A propos de Lichtenberg  

 

 

 

 

 

 

 

Lichtenberg révèle les traits d’esprit de l’âme.

 

 

 

Lichtenberg sait comment transformer l’horizon en échiquier. Lichtenberg sait comment transformer l’horizon en surface de stratégie de l’âme.

 

 

 

Il y a une cérémonie d’alacrité de Lichtenberg. Lichtenberg écrit des aphorismes avec la foudre cérémonieuse de son âme.

 

 

 

 

 

Selon G. Perros Lichtenberg pense par sauts de puces. Malgré tout étant donné que Lichtenberg se tient déjà sur la ligne d’horizon à l’instant où il commence à penser, par ce simple saut de puce il parvient ainsi à bondir en dehors même du monde.

 

 

 

K. Kraus note quant à lui que l’écriture de Lichtenberg s’enfonce à chaque instant au plus profond de la terre. « Lichtenberg creuse plus profondément que tout autre, mais ne remonte pas à la surface. Il parle sous terre. Seul l’entend qui soi-même creuse profondément. »  

 

 

 

Lichtenberg parvient ainsi à faire à la fois un pas au-delà de l’horizon et un pas au plus profond de la terre. Lichtenberg écrit ainsi par sauts de puces à la fois au centre de la terre et sur le fil de l’horizon comme à la fois au centre de l’horizon et sur le fil de la terre. Lichtenberg écrit par sauts de puces aussi subtils que profonds sur le fil de terre de l’horizon.

 

 

 

Lichtenberg écrit comme il s’enterre à l’intérieur de l’horizon. Lichtenberg s’enterre un pas au-delà de l’horizon. Lichtenberg s’enterre par le geste d’accomplir un pas au-delà de l’horizon. L’écriture de Lichtenberg semble ainsi enterrée vivante, paradoxalement enterrée vivante sur le fil de l’horizon. Lichtenberg creuse sa tombe, la tombe de son écriture, la tombe de son écriture stellaire un pas au-delà de l’horizon.

 

 

 

 

 

Lichtenberg pense comme si la terre sur laquelle il marche avait la forme d’un cerveau. C’est comme si pour Lichtenberg l’homme marchait sur la terre avec ses deux jambes parce que la terre était elle-même composée de deux hémisphères cérébraux, parce que la terre était elle-même la matière d’une sorte de dédoublement cérébral. Lichtenberg marche ainsi sur le cerveau de la terre, sur le cerveau d’étoiles de la terre, sur le cerveau d’étoiles paradoxales de la terre.

 

 

 

La pensée de Lichtenberg apparait semblable à un rêve qui marche. La pensée de Lichtenberg apparait à la fois comme un rêve qui marche avec précision et une veille qui boite, ou encore comme un éveil qui marche avec précision et un rêve qui boite. La pensée de Lichtenberg apparait comme un rêve éveillé qui marche en boitant avec précision.

 

 

 

Lichtenberg marche sur la terre qui porte son nom. Lichtenberg marche sur la terre comme si la terre était une montagne de lumière. Lichtenberg marche sur la montagne de lumière de la terre.

 

 

 

Lichtenberg marche sur la terre avec le boitillement précis de sa tête à l’intérieur de la lune. Lichtenberg pense sur la lune avec le boitillement précis de ses pieds à l’intérieur de la terre.

 

 

 

A chaque saut de sa pensée Lichtenberg parvient à faire osciller la position de son corps et de sa tête. Ainsi à chaque saut de sa pensée sa tête se tient au-dessus de son corps ou à l’inverse son corps se tient au-dessus de sa tête.

 

 

 

Lichtenberg essaie d’apprendre à la terre comment marcher sur la tête. Lichtenberg essaie d’apprendre à la terre comment marcher sur la tête de son ombre.

