myrtilles de torse-taser-établi de chien

 

 

 

Cher Boris, 

 

 

Cette pandémie modifie mes émotion aussi, j’attends, je suis très seul, mon chat est devenu aveugle, donc je dois faire avec les blocs de cosmos qu’il déplace à chaque fois qu’il tourne la tête. 

Pour la première fois je coupe l’herbe avec une tondeuse manuelle une sorte de déambulateur-moissonneuse-batteuse, afin qu’il savoure le néant : 

 

Le chat aveugle est entré dans le néant chérir sa gamelle

il se demanda s'il voudrait la couvrir avec du feu.

Une première fois le néant a été vu accroupit dans une pierre  

puis toutes les pierres ont servi au dépaysement.

 

Le chat aveugle est issu de grands lions 

qui coupaient précisément le feu.

 

Le village a disparu 

lorsque toutes les queues de lézard ont cassé d’un coup.

Les disparitions ont été faites.

Le vrai et le lézard pour prouver ce qui est cassant.

Si les choses cassent à partir du lézard il n'y a plus rien à voir. 

 

Toute la disparition m’a convaincu.

 

Après je dépose je dépose mes t-shirt sur l’herbe pour les faire sécher et je lance des myrtilles de torse, des myrtilles de lointain sur chacun d’eux. 

 

(…)

 

Ce n’est pas l’habillement qui m’intéresse, je m’habille d’ailleurs assez mal, j’ai eu une fois un beau manteau près de Léon Blum lorsque nous discutions je ne l’ai plus remis depuis. 

 

Ce qui me fascine c'est le linge, les chemises, les chemises des noyés, les draps de ceux qui sautent dans le vide. 

 

« Ma mère quand elle se penche dans les étages les draps passent à travers le blanc d’oeil. » ou « Mon jumeau a trouvé une voiture neuve une rivière. Je l'ai attendu, sans lui j’étendais le plus de linge possible dans la pièce. 

Les noyés ont des habits étrangement lavés. De toujours les chemises les pantalons à sécher font tout pour décrire le rôle des noyés dans les habitations. » 

 

Par les vers libres, ou mise en page, ou établi de chien, j’espérais qu’un dégagement de la phrase puisse projeter une ombre, c’était apaisant dans le sens où l’ombre ne se soucie pas de beauté. Ça me permettait aussi de sortir de la pilosité des virgules, partant que les virgules sont des poils qui dispersent la nudité, les virgules alourdissent les sourcils de chien. Alors j’y suis venu parce que même les plus attentionnés et bienveillants poètes avaient une sensation d’hostie comme un jeton de pesanteur dans l’estomac, il s’agissait de causer cosmonaute en évitant tout le plâtre de la lune. Alors un jour sans rien connaitre j’ai simplement remplacé les virgules par des renvois à la ligne, 

long travail, mais ça n’a pas été inutile dans l’organisation des historiettes qui sont la rampe méridionale de lancement des métaphores, alors j’ai plongé une dernière fois pour m’assurer que le lecteur se laissera bien traverser par les truites, un trou de truite dans la rate du lecteur. Et lorsque que j’avais enlevé des passages trop foutraques ou analogisant ou judorien, aussitôt j’avais l’impression de me greffer à un flux parfait d'étoiles manquantes, si je parvenais à écrire uniquement avec les fonctions vitales de la main, une sorte de pilote automatique ornithologique.

 

Je n’arrive pas à déclencher les métaphores sans amitié, alors seul en écrivant j’ai recours à un peu de narration comme substitut d’amitié, l’imagination les analogies les aphorismes se font dans un marcel narratif, 

un marcel de contradiction des aisselles. Dans ce nouvel agencement j’avais l’impression que le chien d’écran de mon imagination pourrait mieux circuler. 

 

(…)

 

à bientôt Boris

 

Ps : Steve Reich peut-être mais il est trop rigide il pose ses appliques lumineuse ses patterns les superpose et échoue cent fois avec une BMW à angles droits dans la forêt des pygmée Aka, toi, les vers à soie dans tes poches relancent la boucle temporelle de ton pantalon.

 

Connais-tu Anne Laplantine qui a sens inouï du contrepoint mélancolique.

 

Elle a fait aussi des centaines de films courts sur you tube très étranges et drôles 

 

 

Jd

 

 

 

 

 

 

 

Chien de l’Amitié

 

 

Bonjour Jean-Daniel,

 

 

 

(…) Ce qui surgit d’abord à l’intérieur de tes phrases c’est ce que tu appelles magnifiquement 

 

le chien d’écran de mon imagination

 

Je n’arrive pas à déclencher les métaphores sans amitié,

 

Oui et c’est cela qui me plait, m’enchante à l’intérieur de ton écriture. La métaphore d’amitié, la métaphore comme forme de l’amitié. De même que les philosophes grecs se considéraient comme les amis de la sagesse, tu inventes un geste d’écriture qui se déclare l’ami de la métaphore.  

 

(…) 

 

 

                                                                                                  A Bientôt                         Boris