Cœur

 

 

 

 

 

 

 

Lichtenberg écrit comme l’algébriste de son cœur.

 

 

 

« Il en va ici comme de tous les lieux où il y a des bains : on y retrouve un peu de sa santé perdue, mais on égare son cœur. »

 

Lichtenberg préfère l’équilibre du cœur à la santé du corps. Lichtenberg préfère l’équilibre du sentiment à la santé du corps.  

 

 

 

Lichtenberg pèche le pouls du puits avec la ligne droite de son cœur. Lichtenberg pèche le pouls de son ombre avec la ligne droite de son cœur. Lichtenberg pèche le pouls de son ombre avec la ligne droite de son cerveau et les zigzags de son cœur comme avec les zigzags de son cerveau et la ligne droite de son cœur.

 

 

 

Lichtenberg examine l’éclipse avec la racine carrée de son cœur.

 

 

 

 

 

Lichtenberg élitise le peuple. Lichtenberg élitise le peuple de son cœur. Lichtenberg aristocratise le peuple de son cœur. Lichtenberg anoblit le peuple de son cœur. Lichtenberg  anoblit le peuple d’ombres de son cœur. Lichtenberg anoblit le peuple d’éblouissements de son cœur, le peuple d’ombres éblouies de son cœur.

 

 

 

Lichtenberg lime les yeux de son cœur. Lichtenberg lime les yeux de son cœur avec les acrobaties de la déraison. Lichtenberg lime les yeux d’ombre de son cœur avec les acrobaties de clarté de la déraison. Lichtenberg lime les yeux de clarté de son cœur avec les acrobaties de sentiment de la déraison. Lichtenberg lime les yeux de hasard de son cœur avec les acrobaties d’absurdité de la raison.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sentiment

 

 

 

 

 

 

 

« Ce que nous pouvons juger avec le sentiment est très peu et fort simple ; le reste n’est que préjugé et complaisance. »

 

Le génie de Lichtenberg est ainsi de parvenir à juger avec le sentiment, avec l’exactitude du sentiment, avec la simple exactitude du sentiment. Lichtenberg ne pense pas par idées claires et distinctes, Lichtenberg juge plutôt par sentiments exacts et distingués.

 

 

 

« Tout se résume finalement à cette question : la pensée nait-elle de l’émotion ou l’émotion de la pensée ? (…) Est-ce la force de l’émotion ou de la pensée qui est la première des choses ? »

 

L’aphorisme de Lichtenberg apparait comme une manière de juger la raison avec le sentiment, une manière de juger la clarté de la raison avec la distinction obscure du sentiment, avec l’obscurité exacte et distinguée du sentiment. Comme Kant, Lichtenberg prône la valeur du jugement, à la différence de Kant cependant ce jugement n’est pas celui de la loi morale, ce jugement est celui du sentiment. Si selon Deleuze Kant instaure une sorte de tribunal de la raison, Lichtenberg inventerait plutôt un tribunal de la déraison, un tribunal de la déraison subtile, un tribunal où ce qui juge ce n’est pas la clarté de la raison, où ce qui juge serait plutôt le sentiment comme précurseur sombre.

 

 

 

Lichtenberg utilise le jugement afin de formuler le sentiment, afin de formuler les valeurs du sentiment, afin de formuler les valences chimiques du sentiment, afin de formuler les valences chimiques comme les valeurs géologiques du sentiment, les valences géologiques comme les valeurs chimiques du sentiment.

 

 

 

 

 

Lichtenberg juge par jeu. Lichtenberg juge par jeu du sentiment. Lichtenberg juge la raison par l’électricité du sentiment, par le jeu d’électricité du sentiment, par le jeu d’électricité obscure et distinguée du sentiment.

 

 

 

« Quelle peut donc bien être la cause que je me chagrine quelque fois à propos d’une chose vers neuf heures, qu’à dix heures je l’oublie et qu’à onze heures je m’attriste de nouveau. »

 

Lichtenberg sait que le temps transforme les sentiments parce que le temps indique la forme de l’invisibilité même des sentiments. Lichtenberg sait que ce que l’homme appelle sentiments ne sont que les éventualités, les coïncidences, les hypothèses de l’invisibilité même du temps, du seul et unique sentiment d’invisibilité du temps.

 

 

 

 

 

Lichtenberg perd l’équilibre entre deux pensées et retrouve son esprit entre deux sentiments.