 

 

 

Lichtenberg siamoise la pensée. A chaque saut de sa déraison, Lichtenberg siamoise sa pensée et médite ainsi tête-bêche. A chaque saut de sa déraison, Lichtenberg siamoise sa pensée et  médite ainsi tête-bêche sur le fil de l’horizon, sur le fil d’ombre de l’horizon. A chaque saut de sa lucidité, à chaque saut de lucidité de sa déraison, Lichtenberg siamoise la pensée et tourbillonne ainsi tête-bêche sur le fil d’ombre de l’horizon.

 

 

 

 

 

Lichtenberg utilise la difformité de sa silhouette comme un instrument d’optique. Le jour Lichtenberg utilise son handicap comme microscope et la nuit comme télescope.

 

 

 

Lichtenberg révèle que la terre apparait malgré tout aussi comme une étoile. Lichtenberg révèle que la terre apparait comme une étoile à l’instant où elle apparait regardée au microscope du handicap, au microscope du handicap ailé.

 

 

 

Lichtenberg utilise l’imprimerie comme stéthoscope. Lichtenberg utilise l’imprimerie comme stéthoscope de la poussière, comme stéthoscope des sourires de la poussière.

 

 

 

Lichtenberg utilise l’imprimerie comme microscope du Christ. Lichtenberg utilise l’imprimerie comme microscope afin d’examiner les problèmes éthiques du Christ.

 

 

 

Lichtenberg utilise les étoiles comme microscopes. Lichtenberg utilise l’extrême lointain afin d’examiner les aspects miniatures de la proximité. Lichtenberg regarde de loin ce que les autres regardent de près et regarde de près ce que les autres regardent de loin. Ainsi par ce seul geste il révèle la multiplicité secrète des mondes.

 

 

 

Lichtenberg sait comment allier les microscopes aux sentiments et atteler les télescopes aux intuitions.

 

 

 

 

 

« Ce que nous pouvons juger avec le sentiment est très peu et fort simple ; le reste n’est que préjugé et complaisance. »

 

Le génie de Lichtenberg est ainsi de parvenir à juger avec le sentiment, avec l’exactitude du sentiment, avec la simple exactitude du sentiment. Lichtenberg ne pense pas par idées claires et distinctes, Lichtenberg juge plutôt par sentiments exacts et distingués.

 

 

 

L’aphorisme de Lichtenberg apparait comme une manière de juger la raison avec le sentiment, une manière de juger la clarté de la raison avec la distinction obscure du sentiment, avec l’obscurité exacte et distinguée du sentiment. Comme Kant, Lichtenberg prône la valeur du jugement, à la différence de Kant cependant ce jugement n’est pas celui de la loi morale, ce jugement est celui du sentiment. Si selon Deleuze Kant instaure une sorte de tribunal de la raison, Lichtenberg inventerait plutôt un tribunal de la déraison, un tribunal de la déraison subtile, un tribunal où ce qui juge ce n’est pas la clarté de la raison, où ce qui juge serait plutôt le sentiment comme précurseur sombre.

 

 

 

Lichtenberg juge par jeu. Lichtenberg juge par jeu du sentiment. Lichtenberg juge la raison par l’électricité du sentiment, par le jeu d’électricité du sentiment, par le jeu d’électricité obscure et distinguée du sentiment.

 

 

 

Lichtenberg sait que le temps transforme les sentiments parce que le temps indique la forme de l’invisibilité même des sentiments. Lichtenberg sait que ce que l’homme appelle sentiments ne sont que les éventualités, les coïncidences, les hypothèses de l’invisibilité même du temps, du seul et unique sentiment d’invisibilité du temps.

 

 

 

Lichtenberg utilise les livres comme vide-poches. Lichtenberg utilise les livres comme vide-poches de l’invisible, comme vide-poches de l’invisibilité du temps, comme vide-poches du sentiment d’invisibilité du temps.

 

 

 

Lichtenberg fait tenir l’œuf en équilibre sur la tête du pendu. Lichtenberg fait tenir l’œuf du sentiment en équilibre sur la tête du pendu. Lichtenberg fait tenir l’œuf du sentiment en équilibre sur la tête de la pensée pendue. Lichtenberg fait tenir l’œuf de la pensée en équilibre sur la tête du sentiment pendu.

