Il n'existe qu'à l'instant. Le lien entre les divers instants de son existence, le souterrain stellaire de leur coïncidence n'a jamais lieu. Le lien entre les divers instants de son existence est uniquement virtuel, il ressemble à une oscillation d'os à l’intérieur de son souffle. C'est pourquoi son âme apparait prédestinée dans le désordre. Le problème de sa sagesse est ainsi d'imaginer la fiction efficace de ce désordre. Son travail éthique n'est pas d'abolir le désordre par un ordre qui serait sa vérité, il est d'imaginer la certitude d'un équilibre qui parvient à  apprendre à marcher à ce désordre. Son existence ressemble à. Elle symbolise la plaisanterie taciturne de l'apocalypse. Il rencontre souvent un événement provoqué par un sentiment avant que ce sentiment n'ait eu lieu. Ce sentiment surviendra seulement par la suite, à un instant où l’événement provoquée par ce sentiment sera qui sait oublié. Ainsi ses sentiments ne révèlent pas la forme de son existence, ils inventent la métamorphose de sa mémoire par la préférence de hasard monotone de la perdre à blanc. Il lui arrive ainsi par le fou rire d'habitude de son amnésie, d'aimer une femme avant de 1’avoir rencontrée, ou encore d'aimer une femme qu'il a auparavant vu mourir avec mépris. Il hurle jusqu'à sourire de ceux qui croient à l'ordre du temps, il hurle jusqu'à sourire de la raison idiote de ceux qui sont fidèles au soi-disant rapport de cause à effet des événements qui se succèdent. Il affirme par la fusillade de tact de sa contemplation que les instants se séduisent les uns les autres comme des cibles aveugles, qu’ils créent des connivences de lointain sans horizon, et  abandonnent le s'il vous plait de tabou de leur dos à l'intérieur du charnier de blancheur du destin. Il affirme que les instants suivent les instants comme les innocents de la nécecité marchent à l'intérieur de la roue d'arbres du feu jusqu'à sentir à mains bues la catastrophe de silence de l'amour.

 

 

 

Le lien entre les divers instants de son existence apparaît seulement à l'intérieur de la translucidité de ses os. C'est pourquoi l'instant de sa mort surviendra comme le vide de c'est-à-dire ravi de vous rencontrer d'un jour parmi d'autres. Un matin, il est tombé en possession de la mémoire de sa mort à blanc. Il a souri, le visage offusqué d'unique fois, et a touché avec la main de sa parole la neige de sang du silence.

 

 

 

L'intégralité de son existence survient comme un chaos de fatalité fragile. Le charme de sa respiration apparaît par la fenêtre du désordre. C’est pourquoi la trajectoire de son âme repose à l'intérieur de la musculature de translucidité de ses os. Il existe à l'instant malgré tout le lien entre les événements innombrables de son existence n’a pas encore lieu. Il imagine ainsi de temps à autre le besoin de miracle de boire le hasard de l'inconnu, comme ça seulement par plaisir inexorable d'imaginer. 

 

 

 

Des événements innombrables sont soudés à la surface de son corps. A l'extrémité de sa peau sont collés les yeux d'une femme qu'il a croisée il y a longtemps, un extrait de pluie, une machine à détruire la chance qu'il a cassée hier et la pensée miraculeusement inutile d'un mur qui lui a été offert le jour de sa mort.

Il a perdu l’évidence de son aura, son auréole de séduction est devenue cet amalgame confus de démence imminente. Il ne sait pas quoi faire de ces événements innombrables, ils lui semblent presque sans valeur et ils ne peuvent pas cependant être perdus. Il a le sentiment que ces événements évoquent l’hypothèse d’humour de son âme.

