le dos à la caméra. Il refait alors un demi-tour sur lui-même, longe tranquillement la voiture puis s’en éloigne lentement en regardant autour de lui et en effectuant une fois encore un tour sur lui-même. Il va ensuite s’asseoir sur un banc au milieu du champ - sur et devant le banc il y a des morceaux d’outils agricoles. Melville montre alors en plan large le champ de boue vide, puis propose un plan du coffre fermé de la voiture puis revient à un plan de Delon toujours assis sur le banc qui dit alors « Tu peux sortir ? Y’a personne. » Melville montre alors d’abord une main qui sort du coffre en tenant un revolver puis G.M Volonte qui se lève en dehors du coffre et dit « Les mains en l’air. »

 

En contre-champ Delon se lève tranquillement du banc, lève lentement les mains en l’air et  dit « Charmante façon de me remercier. » La scène se poursuit en champ-contre-champ. G.M Volonte pose plusieurs questions à Delon « Tu m’avais vu monter dans la voiture ? » « Réponds à mes questions. » Delon les bras toujours levés au-dessus de la tête lui dit alors « Rends-moi libre de mes gestes, je ne peux pas te répondre autrement. » A l’instant même où Delon dit cette phrase, le champ-contrechamp devient un plan large où les deux hommes apparaissent debout de profil. Ainsi à l’instant même où Delon demande à Volonte de libérer ses gestes, Melville libère aussi notre regard. Problèmes. A l’instant du raccord où se trouve la phrase de Delon ? Se trouve-t-elle dans le plan du champ-contre champ ou dans le plan large ? Est-ce la phrase qui enveloppe deux regards différents ou sont-ce les deux regards qui se suivent qui diffractent la phrase ? Il existe en effet deux types de montage au cinéma. Le montage qui raccorde (ou qui dissocie) à l’intérieur du geste, par le geste et le montage qui raccorde ou dissocie à l’intérieur de la phrase, par la phrase.

 

Toujours le plan large des deux hommes de profil. Delon jette un paquet de cigarette à Volonte qu’il parvient à rattraper puis un briquet que Volonte ne parvient pas cette fois à saisir- il a en effet déjà le revolver dans une main et le paquet de cigarette dans l’autre. Volonte essaie de coincer le briquet entre ses deux mains et sa poitrine à la manière d’un gardien de football, cependant le briquet lui échappe et tombe par terre dans la boue. Et après la chute du briquet sur le sol, Volonte remet son revolver dans sa poche. « Je ne suis pas loin de moi, je suis avec autour…Je ne sais pas où, je ne sais pas exactement où je me trouve… j’ai l’impression que je ne suis pas loin, que c’est disons par-là autour, que c’est en essayant de mettre la main dessus que j’y parviens quelquefois. Je ne suis pas loin de moi, je ne suis pas loin, je l’attrape, je suis par là. » C. Tarkos. Volonte se penche ensuite vers le sol pour ramasser son briquet avec une attitude un peu penaude et honteuse. A l’instant où Volonte se relève avec le briquet, Melville accomplit un raccord à 90 degré et reprend le champ-contrechamp. Après avoir allumé une cigarette Volonte jette un regard de joie à Delon, et il jette en même temps le paquet de cigarettes à la caméra, au visage de la camera. Volonte jette ainsi un regard de joie en même temps qu’il jette un paquet de cigarettes, il jette un regard de joie comme un paquet de cigarettes. A ce regard de joie, Delon répond par un regard de confiance, un regard de confiance sereine, un regard d’amitié et il sourit alors avec la fumée de sa cigarette. A ce sourire de fumée de cigarette de Delon, Volonte répond par un regard d’acquiescement et de reconnaissance.

 

 

 

Le cinéma affirme une manière de tourner, une manière de tourner le monde, une manière tourner la présence du monde, une manière de tourner le silence du monde. Le cinéma affirme silence, ça tourne ! Les phrases apparaissent aussi comme une manière de tourner le monde. Le style invente des figures qui surviennent comme des tournures de langage, des tournures de langage en notre faveur. Le tour du monde, la tournure des choses, la tournure des événements, la tournure des phrases. Montrer le tour du monde par la tournure des phrases. Montrer le tour des phrases par la tournure du monde.

 

 

 

Le tour du monde, le tour de manège, le tour de magie, le tour de tête, le tour de chant. Le cinéma tourne les images et les sons du monde. Le cinéma fait tournoyer, fait tourbillonner les images et les sons du monde, les formes visibles et audibles du monde. L’écriture tourne, fait tournoyer, fait tourbillonner les formes tactiles du monde, les formes tactiles des images, les formes tactiles des sons. Le cinéma tourne les formes du monde entre quatre yeux, entre les quatre yeux de l’écran. L’écriture tourne les formes du monde entre les mains du langage, entre les mains de vide du langage.

 

 

 

Tourner. Aller faire un tour. Aller faire un tour comme aller faire l’amour. Dans le film Flandres de B. Dumont une jeune femme dit à son ami « On va faire notre tour ? » Et nous les voyons ensuite s’asseoir l’un auprès de l’autre dans l’herbe non loin de là. Puis la jeune femme enlève sa culotte, elle montre son sexe à son ami. Ils s’allongent alors ensemble et son ami pénètre la jeune femme. Aller faire un tour afin de trouver le lieu des phrases. Aller faire un tour afin de toucher le lieu des phrases. Aller faire un tour afin de trouver le lieu de l’apparition et de la disparition des phrases. Aller faire un tour afin de trouver le lieu de l’amour. Aller faire un tour afin de trouver le lieu d’amour des phrases. Aller faire un tour afin de trouver le lieu des phrases de l’amour.

 

 

 

Les phrases chorégraphient l’espace même. Les phrases chorégraphient l’espace même de l’amour. Les phrases chorégraphient la coïncidence du temps et de l’espace. Les phrases chorégraphient la coïncidence de temps et d’espace de l’amour. Les phrases facilitent les gestes du temps sur l’écran de l’espace comme les gestes de l’espace sur l’écran du temps. Les phrases facilitent les gestes du temps sur l’écran de l’espace comme les gestes de l’espace sur l’écran du temps jusqu’à trouver le lieu de l’amour, jusqu’à trouver le lieu d’herbes de l’amour.

