Bonjour Eric,

 

 

 

 

 

Trouver un trèfle à quatre feuilles sous une échelle.

 

 

 

La mosaïque trouve des trèfles à quatre feuilles sous les échelles.

 

 

 

La mosaïque a une paupière unique et d’innombrables yeux le jour et un œil unique et d’innombrables paupières la nuit.

 

 

 

Les livres ont trop de pages. Inventer des livres lilliputiens, des livres imprimés sur des trèfles à quatre feuilles.

 

 

 

Chaque livre dispose les lettres de l’alphabet dans un grand et beau désordre.

 

 

 

Découvrir des dessins préhistoriques sur les parois de sa boite crânienne.

 

 

 

Ecrire afin de sculpter le lecteur. Ecrire afin de sculpter les gestes d’étonnement enfantin du lecteur. Ecrire afin de sculpter les gestes de terreur enfantine du lecteur.

 

 

 

 

 

L’escalier enracine l’hélicoptère.

 

 

 

L’escalier est l’échiquier de la lévitation. L’escalier est l’échiquier de l’habitude quand il monte et l’échine de l’extase quand il descend.

 

 

 

« Terrasse ardente. Terrasse vaine. Au bout de l’homme, au pied de l’escalier, au plus dénué de la plus reculée solitude. Il aboutit là, celui qui avait tant chanté. »   H. Michaux

 

Reste à savoir si écrire ainsi au bout de l’homme comme au pied de l’escalier (celui de ton plus ancien souvenir) est semblable à celui d’écrire au bout de l’escalier comme au pied de l’homme (celui de ton plus paradoxal futur).

 

 

 

Etrangement le problème de l’équilibre de l’escalier est aussi pour Michaux celui de la différence sexuelle ou plutôt de la distinction sexuelle « Je vis un escalier équilibrant un ruisseau. Etonnant ! Et pourtant je savais que c’était un homme, et même à n’en pas douter une femme. »  H. Michaux  (Les Equilibres Singuliers) 

 

 

 

L’escalier siamoise la sœur et le cœur. L’escalier siamoise le savoir du cœur avec la sœur inconnue.

 

 

 

Avoir plusieurs arcs à sa corde de funambule. L’escalier dispose de plusieurs arcs à sa corde de funambule.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                     A Bientôt          Boris

 

 

 

 

 

 

 

Cher Boris,

 

je me souviens avoir écrit quelque chose du genre : en me baissant pour cueillir un trèfle à quatre feuilles, j'ai trouvé un fer à cheval. Donc, ça marche.

 

 

 

Comment sais-tu que mon plus ancien souvenir remonte, si je puis dire, au pied d'un escalier ?

 

 

 

J'ai croisé Laurent Albarracin, peut-être te l'a-t-il dit. Il a l'air de tenir à te publier. Belle perspective.

 

A toi, tous les voeux de l'heure,

 

Eric

 

 

 

 

 

Bonjour Eric,

 

 

 

 

 

(Pardonne ma réponse tardive, mon ordinateur est cassé.)

 

 

 

 

 

Je sais que ton plus ancien souvenir est le pied d’un escalier simplement parce que tu l’as écrit dans l’Autofictif. (Une volée de marches à l’intérieur d’un hall carrelé disais-tu me semble-t-il). Ainsi l’attention de celui qui lit est parfois plus intense que la mémoire de celui qui écrit. Ainsi aussi tu sais quel est ton plus ancien souvenir cependant tu ne te souviens pas que ce plus ancien souvenir a ensuite été écrit. Comme quoi ton souvenir le plus enseveli, ensevelu, ton souvenir le plus enfoui, enfui à l’intérieur du oui, serait celui-là même d’avoir écrit. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                     A Bientôt          Boris