Potence

 

 

 

 

 

 

 

« Potence avec un paratonnerre. »

 

Lichtenberg médite entre la potence et le timbre-poste. Lichtenberg médite des malédictions d’insouciance entre la potence et le timbre-poste. Lichtenberg médite des malédictions de bonheur entre la potence et le timbre-poste. Lichtenberg médite des malédictions de bonheur parmi les potences de timbre-poste de la poussière.

 

 

 

Lichtenberg épelle des sourires de potence. Lichtenberg épelle des sourires de potence avec les miettes de pain de l’hypocondrie.

 

 

 

Lichtenberg balaie le labyrinthe d’un unique grain de poussière. Lichtenberg balaie le labyrinthe d’un unique grain de poussière avec une potence de timbres-poste.

 

 

 

Lichtenberg envoie des murs. Lichtenberg envoie des murs par la poste. Lichtenberg envoie des murs comme des enveloppes timbrées. Lichtenberg attèle les murs à la potence de la poste, à la potence d’étoiles de la poste.

 

 

 

 

 

« La potence, arbre de la Liberté. »

 

Lichtenberg épuise la pendaison. Lichtenberg épuise la pendaison avec le sourire de son ombre.

 

 

 

Lichtenberg utilise les potences comme des sabliers. Lichtenberg utilise la potence de son ombre comme un sablier d’éclairs.

 

 

 

 

 

Lichtenberg étrangle la gloire avec l’œuf du pendu.

 

 

 

Lichtenberg fait tenir l’œuf en équilibre sur la tête du pendu. Lichtenberg fait tenir l’œuf du sentiment en équilibre sur la tête du pendu. Lichtenberg fait tenir l’œuf du sentiment en équilibre sur la tête de la pensée pendue. Lichtenberg fait tenir l’œuf de la pensée en équilibre sur la tête du sentiment pendu.

 

 

 

 

 

Lichtenberg utilise aussi parfois la potence comme oreiller.

 

 

 

Lichtenberg dote la potence d’oreillers et le paratonnerre de pantoufles. Lichtenberg a parfois vu en rêve des potences dotées de pantoufles. L a parfois vu en rêve des paratonnerres dotés d’oreillers.

 

 

 

Lichtenberg enrubanne les pendus. Lichtenberg enrubanne l’éclair des pendus. Lichtenberg enrubanne l’éclair des pendus avec le paratonnerre de son ombre.

 

 

 

 

 

Lichtenberg écrit comme le Newton de la pendaison. Lichtenberg écrit comme le Newton des pendus.

 

 

 

« Un grand secret connu de bien des hommes (…); un secret que l’on apprend habituellement sur les places publiques, mais dont personne jusqu’à présent n’a révélé les arcanes, et ne les révèlera jamais : la sensation que l’on éprouve quand on nous coupe la tête. »

 

Lichtenberg décapite la pendaison. Lichtenberg décapite la pendaison entre son âme et le monde. Lichtenberg décapite le tremblement de terre. Lichtenberg décapite le tremblement de terre entre son âme et le monde. Lichtenberg décapite la pendaison du tremblement de terre. Lichtenberg décapite la pendaison du tremblement de terre entre son âme et le monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapeau

 

 

 

 

 

 

 

Lichtenberg soulève sa tête au-dessus de son chapeau. Lichtenberg soulève sa tête au-dessus de son chapeau afin de saluer le sourire de son ombre. Lichtenberg soulève sa tête au-dessus de son chapeau afin de saluer le rêve de la raison.

 

 

 

Lichtenberg pose un chapeau au sommet de son paratonnerre et fixe un porte-manteau au sommet du toit de sa maison.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Liberté

 

 

 

 

 

 

 

Lichtenberg porte sa liberté comme un chapeau.

 

 

 

Lichtenberg considère la liberté comme un vêtement. Lichtenberg révèle que l’homme apparait à chaque instant vêtu, paré ou orné de sa liberté et que cependant à l’inverse l’homme nu n’apparait jamais libre.

 

 

 

Lichtenberg porte parfois son corps en équilibre au sommet de son visage. Lichtenberg porte parfois sa chair en équilibre au sommet de sa tête. Lichtenberg porte sa chair en équilibre au sommet de sa tête et sa liberté entre sa tête et sa chair comme un chapeau. Lichtenberg  incruste le chapeau de sa liberté entre sa tête et sa chair. Lichtenberg incruste le chapeau de la liberté entre sa tête et la chair qu’il porte en équilibre au-dessus de sa tête. Pour Lichtenberg la liberté apparait ainsi comme un chapeau intérieur, comme un chapeau médian, comme un chapeau à la fois médian et medium, comme un chapeau de médiation médiumnique.

 

 

 

Lichtenberg sait que la liberté s’incruste comme une parure du handicap. Lichtenberg porte sa liberté comme un chapeau pour sa bosse.