 

 

 

Les chansons cinématographient la parole. Les chansons s’exclament « Paroles, ça tourne ! » Les chansons révèlent le ça tourne de la parole. C’est pourquoi les disques de vinyle étaient plus proches de la structure même des chansons que les cd. Les cd roulent les chansons. Les cd roulent et déroulent les paroles des chansons. Les cd roulent, enroulent et déroulent les paroles des chansons. Les cd font rouler les paroles des chansons comme des voitures. Et le cerveau de celui qui écoute les chansons des cd devient alors un moteur.

 

 

 

Quand je jouais au football, j’étais gardien de but. J’étais ainsi le seul joueur qui pendant le match ne se retournait quasiment pas sur lui-même. Le jeu avait toujours lieu devant moi, face à moi. Le jeu venait toujours à moi, au-devant de moi. Le jeu venait à ma rencontre. Quand j’intervenais dans le jeu c’était ainsi en avançant face à des forces et des formes qui avançaient elles aussi vers moi. La seule fois où je me retournais c’était quand j’avais pris un but. Et même lors de cette situation, je ne me retournais pas. En effet, je préférais ne pas aller chercher le ballon dans les filets. Après avoir pris un but, je préférais ne pas, mon attitude était alors semblable à celle de Bartleby. Pendant le temps du jeu, je n’avais donc quasiment jamais un joueur dans le dos. Les rares moments où j’avais parfois des joueurs dans le dos, c’étaient les corners. Et les corners étaient les situations de match qui m’inquiétaient le plus, celles pour lesquelles j’étais le moins doué, celles où j’étais le plus souvent fébrile et maladroit.

 

 

 

Pourquoi tourner ? Pourquoi tourner sur soi-même autour de soi-même ? Tourner pour ne plus avoir aucune forme humaine à l’intérieur du dos. Tourner pour avoir une seule forme humaine à l’intérieur du dos. Tourner pour avoir la forme humaine que nous voulons, la forme humaine que nous préférons, la forme humaine que nous aimons à l’intérieur du dos. Tourner pour ne plus avoir aucune forme à l’intérieur du dos. Tourner pour avoir le vide à l’intérieur du dos. Tourner pour avoir uniquement le monde à l’intérieur du dos. Tourner pour avoir la forme vide du monde à l’intérieur du dos. Tourner pour avoir le temps à l’intérieur du dos. Tourner pour avoir la forme vide du temps à l’intérieur du dos. Tourner pour avoir le passé à l’intérieur du dos, le présent à l’intérieur du dos, le futur à l’intérieur du dos. Tourner pour avoir la forme vide du passé, la forme vide du présent, la forme vide du futur à l’intérieur du  dos. Tourner pour avoir le destin à l’intérieur du dos. Tourner pour avoir la forme vide du destin à l’intérieur du dos. Tourner pour avoir la forme facile du destin à l’intérieur du dos.

 

 

 

Après le regard de reconnaissance de Volonte, Melville revient au plan large des deux hommes debout dans le champ. Il accomplit alors un ample travelling par lequel les deux hommes disparaissent l’un après l’autre du plan. Delon disparaît d’abord ensuite Volonte.  Beauté évidente des gestes de Delon parmi un champ de terre. Delon montre en effet à chaque instant le champ du cinéma. Delon montre l’espace. Delon montre l’espace comme champ de force du cinéma. Pendant le travelling, Delon et Volonte tournent l’un et l’autre la tête pour regarder les alentours, cependant à chaque instant ils regardent dans une direction différente. Le travelling s’achève sur le coffre ouvert et vide de la voiture. Ce travelling qui fait disparaître les deux hommes est ainsi une manière d’évoquer leur mort prochaine et ce coffre ouvert de la voiture ressemble au trou béant d’un tombeau. Melville revient ensuite au champ-contrechamp, il filme Volonte de face et presque immédiatement il fait entrer Delon à l’intérieur du plan de dos. Delon pose alors rapidement la main sur le coude de Volonte et à l’instant où il effectue ce geste, Volonte se retourne, ils apparaissent ainsi de dos et avancent ensemble vers le coffre ouvert de la voiture. Volonte tourne alors une autre fois sur lui-même avant d’entrer dans le coffre de la voiture et de s’y allonger. Ce double tour sur lui-même de Volonte rime avec celui de Delon au début de la scène. Allongé dans le coffre Volonte, la main au-dessus de la tête comme en un geste de salut dit à Delon » Au cas où je ne te reverrai pas, merci. » Volonte referme lui-même le coffre de la voiture, son coude touche un peu le haut de l’intérieur du coffre et à cet instant il garde sa cigarette allumée. (Melville est un cinéaste résolument irréaliste. Il préfère toujours la précision symbolique à la vraisemblance.) Delon aide Volonte à refermer le coffre. Il y a une extraordinaire intensité des problèmes d’ouverture et de fermeture, de portes, de fenêtres, de portails, de placards, de voitures dans les films de Melville. Melville montre de manière obsédante les postures du corps face à l’ouvert et face au fermé, dos à l’ouvert et dos au fermé à l’intérieur de l’ouvert, à l’intérieur du fermé, à l’extérieur de l’ouvert, à l’extérieur du fermé. A la fin de cette scène Melville filme par exemple d’abord deux hommes debout à l’intérieur de l’ouvert qui deviennent ensuite un homme allongé à l’intérieur du fermé et un autre homme assis à l’intérieur du fermé. Dans une autre scène du film, celle de la crise de delirium tremens de Montand, Melville filme un homme allongé dans une pièce fermée face à la porte d’un placard qui s’ouvre. Cette posture d’un homme allongé à proximité d’une porte qui s’ouvre est aussi celle de Delon au début du film dans la scène de discussion avec le gardien de prison qui lui propose de participer avec lui à un vol. Et de même encore la posture allongée de Volonte dans le wagon-lit qui cette fois ouvre lui-même l’espace en cassant la fenêtre du train. Et encore la posture debout de Montand dans l’espace fermé d’une bijouterie, espace qu’il ouvre devant lui au loin sans le toucher, en tirant une balle de fusil dans une serrure. Un des problèmes fondamentaux des films de Melville, c’est ainsi de savoir comment transformer l’espace fermé en espace ouvert : comment s’évader et savoir aussi comment transformer un espace ouvert en espace fermé : comment se cacher. Dans les films de Melville les bruits des serrures, des verrous, des clefs, des systèmes d’alarmes d’ouverture et de fermeture des portes sont à chaque fois incroyablement amplifiés. Le plus beau de ces bruits c’est celui de l’ouverture et de la fermeture du portail de la prison dans L’Armée des Ombres.

