Bonjour Laurent, 

 

 

J’ai lu cet été Opus Incertum 1 et Le Su et l’Insu de Munier. (J’avais déjà lu Les Eaux Profondes et des extraits de La Dimension d’Inconnu l’année dernière.) Je t’envoie ainsi ci-joint des Marges de ces deux livres. 

 

 

Je sais maintenant avec certitude que l’œuvre de Munier a eu une importance décisive pour ton écriture. Je veux dire que les livres de Munier t’ont sans aucun doute beaucoup appris. Munier formule en effet parfois des propositions qui sont comme les axes métaphysiques de ton écriture.  

 

 

Ceci par exemple qui serait presque le programme résumé de ton œuvre. « Tout est comme il est, non autrement. Les hommes, les femmes, l’amour, la beauté, la mort, le jour et la nuit, les saisons … Cette pensée produit une sorte de vertige, de stupeur immobile.

 

C’est une pensée qui n’est, pour ainsi dire, plus une pensée, mais comme la fin de la pensée, son silence. » 

 

 

Et ceci aussi qui me semble proche de ta vision de l’invisible (si j’ose dire). « L’invisible est dans le visible, manifeste en lui. Caché, éteint dans le visible, son inverse. » 

 

 

 

Ce qui me plait surtout chez Munier c’est la modestie avec laquelle il parle de la pensée. Sa manière d’évoquer la pensée apparait en effet sans la moindre arrogance. Cette humilité de la pensée c’est finalement quelque chose de très rare. « La pensée pense. Elle ne fait rien de plus. (…). Elle n’épuise pas le réel. Simplement elle le pense. Comme d’autres le racontent, l’interrogent sur la toile ou le calculent. » 

 

 

Ainsi comme Bachelard, Munier est un sage. C’est pourquoi comme Bachelard, Munier sait la valeur profonde du repos. « Nous ne cherchons en tout, dans une conviction, une pensée achevée, une œuvre accomplie, que le repos. » « Il faut que le corps se repose. Que l’esprit se repose. Et le cœur. Que l’amour se repose. » Et ce repos apparait comme le repos même du temps. « Laisser passer la matinée calmement, sous la lumière, dans le silence pur. Si la matinée se passe calmement, quelque chose se passe qui compte plus que de le dire. » 

 

 

J’aime beaucoup aussi ce que Munier dit à propos des plantes. « Les plantes sont belles, les plantes sont saintes. L’élan vital eut du s’en tenir là. » « Se réveiller en pensant qu’au dehors  les plantes ne dorment pas, vivent, respirent et croissent dans la nuit. » Munier indique ainsi qu’il y a une vigilance du végétal. Il y a en effet une vigilance douce, une vigilance chaste du végétal à la surface de la terre. Les arbres apparaissent ainsi aussi comme des vigies, comme de profuses vigies, comme les profuses vigies du vent. 

 

 

Il y aussi chez Munier ce sentiment d’une forme d’indifférence tendre, d’indifférence généreuse même des choses envers les hommes. « Tout est indifférent dans les choses, qui s’ignorent et nous ignorent. Tout est indifférent, sauf cette indifférence même, qui n’est que leur plus juste face tournée vers nous. » « L’indifférence des choses n’est peut-être que la face tournée vers nous d’une tendresse qui ne peut nous atteindre. » 

 

 

 

Pour Munier, étrangement aussi, l’ennui est en relation avec la dimension d’inconnu. Pour Munier, l’ennui est même ce qui révèle la dimension d’inconnu. Par cet aspect Munier serait proche de Baudelaire. « Savoir s’ennuyer en épousant l’ennui. On ne s’y résout guère. C’est pourtant l’occasion ou jamais d’être en contact avec une dimension d’inconnu, dont autrement nous ne saurions presque rien. » 

 

 

Etrange idée encore de Munier selon laquelle il n’y a pas de persistance du nom. « Ce qui est nommé ne l’est, ne se revêt du nom, qu’au moment d’être nommé. Aussitôt après, retombé, inerte. » Munier penserait alors que le nom n’existe que le temps de sa profération. Ainsi c’est comme si pour Munier il n’y avait jamais de nom écrit, c’est comme si pour Munier le nom était dit sans jamais pouvoir apparaitre écrit. 

