Bonjour Laurent,

 

 

 

Merci pour l’envoi de ton magnifique livre.

 

 

J’ai l’intention de proposer un texte afin d’accompagner la parution du Grand Chosier. J’ai déjà commencé à écrire une présentation globale. L’ensemble de ces notes n’est cependant pas encore dactylographié. Et j’ai surtout besoin de temps afin de composer le texte. (Je ne pensais pas que l’édition de ton livre serait si rapide.) Je t’envoie ainsi le texte quand il sera achevé.  

 

 

 

 

 

                                                                                                                    A Bientôt        Boris

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

Moi aussi assez surpris par la vitesse d'exécution de Charles. 

Je te remercie d'avance pour ton texte "d'accompagnement". 

Il s'agit de quelque chose que tu veux mettre en ligne quelque part ? 

Vu que Briseul annonçait "officiellement" un livre avec toi, ce dont je me réjouis.

 

Bien à toi,

 

Laurent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bonjour Laurent,

 

 

 

Je t’envoie le texte à propos du Grand Chosier intitulé Essais de Choses Absolues. 

 

 

J’ai l’intention de publier ce texte sur mon site. J’ai aussi l’intention de proposer ce texte à Florence Trocmé pour Poezibao (à condition qu’elle accepte de publier le texte en intégralité). Serais-tu d’accord ? 

 

 

 

Post-scriptum. M’autorises-tu aussi à envoyer ce texte à Ivar et Eric ?  

 

 

 

 

 

 

                                                                                         Amitié                A Bientôt        Boris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cher Boris,

 

Non seulement je t'autorise la divulgation de ce texte, mais je t'y encourage. Pour Florence Trocmé, je te conseille de lui proposer de publier le texte en PDF (parce qu'il est long). Il faudrait aussi que tu lui laisses l'exclusivité pendant quelques temps (quelques mois) avant reprise sur ton site. 

 

Mais vraiment je suis touché par ton texte, c'est une très belle étude, détaillée, qui va au fond des choses (c'est le cas de le dire). Tu touches à plein de points essentiels pour moi : le stoïcisme, "le quiétisme héraclitéen" et tout ce que tu dis de l'épée et de la blessure, du pont, etc. De la vocacité des choses, du langage, de la beauté et de l'être, etc. C'est vraiment gratifiant d'être lu ainsi par toi, que ce soit toi qui me lises ainsi. Je ne parle même pas des beautés de ton texte (le tonnerre de paille ou le trône de tonnerre ou le byzantisme de l'ainsi) mais il y a une telle entente chez toi de mes intentions que j'en suis presque troublé. Bref.

 

Merci Boris et à bientôt.

 

Laurent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Merci encore Boris pour ton texte. A le relire, tu as le chic pour trouver les formules dans lesquelles tu écartes des notions liées par la paronomase ("l'égard de l'égarement" par exemple) et entre lesquelles tu jettes le tout de ta phrase et de ton propos. Le genre de gouffre où l'on aime tomber. 

C'est épatant comme Florence Trocmé est enthousiaste. 

J'espère que tu vas bien. 

Amitié, 

Laurent

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

Bonjour Laurent,

 

 

 

Très bien les parutions sur Poezibao des diverses études à propos du Grand Chosier. (Florence Trocmé a proposé aussi des formules élégantes.) C’est clair et précis, je suis content, je suis content pour toi et pour moi aussi. Je suis ainsi content pour nous.

 

 

 

 

Post-scriptum à la présentation du Grand Chosier.

 

 

 

Ton geste de reprendre la flèche de Ponge est peut-être ce qui a transformé cette flèche en grappin d’abordage. Ton livre serait ainsi aussi une manière de pirater l’œuvre de Ponge. Ecrire ce serait alors pirater mieux (pour réécrire Beckett), pirater mieux le butin des grands ancêtres. 

 

 

Grappin d’abordage c’est-à-dire « essaim de clefs ». J’aime beaucoup cette formule. Ton livre pullule en effet d’énigmes et de clefs pour les ouvrir à l’instant même. Ton livre pullule d’énigmes que tes phrases ouvrent et ferment à la fois d’un seul et même geste. Et cet essaim de clefs apparait ainsi comme l’énigme la plus étrange, celle de l’implosion fixe de l’énigme même. 

 

 

Il y a pour toi une curieuse ouverture-fermeture des choses. Le grappin d’abordage révèle par exemple une sorte d’ouverture curieuse du fer, cependant cette ouverture du fer ne s’accomplit que pour pouvoir ensuite se refermer. « Car le fer ne s’ouvre que pour se refermer. » Le grappin d’abordage ressemblerait ainsi bizarrement à un papillon. « Et d’ailleurs un manchot a deux bras entiers peut très bien exister, ce sera un manchot à deux bras entiers, voilà tout. » Et de même ce manchot doté de deux bras entiers ce serait peut-être encore le papillon ou plutôt la pelle du papillon, la pelle syllogistique du papillon. 

 

 

 

« L’effet d’une chose, son bouquet ultime, c’est sa défection. (…) Cela n’ôte rien à la chose, c’est lui ajouter simplement ce rien qu’elle est aussi en plus que d’être ce qu’elle est. »

 

Tu désires sans cesse dire ce défaut (ce déficit, cette déficience, cette défaillance, cette dégradation, ce déclin, cette lacune, cette tare) qui subsiste éparse, disséminée parmi la chose même, disparition de la chose en surplus de la chose et qui se substitue pourtant à la chose. C’est une vision très proche du concept de supplément de Derrida qui à la fois s’ajoute et supplée. « Prenez en défaut la chose et elle redouble d’être. » « Elles se doivent sans cesse de combler ce manque en elle qui sans cesse les relance en elles. » Par ce sentiment d’un manque essentiel au centre des choses, ta poésie a aussi un aspect profondément mallarméen.

 

 

J’ai retrouvé enfin dans Logique du Sens de Deleuze ces phrases à propos de la relation entre l’événement et la blessure. « Mais d’où viennent les doctrines sinon de blessures et d’aphorismes vitaux, qui sont autant d’anecdotes spéculatives avec leur charge de provocation exemplaire ? Il faut appeler Joe Bousquet stoïcien. La blessure qu’il porte profondément dans son corps, il l’appréhende dans sa vérité éternelle comme événement pur… « Ma blessure existait avant moi, je suis né pour l’incarner. » »

 

Ainsi pour toi, la blessure apparait comme la prestidigitation de l’épée, la prestidigitation paradoxale de l’épée, la salutation prestidigitatrice de l’épée, la salutation prestidigitatrice paradoxale de l’épée. Et par ce geste de prestidigitation de l’épée tu essaies ainsi de dire le paraitre à même de la chose c’est à dire à la fois son pouvoir et son apparition, son pouvoir d’apparition, le pouvoir d’apparition de son être même.  

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                    A Bientôt        Boris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

Cher Boris,

 

(…)

 

Merci pour ton post-scriptum à mon Grand Chosier. Oui sur l'ouverture-fermeture, sur le défaut des choses. Et ce que tu dis de la blessure-épée, d'autant plus troublant que j'ai un projet (mais en sommeil en ce moment) qui s'intitule L'épée dans un linge).

 

Bien amicalement à toi,

 

Laurent