 

 

 

Cette image du champ de boue du Cercle Rouge de Melville c’est pour moi l’image de la Pologne. Ou plutôt cette image c’est à la fois l’image de la France et l’image de la Pologne. Ou plutôt cette image de la rencontre de ces deux hommes parmi un champ de boue est celle de la rencontre de la France et de la Pologne, de la rencontre de la France et de la Pologne à l’intérieur de l’utopie, à l’intérieur de la terre de l’utopie, à l’intérieur de la terre de plutôt de l’utopie.

 

 

 

Avoir besoin des coïncidences de la terre. Avoir besoin des coïncidences de terre de l’utopie. Avoir besoin des coïncidences de la boue. Avoir besoin des coïncidences du tabou.

 

Avoir besoin des coïncidences de terre du tabou. Avoir besoin des coïncidences d’herbes du tabou. Souder l’usage du ciel comme avoir besoin des coïncidences d’herbes du tabou.

 

 

 

Dans cette scène de la rencontre de deux hommes à l’intérieur d’un champ de boue Melville montre la forme de la coïncidence, la forme de la coïncidence absolue. A l’instant où Delon montre à Volonte les papiers de sa sortie de prison le matin même, Volonte dit à Delon. « Quelle coïncidence, c’est incroyable. » Ce qui est extrêmement beau et audacieux dans le film de Melville c’est que nous découvrons cette coïncidence en même temps que le personnage de Melville. En effet Melville ne nous a pas montré Delon voyant Volonte se cacher dans le coffre de sa voiture. Il nous a seulement montré Delon qui regardait par la fenêtre d’un restaurant (superbe plan filmé depuis le dehors du restaurant) avant de nous montrer ensuite Volonte s’allonger dans le coffre de la voiture, après quoi Melville revient ensuite à l’intérieur du restaurant pour filmer Delon qui paie l’addition. (Et pendant le plan où Delon regarde par la fenêtre, il est difficile de savoir si Delon peut ou non voir sa voiture lorsqu’il est assis à l’intérieur du restaurant. En effet par la fenêtre nous pouvons voir plusieurs voitures au fond du plan, sans que nous puissions distinguer avec certitude celle de Delon). Ainsi quand Delon s’assoit sur le banc dans le champ et dit à Volonte « Tu peux sortir. » Nous sommes aussi étonnés que Volonte. Par la coïncidence le don étonne la volonté. Melville montre ainsi la coïncidence absolue du sentiment, la coïncidence absolue de l’amitié. (Cette scène est en effet celle d’un coup de foudre entre deux hommes ou plutôt celle d’un coup de briquet et de cigarettes). Le problème de la coïncidence des sentiments apparait ainsi  aussi comme un problème de lieu, un problème d’avoir lieu, Le problème de la coïncidence des sentiments apparait comme le problème d’avoir lieu du fermé à l’ouvert et de l’ouvert au fermé. Le problème d’avoir lieu d’abord d’un homme assis à l’intérieur de l’ouvert et d’un autre homme allongé à l’intérieur du fermé puis de deux hommes debout ensemble à l’intérieur de l’ouvert pour aboutir enfin à un homme assis à l’intérieur du fermé et un homme allongé à l’intérieur du fermé. Melville montre ainsi qu’afin d’aller et venir ainsi du fermé à l’ouvert et de l’ouvert au fermé, il apparait nécessaire à la chair des deux hommes de tourner plusieurs fois de suite sur elle-même comme autour d’elle-même.

 

 

 

J’ouvre un livre de Louis Skorecki, Dialogues avec Serge Daney et je trouve cette phrase « Faut-il absolument savoir où on veut entrer pour vouloir y entrer ? Faut-il connaître le nom du pays pour vouloir s’y rendre les yeux fermés. » Sentir le prénom d’un lieu afin d’y entrer les yeux ouverts. Sentir l’âge d’un lieu afin d’y entrer les yeux fermés. Sentir le prénom d’un lieu afin d’en sortir les yeux fermés. Sentir l’âge d’un lieu afin d’en sortir les yeux ouverts.

 

 

 

L’amour affirme une manière d’évoluer parmi les phrases de l’espace. L’amour affirme une manière de plonger à l’intérieur des phrases de l’espace, à l’intérieur des phrases de chorégraphie de l’espace. L’amour affirme une manière de projeter les postures de la chair à l’intérieur d’une phrase qui parle l’espace, à l’intérieur d’une phrase qui langue l’espace, à l’intérieur d’une phrase qui embrasse l’espace sur la bouche, à l’intérieur qui embrasse le feu de vide de l’espace sur la bouche.

 

 

 

L’habitude n’est pas à penser. L’habitude n’est pas à réfléchir. L’habitude n’est pas à connaître, à comprendre, à justifier. L’habitude apparaît afin de rester taboue. L’habitude apparaît afin de toucher le tabou. L’habitude apparaît afin de toucher la translucidité du tabou.

