James Stewart

 

 

 

Un des aspects surprenants du jeu de J. Stewart. Stewart est apte à la fois au sous-jeu, au sur-jeu, et évidemment aussi au jeu simple. Stewart sous-joue chez Hitchcock (Vertigo) joue chez Capra (Mr Smith au Sénat, La Vie est Belle et surjoue dans les films de Ford. (Les Deux Cavaliers, les Cheyennes).

 

L’intensité émotive extraordinaire d’un acteur au visage portant masqué dans Le plus Grand Chapiteau du Monde. Dans ce film J. Stewart parvient à apparaitre incroyablement émouvant sans avoir de visage. Il y a sans doute cela chez Stewart, une émotion du non-visage, une extrême émotivité du non-visage, une extrême émotivité de la non-visibilité du visage, une extrême émotivité du visage invisible, une monstrueuse émotivité du visage invisible. (En cela il y aurait une relation entre J. Stewart et J. Hurt, le John Hurt d’Eléphant Man en particulier.)

 

 

Luc Moulet dans Politique des Acteurs insiste sur l’extrême virtuosité du jeu des mains chez Stewart. Et en effet James Stewart est sans aucun doute un des plus grands inventeurs des postures de mains au cinéma. Et plus encore ce qui est étrange chez Stewart c’est que Stewart articule de manière quasi kleistienne cette ribambelle de mains de jeu, ce ruban de mains de son jeu, cette dentelles de mains de son jeu avec l’invisibilité de son visage, avec le masque d’invisibilité de son visage. C’est comme si James Stewart plutôt que d’exprimer les sentiments avec les traits de son visage, avec les traits visibles de son visage préférait tracer les sentiments d’invisibilité de son visage, les émotions d’invisibilité de son visage avec la trajectoire de ses mains, avec le schéma de ses mains, avec le schéma de quasi diaphanéité de ses mains, avec la trajectoire de ses mains, avec la trajectoire de quasi diaphanéité de ses mains.

 

Il y a aussi chez J. Stewart une sorte de contradiction de sa silhouette entre l’aisance de ses mains et la maladresse de ses jambes. Le génie d’Hitchcock a été d’abolir cette contradiction par la décision de lui supprimer quasiment les jambes en le filmant comme paralytique.