Jim Carrey, Camisole de Caoutchouc du Cartoon.

 

 

 

 

 

 

 

Il y a une forme d’écœurement consterné, d’écœurement histrionique, d’écœurement histrionique consterné chez J. Carrey.

 

 

 

Carrey vomit ses personnages. Le jeu de Carrey est souvent semblable à une sorte d’exorcisme de ses personnages, à l’acte d’exorciser les idées et les sentiments de ses personnages, les attitudes de ses personnages en les vomissant. Carrey vomit les personnages qui le possèdent.  

 

 

 

 

 

Il y a un comique de la parole à la foi irrépressible et impossible chez Carrey. Dans Menteur Menteur, il ne peut s’empêcher de parler, il a le pouvoir de parler sans jamais le vouloir. (Dans Menteur, Menteur Carrey dit la vérité comme un arracheur de dents. Dans Menteur, Menteur Carrey dit la vérité comme des dents qu’il s’arrache à lui-même à chaque mot.) Et dans Sunshine of a Spotless Mind, sa bouche semble à l’inverse bâillonnée par ses mâchoires mêmes, et il a alors à l’inverse la volonté de parler sans le pouvoir.

 

 

 

Carrey semble encamisolé par la prolifération schizophrène de ses personnages. Carrey ressemble à un chewing-gum schizophrène, parfois son visage bâillonne son corps et parfois son corps encamisole son visage. Carrey s’ébroue bâillonné de bâillements. Carrey s’ébroue bâillonné de bâillements schizophrènes.

 

 

 

 

 

Le corps de Carrey exhibe à chaque seconde un combat acharné, un combat à la fois interminable et inextricable, une sorte de combat incarcéré. La scène de Menteur, Menteur où Carrey se cogne lui-même dans les toilettes publiques d’un tribunal est l’emblème de ce combat absurde.

 

 

 

Le corps de Carrey est le suppôt d’un combat incarcéré incessant. A chaque instant n’importe quel point de son corps, n’importe quel organe de son corps a le pouvoir d’en incarcérer ou d’en libérer un autre selon son caprice ou d’en combattre un autre de façon quasi contingente. (En cela le burlesque de Carrey ressemble à celui de Michaux.)

 

 

 

J. Carrey joue comme la doublure de son ombre. J. Carrey accomplit le montage des plans par la doublure de son ombre, par la doublure automatique de son ombre. J. Carrey se bat contre l’automate de son ombre. J. Carrey se bat contre le narcissisme de son ombre, contre le narcissisme schizophrène de son ombre. J. Carrey se bat contre le miroir automatique de son ombre.

 

 

 

 

 

Le comique de Carrey est une façon d’incarner et même d’acharner le cartoon. Carrey se déplace comme un personnage de dessin animé en muscle et en os. Carrey évolue comme un loup de Tex Avery alternativement vivant, sous vivant, survivant, vivant normal, sous vivant avarié, et survivant irrésistible.

 

 

 

Carrey apparait comme un personnage de cartoon organique, un personnage de cartoon qui souffre d’avoir des organes, qui souffre le martyr d’avoir des organes, qui souffre le martyr idiot d’avoir des organes. Carrey apparait comme un personnage de cartoon qui souffre d’être incarcéré dans la camisole de force de ses organes, dans la camisole de force de son organisme.

 

 

 

Carrey ne possède pas d’organes, ce sont à l’inverse ses organes qui le possèdent. Carrey est un phénomène de cartoon (comme on dit un phénomène de foire) possédé par ses organes, possédé par la camisole de force de ses organes.

 

 

 

La folie de Carrey n’est pas d’être possédé par des pulsions organiques, c’est plutôt d’être possédé par la camisole de force de ses pulsions organiques. Le comique de Carrey n’est pas celui d’un corps possédé par d’innombrables esprits, c’est celui d’une figure de cartoon possédée, envahie, contaminée par d’innombrables organes et parfois même par d’innombrables corps.