 

 

 

La pensée est apte à se réfléchir, à se signifier, cependant elle n’est pas apte à se former. La pensée n’est pas apte à se donner forme. Seule la chair apparaît apte à donner une forme à la pensée. Seuls les gestes de la chair apparaissent aptes à donner une forme aux flux de la pensée. Ce qui donne une forme à la pensée n’est jamais une ascèse de la pensée, c’est toujours une ascèse de la chair c’est à dire une habitude. Et afin de donner une forme à la pensée il apparait nécessaire que cette habitude reste inexpliquée, indicible, innommable, que cette habitude qu’elle reste tacite. Cette habitude sera ainsi uniquement évoquée. Cette habitude sera chantée par la fantaisie d’ascèse d’une chair qui tourne sur elle-même autour d’elle-même comme un chien tourne sur lui-même autour de lui-même pour s’attraper la queue, pour s’attraper le tube, pour s’attraper le tube de la queue, pour se mordre la queue, pour se mordre le tube de la queue. L’habitude attrape le tube. L’habitude attrape le tube par cœur. L’habitude prend le tube. L’habitude prend le tube par cœur. L’habitude apprend le tube. L’habitude apprend le tube par cœur. L’habitude apprend le tube de la queue par cœur. L’habitude suce le tube par cœur. L’habitude suce le tube de la queue par cœur. L’habitude suce le tube du tabou par cœur. L’habitude suce le tube de la queue taboue par cœur.  « J’aimais avoir des habitudes. Je n’aimais pas qu’on les connaisse. Des habitudes comme les chiens ont des habitudes mais n’aiment pas qu’on les leur explique. » G. Stein

 

 

 

Les coïncidences révèlent l’irréalité du monde. Les coïncidences révèlent l’étrangeté du monde. Les coïncidences révèlent l’irréalité étrange du temps. Et après avoir écrit cette phrase, je me suis gratté la tête en penchant la tête sous la table et mon crayon a roulé sur le tas de papier sur lequel j’écris il est tombé par-dessus ma tête sans la toucher a rebondi une fois sur le sol pour s’immobiliser enfin dans un coin vide d’une étagère de ma bibliothèque. Les coïncidences jouent le temps. Les coïncidences jouent le temps aux dés. Les coïncidences jouent le temps en dehors des règles et des lois. Les coïncidences jouent le temps aux dés en dehors des règles et des lois.

 

 

 

Les coïncidences excitent la géographie. Les coïncidences excitent les gags de la géographie.  

 

Les coïncidences excitent l’extase de la géographie, les gags d’extase de la géographie. Les coïncidences légendent la géographie. Les coïncidences jouent le temps aux dés afin de légender la géographie, afin de lire l’excitation de la géographie, afin de légender l’excitation de la géographie, afin de légender les gags d’excitation de la géographie. Les coïncidences jouent le temps aux dés afin de légender l’excitation d’avoir lieu, les gags d’excitation d’avoir lieu, les gags d’excitation des phrases, les gags d’excitation de l’avoir lieu des phrases. Les coïncidences légendent l’ascèse, les gags de l’ascèse, les gags d’excitation de l’ascèse, les gags d’ascèse de la géographie, les gags d’excitation ascétique de la géographie, les gags d’ascèse excitée de la géographie. Les coïncidences légendent la cendre, les gags de la cendre, les gags d’excitation de la cendre. Les coïncidences légendent la déraison de la géographie, les gags de déraison de la géographie, les gags de déraison excitée de la géographie, les bijoux de la géographie, les gags de bijoux de la géographie, les gags de bijoux excités de la géographie, le quartz de la géographie, les gags de quartz de la géographie, les gags de quartz excité de la géographie, l’étourdissement de la géographie, les gags d’étourdissement de la géographie, les gags de quartz étourdi de la géographie, la sidération de la géographie, les gags de sidération de la géographie, les gags de sidération excitée de la géographie, les gags de sidérations étourdie de la géographie, les gags de sidérations étourdie excitée de la géographie, le c’est à dire de la géographie, les gags de c’est à dire de la géographie, les gags de c’est à dire sidéré de la géographie, les gags de c’est à dire sidéré étourdi excité de la géographie, les besoins de la géographie, les gags de besoins de la géographie, les gags de besoins étourdis excités de la géographie, l’âge de la géographie, les gags d’âge de la géographie, les gags d’âge sidéré étourdi excité de la géographie, l’une seule fois de la géographie, les gags d’une seule fois de la géographie, les gags d’une seule fois étourdi excité de la géographie, le demain de la géographie, les gags de demain de la géographie, les gags de demain étourdi excité de la géographie, l’une seule fois comme demain de la géographie, les gags d’une seule fois comme demain de la géographie, les gags d’une seule fois comme demain étourdi excité de la géographie, le déjà de la géographie, les gags de déjà de la géographie, les gags de déjà étourdi excité de la géographie, la drogue de la géographie, les gags de drogue de la géographie, le et de la géographie, les gags de et de la géographie, les gags de et drogué de la géographie, les gags de et drogué étourdi excité de la géographie, l’avec et de la géographie, les gags d’avec et de la géographie, les gags d’avec et drogué étourdi excité de la géographie, le face à fesses de la géographie, les gags de face à fesses de la géographie, les gags de face à fesses drogué étourdi excité de la géographie.

 

 

 

« Pourquoi les gens qui s’aiment sont-ils toujours un peu les mêmes ? » « Y’a qu’un désir, un seul plaisir pour deux. Ce sont des choses humaines. » William Sheller. Les coïncidences révèlent les choses humaines. La coïncidence des os révèlent les choses humaines. La coïncidence des sentiments révèlent les choses humaines. La coïncidence d’os des sentiments révèlent les choses humaines. Les Choses de la Vie, Claude Sautet. Choses Secrètes,  J.P Brisseau. Les coïncidences révèlent les choses humaines de l’habitude. Les coïncidences d’os des sentiments évoquent les choses humaines de l’habitude. Par l’habitude, il y a des choses humaines. Par les coïncidences de l’habitude, il y a des choses humaines. Par les coïncidences de l’habitude, l’homme devient une chose. Par les coïncidences de l’habitude,  l’homme a lieu à la manière d’une chose.

 

 

 

Comment une pensée en suit-elle une autre ? Comment une chose en suit-elle une autre ? Comment une phrase en suit-elle une autre ? La suite des choses, des événements, des sentiments, des phrases n’a aucun sens. Malgré tout la suite des choses, des événements, des sentiments, des phrases a une forme. La suite des choses, des événements, des sentiments, des phrases compose une forme. La suite des choses, des événements, des sentiments, des phrases  donne une forme. La suite des choses, des événements, des sentiments, des phrases elle projette le don d’une forme.

