Au centre du mutisme de l'alphabet il entend des voix. " Entre le nombre un et le nombre deux, que choisis-tu? Je à choisir un. Et que fais-tu de deux? Je l'utilise. Tu le rêves comme outil ou tu l'utilises comme rêve? Je l'utilise. A choisir entre deux et trois. Trois, étant donné que deux a déjà été utilisé. Crois-tu avoir vraiment choisi? Presque, et presque tue le choix. Et d'ailleurs pourquoi devrais-je croire avoir vraiment? En effet, il n'est pas question de croire avoir exclusivement le choix. Autrement dit, à choisir je, je et c'est presque tout. Peut-être mais alors qui s'intéressera au reste, le reste de l'autre. Le reste de l'autre, l'alphabet l'utilise et je à choisir je le ponctue."

 

 

 

Il ne connaît qu'une seule phrase "Le langage n'existe pas". Quelle que soit la situation et quels que soient les mots que les autres lui disent, il ne reste jamais muet, il prétend automatiquement "Le langage n'existe pas". Quand sa femme lui dit "Je t'aime", il dit, les yeux injectés de surdité "Le langage n'existe pas". Quand sa femme lui dit "Est-ce que tu sais pourquoi je suis allée en ville ce matin ?", il dit" Le langage n'existe pas". Quand sa femme se tait, il dit" Le langage n'existe pas". Cette annonce sempiternelle anéantit chaque seconde de son existence. Il n'est jamais face au monde, il n'est jamais dos au monde, il est toujours infiniment de biais, il est identique à un fœtus de folie décalqué à travers les ciseaux de transcendance du simulacre.

 

 

 

Le spermatozoïde photographe de concepts reprend son échange de points de vue avec l'inconscient de la liberté. Le dialogue avait été interrompu à cause d’une farandole de condoléances. Il s'esclaffe et parmi une épidémie de montagnes de toussotements semblables à des réminiscences platoniciennes prononce "Il n'est pas question de croire en quoi que ce soit." L'inconscient de la liberté alors rétorque "Plus tard croire en soi accouche d’un tribunal explétif." Le spermatozoïde soupire "Si je n'avais pas su, j'aurais été théoricien du retard." Et l'inconscient de la liberté le gobe comme l'œuf des volte-face tautologiques de l'agonie.

 

 

 

Juste à la seconde où ils allaient se dire adieu, il ajouta d'une intonation ridiculement fanatique "Tu comprends, il est malin, il dissimule chaque jour son suicide au centre d'un interdit, un interdit semblable à un pense-bête pour ne pas oublier de faire quelque chose qu'il ignore, un interdit qui n'est possible  qu'un jour exclusivement, un interdit qui fonctionne à la façon d'une date. -"Je ne comprends pas, de qui parles-tu ?" Il resta muet et ce mutisme signifiait "Inutile de simuler, tu es obligé de comprendre que c'est impossible". Puis la prophétie de son agonie prononça "Le langage n'existe pas". La sincérité fastidieuse de l'incertitude eut alors l’impression qu'il était désormais inutile de fuir, que de même que la pupille de l'œil singe le signe de l'infini, il était trop tard.

 

 

 

 

 

"Je pense donc je suis" demande à "Etre ou ne pas être" "Que faites-vous dans la vie ?" "Je collectionne les erreurs de torture de l'horizon. Il est difficile de prétendre que je meurs, ce serait prophétiser le rien à dire du tout à fait faux".

 

 

 

Au centre de son cœur, il entend le vide des voix qui jouent à perdre parler "Que faites-vous dans la vie? Des infidélités à Dieu, j'existe. Que faites-vous en dehors de la mort? Des infidélités à la liberté, j'ombre."

 

 

 

Un coup de couteau, au suivant, un coup de couteau, au suivant, un coup de couteau, au suivant. "-Dis-moi, mon amour, à quoi tu penses ? -Je ne pense pas, je brode mon destin. "

 

 

 

 

 

"-Quel est ton nom ? -Mon nom ne te dira rien." -"Comment t'appelles-tu ? -Mon nom est "Comment t'appelles-tu?""

