Certains d’entre eux vagabondent parfois aux alentours de leurs cinémas. Cependant il s'avère que s’ils réussissent à y entrer, ils sont alors condamnés lorsqu'ils en sortent à passer le reste de leur vie sous le signe d’insomnie de leur visage. Le plus difficile est de parvenir à l'intérieur de la salle. En effet le seuil des cinémas est semblable à une mascarade de colle et l'unique façon de le franchir est d'incinérer son regard au centre de son cœur.

 

 

 

A l’intérieur même de leur propre cerveau ils attendent que quelqu’un leur vise l’œil. Cet acte est accompli soit avec un revolver de surdité soit avec une larme de trahison. Le plus souvent une condamnation à mort dactylographiée a été envoyée à ceux qui attendent cet acte. Par une sorte de luxe incompréhensible, il leur est accordé la possibilité de choisir le jour de l’exécution entre plusieurs dates déterminées.

 

 

 

Ils jugent les fleurs et les condamnent à mort. Les exécutions sont publiques. Des hommes en uniforme apportent les fleurs dans des pots en or ; la foule les injurie et leur crache dessus. Ainsi devant une foule vociférant et haineuse, le bourreau forme un bouquet.

 

 

 

Ils ont une bureaucratie des sensations. Il est pour chacun obligatoire d’attendre une heure avec un ticket pour pouvoir obtenir un autre ticket qui autorise alors à voir le bleu du ciel.

 

 

 

Lorsque quelqu’un leur explique avec d‘innombrables gestes pour se faire comprendre ce que nous appelons la pensée. Ils répondent alors que ce que nous appelons la pensée ressemble au geste de faire apparaitre et disparaitre les mains qu’ils accomplissent sans jamais l’appeler.

 

 

 

Lorsqu'ils pensent que c'est la fin du monde, ils utilisent des prononciateurs de noms propres. En effet, on ne sait jamais de qui demain sera si bien dire.

 

 

 

 

 

C'est un point aberrant parmi l'univers, un point difficile à définir. Certains érudits du divertissement de la vérité prétendent que ce serait le point d'intersection de l'entrelacs parfait du signe de l'infini. A l'intérieur de ce point les femmes implorent à chaque instant les hommes de leur faire perdre la tête. Et si les sentiments de l'homme ne sont pas assez efficaces, elles jouent à lui faire littéralement perdre la sienne par la décapitation de puérilité du charme.

 

 

 

Ils calculent comme ils amalgament par orgueil des oscillations de lumière. Ils calculent avec des vibrations de foudre, des indices d'incendie. Ils coagulent la confusion d'élans hurlés à l'intérieur de baignoires semblables à. Lorsqu'ils travaillent à un problème mathématique particulièrement subtil, le désespoir de leurs paumes insinue la prolifération de trajectoires de la volonté. Ils déshabillent et lavent ainsi leur souffle selon la chorégraphie des psalmodies mentales de l'alcool. Ils multiplient des gestes de gisement aléatoire qui abandonnent le vide à la berceuse de violence de la clarté. Ils composent par là même un flux de dérobades fabuleuses jusqu'à surgir comme des rendez-vous indestructibles d'à bientôt, d'au revoir, de s'il vous plaît et de merci beaucoup. Ils ne cherchent pas la solution des problèmes, ils tentent de ravir la forme de leur repos. Ils affirment que le repos du problème apparait touché et saisi au vol à l’instant où étonnés par la provocation du sommeil, ils ferment soudain les yeux en dehors de la vérité du tout. L'impact de hasard de la monotonie calligraphie alors sous leurs paupières une constellation cruciale de lettres et de nombres. Ils n'utilisent jamais de miroir et lorsqu'ils doivent examiner la propreté de leur corps, l'harmonie de leur maquillage, l'élégance de leurs vêtements ou de leur chevelure, ils les regardent à la surface de la force qui révèle le souffle de la constellation des lettres et des nombres. En vérité, ils ne disposent pas d'une image de leur visage ou de leur corps. C'est le souffle de la constellation des lettres et des nombres qui comme une affectation absolue leur tient lieu d'image. C'est pourquoi leurs attitudes et leurs intonations sont d'une grâce incroyable, d'une beauté insensée. En effet, ils n'imaginent pas leur corps selon une forme visuelle, ils créent leur corps comme un magma d'imminence, le séisme clandestin d'une alliance de lettres et de nombres évoqués par le feu d'ascèse de l'inouï.

 

 

 

 

 

Ils partagent un sentiment d’absurde bégayé. Quand ils parlent, leur conversation n’a pas lieu entre leurs existences, elle repose plutôt entre leurs chevelures, entre la forme farouche et la forme cynique de leurs chevelures.

 

 

 

Pendant leurs conversations philosophiques, ils se contentent de se donner des coups de poings ou de se voler des verres d’eau ou à l’inverse de se voler des coups de poings et de se donner des verres d’eau.

 

 

 

 

 

Ils construisent des maisons exclusivement pour en sortir. Leurs murs sont identiques à des miroirs d’air à mâcher.

 

 

 

Ils construisent des maisons pour leurs pensées. Cependant ils préfèrent dormir, manger et parler dehors.

 

 

 

 

 

Leurs bibliothèques ressemblent à des batailles de cœurs tabous. Les combattants s'y tuent à coups d'imbroglio d'œillades et d’ébullitions d'éventails.

 

 

 

Leurs funérailles sont tranquillement ludiques. En effet, ils enterrent les morts à l'intérieur des jouets d'enfants. Leurs pyramides ce sont les toupies.