Il n'est fou que lorsqu'il pense, il n'est fou que lorsqu'il se mire dans l'insuicide éternel de ses excréments. Il n'est fou que lorsqu'on lui demande son nom et qu’il fait semblant de dormir. Cet homme n'est fou qu'une seconde par jour. Il ne le sait pas, il croit l'être sans cesse. Et cette croyance n'est rien d'autre que le simulacre abject d'une folie de mauvaise foi.

 

 

 

Il n'est fou que lorsqu'il lit la lettre anonyme de la lumière. Il n'est que fou que lorsqu'il corrige les fautes d'orthographes de l'éternité de son suicide. Il n'est fou que lorsqu'on lui demande son nom juste à la seconde où il fait semblant de dormir. Il n'est fou qu'une seconde par jour, il ne le sait pas, il croit l'être sans cesse et cette croyance est le crime ridicule d’une la folie de mauvaise foi.

 

 

 

Il est fou exclusivement lorsqu'il fait semblant de dormir. Il n'est fou que lorsqu'il corrige les fautes d'orthographe des lettres anonymes qu'il envoie aux hallucinations de suicide de son insomnie. Il n'est fou que lorsqu'il achète l'alphabet à la raison. Il n'est fou que lorsqu'on demande l'heure à son nom. Il n'est fou que lorsque la machination de mâchoires de son cerveau trahit un sentiment. II n'est fou que lorsqu'il croit avoir découvert le subterfuge à travers lequel il est impossible d'être fou.

 

 

 

Sa folie est de croire aux avatars d’adieux de l’alphabet. Il n’est fou que lorsqu’il prononce un e muet.

 

 

 

Il prétend qu'il n'a aucun problème psychique, excepté qu'il torture et dépèce avec les narines ceux qui ont l'inadmissible vanité de prononcer la voyelle e. Il a décidé en effet que cette lettre était sacrée. Même s'il est le seul à le savoir, cela n'est pas une raison pour ne pas le croire, Il est convaincu que la lettre e est l'indice de l'autre jour où la déesse attendre une seconde et lui ont fait un enfant au seuil du scepticisme de l'univers. C'est vrai, il a mangé des graines, après il a monté les escaliers, et ensuite il a cherché à les descendre, c'était trop fatigant, moins fatiguant cependant que de manger les escaliers et de monter ou descendre les graines. Faire la révolution avec les œufs de fureur de la transparence est inutile et c'est tout. Les mots lui manquent pour dire ce qu'il ignore. Il n'a aucun problème psychique, il a vendu son cerveau à la virginité de la vitesse de la lumière et c'est tout. Il est et c'est tout. Il est le rien de rien de l'être et c'est tout.

 

 

 

Il a des aberrations d'alphabet qu'il explique ainsi "je suis abasourdi à travers les œillades carcérales de la vérité". Et lorsque la vérité commence à vous trouver sympathique, quel cauchemar. Elle se moque de savoir si vous mangez, dormez ou faites l'amour, elle frappe avec une fureur délicate à l'effacement de votre porte et elle vous raconte la totalité de sa vie. L'aberration de l'alphabet agit alors à la  façon d’un chirurgien qui n'aurait que le quiproquo de suicide de sa conscience pour découper les tissus, soigner les organes et préserver les corps. Chacun comprend désormais qu'il faut vite faire n'importe quoi. Le gage est variable, cela peut être de compter des petits pois avec son nez, de tricoter un cercueil avec ses cils ou de torturer le cadavre de Dieu pour qu'il avoue son nom et dissimule le pseudonyme de ses complices. Si le gage n'est pas respecté, le cœur du coupable risque alors d'être libéré en tant que signe de ponctuation tautologique du comme si de rien n'était.

 

 

 

Il fait des confessions à l'ordinateur de ses désirs. Il lui dit alors doucement au cœur de l'oreille: "La folie, vous le savez bien, personne n'en a rien à faire, la folie ne sert à rien, donc je suis à l'exception de tout et c'est tout et. Je suis et je suis la vie et la vie à l'exception de tout et c'est tout et". Il n'a aucun problème psychique, sa chasteté est le vêtement de sa chance, il croit donc qu'il suffit pour rester en vie de dire adieu une seconde fois au cerveau de la vérité.