 

 

 

"S'il te plait, comment t'appelles-tu?" Quand il entend ces mots,  il reste incrédule. En effet son nom est "Pourquoi t'appelles-tu".

 

 

 

"-Ça va ? -Oui ça va. Tu viens de sauver le hasard de ma vie. -Il y a une chance sur deux tombeaux que ainsi ou bien. –Oh, j'ai oublié de te dire bonjour c'est-à-dire le vide abandonne à demain  un couteau que je n'oublie pas."

 

 

 

On lui dit bonjour, il dit je ne sais pas. On lui dit comment vas-tu ?, il dit je ne sais pas. On lui dit sais-tu où et quand ta sœur est née ?, il dit je ne sais pas. On lui dit est-ce que tu penses qu'il y a un jugement dernier ?, il dit je ne sais pas. On ne lui dit rien, il dit je ne sais pas. Malgré tout, lorsque règne le pardon diabolique du bruit, il essaie de sauvegarder le silence avec le vide de crudité impeccable de son crâne. Ainsi comme le berger d'icebergs de l’alcool, il répète cette phrase "je suis le cou de l'inconnu. Je suis la main inouïe du cou de l'inconnu comme le gag de sagesse d'un dé jeté en dehors du hasard."

 

 

 

 

 

Il fixe un rendez-vous au téléphone à quelqu’un qu’il ne connaît pas. Son interlocuteur lui demande “Et je ferai comment pour vous reconnaître ?” “C’est simple, j’ai un visage unique au monde.” “Comme tout le monde” “Oui, évidemment. C’est pourquoi pour me reconnaître ne faites pas confiance à votre regard, méfiez-vous plutôt par la fête de monotonie de vos doigts.”

 

 

 

II parle à quelqu'un qui semble dormir et il ne sait pas s'il est entendu ou non. "Le sommeil, c'est une réponse absurde. Tu sais, même si je projette d'innombrables images sur le mur, ou même sur ton corps, ou même sur ton visage, ou même sur ou même, cela ne te réveillera pas. Quelle étrange confiance tu as en l'amnésie de la terre pour parvenir à dormir comme ça ! Même la fin du monde ne te réveillerait pas. Tu sais, c'est fou le nombre d'événements que j'oublie, c'est comme si ma mémoire n'existait qu'à l’intérieur des oreilles des autres. Tu sais, j'aimerais nourrir un sentiment envers toi cependant il faudrait alors que je sache ce qu'il y a dans ta tête, et malheureusement, c'est impossible, je ne corresponds pas avec les têtes. C'est étrange, je te parle comme si tu étais le visage de ma mort là en vie devant moi et que je ne disposais que d'à peine une seconde avant qu'il ne suicide comme si de rien n'était. Tu sais, c'est extraordinaire à quel point le fait d'avoir commis un meurtre peut développer l'intelligence. Ou plutôt c'est extraordinaire à quelle virgule la fête d'avoir émis un meurtre peut envelopper une lettre." Il parle à quelqu'un qui est éveillé et qui ne l'écoute pas.

 

 

 

 

 

Il pense comme s'il traduisait l'infini de son cerveau en une sentence de mort insignifiante. "Il y a des pensées fausses qui deviennent vraies lorsqu'on les dit à la seconde où il faut." L'incognito de la gloire lui demande "Par exemple ? "Par exemple, cette question même".

 

 

 

"-Vous êtes accusé –Et de quoi donc ? Il m’est impossible de vous le dire. Ce serait un crime. Dire quelle est votre faute est une faute, une faute aussi injustifiable que celle de la commettre. "

 

 

 

"- Quelle est votre profession ?- Je ne sais pas. Je n’ai jamais réfléchi à cette question. Alors au choix. Bourreau de paresse, profanateur de transparence, fossoyeur de volcans. Ma profession est peut-être."

 

 

 

" Hé toi, que sais-tu qui pourrait m’être utile pour vivre ? " " Heureusement je ne le sais pas. Je préfère te répondre de manière inutile comme tu existes à jamais sans désirer survivre."