 

 

 

Il y a plusieurs formes de coïncidences. La coïncidence comme conjonction de hasard, comme nom du hasard, comme verbe du hasard, comme pronom du hasard, comme adverbe du hasard. Il y a autant de formes de coïncidences que de formes grammaticales du hasard.

 

 

 

« Les surprises sont sans fin et c’est justement cela qui est ennuyeux. » Mrozek.

 

Les coïncidences ne sont pas des surprises. Les coïncidences ne suscitent pas un ennui infini. Les coïncidences révèlent la forme transfinie du devenir. Ainsi les coïncidences apparaissent parfois excitantes, parfois tristes, parfois apaisantes, parfois effrayantes, cependant les coïncidences esquivent à chaque fois l’ennui.

 

 

 

« La nature a besoin de temps bien qu’elle ne sache pas ce qu’est le temps. La nature ne croise pas un chien avec un chat, mais l’homme si. » Mrozek.

 

Le problème reste de savoir si une coïncidence survient d’une manière naturelle ou d’une manière humaine. Le problème reste de savoir si la coïncidence survient comme une manière naturelle du temps, comme une tournure naturelle du temps ou comme une tournure artificielle de l’homme. Le problème reste de savoir si les coïncidences ressemblent à des croisements d’animaux effectués par l’homme, à des croisements d’animaux effectués par l’humanité du temps ou à des croisements d’hommes effectués par l’animalité du temps, à des croisements d’hommes effectués par la multitude animale du temps.

 

 

 

Poser la main entre les poumons et la voix. Poser la tête entre la voix et le cœur. Poser la tête entre les poumons et la voix. Poser la main entre la voix et le cœur.

 

 

 

Savoir où va la voix. Savoir comment va la voix. Savoir le comment ça va de la voix.  Toucher avec la tête le comment ça va de la voix. Toucher avec la tête le comment ça va de la voix à l’intérieur des phrases. Toucher avec la tête le comment ça va de la voix à l’intérieur des phrases des poumons. Toucher avec les poumons le ça va de la voix. Toucher avec les poumons le comment ça va de la voix à l’intérieur des phrases du crâne.

 

 

 

Le crâne phrase. Le crâne phrase le comment ça va du destin. Le crâne phrase la voix. Le crâne phrase la voix du destin. Le crâne phrase le comment ça va de la voix. Le crâne phrase le comment ça va de la voix du destin.

 

 

 

Sous une marche d’escalier, il devient simple de voir le hors-tout. Sous une marche d’escalier il devient simple de voir le temps. Sous une marche d’escalier il devient simple de voir le hors-tout du temps. Quand la tête rebondit sous les marches de l’escalier, il devient simple de toucher le temps comme hors-tout. Quand la tête chante sous les marches de l’escalier, il devient simple de toucher le temps comme hors-tout. Quand la tête chante l’envol sous les marches de l’escalier, il devient simple de toucher le temps comme hors-tout. Quand la tête chante les racines de l’envol sous les marches de l’escalier, il devient simple de toucher le temps comme hors-tout.

 

 

 

« A l’intérieur de chaque dé, il y avait d’autres dés, chargés avec des tendances, par exemple une tendance à se diriger vers zéro. » R. Ruiz.

 

Marcher avec la tête sous les marches de l’escalier donne à sentir chaque marche comme un dé à l’intérieur duquel dorment d’autres dés. Marcher avec la tête sous les marches de l’escalier donne à sentir chaque marche comme un dé à l’intérieur duquel dorment d’autres dés qui parlent, d’autres dés qui parlent au sourire de disparition des pieds.

 

 

 

« Ce n’est pas le thème du temps qui passe qui est important mais celui du temps qui a déjà eu lieu. » R. Ruiz.

 

Avoir besoin des coïncidences du temps. Avoir besoin des coïncidences du temps qui vient et du temps qui a déjà eu lieu. Avoir besoin des coïncidences d’herbes du temps. Avoir besoin des coïncidences d’herbes du temps qui vient et du temps qui a déjà eu lieu.

 

 

 

A chaque instant le temps tourne sur lui-même. Problème. Existe-t-il une valeur quantique de spin du temps même ?

 

 

 

Tourner afin d’habiller les hurlements. Tourner afin de déshabiller les hurlements. Tourner afin d’habiller et de déshabiller les hurlements. Tourner afin d’habiller et de déshabiller les hurlements avec la chair. Tourner afin d’habiller et de déshabiller la chair avec les hurlements.

 

 

 

Avoir besoin des coïncidences de l’herbe. Souder l’usage du ciel. Devenir le derviche tourneur de l’évidence. Le derviche tourneur devient le machin de l’extase, le machin de la machine de l’extase. Le derviche tourneur devient le machin de l’âme, la machine du truc de l’âme.

 

 

 

Tourner à chaque instant sur la chair autour de la chair. Et à chaque tour la chair apparait ainsi comme une forme animale et le monde apparait comme une figure géométrique. Un tour, la chair apparaît comme un cheval à l’intérieur d’un monde qui apparaît comme un carré. Un autre tour, la chair apparaît comme un éléphant à l’intérieur d’un monde qui apparaît comme un losange. Un autre tour, la chair apparaît comme une termite à l’intérieur d’un monde qui apparaît comme un triangle. Ou l’inverse, à chaque tour la chair apparait comme une figure géométrique et le monde apparait comme une figure animale. Un tour, la chair apparaît comme un trapèze à l’intérieur d’un monde qui apparaît comme un tigre. Un tour, la chair apparaît comme un rectangle à l’intérieur d’un monde qui apparaît comme un ornithorynque. Un tour, la chair apparaît comme un hexagone à l’intérieur d’un monde qui apparaît comme une abeille.

 

 

 

Marcher avec la tête comme tourner avec la poitrine. Marcher avec la poitrine comme tourner avec la tête. Marcher avec la tête comme tourner avec la poitrine afin de trouver des phrases sans regarder celui qui écrit ces phrases. Marcher avec la poitrine comme tourner avec la tête afin de trouver des phrases sans dévisager celui qui écrit ces phrases.

