Tom Cruise

 

 

 

Tom Cruise semble s’inscrire à l’intérieur du plan. Tom Cruise apparait à l’intérieur du plan comme un caractère d’imprimerie, comme un caractère typographique. Tom Cruise se tient incroyablement bien au centre du plan. Tom Cruise est essentiellement un acteur axial. C’est comme si pour Cruise, le rôle de l’acteur était de devenir l’axe du plan, l’axe d’équilibre ou l’axe de rotation du plan. 

 

Il y a très grande virtuosité de la manipulation digitale chez T. Cruise. Cruise utilise ses mains avec une remarquable aisance. Par exemple ses jongleries cocaïnées avec des thermos chromés dans Cocktail ou encore sa danse avec la queue de billard dans La Couleur de l’Argent de Scorcèse, sa manière de faire alors tourner une queue de billard comme un bâton de majorette ou un revolver de cow-boy. 

 

L’aisance digitale de T. Cruise est aussi un indice d’adaptation à l’univers virtuel. Par exemple ses gestes de prestidigitateur lorsqu’il manipule les disquettes d’ordinateur sous les yeux de J. Reno dans Mission Impossible de De Palma. Ses phalanges désignant, dirigeant et détaillant les images à la surface même d’un écran dans Minority Report de Spielberg ou encore le titillement du système de manœuvre d’une grue à la manière d’une console vidéo au début de La Guerre des Mondes de Spielberg.

 

Il y a ainsi une prodigieuse netteté manuelle, une prodigieuse précision digitale de T. Cruise. Il y a chez Tom Cruise une subtilité des doigts, une dextérité agressive en relation télépathique avec la fixité des mâchoires et la droiture à la fois de la nuque et de la tête.

 

Tom Cruise est un acteur robot, visage impassible, sourire d’automate en connexion incessante avec des mains exclusivement techniques. Entre cette tête et ces mains, il subsiste malgré tout des souvenirs, des émotions, des fantômes de sentiments comme ceux des personnages de Blade Runner (ceux de P. K. Dick) et nul ne sait si ces sentiments et ces émotions sont ceux factices d’un androïde ou ceux d’un homme véritable. Cette ambivalence des souvenirs et des émotions comme incrustés à l’intérieur des actes automatiques techniques apparait par exemple dans Oblivion et dans Edge of Tomorrow. Tom Cruise joue à la fois comme un homme et comme une machine. T. Cruise joue finalement l’indistinction de l’homme et de la machine, la silhouette indistincte de l’homme et de la machine. Il est par excellence l’acteur de l’ère du transhumanisme cybernétique.