 

 

 

 

 

« L’homme a l’instinct irrésistible de croire qu’on ne le voit pas lorsque lui-même ne voit rien, un peu comme les enfants qui ferment les yeux pour ne point être vus. »

 

Lichtenberg écrit à l’inverse comme l’enfant de l’extrême lucidité. La lucidité de Lichtenberg affirme l’art de jouer à ouvrir les yeux jusqu’à devenir invisible. La lucidité de Lichtenberg affirme l’art de jouer à ouvrir les yeux à l’intérieur même de l’invisible, de jouer à ouvrir les yeux enseveli à l’intérieur même de l’invisible.

 

 

 

Lichtenberg joue à ouvrir les yeux afin d’apparaitre vu par l’invisible, afin d’apparaitre vu par  l’invisibilité du sentiment. Lichtenberg joue à ouvrir les yeux afin d’apparaitre touché par la main d’invisibilité du sentiment, par la main d’invisibilité du sentiment exact.

 

 

 

« Le chien est l’animal le plus vigilant bien qu’il dorme toute la journée. » 

 

Lichtenberg invente une forme de lucidité irrationnelle. Lichtenberg apparait lucide comme un chien qui dort et somnolent comme un chien éveillé.

 

 

 

Lichtenberg a les yeux qui s’ombrent à l’intérieur même de la clarté. Lichtenberg a les yeux qui s’ombrent à l’intérieur de l’extrême clarté.

 

 

 

 

 

Lichtenberg ressemble à Diderot par sa manière d’allier, de faire coïncider la raison et la déraison. Cependant la technique de Lichtenberg est presque inverse à celle de Diderot. Diderot essaie en effet d’accomplir cette coïncidence par la prolifération des conversations. Lichtenberg accomplit plutôt cette coïncidence par la disparition du discours. Lichtenberg écrit sans jamais discourir. Lichtenberg écrit sans jamais parler à quelqu’un. Lichtenberg écrit sans parler ni à l’autre ni à lui-même. Lichtenberg écrit plutôt afin de faire tourner la disparition de la parole comme le satellite lunaire de la démarche de la pensée. Lichtenberg écrit afin de faire tourner la disparition de la parole comme satellite lunaire du pas de la pensée, du pas sur place hors de l’horizon de la pensée, du pas sur horizon hors-place de la pensée.

 

                                                                                                                     

 

Lichtenberg pense par alliance de la raison et du rêve. Lichtenberg raisonne avec ses rêves et rêve avec sa raison.

 

 

 

Lichtenberg rêve sa raison. Lichtenberg rêve le sentiment de la raison. Lichtenberg rêve les événements de son savoir. Lichtenberg rêve parmi les événements de son savoir comme il raisonne parmi les événements de ses rêves.

 

 

 

Lichtenberg suit le cheminement de sa raison par les sauts de sa déraison et le cheminement de sa déraison par les sauts de sa raison. Lichtenberg suit le cheminement d’ombre de sa raison par les sauts d’éclairs de sa déraison comme le cheminement d’éclairs de sa raison par les sauts d’ombre de sa déraison.

 

 

 

Lichtenberg souligne les absurdités de la raison avec une gomme. Lichtenberg souligne les absurdités de la raison avec une boussole de gomme, avec des éternuements de gomme, avec des éblouissements de gomme.

 

 

 

Lichtenberg comprend parfaitement les structures de la raison sans cependant les utiliser. La déraison subtile de Lichtenberg n’est pas celle d’un homme inapte à la raison. La déraison subtile de Lichtenberg serait plutôt celle d’un homme virtuellement apte aux règles les plus complexes de la raison et qui préfère cependant utiliser d’autres règles, les règles par lesquelles il savoure le plaisir de contempler de loin les règles de la raison comme si elles étaient des miracles, des miracles inconséquents.

 

 

 

L’aphorisme de Lichtenberg apparait comme un étrange alliage de réflexion kantienne et d’écriture automatique inconsciente. Lichtenberg écrit à la manière d’un surréaliste kantien  ou à la manière d’un dadaïste spinoziste. Chaque phrase de Lichtenberg invente ainsi une pratique de la raison impure, une effectuation comme une affectation de la raison impure.