 

 

Et ceci aussi que je trouve plutôt troublant. « On n’est peut-être pas plus réellement mort, dans la mort, qu’on n’est, dans la vie, réellement vivant. » 

 

 

 

Enfin cette remarque magnifique sur le plus grand danger de l’écriture. « Quand on écrit, on vit mieux ou autrement - pour avoir à le dire. Le risque est même de ne vivre que pour le dire. Pour dire. » 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                             A Bientôt               Boris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Marges de Roger Munier 

 

 

 

 

« Nul n’est plus seul et abandonné que l’univers. »

 

« Le monde n’est si grandiose et si beau, (…) que parce qu’il est le seul. »

 

Il y a une solitude immense du monde. Le monde apparait abandonné à son apparition même. Le monde apparait abandonné à la solitude même de son apparition. 

 

 

« Le monde ne peut tenir qu’en durant, s’étirant. Il n’a pas de force immobile. »

 

Le monde a une force immobile. Le monde a la force immobile de sa métamorphose. Le monde possède une force immobile. Le monde possède la force immobile de sa métamorphose. 

 

 

« Le monde ne dure pas. Il commence à tout instant. »

 

Le monde apparait immortel. Le monde apparait immortel de recommencer à chaque instant.

 

 

 

« Il n‘y a qu’un monde, celui-ci. C’est la forme la plus nue du malheur. »

 

 Il n’y a qu’un seul monde. C’est la forme la plus nue de l’extase. 

 

 

« L’absolu n’est pas, n’a pas d’être. Le fini seul existe. »

 

Seule existe la finitude du monde. Seule existe la démesure du monde. Seule existe la finitude démesurée du monde. Seule existe la finitude démesurée du monde comme forme de l’absolu. Seule existe la finitude démesurée du monde comme forme inexorable de l’absolu. 

 

 

 

« La vraie question est de savoir de quoi le monde lui-même est la métaphore. L’exploration des métaphores dans le monde devrait aider à percer peu à peu ce dont le monde est métaphore. »

 

Le monde apparait comme la métaphore de son destin. Le monde apparait comme la métaphore immédiate de son destin. Le monde apparait comme la métaphore de l’inconnu. Le monde apparait comme la métaphore de l’inexorable. Le monde apparait comme la métaphore de l’inconnu inexorable. 

 

 

« Tout arrive ensemble, à la fois, sans hiérarchie. » « C’est d’être ensemble que les choses  sont énigmatiques, à partir de cet « ensemble » qui rassemble et dissémine. » 

 

L’énigme des choses c’est d’apparaitre à la fois uniques et ensemble. L’énigme des choses c’est d’apparaitre à la fois comme des choses uniques et comme des choses ensemble, comme des choses uniques ensemble. L’énigme des choses c’est précisément de composer le monde comme un ensemble d’unicités. L’énigme des choses c’est de composer la solitude du monde, c’est de composer la solitude du monde comme un ensemble d’unicités. L’énigme des choses c’est de composer la démesure de solitude du monde comme ensemble d’unicités de l’immédiat, comme ensemble d’unicités de l’inconnu, comme ensemble d’unicités de l’immédiat inconnu. L’énigme des choses c’est de composer la démesure de solitude du monde comme ensemble d’unicités de l’inexorable, comme ensemble d’unicités de l’immédiat inexorable, de l’inconnu inexorable, de l’immédiat inconnu inexorable. 

 

 

« Il se passe en un point du monde des choses grandes et solennelles. En un autre, isolé, perdu, il ne se passe rien. C’est la même chose. »

 

Une chose solennelle apparait à l’intérieur du monde à l’instant où une autre chose banale apparait aussi à l’intérieur de ce monde. Ainsi deux choses différentes apparaissent à l’intérieur malgré tout d’un seul et même monde. 

