Bonjour Laurent,

 

 

J’ai lu ton dialogue avec Julien. J’aime beaucoup ce que tu dis à propos de l’enfant qui joue avec le filet d’eau et aussi ce que tu dis à propos de la joie comme exaltation en dehors des situations et des événements. (Salutations alors à Clément Rosset.)

 

 

 

Et il y a aussi ces phrases qui seraient je trouve à développer.

 

Si la chose est muette, c’est peut-être qu’elle est volubile à un niveau dont on n’a pas idée.

 

Et encore

 

 La tautologie. (…)Je la vois comme la figure qu’impose un stoïcisme excité.

 

la chose semble inerte, mais au fond d’elle-même elle est facétieuse. Le geste tautologique suppose qu’il y a une face de facétie à l’intérieur des choses, un miroir à pitreries derrière leur apparence impassible.

 

Au début (acte I, scène 3) du Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, il y a cette rime ahurissante « Roi des pitres / Tu récalcitres. ». De même la pitrerie des choses serait une pitrerie récalcitrante. La pitrerie des choses serait la pitrerie de la retenue, la pitrerie abracadabrante de la retenue. 

 

 

la formulation poétique retrouvait (peu importe que ce soit en le créant) le lien logique qui existe à l’intérieur de la chose et qui la rattache à elle

 

C’est précisément cela qui nous distingue. En effet je n’ai pas le sentiment qu’il y a lien logique à l’intérieur des choses. Je n’ai pas le sentiment que c’est selon un lien logique que la chose apparait comme chose.

 

Ton idée de la tautologie c’est de penser que le langage est ce qui soude la chose à elle-même. Ce que pensait aussi sans aucun doute Francis Ponge. J’ai plutôt le sentiment que la chose apparait soudée à sa dissociation, soudée à sa métamorphose par le silence. Il y a ainsi une volubilité de silence des choses, une volubilité alogique du silence des choses.  

 

 

 

                                                                                                            A Bientôt                 Boris

 

 

 

 

 

 

 

 

Stoïcisme excité : l'égalité à soi-même des choses c'est aussi la partie qu'elles jouent, la partie de ping-pong endiablée et infinie qu'elles jouent.

 

Relire "Le signe =" de Tarkos où il parle des traces de pneu du signe =.