 

 

 

Lichtenberg écrit comme un arlequin kantien, un polichinelle spinoziste et un électrocuté leibnizien. Lichtenberg écrit comme un prestidigitateur kantien, un sophiste spinoziste autrement dit comme un sophiste honnête, comme un sophiste tranquillement scrupuleux. 

 

 

 

Lichtenberg écrit comme un prophète humoristique. Lichtenberg pense comme le pharmacien de ses prophéties. Lichtenberg pense comme le pharmacien humoristique de ses prophéties.

 

 

 

 

 

Lichtenberg se tient à chaque phrase entre la libellule et le grain de sable.

 

 

 

Lichtenberg sait comment immiscer des yeux à l’intérieur d’un grain de poussière. Lichtenberg pense comme il parvient à immiscer un œil de mouche à l’intérieur d’un grain de poussière.

 

 

 

Lichtenberg sait comment construire un palais de roi à l’intérieur d’un grain de poussière. Lichtenberg sait comment incruster un palais de regards, un palais de regards princiers à l’intérieur d’un simple grain de poussière.

 

 

 

Lichtenberg pense comme il passe une bague de fiançailles à une rotative d’imprimerie. Lichtenberg pense comme il passe la bague de fiançailles d’un œil à la rotative d’imprimerie de la poussière.

 

 

 

Lichtenberg sait comment poser plusieurs siècles au sommet d’un grain de poussière. Lichtenberg sait comment poser mille ans au sommet d’un grain de poussière.

 

 

 

 

 

Lichtenberg cueille les groseilles à l’intérieur du cratère des volcans. Lichtenberg cueille les groseilles sur la lune. Lichtenberg cueille les groseilles à l’intérieur des cratères de volcans lunaires.

 

 

 

Lichtenberg électrocute les groseilles. Lichtenberg électrocute des groseilles d’âme.

 

 

 

Lichtenberg écrit comme l’archéologue de l’électricité. Lichtenberg écrit comme l’archéologue des étincelles. Lichtenberg écrit comme l’archéologue des étincelles de la déraison.

 

 

 

Lichtenberg électrocute le calendrier à reculons. Lichtenberg électrocute le travail à reculons. Lichtenberg électrocute le cerveau à reculons, le travail du cerveau à reculons.

 

 

 

Lichtenberg électrocute les hiéroglyphes. Lichtenberg électrocute les hiéroglyphes avec les microscopes. Lichtenberg électrocute les hiéroglyphes avec les sourires des microscopes. Lichtenberg électrocute la constellation des hiéroglyphes avec l’humour des microscopes.

 

 

 

 

 

Lichtenberg dissèque son ombre avec de la poudre à canon.

 

 

 

Lichtenberg brode l’auréole de son ombre avec des miettes de pain. Lichtenberg compose des feux d’artifice avec des miettes de pain. Lichtenberg brode l’auréole de son ombre avec un feu d’artifice de miettes de pain.

 

 

 

Lichtenberg médite les aléas de son ombre au petit bonheur du grand jamais.

 

 

 

Lichtenberg joue avec les éclairs de son ombre. La subtilité absurde de Lichtenberg badine avec les éclairs de son ombre.

 

 

 

Lichtenberg joue au bilboquet avec son ombre. Lichtenberg joue au bilboquet avec la bibliothèque de son ombre. Lichtenberg joue au bilboquet avec son cœur. Lichtenberg joue au bilboquet avec la bibliothèque d’ombre de son cœur.

 

 

 

Lichtenberg joue au bilboquet avec le jugement de son cœur. Lichtenberg utilise une potence pour jouer au bilboquet avec son ombre, avec la bibliothèque de son ombre, avec la bibliothèque d’ombre de son cœur.

 

 

 

Lichtenberg élitise le peuple. Lichtenberg élitise le peuple de son cœur. Lichtenberg aristocratise le peuple de son cœur. Lichtenberg anoblit le peuple de son cœur. Lichtenberg  anoblit le peuple d’ombres de son cœur, le peuple d’éblouissements de son cœur, le peuple d’ombres éblouies de son cœur.