 

 

 

Le comique de Carrey n’est pas provoqué par une démence de l’esprit, le comique de Carrey est provoqué par une démence du corps. Le comique de Carrey révèle que c’est la camisole de force même qui est démente, la camisole de force du corps. Le comique de Carrey révèle la démence de la camisole de force de l’organisme.

 

 

 

Carrey c’est une absence d’âme cartoonesque possédée par une camisole de force d’organes. Le corps de Carrey apparait comme une camisole de force démente qui possède la pâte à modeler d’une absence d’âme, la pâte à modeler d’une pensée excrémentielle.

 

 

 

Dans les attitudes de Carrey les pulsions des organes sont simultanément exhibées et inhibées, les pulsions des organes semblent alors bâillonnées par leur libération même. Carrey exhibe la démence d’inhibition du corps. Carrey montre simultanément la pulsion et l’inhibition des organes et révèle ainsi des forces d’inhibition plus violentes et folles que celles des pulsions.

 

 

 

J. Carrey est contagieux envers lui-même. J. Carey est contagieux envers et contre tout, envers et contre tout lui-même.

 

 

 

 

 

Il y a une profonde tristesse, une profonde désolation dans le regard de J. Carrey, la désolation de celui qui dispose d’un corps dont les pouvoirs sont trop grands et trop frénétiques pour son âme, la désolation de celui qui semble débordé à chaque seconde par ses propres pouvoirs.

 

 

 

J. Carrey invente le burlesque d’un homme abruti par ses propres pouvoirs, abruti par sa propre puissance, par la frénésie de sa propre puissance, par le fanatisme de sa propre puissance, par la frénésie fanatique de sa propre puissance.

 

 

 

Profonde désolation de J. Carrey (Le « Je suis désolé » devant le serveur insulté de Fous d’Irène, désolation du personnage de Menteur, Menteur et de celui de Sunshine of a Spotless Mind), désolation de celui qui reste impuissant devant la prolifération frénétique de ses propres pouvoirs.

 

 

 

J. Carrey invente un burlesque de la désolation, un burlesque de la consternation. J. Carrey invente le burlesque de celui qui est abandonné sans recours aux pouvoirs de dessin animé, aux pouvoirs de bande dessinée de son corps même.

 

 

 

 

 

J. Carrey promène le fantôme de Jerry Lewis en laisse.

 

 

 

J. Carrey carbure au dessin animé du Dasein.

 

 

 

 

 

J. Carrey caoutchoute le cataclysme.

 

 

 

J. Carrey excite une schizophrénie de caoutchouc, une schizophrénie de caoutchouc englué. J. Carrey excite une schizophrénie de chewing-gum.

 

 

 

J. Carrey excite le gymkhana de la schizophrénie. Jim Carey excite le caoutchouc de la schizophrénie, le gymkhana de caoutchouc de la schizophrénie.

 

 

 

J. Carrey s’ébroue parmi des catacombes de concombres. J. Carrey s’ébroue parmi les catacombes de concombres de la schizophrènie, parmi les catacombes de concombres du caoutchouc, parmi les catacombes de concombres du caoutchouc schizophrène.

 

 

 

J. Carrey pose des cataplasmes sur des catacombes. J. Carrey pose des cataplasmes de caoutchouc sur des catacombes de concombres.

 

 

 

 

 

J. Carrey cloue le clown. J. Carrey cloue le clown sur la croix du poivre. J. Carrey cloue le clown sur la dépravation du poivre, sur la croix de dépravation du poivre. J. Carrey cloue le clown sur le paillasson du poivre, sur le paillasson de dépravation du poivre.

 

 

 

J. Carrey congratule les orangs outangs de l’air. J. Carrey éternue des thanatopraxies de chimpanzés. J. Carrey éternue des thanatopraxies de chippendales, des thanatopraxies de chimpanzés chippendales.

 

 

 

 

 

J. Carrey n’en fait qu’à sa tête. J. Carrey n’en fait qu’à sa tête dans le cul. J. Carrey n’en fait qu’à sa tête dans le cul en accordéon.