 

 

Il ne perd jamais rien cependant il est sans mémoire. Il sauvegarde l’intégralité de son existence à l’intérieur des excroissances de son corps. L’instant même de sa mort, il ne l’a pas perdu il l’a incrusté à l’extrémité de son crâne comme un fétiche dément, comme la cicatrice d’un strip-tease de sperme. Un collier d’yeux est aussi incrusté autour de son nombril. Ce collier indique la forme de ses fiançailles avec le fœtus du précipice.

A l’inverse ses yeux sont cernés par deux colliers de nombrils. Ces deux anneaux ombilicaux indiquent son divorce avec ce même fœtus du précipice. Son corps exhibe ainsi à chaque instant des traces d’événements contradictoires. Et c’est comme si pour lui le temps était semblable à l’espacement absurde entre les diverses excroissances d’amnésie de son corps.

 

 

Il fait des lapsus d'existence passée. Soudain, à l'instant où il a une conversation philosophique avec la femme qu'il aime, il redevient un petit enfant qui joue seul aux osselets. Ainsi, il joue seul aux osselets la conversation philosophique avec la femme qu'il aime. A l'instant où il approche d'une étagère de lessive dans un supermarché, il se promène soudain avec sa grand-mère sur un chemin de sable au printemps, il serre doucement sa main et il sent qu'elle va bientôt mourir. A l'instant où il regarde un match de football à la télévision, il sort d'un lavomatique et plaisante avec un inconnu, il lui dit qu'aucune posture n'est apte à violer un escargot parce que sa mort n'est pas un rendez-vous. Il est ainsi l'étrange siamois de la disparition de son existence. Sa chair apparait comme le chant de coïncidences projectiles du partage de frivolité du temps.

 

 

 

L'artifice de son existence est d'apparaître au jour le jour. Chaque matin, il imagine des gestes absolus qu'il ne projette jamais à l'intérieur du futur, comme s'il allait mourir pendant le sommeil de la nuit. Ainsi, il ne forme aucune œuvre, il incarne seulement la mémoire taboue du jour. Il incarne l'amnésie de lucidité de l'au revoir afin que la disparition du futur surgisse elle aussi au jour le jour. Il n'effectue pas ce rituel de frivolité afin d'éviter le jour de sa mort. Il effectue ce rituel de frivolité afin que le jour de sa mort jette la posture de son âme à l'intérieur de la main de vide du destin.

 

 

 

Son corps a approximativement une vie de retard sur son âme. C'est pourquoi il affirme que le temps est réversible à l'intérieur de vide de clarté tacite de chaque jour.

 

 

 

Demain il était mort. Hier il sera mort. A l'instant il explétive le vide de l'aujourd'hui.

 

 

 

Chaque jour, à un instant qui reste imprévisible, il disparait. Cette disparition a la forme d’une habitude paradoxale, une habitude qui ressemble à une grâce. Il n’utilise jamais ce miracle et  il ne le considère pas non plus comme une finalité. Il se contente de savourer seulement cette fragile disparition de chaque jour comme un plaisir irresponsable et désintéressé.

 

 

 

 

 

Il va au rendez-vous du présent avec un bouquet de cadavres dans chaque main. Il pense que c’est plus original et aussi plus respectueux que les chocolats ou les fleurs.

 

 

 

A chaque fois qu’il va aux toilettes, il est un martyr, et à chaque fois qu’il est explétivement heureux, un messie. Le reste du temps, il joue aux dés au sommet du vide.

 

Il y a auprès de lui une zone d’oisiveté absurde qui révèle à chaque instant le zéro de son futur. Cette zone semble limitée par un langage sans sujet, sans objet, sans adresse et sans passion. C’est comme si la lésion de ses organes développait la grammaire d’un jeu comparable au squelette de travail d’une fatalité étourdie.