 

 

 

 

 

La liberté pour Lichtenberg est à la fois une incroyable invention de l’homme et une incroyable facilité. Pour Lichtenberg la liberté en tant que problème est extraordinairement sophistiquée et en tant que solution est presque banale.

 

 

 

« L’homme est un chef d’œuvre de la création et ce, peut être seulement pour le fait qu’il croit, malgré tout déterminisme, qu’il agit en être libre. »  

 

Lichtenberg révèle que l’homme est un animal d’exception non parce qu’il est véritablement libre, réellement libre, plutôt parce qu’il a l’illusion d‘être libre. Ainsi c’est par l’illusion même de sa liberté que l’homme accomplit une forme de miracle. C’est comme si selon Lichtenberg la raison était la forme même de cette illusion de liberté. Ce qui intéresse Lichtenberg dans la raison, ce n’est pas en effet sa validité, c’est son illusion, c’est la puissance de son illusion. Selon Lichtenberg la raison est une illusion, cependant la raison n’est pas une illusion banale, c’est une illusion singulière, une illusion incomparable et exceptionnelle à savoir l’illusion d’être libre.

 

 

 

« Quelqu’un n’a-t-il jamais rêvé d’un parfum que rien d’extérieur ne portait, j’entends ici, par exemple le parfum d’une rose à une époque où nulle rose et nulle eau de rose ne peuvent toucher les narines ? »

 

Pour Lichtenberg l’homme transporte partout avec lui une odeur de liberté. L’homme transporte partout avec lui une odeur de liberté que cependant aucune partie de lui-même ne porte. L’homme transporte partout avec lui une odeur de liberté qui ne vient pas de son corps, qui vient plutôt de ses rêves, ou de sa raison, ou plutôt une odeur de liberté qui est le rêve de sa raison même.

 

 

 

 

 

Lichtenberg sait que les hommes sont libres d’être égaux sans jamais pourtant être égaux devant la liberté.

 

 

 

Lichtenberg sait que la liberté d’un homme est différente de la liberté de son ombre. Le sentiment de la liberté (et non l’idée de la liberté) apparait précisément à l’instant où s’accomplit l’expérience de cette différence entre ces deux formes de liberté. Le sentiment de la liberté apparait à l’instant où quelque chose (plutôt que quelqu’un) a la sensation du jeu entre ces deux formes de liberté, jeu qui donne une intensité à la fois enfantine et fatidique à l’existence. C’est comme si pour Lichtenberg, la forme même la fatalité (la forme de la fatalité humaine) était de devenir doublement libre, à savoir libre comme corps et libre comme ombre.

 

 

 

Lichtenberg révèle que l’homme est soit enfant de la liberté et orphelin de la fatalité soit enfant de la fatalité et orphelin de la liberté.

 

 

 

 

 

Pour Lichtenberg, la liberté n’est pas ce qui détruit la fatalité. Pour Lichtenberg, la liberté n’est pas ce qui s’oppose au destin, ce qui anéantit le destin. Pour Lichtenberg, la liberté est plutôt ce qui inverse le destin, la liberté serait plutôt ce qui réversibilise le destin.

 

 

 

Pour Lichtenberg, la liberté est le jeu d’inverser le temps de la fatalité. Pour Lichtenberg la liberté ne détruit pas la fatalité des événements du monde. Pour Lichtenberg la liberté joue seulement à renverser la fatalité des événements comme un sablier.

 

 

 

« Si nous étions vraiment les êtres libres que l’on veut nous faire croire, nos pensées devraient alors pouvoir agir à rebours ; nous devrions arriver à faire cesser l’orage par le biais d’une ferme volonté. »

 

Lichtenberg cherche à devenir libre à reculons. Lichtenberg cherche à devenir libre à reculons pour mieux sauter au-delà de la ligne de l’horizon. Lichtenberg cherche à devenir libre à reculons pour mieux enjamber avec une seule jambe la ligne de l’horizon, pour mieux enjamber la ligne de l’horizon avec la jambe unique de sa bosse. Lichtenberg cherche à devenir libre à reculons pour mieux sauter par-dessus la ligne de l‘horizon, par le jeu de prendre l’unique jambe de sa bosse à son cou.

 

 

 

 

 

« Que nous croyions agir librement tandis que nous sommes en fait des machines, cela ne pourrait-il être aussi une forme de notre entendement ? » 

 

Lichtenberg sait que l’intelligence n’est qu’un interstice, l’interstice entre l’automatisme et la liberté. Lichtenberg sait que l’intelligence n’est qu’un intervalle structurel entre l’automatisme et la liberté.

 

 

 

Selon Lichtenberg la raison se distingue cependant de l’intelligence parce qu’elle dispose une attente à l’intérieur de cet intervalle et transforme ainsi cet intervalle en déhiscence, en jeu, en illusion et même en miracle.