 

 

 

J. Carrey joue de l’accordéon avec son visage. J. Carrey joue de l’accordéon avec les divers morceaux de son visage.

 

 

 

J. Carrey s’en prend plein la gueule. J. Carrey s’en prend à lui autre. J. Carrey s’en prend plein la gueule à lui autre.

 

 

 

 

 

J. Carrey cache des carottes derrière ses joues. J. Carrey cache des tictacs de carottes entre son front et ses joues.

 

 

 

J. Carrey a des yeux plein la bouche et des ventres plein les yeux.

 

 

 

J. Carrey a des yeux de pieuvres et des oreilles de hiboux.

 

 

 

J. Carrey se brosse la bouche avec ses dents. J. Carrey mâche sa bouche avec ses dents et ses dents avec sa bouche. J. Carrey mâche sa bouche comme un chewing-gum.

 

 

 

J. Carrey fait de la macédoine de dents avec ses mâchoires, avec le charivari de ses mâchoires.

 

 

 

J. Carrey a une boite à outils égarée parmi la bouche : tournevis de lèvres, rabot des dents, perceuse de la langue.

 

 

 

J. Carrey utilise le barracuda comme brosse à dents. J. Carrey utilise l’ornithorynque comme brosse à dents. J .Carrey utilise le goudron comme dentifrice. J. Carrey utilise le goudron comme vaseline et les moucherons comme dentifrice. 

 

 

 

J. Carrey se déchausse avec son haleine. J. Carrey utilise son haleine comme chausse-pied. J. Carrey utilise son haleine comme chausse-pied et ses chaussettes comme dentifrice. J. Carrey utilise son haleine comme chausse-pied et ses chaussettes comme brosse à dents.

 

 

 

J. Carrey confond les cure-dents et les cotons-tiges. J. Carrey se torche les oreilles avec du papier-toilette et se récure l’anus avec des cotons tiges. J. Carrey se mouche avec des gants de boxe et se cure le nez avec un godemiché.

 

 

 

 

 

J. Carrey a des démangeaisons de carambolages.

 

 

 

J. Carrey a des bactéries de carambolages plein les poches, plein les poches de ses doigts.

 

 

 

J. Carrey articule des braquages d’ébullitions, des braquages d’ébullitions imbéciles.

 

 

 

J. Carrey coordonne la cruauté et la gêne. J. Carrey coordonne des exagérations de cruauté et des gymnastiques de gêne. J. Carrey masse des carambolages. J. Carey coordonne des massages de cruauté et des gymnastiques de gêne, des gymnastiques de cruauté et des massages de gêne.

 

 

 

 

 

J. Carrey nage dans le goudron. J. Carrey chatouille le goudron avec des plumes de kangourous. J. Carrey électrocute les kangourous. J .Carrey électrocute le carambolage des kangourous.

 

 

 

J. Carrey apprend le karaté aux kangourous. J. Carrey caramélise des électrocutions de kangourous. J. Carrey tricote des électrocutions de kangourous, des électrocutions de kangourous caramélisés.

 

 

 

J. Carrey catche avec les vaches. J. Carrey catche avec les cadavres des vaches. J. Carrey danse le tango avec les sourcils. J. Carrey tricote des ours avec des tournevis. J. Carrey tricote des kangourous avec des tournevis. J. Carrey tricote des électrocutions de kangourous avec des gymkhanas de tournevis, avec des kamasoutras de tournevis.