 

 

Il entre un après-midi à l'intérieur d'un compartiment de métro et il a alors la certitude que la forme de son destin joue à apparaître non loin de son âme à l'instant. Il a l'intuition que l'intégralité de son existence passée, présente et future a ainsi lieu à l'intérieur de ce compartiment, que l’intégralité des sentiments qu'il connaîtra à ce jour sera adressée à une des figures anthropomorphes qui reposent face à son regard ou face à son dos, ici maintenant. Il sait qu'il révélera la forme précise d'un sentiment à destination de chacune de ces figures, il sait que l'élan d'ascèse de son désir touchera chacune d'entre elles commela contorsion de féerie de la nécessité. Il acquiesce alors tranquillement à la paume de verre de cette intuition. C'est comme si l'explosion fragile de ses os favorisait la respiration d'insouciance de la tragédie. Il a l'impression que le simple geste d'exister est semblable à l'orgueil de former un puzzle de crimes et de miracles afin, par désinvolture rituelle, de le jeter ensuite au feu, d'une main absolue. Le problème de ce puzzle n'est pas de savoir comment l'achever, il est de savoir comment le commencer. Par les bords ou par le centre, par le ciel ou par la disparition inconnue du ciel ? Il savoure alors le souvenir paradoxal comme quoi il n'a jamais composé jusqu'à présent le plus minuscule puzzle. Son front déclare que c'est préférable et il exclame à l’instant comme à jamais l'anesthésie lascive d'un sourire. En marge du savoir et du non ­savoir il cherche ainsi comment et par qui commencer. Dédaigner cette adolescente aux intonations télévisuelles ou bien lui apprendre par cœur ce qu'aurait écrit Emmanuel Kant s'il avait été par hasard cul-de-­jatte ? Dire une banalité affectueuse à cette vieille femme ou bien faire un clin d'œil de coquetterie hagarde à l'imminence de son cercueil ? Affirmer à cet homme qui a presque son âge et qui a des attitudes de pharmacien qu'il est à l'évidence facile de jouer avec la trajectoire d'au revoir des planètes ou bien donner à son enfant acrobate la catastrophe de soif d'une chaise ? Il pose ainsi le problème aux ailes de cristal qui somnolent pliées comme le mouchoir de l'incroyable dans la poche de son pantalon. Il parle à l'escalier d'éclairs de son crâne. Il jongle avec la répétition taboue du littéral et du figuré à l'intérieur du hasard de la passion. Il relève alors paisiblement la tête et il voit par là même que le compartiment est vide, qu'il y apparaît seul, seul excepté lui, cette lueur, la lueur du suicide.

 

 

 

Alors qu'il était assis dans un restaurant exclusivement réservé aux êtres de race etcaetera, il fut surpris de constater que non loin de sa table, une femme le regardait avec insistance, comme si elle avait envie de partager avec lui un sidérant secret. Il était maintenant âgé de plus de 50 ans et c'était la première fois qu'un tel événement lui arrivait. En effet, depuis qu'il était né, jamais quelqu'un n'avait regardé son visage. En vérité c’était comme si pour les autres, son visage n'existait pas. Quand il avait eu la révélation de cette fatalité, il en avait d'abord été honteux puis il avait vite compris que cette fatalité était à l'inverse ce qui l'excluait à jamais de la honte et du jugement. Ce jour-là, il désira examiner malgré tout son visage dans un miroir afin de savoir ce qui avait ainsi provoqué la fascination de cette femme. A l'instant où il regarda dans le miroir, son visage n'y apparut pas. A force de n’être jamais regardé, il avait fini par disparaître. Au lieu de son visage surgit un brouhaha de tact en lévitation, le tourbillon de subtilité de l'au revoir, une calligraphie de cendres stellaires comme la déflagration d'amnésie facile de la signature du temps. Il eut alors la certitude que celle qui le regardait ainsi n'était ni sa mort ni sa vie, ni sa mère ni sa fille, qu'elle était plutôt l'apparition de simplicité taboue de sa volonté.

