De Funès

 

 

 

Louis de Funès tourne très souvent sur lui-même pour inspecter le plateau comme s’il vérifiait sans cesse qu’il n’y avait pas quelqu’un d’autre qui serait apte dans le décor à détecter à sa place l’air de rien une sorte de fumet, de fumée mentale, une fumisterie funeste et puis finalement  non, ce quelqu’un d’autre dont il cherche partout la trace parmi le décor qui l’entoure c’est lui-même.

 

Dans le Petit Baigneur, il y a un extraordinaire moment où De Funès massacre un prototype de bateau et tente ensuite de faire comme si il était en parfait état lorsque quelqu’un se présente pour lui proposer un contrat d’industrialisation de ce prototype. Dans l’univers de De Funes le construit et le détruit sont finalement équivalent (c’est aussi le gag de la deux-chevaux au début du Corniaud). Dans l’univers de De Funès la vie et la mort sont finalement identiques. Les morts sont actifs comme des vivants et les vivants ignorés comme des morts.  Devant la destruction, De Funès alors s’agite comme si de rien n’était, et éructe des allez, allez. Pour de Funès, il faut que ça fonctionne. Il y a presque du Surmâle de Jarry dans le jeu de De Funès allez, allez il fait que ça tourne, il faut que ça fonctionne et que ça tourne même si pour cela les cadavres doivent pédaler comme des fous.  Le rire chez de Funès est fonctionnel, Pour de Funès, l’homme n’est rien d’autre qu’une fonction mathématique, une fonction mathématique du désordre ambiant, une fonction mathématique de la destruction ambiante, de l’imbécillité ambiante, de la destruction imbécilité ambiante.

 

De Funes s’ébroue dans la volière de l’imbécillité. De Funès titube et s’ébroue dans la volière de l’imbécillité. De Funès titube et s’ébroue dans l’usine de l’imbécillité, dans l’usine d’ailes de l’imbécilité, dans l’usine d’anges de l’imbécillité, dans l’usine d’automates de l’imbécilité, dans l’usine d’anges automates de l’imbécillité.