 

 

 

Avoir besoin des coïncidences de l’herbe. Souder l’usage du ciel. Avoir besoin des coïncidences d’habitude du tabou. Tourner la tête autour de la bouche. Tourner la bouche autour du cou. Trouver une phrase comme oublier par cœur. Trouver une phrase comme oublier son nom au cœur de son prénom. Trouver une phrase comme oublier le cerveau de son nom au cœur de son prénom. Trouver une phrase comme oublier le secret de son nom à l’intérieur du mystère de son prénom. Trouver une phrase comme mépriser le secret de son nom avec le mystère de son prénom.

 

 

 

Manger les phrases. Manger l’avoir lieu des phrases. Manger l’avoir lieu des phrases avec le toboggan du crâne. Manger l’avoir lieu des phrases avec le feu du crâne. Manger l’avoir lieu des phrases avec le toboggan de feu du crâne. Tourner une seule fois la bouche à l’intérieur de la langue. Tourner une seule fois la bouche à l’intérieur de la langue avant de se taire. Tourner une seule fois la bouche à l’intérieur de la langue avant de se taire à jamais.

 

 

 

 

 

« La forme de la Pologne parfois est inimaginable cependant c’est l’équivalent de mon cœur. » N. Quintane

 

La Pologne reste imaginable à l’instant où elle apparaît comme la forme d’un cœur. La Pologne devient imaginable à l’instant où elle apparaît comme la forme d’un cœur. La Pologne tient lieu d’utopie. La Pologne reste comme le pays qui tient lieu d’utopie. La Pologne, peuple émotif. La Pologne peuple de l’émotion. La Pologne peuple de l’utopie de l’émotion.

 

 

 

« En Pologne, le terrain est plat, mais il n’y a pas d’horizon. » Mrozek.

 

La Pologne reste comme un pays sans horizon précisément parce qu’elle a la forme d’un cœur. Les Polonais portent leur pays à l’intérieur de leur poitrine comme forme de l’exil, comme forme cardiaque de l’exil, comme forme cardiaque de l’utopie.

 

 

 

Les Polonais portent leur pays à l’intérieur de leur poitrine comme poumon de l’utopie, comme proéminence pulmonaire de l’utopie. La Pologne apparaît comme un pays sans horizon parce que les polonais portent la forme de l’utopie à l’intérieur de la poitrine comme cœur-poumon de l’exil.

 

 

 

Le Polonais confond son pays avec son pouls. Le pays du polonais c’est le pouls de l’exil, le pouls de l’utopie, le pouls d’exil de l’utopie.

 

 

 

Les polonais apparaissent comme des sentimentaux déments parce que leur seul cœur c’est leur pays, parce qu’ils n’ont pas d’autre cœur que leur pays. Le seul cœur des polonais est leur pays et cela qu’ils y vivent ou non, qu’ils y demeurent ou qu’ils soient en exil. Le seul cœur des polonais c’est l’utopie de leur pays, l’utopie de leur pays qu’ils s’y trouvent ou non.

 

 

 

La Pologne apparaît parfois comme la forme de mon cœur à l’intérieur de la poitrine de l’utopie. La Pologne apparaît parfois comme la forme de la coïncidence du cœur de l’espace et de la poitrine de l’utopie, parfois comme la forme de la coïncidence de la poitrine de l’espace et du cœur de l’utopie.

 

 

 

« Quand je dis Pologne, ce n’est pas qu’un pense-bête, c’est mon pense-bête. » N. Quintane

 

La Pologne apparaît comme un pays pense-bête. La Pologne apparaît comme le pense-bête de l’utopie. La Pologne apparaît comme le pense-bête du sentiment de l’utopie.

 

 

 

La Pologne apparaît comme le cœur de l’utopie. La Pologne apparaît comme le cœur pense-bête de l’utopie. La Pologne apparaît comme le poumon de l’utopie, comme le poumon pense-bête de l’utopie.

 

 

 

La Pologne plonge et replonge la tête dans le sac des poumons. La Pologne plonge et replonge la tête dans le matelas du cœur.

 

 

 

Le polonais s’époumone. Le polonais s’époumone à épouser les contours de son pays, à épouser les pourtours de son pays, à épouser les pourtours d’utopie de son pays. Le polonais s’époumone à épousseter les contours de son pays, à épousseter les pourtours de son pays, à épousseter les pourtours d’utopie de son pays.

 

 

 

 

 

Le polonais parle l’émotion. Le polonais parle l’émotion de l’utopie. Le polonais palpe l’émotion. Le polonais palpe l’émotion de l’utopie Le polonais palpe les paroles de l’utopie. Le polonais palpe les paroles d’émotion de l’utopie.

 

 

 

La Pologne apparaît palpable, palpable comme une pâte à modeler. La Pologne apparaît palpable comme la pâte à modeler de l’utopie.

 

 

 

La Pologne ressemble à un pays en pâte à modeler. Le polonais a un visage en pâte à modeler. La Pologne modèle la pâte de l‘utopie. La Pologne modèle la pâte humaine de l’utopie. Le polonais a un visage pétri d’intuitions, pétri de sentiments, pétri d’intuitions sentimentales, un visage palpé pétri d’intuitions sentimentales. Le visage du polonais survient palpé pétri par les intuitions sentimentales de l’utopie. Le visage du polonais survient obscène comme un pis de vache, comme le pis de vache de l’utopie.

 

 

 

Le polonais a lieu excité par ses sentiments. Le polonais a lieu excité par son sommeil. Le polonais a lieu excité par les sentiments de son sommeil. Le polonais tient lieu d’utopie excité par les sentiments de son sommeil.

 

 

 

Je n’ai jamais mis les pieds en Pologne, cependant j’y ai souvent posé la tête. La Pologne c‘est le pays où j’ai souvent posé la tête sans y avoir jamais mis les pieds. La Pologne c’est mon oreiller. La Pologne c’est mon oreiller d’utopie. La Pologne c’est le trampoline de ma tête. La Pologne c’est mon oreiller-trampoline, mon oreiller-trampoline d’utopie.