 

 

 

Il ne connaît pas le jour de sa venue sur la terre. Il est mathématicien par insouciance minérale. Son désir dénombre le ciel. Il effectue ainsi l'inceste avec le nombre sonore unique qui lui tient lieu de fille. L'inceste n'est pas son problème, il est la forme fragile de l’absurdité de sa sagesse. L'étrangeté de son existence est sa virtuosité d'accoucheur de crimes. En effet, il révèle à chacun par la subtilité de son habitude, l'hypothèse de meurtre qui l’obsède de même qu’il y a longtemps Socrate révélait à ceux qu'il rencontrait leur âme.

Une nuit, il décida que le lendemain quoi qu'il arrive, il se tairait. Ce n'était pas une décision raisonnable, c’était une décision démente, une décision semblable au rire de démence de l’incendie. Le matin suivant, il était devenu invisible. Il n'indiqua pas aux autres cet événement incroyable. Il préféra tenir la promesse qu'il avait adressée à sa solitude même et sa disparition formula ainsi paradoxalement son silence. Le matin suivant, le nombre sonore de sa fille faisait l'amour avec l'anesthésie du ciel à l'intérieur du feu de la conversation de l'oubli.

 

 

 

Avant de partir pour un voyage dont il n'a pas encore choisi la destination, il prend un bain. Pendant qu’il se lave il remarque que le savon ne se dissout pas et qu’à l’inverse il devient à chaque instant de plus en plus volumineux. Pendant qu’il se lave, sa femme meurt dans la pièce qui se trouve au-dessus de sa tête, il ne le sait pas et il ne le saura jamais. En effet lorsque l’homme pense être enfin propre c'est le savon gigantesque qui sort de la baignoire et c'est l'homme qui s'écoule à jamais dans le tuyau d’évacuation de l’eau.

 

 

 

Elle est la seule à suivre le cercueil de son amant. Elle ne sait pas pourquoi les autres ne sont pas venus et elle ne veut pas le savoir. En effet, elle est incroyablement heureuse d'être ainsi la seule à le suivre. Elle pense que les autres ne sont pas venus parce qu'ils avaient peur de ne pas savoir comment imaginer. Elle pense que cette peur n'est pas la raison de leur absence, elle pense que cette peur est leur absence même. 

Son amant était un homme d'une exubérance inoubliable, une exubérance hivernale, l'exubérance d'une volonté d'anesthésie qui méprisait à la fois la feinte et la sincérité. L'unique souvenir qu'elle a de son amant est qu'il avait décidé un matin de se taire pendant l'intégralité d'une journée. Ce geste n'avait aucune justification, il n'indiquait pas une colère, une plainte, un désespoir ou un rire, il révélait seulement la fragile simplicité d'un jeu. Quand plus tard quelqu'un lui avait demandé pourquoi il avait effectué ce geste, il avait tranquillement répondu "comme ça". 

Ce jour-là, après avoir surpris, charmé puis ennuyé son entourage par ce qui ressemblait à un caprice puéril, un ami se présenta afin de le voir. Il était à la recherche d'une femme qu'il devait appeler très vite pour lui indiquer un des aspects de sa maladie. Son amant connaissait cette femme, il connaissait son nom, son adresse, son numéro de téléphone, cependant il resta silencieux. Personne ne savait comment soigner cette femme et elle mourut le jour même. L'acte meurtrier de son amant n'avait pas été prémédité. Le geste de se taire avait été voulu, malgré tout son amant ne savait pas alors que le gag de son silence deviendrait meurtrier. Il fut ainsi métamorphosé en meurtrier par hasard de la décision et désinvolture de la volonté.

Le cercueil de son amant est maintenant à proximité de la tombe. Elle regarde le cercueil et elle ne pense à rien. Elle est contente et fière de se trouver là.  Elle extrait alors de son manteau un revolver et elle tire un unique coup de feu sur le cercueil. Elle ne pense à rien et elle ne sait pas si ce geste est un jeu. Elle ne sait pas si ce geste est un jeu, une jouissance ou le jeu d’une jouissance.