 

 

 

Lichtenberg lime les yeux de son cœur. Lichtenberg lime les yeux de son cœur avec les acrobaties de la déraison. Lichtenberg lime les yeux d’ombre de son cœur avec les acrobaties de clarté de la déraison. Lichtenberg lime les yeux de clarté de son cœur avec les acrobaties de sentiment de la déraison. Lichtenberg lime les yeux de hasard de son cœur avec les acrobaties d’absurdité de la raison.

 

 

 

Lichtenberg écrit à la fois comme l’acrobate d’absurdité de la raison et l’acrobate des sentiments de la déraison.

 

 

 

 

 

Lichtenberg ausculte le feu d’artifice à l’intérieur du grain de café.

 

 

 

Lichtenberg tire des feux d’artifice au-dessus des cimetières. Lichtenberg improvise des feux d’artifice à la cime des cimetières.

 

 

 

Lichtenberg jongle avec des bébés de dynamite. Lichtenberg jongle avec des biberons de nitroglycérine.

 

 

 

Lichtenberg ausculte des miettes de pain avec un paratonnerre, avec un paratonnerre d’électrocution, avec le paratonnerre de ses éternuements, avec un paratonnerre d‘électrocution éternuée.

 

 

 

Lichtenberg joue au mikado avec les étoiles. Lichtenberg joue au mikado avec les trous noirs. Lichtenberg joue au mikado avec le cataclysme des constellations.

 

 

 

Lichtenberg pend le labyrinthe par les pieds. Lichtenberg pend le labyrinthe par les pieds avec  le fil d’Ariane. Lichtenberg somnole à l’intérieur du lit d’Ariane et veille sur le fil de Procuste.

 

 

 

 

 

Lichtenberg médite à brûle-pourpoint.

 

 

 

Lichtenberg médite entre la potence et le timbre-poste. Lichtenberg médite des malédictions d’insouciance entre la potence et le timbre-poste. Lichtenberg médite des malédictions de bonheur entre la potence et le timbre-poste. Lichtenberg médite des malédictions de bonheur parmi les potences de timbre-poste de la poussière.

 

 

 

Lichtenberg épelle des sourires de potence. Lichtenberg épelle des sourires de potence avec les miettes de pain de l’hypocondrie.

 

 

 

Lichtenberg balaie le labyrinthe d’un unique grain de poussière. Lichtenberg balaie le labyrinthe d’un unique grain de poussière avec une potence de timbres-poste.

 

 

 

Lichtenberg envoie des murs. Lichtenberg envoie des murs par la poste. Lichtenberg envoie des murs comme des enveloppes timbrées. Lichtenberg attèle les murs à la potence de la poste, à la potence d’étoiles de la poste.

 

 

 

Lichtenberg médite selon un bon sens lunaire et un non-sens terrestre.

 

 

 

Lichtenberg utilise le bon sens comme un tapis volant et libère la déraison comme une boite à outils.

 

 

 

 

 

Lichtenberg observe le microscope par le trou de l’aiguille.

 

 

 

Lichtenberg rédige son autobiographie du point de vue du trou d’une aiguille. Lichtenberg rédige son autobiographie par le trou de l’aiguille de son ombre. Lichtenberg rédige l’autobiographie de son ombre par le trou de l’aiguille de l’ensemble vide.

 

 

 

Lichtenberg écrit comme l’obstétricien des aérolithes, comme le gynécologue des étoiles.

 

 

 

Lichtenberg reste magnanime à coups de têtes d’épingles.

 

 

 

 

 

Lichtenberg dompte des tigres d’étincelles.

 

 

 

Lichtenberg apprend aux tigres à sauter comme des puces. Lichtenberg apprend aux puces à sauter comme des tigres et aux tigres à sauter comme des puces. Lichtenberg apprend aux tigres à sauter comme des puces et aux puces à jongler comme des otaries.