 

 

 

Lichtenberg éprouve un sentiment comme il accomplit plusieurs chose à la fois et il pense, il pense à ce sentiment, il pense à ce même sentiment comme il accomplit plusieurs choses à zéro fois.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jugement

 

 

 

 

 

 

 

« Je l’ai dessiné de manière qu’il puisse aisément retrouver son corps au jugement Dernier. »

 

Lichtenberg dissèque le jugement dernier. Lichtenberg dissèque le jugement dernier avec un stéthoscope. Lichtenberg sait que « les autopsies ne peuvent découvrir les erreurs qui se terminent avec la mort. » C’est pourquoi Lichtenberg préfère disséquer le jugement dernier avec un stéthoscope.

 

 

 

Lichtenberg dissèque le jugement dernier avec une toupie. Lichtenberg dissèque le jugement dernier avec un stéthoscope-toupie. Lichtenberg joue au bilboquet avec le jugement dernier.

 

 

 

Lichtenberg juge cependant Lichtenberg ne juge pas avec l’œil. Lichtenberg juge avec les doigts. Lichtenberg juge avec les cils de ses doigts. Lichtenberg juge avec la jonglerie de cils de ses doigts. Lichtenberg juge avec l’échancrure de cils de ses doigts. Lichtenberg juge avec la déhiscence de cils de ses doigts.

 

 

 

Lichtenberg juge avec l’ébullition de ses doigts. Lichtenberg juge avec la boussole de son ombre et le baromètre de ses doigts.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Main

 

 

 

 

 

 

 

Lichtenberg fait tenir des échelles d’étincelles en équilibre avec le tourbillon de ses doigts.

 

 

 

Lichtenberg dispose d’un œil à l’extrémité de chaque doigt et d’une oreille à l’extrémité de chaque cil.

 

 

 

 

 

Lichtenberg enroule le temps autour de son doigt comme un ruban. Lichtenberg enroule les yeux du temps autour de son doigt comme un ruban. Lichtenberg enroule les yeux du cœur autour de son doigt comme un ruban. Lichtenberg enroule les yeux du temps autour de son doigt comme un cimetière de rubans, comme un ruban de cimetières.

 

 

 

Lichtenberg enroule la Muraille de Chine autour de son doigt comme un ruban.

 

 

 

 

 

Parfois la pensée de Lichtenberg se développe au-delà de ses doigts et parfois les empreintes digitales de Lichtenberg se développent au-delà de sa pensée.

 

 

 

Lichtenberg cartographie les égarements exacts de la pensée, les égarements d’exactitude de la pensée avec l’enchevêtrement de la main droite et de la main gauche.

 

 

 

Lichtenberg lit l’avenir de la main à l’intérieur des lignes du vide.

 

 

 

 

 

Lichtenberg chatouille le labyrinthe de son cerveau. Lichtenberg chatouille le labyrinthe de son cerveau avec le sourire de son ombre. Lichtenberg chatouille le labyrinthe de sa lucidité avec l’illusion de son ombre. Lichtenberg chatouille le labyrinthe de sa lucidité avec l’éternuement de son ombre. Lichtenberg chatouille le labyrinthe de ses éternuements avec la lucidité de son ombre.

 

 

 

Lichtenberg chatouille l’éclair. Lichtenberg chatouille des catalogues d’éclairs. Lichtenberg catalogue des chatouillis d’éclairs.

 

 

 

« Ne plus dire « hypothèse » et encore moins « théorie », mais plutôt manière de penser. »

 

Lichtenberg ne cherche pas à révéler le sens de la pensée. Lichtenberg tente plutôt d’indiquer les manières de la pensée. En effet c’est comme si pour Lichtenberg chaque pensée disposait d’une main, une main qui multiplie les formes de relation avec cette pensée. Parfois cette main se tient au-dessus de la pensée, parfois au-dessous, parfois au-dedans, parfois autour.

 

 

 

Lichtenberg greffe des idées de doigts aux feux d’artifice. Lichtenberg greffe des idées de doigts aux feux d’artifice de son ombre.

 

 

 

Lichtenberg greffe des doigts d’enfant aux sourires de son ombre. Lichtenberg greffe des doigts d’enfants aux sourires éternués de son ombre.

 

 

 

Lichtenberg tient l’aurore boréale entre ses doigts comme un enfant porte une chandelle. Lichtenberg tient l’aurore boréale entre ses doigts comme un enfant porte une chandelle avec audace et timidité, avec honte et étonnement. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Coude

 

 

 

 

 

 

 

« Il y a en fait 62 manières d’appuyer la tête sur le coude. »

 

Lichtenberg immisce ses coudes entre sa tête et son cœur. Lichtenberg immisce la nonchalance de ses coudes entre sa tête et son cœur. Lichtenberg immisce la catatonie de ses coudes, la catatonie nonchalante de ses coudes entre sa tête et son cœur. Lichtenberg immisce le caoutchouc de ses coudes, le caoutchouc de  catatonie de ses coudes entre sa tête et son cœur.

