A propos des Sensations du Cerveau.
Il serait intéressant de décrire en détails les sensations du cerveau, les postures et les gestes de sensations du cerveau. En effet le cerveau évolue à l’intérieur du crâne. Le cerveau se trouve comme évolue à l’intérieur du crâne. Qui sait d’ailleurs si le cerveau ne s’est pas immiscé à l’intérieur du crâne à la façon d’un parasite, d’un mollusque usurpateur ou d’un oiseau qui v(i)ole un nid. Ou encore comme un clochard qui en désespoir de chose s’enveloppe à l’intérieur de vieux cartons. Le crâne apparaitrait ainsi comme un carton minéral, un carton de cailloux, un carton de pierres.
Il y aussi une pose et une démarche du cerveau à l’intérieur du crâne. Le cerveau prend appui sur le crâne. Le cerveau prend appui et appel sur le sol du crâne. Le cerveau marche à l’intérieur du crâne, le cerveau multiplie des impulsions sur le terreau du crâne, sur l’humus du crâne, sur l’humus de marbre du crâne, sur l’humus de nacre du crâne. Et parfois à l’inverse le cerveau semble flotter au creux du crâne comme un fœtus à l’intérieur du ventre de la mère, un cornichon à l’intérieur d’un bocal ou un organe posthume à l’intérieur d’une bouteille de formol.
J’ai remarqué par exemple que lorsque que je suis exposé à des ondes électromagnétiques trop importantes (non loin des téléphones portables ou des boites de live box), mon cerveau n’a plus d’appui à l’intérieur du crâne, il ne parvient plus à prendre des impulsions à la surface du crâne. Je peux alors encore penser, cependant je ne parviens plus à imaginer. En effet le geste d’imaginer nécessite de prendre appel et appui à l’intérieur du crâne, le geste d’imaginer nécessite d’utiliser le crâne comme un trampoline. A l’inverse exposé aux ondes électromagnétiques, le cerveau est dans une situation de flottement tiraillé, un peu à la façon d’une mouche engluée à travers une toile d’araignée. Ou pour le dire autrement le cerveau semble retenu par les bras au-dessus du vide, tel un gymnaste se tenant sur les bras entre les barres parallèles (si j’ose dire et doter ainsi le cerveau de bras manchots).
Lorsque le corps a faim, le cerveau semble s’ossifier et devenir alors une sorte de cartilage à la fois âcre et acariâtre, un cartilage d’amertume fatidique. A l’intérieur de la faim, le cerveau ressemble à un os qui s’efforce effervescent, qui s’efforce effervescent en vain.
Pendant la digestion (et plus encore aux périodes de constipation), le cerveau semble collé à la paroi du crâne. Pendant la digestion, le cerveau étouffe à l’intérieur du crâne. Le cerveau est alors satisfait et bouffi de vanité, miroitant vaguement en attendant que n’importe quoi se passe.
Aux instants de saoulerie (d’ivresse), le cerveau se prend pour un acrobate. Aux instants de saoulerie (d’ivresse), le cerveau essaie de se tirer par les cheveux, par les cheveux de la vitesse pour faire des acrobaties. Le problème c’est qu’alors le cerveau semble ne plus se souvenir qu’il se tient à l’intérieur du crâne. Aux instants de saoulerie (d’ivresse) le cerveau a l’impression d’évoluer à l’air libre et même de devenir le révélateur indiscutable de l’air libre. Aux instants d’ivresse, le cerveau a l’impression de devenir le révélateur même de la liberté.
Après la jouissance sexuelle, quelque chose comme un vide opaque apparait à l’intérieur du crâne. C’est un espace vide, cependant le cerveau ne semble pas d’abord apte à y évoluer. La jouissance sexuelle provoque l’apparition d’une espèce de vide quasi tabou à l’intérieur du crâne. Pour pouvoir y évoluer, le cerveau doit attendre que ce vide opaque confus devienne un vide blanc exact. Le rythme de transformation de ce vide opaque confus en vide blanc exact reste malgré tout aléatoire et par conséquent difficile à anticiper. C’est pourquoi la jouissance sexuelle apparait à la fois défavorable et favorable à la puissance cérébrale, défavorable parce qu’elle propage d’abord une espèce de vide quasi tabou et favorable parce qu’elle provoque ensuite l’ouverture d’un vide précis où évoluer avec exaltation. La jouissance sexuelle offusque ainsi d’abord la force cérébrale pour offrir ensuite une chance de l’intensifier.
Le cerveau c’est le serpent qui se mord la queue à l’intérieur des poupées russes. Le cerveau c’est le serpent qui se mord la queue à l’intérieur des montagnes russes, à l’intérieur des montagnes-poupées russes, à l’intérieur du recroquevillement de son envol, à l’intérieur des montagnes-poupées russes du recroquevillement de son envol. Le cerveau ressemble à un fœtus de labyrinthe, un fœtus de labyrinthe en apesanteur parmi sa virtualité, parmi l’hypothèse de sa révolution, parmi l’hypothèse de sa révolution acosmique. Il y a un aspect profondément acosmique du cerveau. Le cerveau ne désire rien savoir du cosmos. Le cerveau ne désire connaitre ni le cosmos du dehors ni le cosmos du crâne.
Le cerveau ressemble à une pieuvre, une pieuvre de preuves. Le cerveau ressemble à la pieuvre de la prévoyance, la pieuvre de la prévoyance imprévisible. En effet les événements du dehors ne cessent de modifier les gestes et les formes de cette pieuvre.