Il est si timide qu’il ne peut se dévêtir qu’au centre de son cœur.

 

 

 

Il est si timide qu’il travestit sa voix lorsqu’il enlève ses vêtements.

 

 

 

Il est si timide qu’il pense devoir avouer un rêve à chaque fois qu’il désire faire un pas. Il croit que sinon il restera incarcéré dans la prison de l’air.

 

 

 

Il est si timide qu’il a même honte de dormir. Il est si timide qu’il pense que dormir est un vice identique au meurtre d’une âme.

 

 

 

Il est unicellulaire lorsqu'il est en colère et a la dimension d'un dinosaure lorsqu'il a peur. Sa timidité exauce sa malédiction.

 

 

 

 

 

Il est incroyablement fragile. Le plus infime des gestes même amical a le pouvoir de le détruire. Cependant ses narines restent invulnérables, invulnérables et hors la loi.

 

 

 

Il masque sa délicatesse en portant le monde sur ses épaules. Cependant il est si délicat qu’il préfère le porter avec la seule force de son cerveau.

 

 

 

Il est si délicat qu’il est apte à violer une femme avec l’oscillation d’un seul de ses cils.

 

 

 

 

 

Il se cogne aux bulles, aux plumes, aux poils, aux fils, aux fleurs et même aux voix. A l’inverse, il pénètre sans aucune difficulté la viande, les murs et le magma des volcans.

 

 

 

Il traverse les corps des autres sans aucune difficulté. Ces corps sont pour lui identiques à des bulles qu’il suffit de toucher pour que leurs limites s’abolissent. Les corps des autres n’arrêtent jamais son mouvement, ils organisent plutôt son environnement, ils développent plutôt son ambiance. A l’inverse cependant chaque voix le colle là où il se trouve à l’instant même où il l’entend. Chaque voix le fascine comme un givre d’effarement.

 

 

 

 

 

Quand il cueille des champignons il apparait invulnérable. Le reste du temps il semble aussi fragile que du verre. Malgré tout, l’élégance de sa sagesse est de préférer ne cueillir des champignons que quand il se trouve seul.

 

 

 

Il est quasiment invulnérable. Chacun peut le mordre, le dépecer vivant, le déchiqueter et le manger, il ne meurt pas. Il se recompose à l’intérieur du ventre de son agresseur  et c’est lui qui alors le tue en s’extrayant de cette prison dérisoire. Pour le détruire, il n’y a qu’une seule stratégie, une stratégie de délicatesse. Pour le détruire, il suffit de toucher l’ongle de son index droit avec l’ongle de son propre index gauche et il s’efface alors spontanément.

 

 

 

Il ne sait rien de la douceur. Il en rêve, il rêve que la douceur le torture. Il ne comprend pas les intentions de la douceur. Lorsqu’il lui accorde des labyrinthes de lave elle lui dédie des sanglots de soie.