 

 

 

 

 

Lichtenberg possède en alternance une âme pour deux corps et un corps pour deux âmes.

 

 

 

Lichtenberg oscille ivre de raison. Lichtenberg oscille ivre de raison à la vitesse de la lumière.

 

 

 

« J’ai connu des gens qui se sont saoulés en privé et qui furent ivres en publics. »

 

Lichtenberg sait comment se saouler de déraison en privé pour devenir ivre de raison en public. Et il sait aussi comment se saouler de raison en privé pour devenir ivre de sobriété, ivre de déraison sobre en public.

 

 

 

Parfois Lichtenberg saoule ses deux corps de déraison en privé afin que son âme devienne  ivre de raison en public. Parfois Lichtenberg saoule ses deux âmes de déraison en privé afin que son corps devienne ivre de raison en public. Parfois Lichtenberg saoule ses deux corps de raison en privé afin que son âme devienne ivre de déraison sobre en public. Parfois Lichtenberg saoule ses deux âmes de raison en privé afin que son corps devienne ivre de déraison sobre en public. Et Lichtenberg essaie ainsi de tenir à chaque phrase en équilibre parmi la multitude aléatoire de ces parfois.

 

 

 

 

 

Lichtenberg a des météores plein sa bosse. Lichtenberg a des aérolithes plein sa bosse. Lichtenberg a des aérolithes d’éblouissements plein sa bosse, des aérolithes d’éternuements, des aérolithes d’éblouissements éternués plein sa bosse.

 

 

 

Lichtenberg a des montagnes de lumière plein les poches. Lichtenberg fait apparaitre et disparaitre des montagnes de lumière dans sa poche, dans sa bosse, dans la poche de sa bosse, dans la poche de prestidigitateur de sa bosse. Lichtenberg fait apparaitre et disparaitre des montagnes de lumière dans son cerveau, comme si son cerveau était la poche de prestidigitation de son chapeau.

 

 

 

Lichtenberg a des montagnes d’allumettes à l’intérieur de sa bosse. Lichtenberg a des montagnes d’allumettes angéliques, aléatoires angéliques à l’intérieur de sa bosse.

 

 

 

Lichtenberg a des ratures d’anges plein sa bosse. Lichtenberg a des ailes d’anges raturées plein sa bosse, des ailes d’anges biffées plein sa bosse.

 

 

 

Lichtenberg rédige des bulletins pour les anges. Lichtenberg rédige des bulletins de rationalité absurde pour les anges. Lichtenberg rédige des libelles de rationalité absurde pour les anges, des libelles de libertinage austère pour les anges.

 

 

 

Lichtenberg se lèche la bosse avec son oreille. Lichtenberg se lèche la bosse avec le chant de son oreille.

 

 

 

La bosse de Lichtenberg lèche son ombre. La bosse de Lichtenberg lèche la glace sans tain de son ombre.

 

 

 

Lichtenberg délie la langue de ses oreilles. Lichtenberg délie la langue de ses oreilles à l’intérieur de l’ombre de sa bosse, à l’intérieur de l’ombre d’ailes raturées de sa bosse.

 

 

 

La lucidité de Lichtenberg délie la langue irrationnelle de son ombre, la langue d’oreilles de son ombre, la langue d’oreilles irrationnelles de son ombre.

 

 

 

 

 

Lichtenberg joue aux dominos avec les sourires de ses rêves.

 

 

 

Lichtenberg utilise les sourires de son ombre comme boussoles de ses hurlements. Lichtenberg utilise les hurlements de son ombre comme boussoles de son sourire.

 

 

 

Lichtenberg sème des boussoles avec ses pieds. Lichtenberg sème des boussoles avec les éternuements de ses pieds. Lichtenberg sème des boussoles d’éblouissements avec les éternuements de ses pieds. Lichtenberg sème des boussoles d’éternuements avec les éblouissements de ses pieds. 

 

 

 

Lichtenberg lime les éternuements. Lichtenberg lime le squelette d’étincelles des éternuements. Lichtenberg éternue des labyrinthes d’étincelles. Lichtenberg éternue les labyrinthes d’étincelles de l’éternité.

