Bonjour Jean-Daniel, 

 

 

 

Pour le dire franchement, cela m’ennuie lorsque le texte d’une lettre est réécrit, cela abolit en effet l’exactitude de l’émotion. 

 

(…) 

 

J’ai en effet le sentiment que ce qui apparait important à l’intérieur d’une lettre ce n’est pas sa correction, c’est son feeling, c’est à dire le flux même de son inspiration. Voilà, en souhaitant que tu acceptes de publier les formes intenses de ton approximation plutôt que les aspects neutres de ta rigueur. 

 

(…) 

 

 

J’aime beaucoup ce que tu écris à propos du ballon. C’est très beau. A propos du ballon j’avais aussi écrit ceci à l’intérieur des Notes à propos de Sylvia Plath qui paraitront bientôt à l’intérieur de mon Espace d’Ecriture Bleu Nuit. 

 

 

Le ballon apparait ainsi comme un œuf de bestialité, un œuf de bestialité volatile, un œuf de bestialité subtile, un œuf de bestialité éthérée. Le ballon apparait ainsi comme le zéro de la bestialité, le zéro de la bestialité subtile, le zéro heureux de la bestialité subtile, le zéro heureux de la bestialité volatile, le zéro heureux de la bestialité éthérée. Le ballon apparait comme le zéro de la bestialité heureuse à la recherche d’une chair décapitée, le zéro de la bestialité heureuse qui cherche et trouve la chair décapitée du sang. (« Le ballon que je pousse avec mes pieds est une tête perdue qui cherche au hasard un corps décapité pour l’habiter avec le rire de sa bouche. » Serge Pey)

 

 

 

Je voulais ainsi te demander si tu accepterais l’intégration in extremis de ces deux dernières lettres à propos du football. Et cela simplement parce qu’une fois encore le texte indiscutablement m’enchante. 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                       A Bientôt                     Boris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bonjour Boris, 

 

 

 

J'aime beaucoup ce que tu me dis. Je remarque que la dernière version de soi-même tente de toujours de dresser une barricade de dobermans mordeurs d'albums photo.  

 

Écrire, enregistrer des disques est une manière de laisser le dire le chant des anciens-nous : la file indienne, le mille pattes de la distance. Les anciens-nous sont bien les propriétaires d'une case du calendrier, on ne dérange pas les habitants du temps.

 

 

 

Petit interlude dilatoire : 

 

Jd : La « Postface aux choses » du « Grand chosier » !!!

 

« Le rouge est une couleur qui peut s’adjoindre différentes matières pour être le rouge, par exemple une pomme. On dit alors que le rouge est le prédicat du rouge (…) La pomme dans ce cas-là se fait l’effet d’été le goitre hypertrophié du rouge. »

 

Jd : avec le rouge en chorale il y a ceci de merveilleux : « un panier de cerises  contient les globules d’une réjouissance. »

 

Philippe Crab : Cependant  la pomme se rengorge dans son goitre. «  Moi  aussi je suis le prédicat de la pomme ! » qu’elle gueule ; le sang de Rouge  ne fait qu’un tour. Il s’extirpe de la pomme. Hors de ses gonds, il brûle, il coule, Rouge, il voit rouge. Pomme est verte de rage. Les invectives fusent : « Face de lune ! » … «  Apache ! »

 

Deux clans se rassemblent derrière nos pugilistes. En rangs serrés, les formes ; en nuées barbaresques les couleurs. Le combat glorieux s’engage. – ellipse, mais putaing’ c’est quelque chose ! – et s’achève lamentablement : tout gris et cabossé, le monde vieilli d’une ère ou eux  poursuit se rondes, toussant et tremblotant, maudissant les poètes.

 

Jd : On est tous à globuler la réjouissance et le Père Noël est LE globule hypertrophié. Le Père Noël est hypertrophié au rouge, l’arche de Noé aussi était une tartine de globules, l’arche de Noé,(tartine inversée) fait du tout terrain  avec des œufs de poissons sur la catastrophe.

 

Florian : « Le Père Noël est LE globule hypertrophié », là je dis bingo.

 

Florian : Le Père Noël me manque terriblement. 

 

 

Je t’envoie mon ptit bouquin, il est attelé à ses fautes d’orthographes, un moteur d’erreur :

 

Je suis d’accord pour tout publier dans l’Espace d’écriture bleu nuit. C’est une joie !

 

A tout de suite

 

jd

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bonjour Jean-Daniel, 

 

 

 

 

Pour les archives de la correspondance, c’est d’accord. Le texte restera intact. Ce sera ainsi beaucoup plus audacieux et beau. C’est à dire l’audacieuse beauté de Jean-Daniel Botta.  

 

 

 

J’accomplirai la publication des différents textes à l’intérieur de l’Espace d’Ecriture Bleu Nuit aux alentours de fin novembre début décembre. Je t’indiquerai donc cette parution un jour futur.  

 

 

 

Très grand merci aussi évidemment pour l’envoi de Belle Oreille et son Chien. Je lirai cela avec attention. Et je te répondrai ensuite quand ma lecture sera achevée.  

  

 

 

Enfin un extrait de Tournures de l’Utopie pour le plaisir. 

 

Avoir besoin des coïncidences de l’herbe. Souder l’usage du ciel. 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                       A Bientôt                     Boris

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

Cher Boris, 

 

 

 

L'Espace d'écriture Bleu Nuit. 

 

 

j'ai commencé un peu la lecture des conversations,

 

j'avais l'impression de jouer avec trois tubes de ventoline dans la bouche pour avoir le souffle de Roland Kirk.

 

Les saxophones viennent souffler les bougies d’anniversaire dans la bouche de Roland Kirk.

 

Roland Kirk vit avec des bougies d’anniversaire dans la bouche pour fêter les essoufflés, le triolisme, l’âge du ciel…

 

Le saxophone est le carénage de la parole. Une manière de rallonger sa bouche avec du cuivre, le saxophone est le long bijou du souffle. 

 

 

Il neige, (petit les saisons ça me faisait penser au stylo bic quatre couleurs.)

 

 

 

Jd