Alain Delon

 

 

 

Extrême beauté des gestes de Delon à l’intérieur du champ de terre du Cercle Rouge. Delon montre en effet à chaque instant le champ du cinéma. Delon montre l’espace. Delon montre l’espace comme champ de force du cinéma.

 

Il y a une extrême solitude de Delon. La solitude de Delon révèle la solitude de l’espace. La solitude de Delon révèle la solitude des murs, la solitude des rues, la solitude de l’architecture, la solitude de la civilisation. Cette solitude de Delon apparait en particulier flagrante dans Le Samouraï de Melville et dans Le Professeur de Zurlini.

 

Delon se tient là entre le présent et le passé. Delon se tient là entre la terre et le ciel. Delon se tient là entre le présent de la terre et le passé du ciel comme entre le passé de la terre et le présent du ciel.

 

 

Tact de Delon. Tact animal de Delon. Tact d’instinct de Delon. Audace de tact de Delon, audace de tact instinctif de Delon.

 

Delon joue sans délai. Delon joue à la fois sans délai, sans familiarité et sans naturel. Le jeu de Delon affirme ainsi une forme de cérémonie instantanée, une forme de rituel immédiat. La ritualité du jeu de Delon n’est pas humaine. La ritualité du jeu de Delon apparait plutôt animale. Le jeu de Delon affirme la ritualité de l’instinct.

 

Il y a une cérémonie digitale de Delon. Il y a une exactitude des doigts de Delon. Dans Le Samouraï, sa manière de caresser, de feuilleter presque la cage de l’oiseau avec des billets de banque brûlés, ou encore sa façon de faire glisser ses phalanges sur le rebord de son chapeau  Et aussi surtout sa manière de trier les clefs d’un trousseau et de les déposer une à une auprès de lui sur le fauteuil avant d’une voiture avec une extrême douceur avant même de voler cette voiture.

 

Sensualité digitale de Delon. Séduction digitale de Delon. Elégance digitale de Delon, extrême élégance digitale de Delon. Sa manière de mettre des gants blancs en s’essuyant aussi les mains avec une serviette blanche. Sa manière encore de tenir son revolver caché sous un journal dans le métro. Sa manière ainsi de dédoubler ses doigts, de masquer ses doigts avec d’autres doigts, de vêtir et de dévêtir ses doigts avec d’autres doigts.

 

Delon délimite à chaque instant son territoire à l’intérieur du plan .Delon délimite à chaque instant son territoire à l’intérieur du plan avec la décision de ses doigts, avec la décision idéale de ses doigts. Delon délimite à chaque instant son territoire à l’intérieur du plan avec l’instinct de ses doigts, avec l’instinct idéal de ses doigts.

 

Delon idéalise l’instinct avec les doigts. Delon idéalise l’instinct à doigts élus. Il y a en effet une élection digitale de Delon. Delon apparait élu par ses doigts. Delon apparait élu par la sensualité de ses doigts, par l’instinct ses doigts, par la sensualité instinctive de ses doigts.