 

 

 

Lichtenberg enterre des éblouissements. Lichtenberg enterre des éternuements d’éblouissements. Lichtenberg enterre des éternuements d’éblouissements à l’intérieur de tombeaux de sourires, à l’intérieur de boites à lettres de sourires, à l’intérieur de tombeaux-boites à lettres de sourires.

 

 

 

Lichtenberg éternue des sourires. Lichtenberg éternue des labyrinthes de sourires. Lichtenberg  éternue les labyrinthes de sourires de l’éblouissement.

 

 

 

Lichtenberg éternue le labyrinthe de ses rêves avec le sourire de sa lucidité. Lichtenberg  éternue le labyrinthe de sa lucidité avec le sourire de ses rêves.

 

 

 

Lichtenberg emploie l’hypocondrie comme paratonnerre de la pensée. Lichtenberg utilise le paratonnerre comme potence de l’éternuement. L’ombre de Lichtenberg joue au bilboquet avec la potence de l’éternuement.

 

 

 

Lichtenberg joue au bilboquet avec la liberté. Lichtenberg joue au bilboquet avec la potence de la liberté, avec la potence de liberté de son ombre, avec la potence de liberté de son cœur, avec la potence de liberté de l’ombre de son cœur.

 

 

 

La déraison absurde de Lichtenberg joue au bilboquet avec la boussole de ses éternuements, avec la boussole de ses éblouissements, avec la boussole d’éblouissements de ses éternuements.

 

 

 

Lichtenberg joue au bilboquet avec les éternuements de la liberté, avec la potence d’éternuements de la liberté, avec les éblouissements de la liberté, avec la potence d’éblouissements de la liberté, avec la potence d’éblouissements éternués de la liberté, avec les timbres-poste de la liberté, avec la potence de timbres-poste de la liberté, avec la potence de timbres-poste éblouis éternués de la liberté.

 

 

 

 

 

Lichtenberg ajoute chaque jour une lettre à son âge.

 

 

 

Lichtenberg utilise son âge comme ange gardien. Lichtenberg utilise les cartes à jouer de son âge comme anges gardiens.

 

 

 

Lichtenberg apparait comme un prestidigitateur des années-lumière qui à chaque seconde  démonte et remonte les horloges pour savoir à la fois l’heure et la disparition de l’heure.

 

 

 

Lichtenberg fête l’anniversaire des bougies. Lichtenberg fête l’anniversaire des bougies avec le sourire de son ombre.

 

 

 

Lichtenberg ne remet pas le travail au lendemain. Lichtenberg remet plutôt le lendemain au travail.

 

 

 

 

 

Lichtenberg feuillette les miroirs. Lichtenberg feuillette les miroirs et examine son visage sur la page blanche.

 

 

 

Lichtenberg examine la déflagration de son visage à l’intérieur du lointain sans miroir du futur.

 

 

 

Les phrases de Lichtenberg semblent bizarrement à la fois avoir déjà été écrites et n’avoir pas encore été écrites. Les phrases de Lichtenberg semblent ainsi avoir toujours déjà été écrites au 22 ème siècle.

 

 

 

Lichtenberg écrit à l’intérieur d’un temps qui se trouve à la fois avant sa naissance et après sa mort. Lichtenberg écrit à l’intérieur d’un sentiment du temps qui se trouve à la fois avant sa naissance et après sa mort.

 

 

 

Lichtenberg écrit à la fois avant la mort de sa naissance et après la naissance de sa mort.

 

 

 

 

 

Lichtenberg brode son tombeau à coups de fouets. Lichtenberg accouple les tombeaux et les roues de tombola.

 

 

 

Lichtenberg utilise les feux d’artifice comme béquilles de ses éternuements. Lichtenberg utilise les feux d’artifice de son ombre comme béquilles de sa lucidité, comme béquilles d’éternuements de sa lucidité. Lichtenberg utilise les feux d’artifice de son ombre comme béquilles de lucidité de ses sentiments.