 

 

 

Lichtenberg relie les sentiments de sa tête aux pensées de son cœur avec le vortex de paralysie de ses coudes, avec le vortex de virtuosité de ses coudes, avec le vortex de de virtuosité paralysée de ses coudes, avec le vortex de paralysie virtuose de ses coudes.

 

 

 

 

 

Lichtenberg enregistre les hiéroglyphes des coudes. Lichtenberg enregistre le discours hiéroglyphique des coudes. Lichtenberg enregistre les hasards hiéroglyphiques des coudes. Lichtenberg enregistre les allusions hiéroglyphiques des coudes. Lichtenberg enregistre les étincelles hiéroglyphiques des coudes. Lichtenberg enregistre les considérations hiéroglyphiques des coudes. Lichtenberg enregistre les ailes hiéroglyphiques des coudes, les dés hiéroglyphiques des coudes, les ailes-dés hiéroglyphiques des coudes

 

 

 

Lichtenberg étudie la liberté avec ses coudes. Lichtenberg considère la liberté avec l’intégrité de ses coudes. Lichtenberg considère la liberté avec les acrobaties d’intégrité de se coudes. Lichtenberg considère la liberté de son ombre avec les acrobaties de poussière de ses coudes, avec les acrobaties de poussière intégrale de ses coudes. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Enfance

 

 

 

 

 

 

 

« Tout ce que dit ou fait l’enfant l’homme le fait aussi mais dans d’autres domaines puisque nous sommes tous les enfants d’un âge plus avancé. »

 

Lichtenberg n’oublie jamais l’enfance. Lichtenberg essaie de révéler l’enfance de chaque chose, l’enfance de chaque pensée, l’enfance de chaque sentiment, l’enfance de chaque forme.

 

 

 

Lichtenberg sait qu’à chaque instant, à chaque hasard du temps l’homme apparait comme l’enfance de quelque chose. Lichtenberg sait qu’à chaque hasard du temps, l’homme apparait créé de manière innocente par une chose et une seule, parfois un événement, parfois un sentiment, parfois une pensée, parfois un autre homme, parfois un animal, parfois une pierre, parfois une plante.

 

 

 

Pour Lichtenberg à chaque hasard du temps, l’homme apparait enfanté, l’homme apparait comme un enfant étonné face à un fragment du monde. Lichtenberg sait malgré tout aussi que l’innocence d’un homme n’est jamais cependant totale et cela précisément parce que l’innocence esquive la totalité. Un homme n’est jamais innocent face à la totalité de l’univers. Un homme apparait à chaque instant innocent face à un fragment particulier du monde.

 

 

 

Lichtenberg sait que l’enfance d’un événement n’est pas toujours antérieure à cet événement, que cette enfance d’un événement survient parfois antérieure, parfois simultanée ou parfois postérieure à cet événement ou aussi de temps à autre à la fois antérieure et postérieure. Lichtenberg sait que l’enfance d’un événement apparait parfois facile et parfois difficile, parfois comme une évidence et parfois comme un problème, parfois avec clarté et parfois avec obscurité, parfois comme une clarté facile et parfois comme une obscurité difficile, parfois comme une clarté difficile et parfois comme une obscurité difficile, parfois comme une évidence claire et parfois comme un problème obscur, parfois comme un évidence obscure et parfois comme un problème clair.

 

 

 

 

 

« Cela me fait toujours une singulière impression de penser, lorsque je vois un grand savant ou bien un homme important et policé qu’il fut un temps où il chantait une comptine aux hannetons pour les exhorter à s’envoler. »

 

Lichtenberg n’oublie jamais l’enfance de la raison. Lichtenberg indique à chaque phrase que la raison a été créé à l’intérieur d’un monde féerique et même par un monde féerique, que la raison vient d’un monde de conte de fées. (Cette vision féerique de la raison de Lichtenberg ressemble beaucoup à celle de Chesterton.)

 

 

 

« Nous ne travaillons que pour réparer patiemment les dégâts causés par nos gestes fous et désaccordés de nouveau-nés. » E. Chevillard.

 

Lichtenberg ne travaille pas afin d’éduquer les gestes approximatifs de son enfance, ou encore les gestes approximatifs et désordonnés de sa naissance. Lichtenberg saisit plutôt au vol le tourbillon de son enfance, le tourbillon d’éclairs de son enfance afin de préciser les gestes hasardeux de son travail, les gestes approximatifs de son travail.

