Charles Denner 

 

 

 

 

Denner a une voix de taille-crayon. Denner a une voix de fumée. Denner a une voix de taille-crayon de fumée. 

 

 

Denner a une voix de tabac ivre, une voix de fumée ivre. Denner a une voix de tabac froid et ivre, de fumée froide et ivre, de fumée froide et saoule. 

 

 

Denner a une voix d’écorce. Il y a des racines à l’intérieur de la voix de Denner. Il y a des racines de cendres, des racines d’incinération, d’étranges et paradoxales racines de cendres à l’intérieur de la voix de Denner. La voix de Denner apparait saturée de racines de cendres. La voix de Denner apparait saturée d’écorce de cendres. La voix de Denner apparait saoule de racines de cendres, saoule d’écorce de cendres. La voix de Denner apparait saturée de torsions de racines, de torsions de cendres, de torsions de racines de cendres. La voix de Denner apparait saturée de torsions d’écorce, de torsions d’écorce de cendres. La voix de Denner apparait saoule de torsades de racines, saoule de torsades de cendres, saoules de torsades de racines de cendres. La voix de Denner apparait saoule saturée de torsades d’écorce, de torsades d’écorce de cendres. 

 

 

C. Denner a une voix de noix, une voix de noix tonitruante. La voix de Denner trouve à chaque instant la noix de tonnerre. 

 

 

La voix de Denner survient résolue sans chercher cependant à convaincre. La voix de Denner vibre de résolution. La voix de Denner tremble de résolution, tremble de résolution ivre, tremble de résolution saoule. La voix de Denner tremble de saturation. La voix de Denner tremble de résolution saturée. La voix de Denner tremble de résolution saoule saturée. 

 

 

Denner a une voix douloureuse, une voix douloureuse et malgré tout résolue. Denner a une voix douloureuse tendue par sa torsion même. Voix franchement tordue de Denner, voix tordue de douleur, voix résolument tordue de douleur, voix tordue de douleur résolue, voix tordue de douleur heureuse, voix tordue de douleur résolument heureuse. 

 

 

Il y a à l’intérieur de la voix de Charles Denner une forme de préciosité rugueuse, de distinction nouée, une distinction à la fois nouée et rouée. Il y a à l’intérieur de la voix de Charles Denner des ceps de vignes et des gonds de portes, de ceps de porte et des gonds de vignes. 

 

 

La voix de Denner noue des métaux. La voix de Denner noue des vins de métaux. La voix de Denner vendange des intonations de métal. La voix de Denner cherche la pulpe secrète du métal, la palpitation secrète du métal, l’émotion secrète du métal, le tremblement secret du métal, le tremblement d’émotion du métal, le tremblement d’émotion secrète du métal. 

 

 

Denner parle sans jamais demander son reste. C. Denner séduit résolu. C. Denner séduit résolu sans demander son reste. 

 

 

Par des saccades d’âcreté, des saccades d’âcreté tabagique, Denner tente de nouer des rivières aux étangs, des rivières de salpêtre à des étangs de moutarde. Par des saccades d’âcreté tabagiques, Denner tente de nouer des rêves de rivières à des tangos d’étangs.

 

 

 

Il y a une maladresse élégante de C. Denner dans L’Homme qui Aimait les Femmes et dans La Mariée était en Noir de Truffaut, une manière d’hésiter et de corriger ses hésitations quasi instantanément, quasi-immédiatement. 

 

C. Denner ne cesse de nouer et de cisailler des quasi, de nouer et de cisailler des presque. C. Denner noue avec maladresse et cisaille malgré tout avec décision. Jamais cependant Denner ne cherche à dénouer une attitude ou une situation. Denner c’est l’homme à la fois noué et cisaillé, c’est l’homme noué à coups de ciseaux et cisaillé selon des nœuds. Le charme de Denner apparait ainsi comme celui d’un sarment qui crépite à l’intérieur des flammes, comme celui d’un sarment qui crépite à l’intérieur d’un feu de cheminée, un sarment de vigne qui serait aussi curieusement recouvert de corail.

 

Charles Denner ressemble à la fois à un crabe et à un olivier. C. Denner s’agite encrassé et inquiet parmi des crissements de sable et de temps à autre s’élance soudain frétillant, acerbe, effulgent, vorace, audacieux presque au centre du plan.

 

 

L’art de Denner est celui du déni. L’art de Denner est celui de l’exténuation du déni, de l’exténuation exaltée du déni, de l’exténuation pourtant exaltée du déni.

 

La voix de Denner révèle la dynamite de la timidité. La voix de Denner révèle le carbone de la névrose. Denner c’est la névrose qui se change en cruauté, c’est la névrose qui se change en cruauté des narines.

 

Denner a hérité des intonations de Jules Berry cependant Denner reste une sorte de Jules Berry sans virtuosité et sans perversité. Denner est une sorte de J. Berry atone, un Jules Berry monotone.

 

Le jeu de Denner révèle une cruauté atonale, une cruauté de cendres, une cruauté de cendres atonales. Le jeu de Denner  révèle la cruauté de cendres de la voix, la cruauté de cendres des narines de la voix. Le jeu de Denner révèle la cruauté de cendres atonales de la voix, la cruauté de cendres atonales des narines de la voix.