 

 

 

Lichtenberg accomplit des feux d’artifice d’infirmité. Lichtenberg accouple des feux d’artifice avec des infirmités. Lichtenberg accouple les feux d’artifices de la terre avec les infirmités du ciel. Lichtenberg accouple les infirmités du feu avec les enfants du ciel. Lichtenberg accouple les enfants du feu avec les infirmités du ciel.

 

 

 

La lucidité de Lichtenberg accouple l’âme de l’enfant avec l’éternuement du feu. La lucidité de Lichtenberg accouple l’éternuement de l’enfant avec l’âme du feu.

 

 

 

La lucidité de Lichtenberg accouple les enfants avec le cœur de son oubli, avec le cœur d’éblouissements de son oubli, avec le cœur d’ombre éblouie de son oubli. La lucidité de Lichtenberg accouple les enfants avec l’éternuement de son ombre, avec l’éblouissement de son ombre, avec l’éblouissement éternuée de son ombre, avec l’éblouissement éternuée de son oubli, avec l’éblouissement d’ombre éternuée de son oubli.

 

 

 

 

 

Lichtenberg chatouille le labyrinthe de son cerveau. Lichtenberg chatouille le labyrinthe de son cerveau avec le sourire de son ombre. Lichtenberg chatouille le labyrinthe de sa lucidité avec l’illusion de son ombre. Lichtenberg chatouille le labyrinthe de sa lucidité avec l’éternuement de son ombre. Lichtenberg chatouille le labyrinthe de ses éternuements avec la lucidité de son ombre.

 

 

 

Lichtenberg chatouille l’éclair. Lichtenberg chatouille des catalogues d’éclairs. Lichtenberg catalogue des chatouillis d’éclairs.

 

 

 

Parfois la pensée de Lichtenberg se développe au-delà de ses doigts et parfois les empreintes digitales de Lichtenberg se développent au-delà de sa pensée.

 

 

 

Lichtenberg joue aux échecs avec l’arlequin de son cerveau. Lichtenberg joue aux échecs avec l’ombre de son cerveau, avec l’arlequin d’ombre de son cerveau. Le cœur de Lichtenberg joue aux échecs avec l’arlequin d’ombre de son cerveau. Le cerveau de Lichtenberg joue aux échecs avec l’arlequin d’ombre de son cœur.

 

 

 

Lichtenberg sait que la liberté est borgne du cœur. Lichtenberg sait que la liberté éborgne le cœur avec le cerveau. Lichtenberg sait que la liberté éborgne le cœur avec la double-vue du cerveau.

 

 

 

 

 

L’inspiration de Lichtenberg (de même que celle de Kafka) apparait provoquée par une sorte d’attention presque démente, par la ténacité presque démente de son attention. L’attention de Lichtenberg anticipe même sur sa curiosité, c’est une sorte d’attention réflexe, d’attention réflexe de l’âme. Lichtenberg semble attentif comme un coup de fusil.

 

 

 

En chaque homme Lichtenberg cherche à détecter le hasard de son caractère, la chimie de son caractère, le hasard chimique de son caractère, l’absurdité de son caractère, le hasard absurde de son caractère.

 

 

 

Lichtenberg cherche à déterminer l’ensemble des différences de l’humanité. Lichtenberg cherche à déterminer la multitude des caractères en tant qu’ensemble vide de l’humanité. Lichtenberg cherche à déterminer la multiplicité absurde des caractères comme ensemble vide de l’humanité et la multiplicité vide des caractères comme ensemble absurde de l’humanité.

 

 

 

Lichtenberg invente une sorte d’astrologie à l’envers. Lichtenberg étudie le caractère des hommes afin de déterminer l’avenir des étoiles. Lichtenberg transforme l’ensemble vide de l’humanité en une liste d’étoiles.

 

 

 

Lichtenberg imagine le présent du point de vue du futur. Lichtenberg imagine l’astre du présent avec le télescope du futur. Lichtenberg imagine la planète du présent avec l’allumette du futur, avec l’allumette-télescope du futur.

 

 

 

 

 

 

 

(…)