 

 

 

J. Carrey boxe avec le menton et ecchymose des esquives avec les bras.

 

 

 

J. Carrey catche avec son ombre. J. Carrey catche avec la merde de son ombre. 

 

 

 

J. Carrey s’attrape par le cou et fait des prises de catch à son ombre jusqu’à coudoyer ses vertèbres avec son ventre.

 

 

 

J. Carrey confond les boxeurs et les sonneurs de cloches. J. Carrey confond les catcheurs et les chefs d’orchestres.

 

 

 

J. Carrey fait des prises de judo à sa désolation. J. Carrey fait des prises de judo à la frénésie de sa désolation.

 

 

 

 

 

J. Carrey peut sans aucune difficulté toucher ses mollets presque sans plier les jambes.

 

 

 

J. Carrey déploie sa carcasse. J. Carrey déploie sa carcasse de chewing-gum. J. Carrey déploie sa carcasse de kangourou, de kangourou en chewing-gum. J. Carrey déploie sa carcasse de cormoran, sa carcasse de cormoran en chewing-gum. J. Carrey déploie sa carcasse de cormoran-kangourou, sa carcasse de cormoran-kangourou en chewing-gum.

 

 

 

J. Carrey tient une lanterne pour mettre son pantalon. J. Carrey ressemble très souvent à un homme surpris en chaussettes et caleçon à la sortie des cabinets.

 

 

 

J. Carrey carbure au chewing-gum. J. Carrey mâche du chewing-gum dans les cabinets. J. Carrey carbure au chewing-gum dans les cabinets.

 

 

 

J. Carrey charcute les excréments de l’invisible.

 

 

 

J. Carrey marche sur des œufs de merde.

 

 

 

J. Carrey se porte lui-même sur son dos. J. Carrey chie son ombre. J. Carrey se porte lui-même sur son dos comme il chie son ombre. J. Carrey porte son ombre sur son dos comme il se chie lui-même.

 

 

 

J. Carrey observe la cuvette de chiottes comme le panorama de son impatience.

 

 

 

 

 

J. Carrey encombre ses propres absences.

 

 

 

J. Carrey comble ses lacunes avec des barracudas. J. Carrey comble ses lacunes avec des murènes et des barracudas.

 

 

 

J. Carrey prend toute la place pour finalement s’enfuir.

 

 

 

J. Carrey massacre l’air. J. Carrey massacre l’air à grandes mains et à petits pas. J. Carrey massacre l’air à grandes enjambées et à petit bras.

 

 

 

J. Carrey marche comme un gorille et parle comme une majorette ou marche comme une majorette et parle comme un gorille. J. Carrey marche et parle comme un gorille déguisé en majorette parmi un massacre de mouches.

 

 

 

J. Carrey marche comme un gorille déboussolé par la douceur des géraniums.

 

 

 

 

 

J. Carrey joue au football américain avec les pieuvres. J. Carrey joue au base-ball avec les rhinocéros et au football américain avec les pieuvres. J. Carrey joue au base-ball avec les pieuvres et au football américain avec les rhinocéros.

 

 

 

J. Carrey joue au mikado avec les bazookas. J .Carrey joue au mikado avec les éléphants et imite la limace pour tirer au bazooka.

 

 

 

J. Carrey joue au bilboquet avec les éléphants, au ping-pong avec les pingouins et fait des haltères avec les termites.

 

 

 

J. Carrey est l’orthophoniste des lapins, le gynécologue des orangs outangs et le neurologue des bactéries.

 

 

 

J. Carrey est le thanatopracteur des libellules. J. Carrey est le thanatopracteur des papillons.

 

 

 

 

 

J. Carrey picore des baobabs.

 

 

 

J. Carrey vole des mégots aux vautours.

 

 

 

J. Carrey grimpe le plancher à reculons. J. Carrey grimpe le plancher du plancton à reculons.

 

 

 

 

 

J. Carrey suce son pouce à coups de revolver.

 

 

 

J. Carrey prend et jette son corps comme un enfant prend et jette un jouet.

 

 

 

J. Carrey préfère bercer les colosses et se battre avec les bébés.

 

 

 

J. Carrey utilise le distributeur de café pour traduire automatiquement les cris de bébé de ses couilles.

 

 

 

J. Carrey s’égorge avec des médicaments. J. Carrey s’égorge avec des amphétamines. J. Carrey s’égorge avec des cornemuses de cocaïne.

 

 

 

J. Carrey considère le vol d’ice-cream comme une question de vie ou de mort.