 

 

 

Que veut dire descendre les escaliers avec le rebond collé-décollé de la tête sous les marches et les pieds pendus, les pieds pendus à l’adresse du vide, les pieds pendus à l’adresse de terre, à l’adresse du vide de la terre ? Descendre sous les marches de l’escalier avec le sommet de la tête révèle une manière de parcourir la Pologne à la fois comme une plaine et comme une forêt, comme une plaine-forêt, comme la plaine-forêt de l’utopie.

 

 

 

La Pologne palpe le trampoline de l’utopie. La Pologne pétrit le trampoline de l’utopie. Le polonais rebondit à chaque pas à la surface de son pays pour toucher l’utopie avec la tête. Le polonais porte son pays sur son dos comme un trampoline. Le polonais a lieu comme l’atlas d’un trampoline, l’atlas du trampoline de l’utopie.

 

 

 

Le polonais a le sentiment que son pays tourne sur lui-même autour de lui-même. Le polonais a le sentiment, le sentiment de sommeil que son pays a une valeur quantique de spin. Pour le polonais, son pays n’est pas partout, son pays n’est pas n’importe où, son pays n’est pas universel. Pour le polonais son pays apparait plutôt comme le seul qui tourne sur lui-même. Pour le polonais son pays apparait comme le seul qui essaie de répondre à la manière par laquelle la terre tourne sur elle-même. Par cette tentation de réponse le polonais transforme ainsi la terre en utopie. Le polonais transforme la terre en piste de chant de l’utopie. Le polonais transforme la terre en piste de sentiments de l’utopie, en piste de voix, en piste de voix de l’utopie, en piste d’évocations, en piste d’évocations de l’utopie, en piste d’évocations sentimentales, en piste d’évocations sentimentales de l’utopie.

 

 

 

La Pologne tourne sur elle-même autour d’elle- même. Parfois la Pologne ressemble à un poumon. Parfois la Pologne ressemble à un cœur. Parfois la Pologne ressemble à une pomme de terre. Parfois la Pologne ressemble à une spatule. Parfois la Pologne ressemble à une pelle.

 

 

 

La Pologne n’a pas trouvé la forme de son destin. Gombrowicz aurait considéré que la forme du destin de la Pologne c’est précisément de ne jamais trouver la forme de son destin. Ce que la Pologne vient montrer et dire au monde c’est précisément l’inachèvement de la forme comme destin. La Pologne révèle à la fois l’inachèvement de la forme comme sentiment du destin et le sentiment de la forme comme inachèvement du destin.

 

 

 

Ce que le peuple juif accomplit avec la Bible, le polonais l’accomplit avec son cœur. Pour le juif, son seul pays c’est la Bible. Le juif apparaît dans le livre. Le juif apparaît dans le livre avant d’apparaître à l’intérieur de l’espace du monde. Le polonais apparaît à l’intérieur de son cœur avant d’apparaître à l’intérieur de l’espace du monde. Le polonais apparaît à l’intérieur de l’utopie de son cœur avant d’apparaître à l’intérieur de l’espace du monde.

 

 

 

Le Juif est un peuple sans pays. La Pologne est un pays sans peuple. Ou plutôt un pays qui tient lieu de peuple, un pays qui tient lieu d’une utopie de peuple, d’un peuple d’utopie. La Pologne est un peuple et le polonais un pays. La Pologne tient lieu d’utopie de peuple. Le polonais tient lieu comme pays de l’utopie.

 

 

 

Pour le polonais, le mot putain est un signe de ponctuation. Pour le polonais, le mot putain est le signe de ponctuation de la parole. Le polonais emploie le mot putain pour prononcer les signes de ponctuation. Le signe de ponctuation du mot putain est le secret idiot du peuple polonais. Et chaque polonais tente de détruire ce secret idiot par l’invention du mystère, par l’invention du sentiment du mystère, par la forme de sentiment du mystère, par la forme de mystère de son cœur.

 

 

 

J’ai lu une fois ces phrases. « Le polonais continue d’être méfiant. Il lui semble toujours que quelque diable veut acheter son âme. Il ne sait pas que l’âme n’intéresse plus personne. Et il juge par-dessus le marché que quelqu’un au monde éprouve pour son âme polonaise une passion particulière, il donne par là une preuve supplémentaire de mégalomanie. »   Mrozek

 

 

 

 

 

Le polonais ne méprise pas avec sa pensée. Le polonais méprise avec son sentiment. Le polonais méprise par cœur. Le polonais méprise la pensée par cœur. Le polonais méprise le secret de la pensée par le mystère du cœur.

 

 

 

Le polonais préfère la vivacité obscure du sentiment à la vitesse lumineuse de la pensée. Le français respecte les codes sociaux de la pensée. Le polonais acquiesce aux rituels du sentiment.

 

 

 

Le français désire. Le polonais veut. Le français désire avoir raison. Le polonais veut donner la déraison. Le polonais veut partager la déraison. Le polonais veut partager la déraison comme du pain.

 

 

 

Le français désire avoir le dernier mot. Le polonais veut perdre le premier silence. Le polonais veut perdre le dernier mot. Le polonais veut donner le premier silence afin de perdre le dernier mot avec joie.

 

 

 

Le français est angoissé à travers le jugement des autres. Le polonais apparaît épouvanté par les métamorphoses de l’espace. Le français s’interroge « Que faut-il en penser ? » Le polonais cherche plutôt à savoir quelle forme donner à son sentiment en dehors de la pensée.

 

 

 

Le polonais n’a ni esprit, ni humour. Le polonais possède cependant le fou-rire. Le polonais possède le fou-rire des poumons, le fou-rire miraculeux des poumons.

 

 

 

« Les français méprisent ce qui les amuse et respectent ce qui les ennuie. » Dantzig.

 

Les polonais aiment ce qui les amuse et détruisent ce qui les ennuie.

 

 

 

Le mélange d’exaltation et d’engourdissement des polonais. La vivacité engluée des polonais. L’audace proéminente des polonais.

 

 

 

La manière déchirante de dire bonjour et surtout au-revoir des polonais. Les vielles femmes polonaises se malaxent souvent les mains sur le ventre avant de dire au-revoir puis elles agitent ensuite les bras comme s’ils étaient engourdis de grelots de plomb.

