Il ne rêve à rien d’autre qu’à un code de circulation des rêves.

 

 

 

Au centre de ses rêves, il est jaloux de l’ordinateur de distraction de son cerveau.

 

 

 

Au centre de ses rêves, il est jaloux du cerveau qui écrit à sa place ce qu’il n’écrira jamais et  que pourtant sa jalousie a le pouvoir de lire.

 

 

 

Avec son revolver de rêves il immisce des désirs de justice au centre du corps des autres. Il ne rêve pas la vie des autres, il parasite leur corps à travers des mirages de dignité comme s'il se substituait à la luminescence de leur cerveau.

 

 

 

 

 

Il y a des jours et des jours, il a saisi l'ombre d'un rêve en faisant un x et un y avec la giration d'intolérance de ses gencives. Maintenant il est touché par la tristesse d'une femme qui somnole ou qui est morte il ne le sait pas. C'est comme si il avait oublié chaque détail de l'ombre de ce rêve et qu'il se souvenait cependant à haute et intelligible voix du hasard de son évidence. Ainsi l'ombre de ce rêve est semblable à la reliure d'un livre. Et par la coagulation d'une exigence curieuse, le toucher de cette voix et cette femme entre le sommeil et la mort virevoltent comme les oreilles l'une et l'autre sourdes d'un seul visage, le visage de l'épouvante invisible.

 

 

 

L'ordre d'un désir lui a été adressé en rêve. Cependant au cœur de ses rêves il l'oublie sans cesse et à l'inverse cet ordre l'obsède lorsqu'il est éveillé. Il croit que cet ordre n'est pas une vérité, mais le simulacre d'un anonymat qui ne subsiste que s’il est prononcé sans être dit. Cette prononciation ne désigne rien, néanmoins en rêve, comme s'il s'agissait d'une question de morale, il doit impérativement la voir pour l'emprisonner. Il est donc condamné à se demander à chaque seconde de son état de veille s'il n’est pas peut-être le signe de ponctuation qui relie l'air de rien le bien et le mal.

 

 

 

Dans ses rêves, il est interdit de se marier avec quelqu'un de vivant. Dans ses rêves, il est impératif de se marier avec quelqu'un qui est mort ou qui n'est pas encore né. Dans ses rêves, il n'y a aucun parent, chacun est l'enfant de la parthénogenèse de la foule.

 

 

 

Parfois à la place des rêves, il fait grève. Pendant un de ces joursde grève, il a découvert que la paresse est la structure allégorique de la parthénogenèse. Il reconnut alors le premier et dernier concept de toute sa vie, celui de l'incestitude de l'être.

 

 

 

 

 

Rêver le fatigue. Il croit à l’œuf crucifié de son cerveau. Il éduque ses virus comme s’il s’agissait de ses propres enfants.

 

 

 

Il ponctue à chaque seconde l'agonie ses rêves. Le théâtre de son haleine a la structure d'un coup de fouet fossile.

 

 

 

Il rêve comme il joue au ping-pong avec sa vessie sur un marbre d’éloquence borborygmale.

 

 

 

Il rêve comme il mâche le revolver de la raison avec ses narines.

 

 

 

Lorsque son éveil hésite, ses rêves se réfugient parfois à l’orée de l’abattoir de sa salive.

 

 

 

Il n’a qu’un rêve et c’est un rêve éveillé. Il est poursuivi par ses propres oreilles qui souhaitent le dévorer, le dévorer tel un non-mort et un non-vivant. C'est pourquoi il détruit la vérité avec chaque note de musique qu'il touche.

 

 

 

Il ne rêve jamais des êtres humains qu’il connait dans sa vie. Il rêve uniquement de figures qu’il n’a jamais rencontrées. Ses rêves ne sont pas même formés d’images, ils sont composés par des odeurs,  des figures d’odeur funambulesques. Ses rêves n’ont ainsi aucun rapport avec sa vie. C’est pourquoi sa vie elle-même est un rêve.

 

 

 

Le rêve d'amnésie de son éveil compose l'absurdité d'un visage. Son rêve ne lui a pas échappé au réveil. Son rêve est le chapeau volé de son sommeil. Ainsi son rêve développe le hasard de passion du langage.