Schoenberg & toi, cosmonautes & culs de jatte de vérandas

 

 

 

Bonjour Boris 

 

Ce matin j’étais dans un demi-sommeil et j’essayais de visualiser des livres, les livres que j’ai ici. « À oui » n’avait pas de contours, je voyais vaguement les séries de mots que tu utilises, je pensais que Schoenberg aurait voulu te rencontrer,  vous êtes sériels tous les deux, je le connais finalement peu, 

disons que la grande différence c’est que toi tu utilises la série millénaires des nuages, et lui assez vite pense la série comme échelle cassante …. ,  en même temps que je pensouillais au lit je voyais un boxeur sauter à la corde il nommait des planètes dans ses sauts, il disait en sautant plus où moins intensément «  je quitte saturne ou, je quitte jupiter » c’était un entraiment par gravités comme les enfants au bac sable trichent le système solaire. 

 

J’essaie d’écouter un quatuor de Schoenberg en lisant « À oui » pour l‘instant la seule série qui fonctionne est celle-ci :

« le rythme du comment ça va incruste le voyage contorsionniste des culs de jatte »  

 ce qui se dégage immédiatement c’est que Schoenberg coupe et ignore les contorsions, le suite d'autographes dans la  poussière que produit la queue fraichement coupée du Lézard n’attire pas son attention, Schoenberg ne s’intéresse qu’au voyage de la lame, pas au destin des culs de jatte. 

 Le «  comment ça va » Schoenberg on dirait qu’il le pense comme une catastrophe géométrique, le comment ça va suppose une maitrise du bris de verre, le comment ça va consubstantiel à l‘agression du cosmos, la cicatrice de respiration du comment ça va comme initiation aux lézardes dans la visière du cosmonaute,

le comment ça va comme première palabre de délabrement du verre. Le comment ça va implique des cassures nettes de vérandas, on dirait qu’il pense aussi la vision par amputation du verre, ce qui s’énonce vient de l’échappement de l'air du à des éclatements à froids de fenêtres. 

 

Je crois que par la série millénaire de nuages ta station debout est veloutée, c’est le gardien de but , excuse-moi j’y reviens toujours, le gardien de but est un De Gaulle des peupliers, il observe les culs de jatte qui reviennent, la perte de jambes est liée à l’horizon. D’où la méfiance des flambants rose. 

 

 

(…)

 

 

 

à bientôt 

jd

 

 

 

 

 

 

 

 

Schoenberg- Reich

 

 

Bonjour Jean-Daniel,

 

 

Je n’ai quasiment jamais écouté la musique de Schoenberg. J’ai toujours considéré que sa musique était trop cérébrale. Il y a en effet une « échelle cassante » dans la musique de Schoenberg, l’échelle cassante du cerveau. C’est pourquoi je préfère la musique de Webern que je trouve abstraite sans être cependant cérébrale. Webern c’est du Malevitch musical ou du Mallarmé musical.

 

Les musiciens qui rythmiquement me plaisent ce sont plutôt Bartók et Ravel. L’utilisation syncopée des cordes chez Ravel, sa manière d’inventer une hybridation de violon et de batterie, sa manière de jouer de la batterie avec les violons, cela me ravit. Et pour le dire aussi schématiquement, je pense que techniquement parlant, le musicien le plus proche de ma manière d’écrire c’est Steve Reich. Malgré tout c’est une ressemblance uniquement technique, ce n’est pas une ressemblance d’âme. C’est pourquoi même si je comprends facilement la musique de Reich, cette musique ne me plait finalement que modérément. 

 

 

(…)

 

 

la cicatrice de respiration du comment ça va comme initiation aux lézardes dans la visière du cosmonaute,

 

J’ai toujours beaucoup aimé les cosmonautes. Leur manière surtout d’évoluer à l’intérieur de leur scaphandre comme à l’intérieur d’une cloche de camphre, d’une cloche de camphre médiumnique, d’une cloche de camphre extralucide, leur manière d’évoluer à l’intérieur de leur scaphandre comme à l’intérieur d’une cloche de monoï, d’une cloche de monoï médiumnique, d’une cloche de monoï extralucide.

 

 

 

Post-scriptum.

 

Les obligations sanitaires deviennent pour moi de plus en plus difficiles à accepter. Cela abolit la forme de mes émotions, la forme insouciante de mes émotions. J’ai par exemple le sentiment que le rythme de nos conversations a été modifié par les décisions de l’état. Cela à la fois m’agace et m’ennuie. (…) 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                  A Bientôt                         Boris