 

 

 

La Pologne invente le tabouret. Le français s’assoit sur la chaise en vue d’y réfléchir. Le polonais s’accroupit sur le tabouret. Le polonais s’accroupit debout sur le tabouret afin d’imaginer comment donner une forme à son émotion. Le polonais invente le tabouret du tabou. Le polonais invente le tabouret d’utopie du tabou.

 

 

 

Le tabouret apparait comme l’unique tabou du polonais. Le polonais emporte le tabouret partout avec lui et dépose le tabouret là où il se trouve, là où le tabouret se trouve déjà, là où le tabouret se trouve toujours déjà. Le polonais emporte partout le tabouret du tabou avec lui. Le polonais emporte partout le tabouret du tabou avec lui à la manière d’un enfant-roi  

 

 

 

Le polonais emporte son tabouret avec lui et il prend et jette le tabouret comme un oreiller. Le polonais invente le tabouret comme oreiller, comme oreiller du tabou, comme oreiller d’utopie du tabou. Le polonais invente le tabouret comme oreiller du face à fesses des sentiments,  comme oreiller du face à fesses tabou des sentiments.

 

 

 

 

 

Des mots français évoquent parfois la Pologne. Le plutonium, le plutôt, le placenta, le placebo, la pornographie, la pneumonie, le pneumothorax, le plain-chant, le plan, la plaine, le plancher des vaches, le vol plané, le planisphère, la voûte plantaire, la putain, le platane, le pôle nord, la plénitude, le plantureux, les pleurs, le plomb, le plongeon, la peluche, l’ours, l’ours en peluche, la poche, les mains, les mains dans les poches, le poêle, le poing, la pogne, le portail, la poitrine, la polarisation, le polochon, le polygone, le pot, la pomme, la pomme de terre, le pommelé, la poste, le popotin, le peuple, le populaire, le porte-bonheur, le pense-bête, la pose, la possession, le potage, la poterie, le potelé, le potlatch, le pouce, le poumon, le pouls, le pourlèchage, le pourquoi, le pourtour, pourvoir, la polka, le loup, le plâtre, l’utopie.

 

 

 

La Pologne pose la plaine. La Pologne pose la plaine de l’utopie. La Pologne pose la plaine pommelée de l’utopie. La Pologne pose la plaine potelée de l’utopie. La Pologne pose la plaine pommelée potelée de l’utopie. La Pologne pose la plaine plantureuse de l’utopie, la plaine pommelée potelée plantureuse de l’utopie.

 

 

 

La Pologne pourvoie les pourtours de l’utopie. La Pologne s’époumone à pourvoir les pourtours de l’utopie.  La Pologne prolonge. La Pologne prolonge l’utopie. La Pologne prolonge les pourtours de l’utopie. La Pologne prolonge le pain de l’utopie. La Pologne prolonge les pourtours de pain de l’utopie.

 

 

 

La Pologne pose les loups. La Pologne pose le plutonium. La Pologne pose les loups du plutonium. La Pologne pose les loups du plâtre. La Pologne pose les loups de plâtre de l’utopie. La Pologne époumone les loups de plâtre de l’utopie. La Pologne époumone les loups de plutonium de l’utopie. La Pologne époumone les ours en peluche de l’utopie. La Pologne époumone les ours de plutonium de l’utopie, les ours en peluche de plutonium de l’utopie.

 

 

 

La Pologne pose les polochons du plutonium. La Pologne pourlèche les polochons du plutonium. La Pologne pose pourlèche les polochons du plutonium. La Pologne pose pourlèche les polochons de l’utopie, les polochons de plutonium de l’utopie.

 

 

 

La Pologne se pourlèche la poitrine. La Pologne se pourlèche le pneumothorax. La Pologne se pourlèche le nourrisson. La Pologne pourlèche le potlatch. La Pologne pourlèche le pouls du potlatch. La Pologne pourlèche le potage du potlatch, le pouls de potage du potlatch.

 

 

 

La Pologne pose le placenta du plomb. La Pologne pose la pornographie des larmes.

 

 

 

La Pologne pose le plain-chant des putains. La Pologne pose le plain-chant du plutonium, le plain-chant de plutonium des putains. La Pologne pose les popotins du plutonium. La Pologne pose les popotins de larmes du plutonium. La Pologne pose les popotins de putains du plutonium, les popotins de plutonium des putains.

 

 

 

La Pologne plonge. La Pologne plonge avec le pôle nord. La Pologne plonge avec l’ours en peluche. La Pologne plonge avec l’ours en peluche du pôle nord.

 

 

 

La Pologne a des polygones plein les poches. La Pologne marche les mains sur la poitrine et les pieds dans les poches.

 

 

 

La Pologne pose la possession. La Pologne pose le pense-bête de la possession. La Pologne pose les poumons de la possession. La Pologne pose le pense-bête de poumons de la possession. La Pologne pose le plutonium de la possession. La Pologne pose le pense-bête de plutonium de la possession. La Pologne pose les poumons de plutonium de la possession. La Pologne pose la possession de l’utopie. La Pologne pose le pense-bête de possession de l’utopie. La Pologne pose les poumons de possession de l’utopie. La Pologne pose la possession de plutonium de l’utopie.

 

 

 

 

 

Le lieu drogue la tête. Le lieu drogue la tête de l’utopie. Le lieu drogue le tas de têtes de l’utopie. Le lieu drogue la tête avec le cœur. Le lieu drogue l’intact de la tête avec le trampoline du cœur. Le lieu drogue le noli tangere de la tête avec le trampoline du cœur. La Pologne drogue le noli tangere de la tête avec le trampoline du cœur. La Pologne drogue l’utopie. La Pologne drogue l’impact de l’utopie. La Pologne drogue l’impact intact de l’utopie. La Pologne drogue le tas de l’utopie. La Pologne drogue le tas de papier de l’utopie. La Pologne drogue les tournures de l’utopie. La Pologne drogue le tas de tournures de l’utopie. La Pologne drogue les tournures de papier de l’utopie. La Pologne drogue le tas de tournures de papier de l’utopie.