 

 

« Dans les choses, une voix qui dit, non pas « connais », « comprends », mais « viens ». »

 

A l’intérieur des choses il y a parfois une voix qui dit viens. A l’intérieur des choses il y a parfois une voix qui dit viens comme une femme amoureuse. 

 

 

 

« Le monde n’est beau que pour l’homme. Non pour le chien, l’oiseau, l’abeille…»

 

Le monde apparait beau à la fois pour l’homme et pour les animaux. Le monde apparait beau pour chaque animal d’une manière malgré tout différente de celle de l’homme. Chaque animal contemple une forme de beauté particulière du monde. Chaque animal contemple une forme de beauté particulière du monde parce que chaque animal dispose d’un corps unique pour évoluer à l’intérieur du monde. Chaque animal contemple une forme de beauté particulière du monde parce que chaque animal apparait comme une forme de projection unique à l’intérieur du monde, parce que chaque animal apparait comme une forme de projection sensorielle unique à l’intérieur du monde.  

 

 

« La nature n’a pas de sens, n’est que fatale. »

 

La nature donne à sentir la fatalité de la matière. La nature donne à sentir les formes fatales de la matière. 

 

 

« Le monde est énigme. Comme monde énigme. L’énigme est sa cohésion, son ciment, sa force. »

 

Le monde apparait comme énigme L’énigme du monde c’est l’énigme même de son apparition. L’énigme du monde c’est d’apparaitre par la force même de sa chute. L’énigme du monde c’est d’apparaitre par l’extase de sa chute. L’énigme du monde c’est d’apparaitre par l’extase inexorable de sa chute. 

 

 

« Le monde tient à son mystère. Il tient à lui, comme une feuille tient à la branche. Se tient à lui, fermement, comme à son appui, son fond. Et il « y tient » - comme à son fond justement. »

 

Le monde projette son mystère. Le monde projette son mystère comme destin. Le monde projette sa solitude comme beauté. Le monde projette le mystère de sa solitude comme beauté du destin. Le monde projette le mystère de beauté de sa solitude. Le monde projette le mystère de beauté de sa solitude comme extase de démesure du destin. 

 

 

 

« La pure présence au monde est aveugle. »

 

L’impure présence au monde apparait aveugle. L’impure présence au monde apparait comme un miracle d’aveuglement. 

 

 

« C’est aveugle, mais structuré ; structuré comme aveugle. »

 

La main révèle la structure de l’aveuglement. Les os de la main révèlent la structure de l’aveuglement. L’ossature de la main donne à sentir la structure de l’aveuglement. 

 

 

« Toucher à l’ambigu dans la clarté. L’ambigu n’habite bien que la forme limpide. Ramassée mais limpide. »

 

La main donne à sentir l’ambigüité de la clarté. La main donne à sentir l’ambiguïté de clarté de l’aveuglement. 

 

 

 

« Le lieu où je suis, quel est-il ? Ce n’est jamais le lieu où je me vois, où tu me vois. Il est comme inapprochable, même par moi. »

 

La chair a lieu. La chair apparait à l’intérieur d’un lieu. La chair apparait à l’intérieur d’un lieu par le geste d’approcher ce lieu. La chair apparait à l’intérieur d’un lieu par le geste de posséder l’approche de ce lieu. La chair apparait à l’intérieur d’un lieu par le geste de tomber en possession de ce lieu. La chair apparait à l’intérieur d’un lieu par le geste de tomber en possession de l’approche de ce lieu. 

 

 

« Comment donnerais-je un nom à ce que je cherche, on ne cherche que ce qui n’a pas de nom, pas encore. Et si je le trouve, je n’aurai plus qu’un nom. »

 

La chair cherche. La chair trouve. La chair cherche et trouve. La chair ne cherche pas le nom. La chair cherche la métamorphose du nom. La chair cherche et trouve la métamorphose du nom. La chair cherche la métamorphose du nom à l’intérieur du vide. La chair cherche et trouve la métamorphose du nom à l’intérieur du vide. La chair cherche et trouve la métamorphose du nom au sommet du vide. La chair cherche la métamorphose du nom au sommet du sommeil du vide. La chair cherche et trouve la métamorphose du nom au sommet du sommeil du vide. La chair cherche la métamorphose de certitude du nom. La chair cherche et trouve la métamorphose de certitude du nom au sommet du sommeil du vide. 

