Salut Ivar,
(…)
Je voulais aussi te demander autre chose. As-tu encore un exemplaire de ton livre La Plage de Berck ? Je n’ai lu en effet que les extraits publiés à l’intérieur du numéro de Plein Chant.
Ce texte me plait beaucoup. Tu parviens en effet à y révéler quelque chose comme une plage archétypale. La (les) vacance(s) sur la plage est pourtant une situation historique et tu parviens malgré tout à donner une forme quasi mythologique à cette situation historique. Et je retrouve une fois encore là un problème que nous déjà évoqué ensemble au téléphone à propos du cinéma de Dumont. Cette évocation de la plage de Berck a un aspect disons homérique. La Plage de Berck, c’est du Homère burlesque. La Plage de Berck, c’est Ulysse qui reste coincé là les pieds dans le sable à se demander si l’horizon ne serait pas aussi parfois le rictus d’un très curieux miroir, le miroir de la rime unique de l’espace.
A Bientôt Boris
LA plage
Poteau de plage
22-23 nov. 2016.
Cher Boris je viens de regarder et non, je n’ai plus d’exemplaires de cette plaquette partiellement reprise par Edmond Thomas à la fin de tel numéro de Plein Chant.
Mais tous les textes qui la composent ont réapparu dans Le Poteau rose, Le Corridor bleu, 2013. Poteau rose qui reprend tous les textes d’Évelyne « Salope » Nourtier, plus un poème de Louisa Ste Storm, et le livre, 221 pages, très soigné, est illustré de très beaux dessins de Sophie Rambert.
20 euros.
Sur la plage de Berck se trouve aux pp. 105-119, et il y a d’autres poèmes berckois, de plage, pp. 125-131.
J’ai rejeté un œil dans ce livre, comme chaque fois que je le sors : je ne peux pas m’en empêcher ! Je me suis dit que ça t’intéresserait.
Bien amicalement,
Ivar
Salut Ivar,
Étrangement il m’avait toujours semblé que le texte Sur la Plage de Berck révélait un point de vue masculin, même si c’était aussi un point de vue impossible, à savoir celui de l’éblouissement. Evelyne « Salope » Nourtier ce serait alors plutôt une sorte d’hybridation saline d’Ulysse et de Pénélope.
Dans le numéro d’août des Cahiers du Cinéma consacré aux images de l’été, j’ai lu aussi quelques formules intéressantes : par exemple la voluminosité de l’atmosphère estivale et le soleil comme bombe à neutrons de l’ennui.
Et voici pour finir ces phrases extraites des Saisons de François Jacqmin. « Rien n’est vrai lorsqu’on regarde le soleil. (…) Il est impossible d’être ébloui sans broncher. »
A Bientôt Boris
Cher Boris,
pour moi Evelyne Nourtier est bien une femme, mais il est assez probable qu’elle a dans son regard un coin et un biais masculin.
Mais, non, Pénélope, en tout cas, ne me parle pas. Si “hybridation saline” il y a, alors c’est d’Ulysse et de Nausicaa !
Les deux formules que tu tires des “Cahiers du cinéma” me paraissent très justes. Assez curieusement, le vide peut être “volumineux” (un qualificatif qui ne vient pas forcément à l’esprit !). Et le soleil est une menace absolue assidue.
Les plages nous montrent qu’il est très possible d’être ébloui sans broncher. Il faut juste oublier l’éblouissement comme quelque chose qui a agressé l’œil, et se concentrer sur le retentissement – l’écho, alors de plus en plus lointain – que l’éblouissement a dans nos profondeurs.
Frère plagiste, salut !
Ivar