Salut à toi Philippe, 

 

 

 

Je séjournerai à Paris du 26 novembre au 2 décembre. J’aurais été heureux de vous y revoir toi et Manon un soir. Seriez-vous d’accord ? 

 

 

 

J’avais déjà en tête un petit programme de diverses hypothèses de méditations. 

 

 

D’abord connais-tu bien l’œuvre de Baudelaire ? J’avais en effet envie d’en parler avec toi. Je suis en effet à la recherche de quelques pistes critiques que je n’ai pas encore trouvées. 

 

 

J’aurais aussi désiré savoir comment tu considères l’œuvre de Keith Jarrett.  

 

 

Autrement j’aurais bien voulu parler avec l’aide de Manon du problème du zéro en mathématique.  

 

 

Enfin j’ai déjà proposé à Jean-Daniel, Léonore, Borja Flames et Marion Cousin une esquisse d’étude à propos des formes géométriques du temps. J’avais aussi envie d’entendre ce que vous en pensez. 

 

 

 

Est-ce que ce programme hypothétique te tente ?  

 

 

 

 

 

 

                                                                                                  A Bientôt                         Boris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bonsoir Boris,

Bien entendu, nous serons très heureux.

 

 

 

(…)

Pour tes propositions de méditation :

-Baudelaire : faudra-t-il que je me retienne de parler de centralisation et vaporisation ? supporteras-tu encore une dose de je de ma part (j'espère!) ? j'ai envie de fagoter moi-Baudelaire et moi-Michaux, en passant certes par le moi-proustien, au centre du tore (voir plus bas), je vois quelques pistes de ce côté, mais il n'est pas sûr que j'aurai beaucoup avancé d'ici la fin du mois.

-le zéro : un petit questionnaire auprès de Manon, par sms, elle est en séminaire à Toulouse, me confirme dans l'idée (pardon pour cette formule atroce) qu'elle aurait effectivement des choses à en dire, quoi qu'elle prétende le contraire. Mais il me semble qu'elle a pour projet de substituer au 0 ce qu'elle appelle l'élément neutre, noté e (et qui importe pour les "groupes non commutatifs"). J'écouterai bien religieusement votre conversation, d'autant que sauter du zéro au neutre me plairait, et nous rapprocherait, au moins terminologiquement, de littérature et authenticité de Jourde, livre tant aimé malgré la pâte heideggerienne. Heidegger : je te tourmenterais volontiers sur cette question : te considères-tu comme un berger de l'apparaître ? Webern est peut-être un berger du disparaître : pas chuter dans le monde à oui à partir du zéro, mais retourner s'abîmer dans le giron, le gir0, après un minuscule tour de chant (et non un tour d'Italie (blague minable)). Destin de son. Le Dieu de l'AT se manifeste et agit, pour "l'essentiel", acoustiquement. Webern précipite le tour de chant divin au rien.

(Mais Heidegger... Connais-tu Richard Rorty, sa façon de lire les "continentaux" ? Connais-tu la lecture qu'en fait en retour Jacques Bouveresse ? autre méditations en chaînes qu'il me plairait de poursuivre un jour avec toi)

-Keith Jarrett est assurément un grand musicien, mais je ne l'apprécie pas.

-la forme géométrique du temps : si tu disposes d'un texte ou d'un commencement de texte sur ce sujet, je suis preneur. Pour l'instant, mettons que pour moi le temps a soit la forme de l’œil d'éternité du chat (Baudelaire), soit celle d'un origami (Ridley Scott).
...
en quoi je me trompe bien sûr. Le temps physique est désespérément plat, en tout cas unidimensionnel. Mais le temps humain, l'espace temporel humain a la forme d'un tore. Le temps n'est pas une madeleine, c'est un délicieux donut. Manon, décidément plus qu'aimable, adorable, adorée, me signale (par sms donc) cette merveilleuse conférence d'Alain Connes :

(…)

 


Elle aurait pu m'en parler plus tôt.

A bientôt,

Philippe