 

 

 

Lichtenberg éduque la vieillesse avec l’enfance. Lichtenberg éduque la sagesse avec l’enfance. Lichtenberg éduque la sagesse de la vieillesse avec l’étonnement de l’enfance, avec l’étonnement virtuose de l’enfance. Lichtenberg éduque la sagesse de la vieillesse avec les acrobaties d’étonnement de l’enfance, avec les acrobaties d’étonnement virtuose de l’enfance. Lichtenberg éduque la sagesse de la vieillesse  avec la jonglerie de honte de l’enfance, avec la jonglerie d’étonnement de l’enfance, avec la jonglerie de honte étonnée de l’enfance.

 

 

 

 

 

« Le monde ne pourra s’améliorer tant qu’on n’accouplera pas les enfants. »

 

La lucidité de Lichtenberg accouple les enfants avec le cœur de son oubli, avec le cœur d’ombre de son oubli, avec le cœur d’éblouissements de son oubli, avec le cœur d’ombre éblouie de son oubli. La lucidité de Lichtenberg accouple les enfants avec l’éternuement de son ombre, avec l’éblouissement de son ombre, avec l’éblouissement éternuée de son ombre, avec l’éblouissement éternuée de son oubli, avec l’éblouissement d’ombre éternuée de son oubli.

 

 

 

La lucidité de Lichtenberg accouple l’âme de l’enfant avec l’éternuement du feu. La lucidité de Lichtenberg accouple l’éternuement de l’enfant avec l’âme du feu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lucidité

 

 

 

 

 

 

 

« L’homme a l’instinct irrésistible de croire qu’on ne le voit pas lorsque lui-même ne voit rien, un peu comme les enfants qui ferment les yeux pour ne point être vus. »

 

Lichtenberg écrit à l’inverse comme l’enfant de l’extrême lucidité. La lucidité de Lichtenberg affirme l’art de jouer à ouvrir les yeux jusqu’à devenir invisible. La lucidité de Lichtenberg affirme l’art de jouer à ouvrir les yeux à l’intérieur même de l’invisible, l’art de jouer à ouvrir les yeux enseveli à l’intérieur même de l’invisible.

 

 

 

Lichtenberg joue à ouvrir les yeux afin d’apparaitre vu par l’invisible, afin d’apparaitre vu par  l’invisibilité du sentiment. Lichtenberg joue à ouvrir les yeux afin d’apparaitre touché par la main d’invisibilité du sentiment, par la main d’invisibilité du sentiment exact.

 

 

 

« Le chien est l’animal le plus vigilant bien qu’il dorme toute la journée. » 

 

Lichtenberg invente une forme de lucidité irrationnelle. Lichtenberg apparait lucide comme un chien qui dort et somnolent comme un chien éveillé.

 

 

 

Lichtenberg a les yeux qui s’ombrent à l’intérieur même de la clarté. Lichtenberg a les yeux qui s’ombrent à l’intérieur de l’extrême clarté.

 

 

 

 

 

Il règne à l’intérieur de l’œuvre de Lichtenberg une sorte d’indolence acharnée, l’indolence acharnée de la lucidité.

 

 

 

Lichtenberg écrit avec une sorte d’indolence chevaleresque, l’indolence chevaleresque de l’éclair.

 

 

 

 

 

La lucidité de Lichtenberg sait comment ligoter une goutte d’eau entre le corps et l’âme, entre le corps et l’esprit, entre le corps et le trait d’esprit, entre la matière du corps et le trait d’esprit.

 

 

 

Lichtenberg utilise les bombes comme biberons. Lichtenberg utilise les bombes de ses rêves comme biberons de sa lucidité. Lichtenberg utilise les biberons de ses rêves comme bombes de sa lucidité.

 

 

 

Lichtenberg utilise les ruines comme échafaudages. Lichtenberg utilise les ruines de ses rêves comme échafaudages de sa démarche. Lichtenberg utilise les ruines de ses rêves comme échafaudages de sa lucidité. Lichtenberg échafaude la démarche de sa lucidité avec les ruines de ses rêves.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lumière

 

 

 

 

 

 

 

« La plupart des hommes ont la tête juste assez éclairée pour voir qu’elle est vide. »

 

Lichtenberg touche la lumière parce qu’il sait que son ombre existe. Lichtenberg sait comment toucher la lumière avec le sourire de son ombre. Lichtenberg sait comment toucher les cils mêmes de la lumière avec le sourire de son ombre.

 

 

 

Lichtenberg tricote la lumière. Lichtenberg tricote le hasard de la lumière. Lichtenberg tricote le heureux hasard de la lumière. Lichtenberg tricote les usages de la lumière. Lichtenberg tricote les usages de hasard de la lumière.

 

 

 

Lichtenberg raisonne par tête-à-queue de la lumière. Lichtenberg médite par tête-à-queue des années-lumière.