 

 

« Tout ce que je pense contre l’homme vient de l’homme en moi. Qu’est-ce que l’homme ? »

 

La chair humaine n’est pas exclusivement humaine. La chair humaine n’est jamais humaine en totalité. L’humain n’est qu’un extrait, une hypothèse, une éventualité de la chair animale. C’est pourquoi ce que la chair imagine contre l’homme ne vient pas de l’homme. Ce que la chair imagine contre l’homme vient des forces et des formes inhumaines (à savoir minérales, végétales et animales) de cette chair. 

 

 

« Ce qui fait l’homme, c’est ce qui n’est pas l’homme en lui. Ce n’est pas l’humain, qui briderait plutôt cet in-humain poignant. »

 

Ce qui apparait inhumain en l’homme ne fait pas l’homme. Ce qui apparait inhumain à l’intérieur de l’homme œuvre le monstre. Ce qui apparait inhumain à l’intérieur de l’homme affirme l’œuvre du monstre. Ce qui apparait inhumain à l’intérieur de l’homme affirme l’œuvre d’insouciance du monstre. 

 

 

« C’est le corps fini, peut-être la finitude elle-même, qui nous submerge de sa vague, dans la volupté. »

 

La volupté exclame la finitude de la chair. La volupté exclame le feu de la chair, le feu de finitude de la chair. La volupté exclame la fusée de la chair, la fusée de finitude de la chair. La volupté déclare la projection de la chair. La volupté déclare la projection de finitude de la chair. La volupté déclare la projection heureuse de la chair, la finitude heureuse de la chair, la projection de finitude heureuse de la chair. 

 

 

« Mon corps est le seul au fond qui sache mon destin. »

 

La chair affirme la forme du destin. La chair affirme l’excitation du destin. La chair affirme la forme d’excitation du destin. La chair affirme l’excitation d’apparaitre du destin. La chair donne à sentir la présence de l’âme. La chair donne à sentir la présence de l’âme comme excitation d’apparaitre du destin. La chair donne à sentir l’équilibre de l’âme. La chair donne à sentir l’équilibre de l’âme comme excitation d’apparaitre du destin. La chair donne à sentir la chute d’équilibre de l’âme. La chair donne à sentir la chute d’équilibre de l’âme comme excitation d’apparaitre du destin. La chair donne à sentir la chute d’équilibre de l’âme comme pulsion d’apparaitre du destin. 

 

 

 

« La nuit ne se laisse pas connaitre, étant la nuit, mais se laisse respirer. »

 

Savoir comment respirer la nuit. Savoir comment respirer l’espace de la nuit. Savoir comment respirer le silence de la nuit. Savoir comment respirer l’espace de silence de la nuit. Ecrire comme savoir respirer le silence de la nuit. Ecrire comme savoir respirer l’espace de silence de la nuit. 

 

 

La nuit amplifie la précision de l’inconnu. La nuit amplifie la précision de l’inexorable. La nuit intensifie l’exactitude de l’inexorable. La nuit intensifie l’exactitude de l’inconnu. La nuit intensifie l’exactitude de l’inexorable, l’exactitude de l’inconnu inexorable. 

 

 

« Chaque jour qui s’en va s’ajoute à l’irréparable. »

 

La nuit amplifie l’inexorable. La nuit amplifie la parure de l’inexorable. La nuit amplifie la parure d’espace de l’inexorable. L’apparition de la nuit amplifie la parure d’espace de l’inexorable. 

 

 

« J’élève, jour après jour, mon tombeau. » 

 

Sculpter le tombeau du papier. Sculpter nuit par nuit le tombeau du papier. La lune sculpte le tombeau de papier de la nuit. La clarté de la lune sculpte le tombeau de papier de la nuit. La parabole de clarté de la lune sculpte le tombeau de papier de la nuit. 

