Envoi d’Admirations (Malcolm de Chazal, Jackson Pollock, Andreï Tarkovski).

 

 

 

 

 

Merci, Boris, pour cet envoi.

Ce qui est formidable à chaque fois, outre ta pénétration si particulière (sans doute parce que tu entres par des portes dérobées ou mal défendues dans les œuvres, tu fais ta brèche à l’endroit où nul encore n’avait tenté l’invasion… car tu envahis les œuvres que tu abordes (à l’abordage !)), c’est que tout écrivain ou artiste (quel qu’il soit, et si différents soient-ils entre eux surtout) est – à point, bleu, ou saignant –le mystique aliment qui fait ta vigueur… toi, aussi à l’aise sur dur, sur gazon, sur terre battue… conducteur de toutes les ondes… glu et acide pour tous usages et toutes matières… décapant universel… la lecture devient un spectacle, prestidigitation (Où est passé Chazal ? ah ! le voilà !), dressage et acrobaties...

A toi,

Eric

 

 

 

 

 

 

Bonjour Eric,

 

 

Merci pour tes impressions de lecture.

 

 

Ce que j’essaie aussi avec la forme en triptyque des Admirations c’est de montrer par contiguïté, par simple contiguïté entre différents artistes, quelque chose qui n’est pas exactement dicible, quelque chose comme une ressemblance abstraite.

 

J’ai l’intention de proposer ainsi d’autres triptyques d’Admirations par la suite. Je sais déjà que le prochain sera un triptyque Lautréamont-Arno Schmidt-Thelonious Monk. Impossible de dire quand cela sera édité. (…)

 

 

Je viens de lire le Arno à Tombeau Ouvert de Claude Riehl. Il y a quelques indications intéressantes. Par exemple que le père de Schmidt était tailleur de verre. J’ai le sentiment que l’aspect biseauté de la phrase de Schmidt pourrait venir qui sait de là.  Et encore ce portrait de Schmidt par un de ses éditeurs nommé Kurt Marek. « …Un athlète au front de penseur. Il était assis là devant moi sur sa chaise, les poings crispés. Il était à craindre à chaque instant qu’il vous saute dessus. »

 

Il y a aussi cette indication étrange selon laquelle Schmidt aurait construit un lutrin à l’intention de sa femme « afin qu’elle puisse lire tout en vaquant à ses tâches ménagères ». C’est précisément cela qui sidère chez Schmidt, cette manière qu’il a d’écrire comme si il faisait aussi quelque chose d’autre en même temps, comme s’il était à chaque instant à la fois écrivain et cuisinier, ou écrivain et charpentier, ou écrivain et photographe, ou écrivain et météorologue, et plus encore écrivain-cuisinier-charpentier, écrivain-cuisinier-photographe, écrivain-cuisinier-météorologue, écrivain-charpentier-photographe, écrivain-charpentier-météorologue, écrivain-cuisinier-charpentier-photographe, écrivain-cuisinier-charpentier-météorologue, c’est à dire comme s’il était à chaque instant écrivain-cuisinier-charpentier-photographe-météorologue. 

 

 

 

 

 

                                                                                                         A Bientôt                    Boris