Divagations de la Méthode 001

 

 

 

 

Bonjour Laurent,

 

 

 

« Le poème fait faire le tour d’une chose inconnue. » M. Deguy

 

 

« Le défi de l’écriture, c’est de saisir et de restituer avec précision le caractère approximatif des choses. » Pierre-Marc de Biasi

  

 

« Ceux qui manquent d’imagination se réfugient dans la réalité. » J. L Godard  (Adieu au Langage)

 

 

 

Ce n’est pas seulement ce qui apparait très petit que nous ne parvenons pas à voir, c’est aussi parfois ce qui apparait trop grand, ce qui apparait si grand qu’il devient pour nous presque comme invisible. 

 

 

Comme quoi l’âme. Comme Quoi l’Ame ce serait un beau titre je trouve. Ce serait un beau titre pour un livre abandonné, pour un livre abandonné à l’intérieur du cratère d’un volcan. 

 

 

Il n’y a pas de sommeil du monde et il n’y a pas de lucidité du monde. Il n’y a pas de sommeil intégral du monde et pas de lucidité intégrale du monde. Le monde n’est pas semblable à un corps qui dort ou qui veille. Le monde apparait plutôt comme une chair immense dont les fragments apparaissent à la fois (je veux dire en même temps) à l’intérieur du jour et à l’intérieur de la nuit, une chair immense dont des fragments apparaissent à la fois éveillés et endormis, éveillés à l’intérieur du jour et endormis à l’intérieur de la nuit et aussi endormis à l’intérieur du jour et éveillés à l’intérieur de la nuit. Le monde apparait comme une chair immense qui adresse à la fois (je veux dire en même temps) des formes de son existence à l’éveil et des formes de son existence au sommeil. Le monde apparait comme une chair immense qui adresse des formes de son existence à la fois à l’éveil du jour et au sommeil de la nuit, au sommeil du jour et à l’éveil de la nuit, à l’éveil du jour comme au sommeil de la nuit et au sommeil du jour comme à l’éveil de la nuit.

  

 

 

Je ne suis inapte à l’analogie pure et simple. A l’inverse là où je deviens à l’aise c’est avec la métaphore impure et complexe. 

 

 

Les corps humains disposent d’aptitudes sensorielles identiques parce qu’ils appartiennent à la même espèce et disposent aussi d’aptitudes particulières parce qu’ils apparaissent uniques et distincts. 

 

 

Regarder la couleur de la cime des arbres avec les cils ou le coude. Regarder la couleur de la cime des arbres avec les cils du coude. 

 

 

Le Carré Noir de Malevitch n’est pas un tableau rétinien. Le Carré Noir de Malevitch apparait contemplé par le blanc de l’œil.

 

  

 

Le sensualisme du froid de François Jacqmin. 

 

 

La tourbe éthérée, la fange angélique d’Eugène Savitzkaya. 

 

 

 

« Le défaut de tout grand artiste est de vouloir à la longue faire une science de son art, et commettre le geste d’Adam qui non content de jouir du Paradis, voulut encore en connaitre le mécanisme et en trouver la formule. » Malcolm de Chazal. 

 

(Et ce défaut ce fut aussi celui de Chazal à la fin de son œuvre.)  

 

 

« La pensée n’est rien sans quelque chose qui force à penser, qui fait violence à la pensée. Plus important que la pensée, il y a ce qui « donne à penser » ; plus important que le philosophe, le poète. »  Gilles Deleuze 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                    A Bientôt        Boris