 

 

 

Pour l’intelligence, l’intervalle entre l’automatisme et la liberté est subi, assumé en tant que  leçon. Pour la raison, la déhiscence entre l’automatisme et la liberté apparait réitéré utilement comme miracle. Pour la raison, la déhiscence entre l’automatisme et la liberté apparait réitéré par sentiment athée comme miracle utile, et apparait aussi réitéré par sentiment utile comme miracle athée.

 

 

 

 

 

Lichtenberg effectue des expériences de physique et de chimie avec les atomes de la liberté, avec les éléments atomiques de la liberté.

 

 

 

Lichtenberg sait que la liberté est borgne du cœur. Lichtenberg sait que la liberté éborgne le cœur avec le cerveau. Lichtenberg sait que la liberté éborgne le cœur avec la double-vue du cerveau.

 

 

 

Lichtenberg retient sa liberté comme du sperme. Lichtenberg retient sa liberté comme du sperme à l’intérieur de la bosse de son ombre. Lichtenberg retient son ombre comme du sperme à l’intérieur de la bosse de sa liberté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lutiner

 

 

 

 

 

 

 

Lichtenberg écrit comme un libertin kantien et un kangourou leibnizien. Lichtenberg écrit comme un libertin de l’austérité.

 

 

 

Lichtenberg libertine avec sa timidité. Lichtenberg libertine avec les hasards de sa timidité, avec les hasards virtuels de sa timidité.

 

 

 

Lichtenberg lutine les égarements de la raison. Lichtenberg lutine les hasards de la raison, les hasards égarés de la raison.

 

 

 

Lichtenberg lutine les chimères de la raison. Lichtenberg libelle l’échine de chimères de la raison.

 

 

 

Lichtenberg lutine la raison par l’absurde. Lichtenberg lutine la raison par l’austérité de l’absurde. Lichtenberg lutine le sentiment de la raison par l’austérité de l’absurde, par l’ivresse d’austérité de l’absurde, par l’ivresse d’étoiles de l’absurde, par l’ivresse d’étoiles austères de l’absurde.

 

 

 

Lichtenberg lutine la sobriété. Lichtenberg lutine l’ivresse de la sobriété. Lichtenberg lutine butine l’ivresse d’étoiles de la sobriété.

 

 

 

Lichtenberg révèle l’absurdité de la raison comme libertinage de l’austérité, comme libertinage d’étoiles de l’austérité. Lichtenberg révèle l‘austérité de la raison comme libertinage de l’absurdité, comme libertinage d’étoiles de l’absurdité, comme libertinage d’éblouissements de l’absurdité, comme libertinage d’éternuements de l’absurdité, comme libertinage d’éblouissements éternués de l’absurdité.

 

 

 

 

 

Lichtenberg lutine les bibliothèques de l’infirmité. Lichtenberg lutine les lits à baldaquins du handicap. Lichtenberg butine les lits à baldaquins du handicap. Lichtenberg lutine butine les lits à baldaquins du handicap.

 

 

 

Lichtenberg lutine le chaos avec une chandelle. Lichtenberg lutine le chaos avec la chandelle de l’illusion. Lichtenberg lutine le tact du chaos avec la chandelle de l’illusion. Lichtenberg lutine le tact du chaos avec la chandelle d’équations mathématiques de l’illusion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Morale

 

 

 

 

 

 

 

Lichtenberg essaie de rester honnête malgré l’infini de ce qu’il ignore.

 

 

 

Lichtenberg indique qu’il y a une ignorance ontologique de l’homme. Cependant pour Lichtenberg cette ignorance essentielle de l’homme n’est pas une excuse pour justifier un manque de moralité. En effet pour Lichtenberg le non-savoir apparait à l’inverse comme la forme même de la vertu. « C’est d’un grand profit pour la nature humaine que les hommes de vertu ne sachent point dire pourquoi ils sont vertueux. »

 

 

 

 

 

« Si les hommes devenaient soudain vertueux, plusieurs mourraient de faim. »

 

Lichtenberg distingue la vertu et l’honnêteté. Lichtenberg sait qu’il ne suffit pas d’être honnête pour être humble.

 

 

 

« R est sans contredit un fort honnête homme. Il l’est certes. Il n’a rien d’autre à faire. »

 

Lichtenberg sait que l’honnêteté est aussi un passe-temps, une distraction, une façon de se divertir de son ennui, une façon de se divertir du non-sens de son ennui. Lichtenberg sait que le sens de l’honnêteté est une façon de se divertir du non-sens de l’ennui et le non-sens de l’honnêteté une façon de se divertir du sens du crime.

 

 

 

Lichtenberg utilise les vertus morales comme instruments d’optique. Lichtenberg utilise l’honnêteté comme lentille rapetissante, la modestie comme microscope et la loyauté comme télescope.