Maradona

 

 

 

 

 

Avant un match Maradona se tient très droit au centre du terrain comme une sorte de maharadjah nain. Ahurissante dégaine de Maradona celle d’un bonobo au maintien de toréador, celle d’un matamore quadrumane, celle d’un matamore de Cro-Magnon.

 

 

 

Maradona c’est le joueur madré par excellence. Maradona a aussi beaucoup de punch et de panache. Maradona pousse en effet bizarrement le ballon à la manière d’un boxeur. Maradona pousse le ballon comme s’il frappait un sac de boxe, un sac de boxe quasi hallucinogène. Avec une sorte de punch de panache madré, Maradona pousse bizarrement le ballon à la fois comme un sac de boxe et comme un sac de drogue, comme un sac de drogue aberrant, comme un sac de drogue aberrant de cocaïne et de marijuana mélangées.

 

 

 

Maradona a le dribble ultra-brusque et agressif. Il y a quelque chose d’impulsif qui cogne  dans le dribble de Maradona. Maradona dribble comme il se bat. Maradona dribble comme si étrangement l’esquive du pied était aussi un coup de poing, comme si l’esquive du pied était aussi un coup de poing adressé à l’adversaire. (Le football selon Maradona c’est ainsi comme du judo à l’envers.)

 

 

 

Maradona a le dribble extrêmement violent. Les crochets de ses dribbles sont ceux d’un boucher. Crochets auxquels alors s’agitent et gigotent en vain les restes déchiquetés de ses adversaires, les carcasses déchiquetées de ses adversaires 

 

 

 

Il y a un incroyable acharnement, une incroyable combativité, une incroyable pugnacité dans le dribble de Maradona. Pour Maradona le football n’est pas seulement un jeu de ballon c’est aussi un jeu de combat. La manière par exemple de Maradona d’utiliser à chaque instant ses bras pour repousser ses adversaires quand il dribble est étonnante. Maradona ne craint jamais les coups et il en donne d’ailleurs aussi parfois, des coups de vengeance souvent, des coups de vengeance reflexe. Maradona n’a pas une vision doucereuse et fade de la vie et par conséquent du football. Pour Maradona la vie est une jungle et quand il dribble il avance à coups de machettes dans cette jungle. Maradona est le Wilfredo Lam du football. Maradona joue au football comme Wilfredo Lam peint avec la même agressive splendeur, avec la même agressive et impulsive splendeur.

 

 

 

Les mouvements du dribble de Maradona ne sont pas ceux de l’arabesque ou de l’ellipse, ce sont plutôt des ponctuations violentes, des ponctuations violentes au cœur de l’espace. Les mouvements du drible de Maradona ressemblent plutôt à des scansions violentes, des scansions violentes de l’espace, des exclamations violentes, des exclamations violentes de l’espace, des scansions exclamatives, des scansions exclamatives violentes, de scansions exclamatives violentes au cœur de l’espace.

 

 

 

Le dribble de Maradona exclame l’espace. Le dribble de Maradona exclame le vide de l’espace. Le dribble de Maradona exclame avec violence le vide de l’espace. Le dribble de Maradona survient avec brusquerie. Le dribble de Maradona survient avec un éclat brusque. Le dribble de Maradona survient comme une scansion brusque à l’intérieur de l’espace, comme une exclamation brusque à l’intérieur de l’espace. Le dribble de Maradona survient comme une exclamation madrée, comme une exclamation de madrerie, une exclamation de madrerie brusque à l’intérieur de l’espace, une exclamation de madrereie brusque qui scande l’espace, une exclamation de madrerie brusque qui violente l’espace, une exclamation de madrerie brusque qui viole l’espace, une exclamation de madrerie brusque qui violente presque sexuellement l’espace.

 

 

 

 

 

Maradona démarre. Maradona démarre madré. Maradona démarre démoniaque. Maradona démarre démoniaque madré. Maradona démarre dément. Maradona démarre dément démoniaque madré. 

 

 

 

Maradona démarre drogué. Maradona démarre démoniaque drogué. Maradona démarre dément démoniaque drogué.  Maradona s’arrache. Maradona démarre et s’arrache. Maradona démarre et s’arrache comme de la mauvaise herbe. Maradona démarre et s’arrache comme la mauvaise herbe de lui-même. Maradona démarre et s’arrache dément démoniaque drogué comme la mauvaise herbe de lui-même. Maradona démarre et s’arrache comme une racine de mandragore. Maradona démarre et s’arrache comme la racine de mandragore de lui-même.

 

 

 

Maradona impulse un manège de mandragores. Maradona impulse le manège de mandragores du dribble, le manège de mandragores de la drogue, le manège de mandragores du dribble drogué. 

 

 

 

Quand il joue, Maradona bondit et galope presque parfois. Quand il joue Maradona se chevauche lui-même. Maradona chevauche ses impulsions mêmes. Maradona chevauche sa démence, la démence même de ses impulsions, les impulsions même de sa démence comme un sombre Caballero. Maradona chevauche la démence démoniaque de ses impulsions comme une sorte de cavalier chimpanzé, un cavalier chimpanzé seul, comme une sorte de chevalier chimpanzé, un chevalier chimpanzé seul, un chevalier chimpanzé seul au monde.