 

Il n’est pas de ce genre vulgaire de fou qui prétend être un rhinocéros ou un mixer en dépit du fait que n’importe qui peut voir qu’il n’est banalement qu’un homme, un homme fou. Sa folie est infiniment plus inquiétante, en ce qu’elle est ignoblement indécidable. En effet, c’est une folie imperceptible; elle fonctionne de telle façon que celui qui en est atteint laisse croire. Ce genre de fou justement ne fait pas croire, il laisse croire, il n’agit pas, il laisse être, il laisse être en tant que loi. Sa folie s’avère finalement identique à une sorte de droit, le droit de la faim ultime du simulacre. Sa  folie est alors de laisser croire que la loi est de faire semblant d’avoir faim.

 

 

 

 

 

Impossible pour lui d'ouvrir ou de fermer une porte. "C'est trop vulgaire", dit-il. "C'est pourquoi je tourne autour." ajoute-t-il avec un rictus exsangue de sérieux. En vérité, s’il estime que c'est vulgaire c’est parce que personne ne lui a jamais appris comment accomplir cet acte. C'est pourquoi, il secrète à chaque instant un tourbillon de murs. Il ressemble à une toupie d'épouvante pudique; sa bouche imprononçable est lelapsus de scepticisme de sa mémoire. Il ne travaille pas, il ne paresse pas, il n'a pas de temps à perdre à ces il ne sait pas quoi. Il est le prestidigitateur de sa maison, il délibère l'enveloppe d'un laboratoire de feintes. Il a ainsi l’impression que le désir de liberté construit des pyramides de paranoïa. Cependant le trait d'esprit du coup de poing de sa bouche suggère que la promesse selon laquelle la pyramide parsème ou non n'a aucune importance. En tout cas, le masque de transparence atroce de son cerveau, il ne le cherche pas, il ne tombe pas par hasard dessus, il ne le trouve pas, il le tourve. Il justifie ainsi les élucubrations d'un cœur qui fait des nœuds à l'alibi de son souffle. Il est donc le postier des portes. Il prétend qu'il n'y a pas de seuil, pas de scission de l'œil, exclusivement l’oscillation des paupières à la place des yeux. Il se cogne aux regrets de ponctuation des nombres, il donne des rendez-vous aux attitudes de langage du vide explétif, aux mâchoires d'utopie du jour qui flânent avec fureur au centre du temps. A l'ombre de la dérision du presque, il rencontre la chevelure d’orteils de sa démence. Tout ce qu'il pense qu'il le dise ou non se réalise à la seconde sous ses yeux. Il ne peut penser à l'image d'un désir sans en être simultanément l'acteur. A force de veiller ainsi sur la moindre image de sa pensée, il devient un homme dépourvu de corps. A la place de ses organes, il n'y a plus que des mots indicibles. A l'intérieur de son œil, il y a une oreille et à l'intérieur de cette oreille une bouche, à l'intérieur de cette bouche il y a un cerveau et à l'intérieur de ce cerveau un visage qui prophétise l’alphabet de paresse de sa peur. A la place, comment appeler ça, non pas ça, non pas appeler, non pas comment, à la place de ses yeux, il y a des oreilles, à la place de sa bouche il y a une oreille, à la place de son nez, il y a une oreille, à la place des cheveux, il y a des oreilles, à la place de son nombril, il y a une oreille, à la place de son sexe, il y a une oreille, à la place de son estomac, il y a une oreille, à la place de son cœur, il y a une oreille, à la place de ses oreilles, meurtrier excepté la mort, il n'y a rien, il y a l'horizon, ni plus ni moins.

 

 

 

 

 

Il est dérisoirement simple de le fasciner. Il suffit de désigner quelque chose, de l'indiquer sérieusement avec un doigt et il est à chaque fois sous le charme et vous admire alors sans la moindre restriction. Cela n'exclut pas cependant le danger. En effet, sa fascination est identique à son indifférence. A partir du moment où vous l’avez fasciné, il vous est désormais interdit d’accomplir quoi que ce soit d’autre. Il interprèterait ce désir en tant que modification de votre puissance et le plus souvent même en tant que sa négation. Ainsi il est dérisoirement simple d’être son Dieu, à condition que vous acceptiez de n'être rien d'autre. Si vous refusez cette cristallisation divine de votre vie, vous n'aurez plus selon lui aucune valeur et il vous exterminera avec une suave et fidèle inconséquence.