 

 

 

« L’eau se lave elle-même, dans les ruisseaux rapides. Comme l’air nettoie l’air, dans les hauteurs. »

 

L’eau se lave à l’intérieur de sa translucidité. L’eau se lave à l’intérieur du flux de sa translucidité. L’eau se lave à l’intérieur du flux du vide. L’eau se lave à l’intérieur du flux de  vide de la translucidité, à l’intérieur du flux de translucidité du vide. 

 

 

« On peut bien être narcisse, mais il ne faut pas se regarder dans l’eau. »

 

Savoir comment regarder l’eau sans désirer se regarder dans l’eau. Savoir comment regarder le flux de l’eau sans désirer regarder son image dans l’eau. Savoir contempler le flux de l’eau sans désirer y voir son image afin de devenir ainsi le narcisse aveugle du flux de l’eau, afin de devenir ainsi le narcisse du flux aveugle de l’eau. 

 

 

« Le silence des pierres est un grondement, moins éteint que figé. Inaudible comme figé. »

 

Les pierres grondent de paralysie. Les pierres grondent du miracle de la paralysie. Les pierres grondent du miracle de la terreur. Les pierres grondent de la paralysie de la terreur, du miracle de paralysie de la terreur. 

 

 

« Plus encore que l’animal, la plante est insérée. Elle sait le temps, les saisons, la venue du printemps, la lumière, la chaude extase des averses … Elle est avec, peut-être rien qu’avec. » Le végétal apparait avec. Le végétal apparait avec l’espace. Le végétal apparait avec la respiration de l’espace. Le végétal apparait avec le silence de l’espace. Le végétal apparait avec la respiration de silence de l’espace. 

 

 

Le végétal apparait avec maintenant. Le végétal apparaît avec l’espace de maintenant. Le végétal apparait avec la respiration de maintenant. Le végétal apparait avec la respiration d’espace de maintenant. Le végétal apparait avec ainsi. Le végétal apparait avec la respiration d’ainsi. Le végétal apparait avec l’espace d’ainsi. Le végétal apparaît avec la respiration d’espace d’ainsi. Le végétal apparait avec la respiration d’espace de maintenant ainsi. 

 

 

« L’épreuve de l’avec n’est pas pure. Seule est pleine, ajustée, poignante, celle du sans. »  

 

Le sans est pur. L’avec apparait impur. Le sans est anxieusement pur. L’avec apparait joyeusement impur. 

 

 

« Le chant du merle. Sa beauté est dans son hésitation. Il hésite dans le beau. »

 

Le chant du merle indique l’hésitation de la beauté. Le chant du merle mélodise l’hésitation de la beauté. Le chant du merle indique la mélodie d’hésitation de la beauté. Le chant du merle mélodise les indices d’hésitation de la beauté. 

 

 

« Tout dans la nature, cherche son aliment ou sa proie. C’est au fond la même chose. La plante cherche l’eau comme le lion la gazelle. »

 

La gazelle cherche la plante comme l’eau cherche le lion. La gazelle trouve la plante comme l’eau trouve le lion. 

 

 

 

« Quand le vent brusquement passe dans les feuillages comme une main, il se passe quelque chose. Il se passe quelque chose dans la nature. Peut-être même ne se passe-t-il quelque chose réellement que là. »  

 

Le vent palpe l’espace. Le vent palpe l’espace à l’intérieur de l’arbre. Le vent palpe les sourires de l’espace à l’intérieur de l’arbre. Le vent palpe les hurlements de l’espace à l’intérieur de l’arbre. Le vent palpe les hurlements de sourires de l’espace à l’intérieur de la frondaison de l’arbre. 

 

 

La nature montre des événements de la matière. La nature montre des formes d’événements, des formes d’événements de la matière. La nature montre des événements en dehors de l’histoire. La nature montre des événements de la matière en dehors de l’histoire des hommes. La nature montre des formes d’événements de la matière en dehors du sens de l’histoire des hommes. 

 

 

« Il ne s’agit pas de dire le vent, mais d’être traversé jusqu’au dire, par le vent. »

 

Apparaitre touché par le vent. Apparaitre touché par le vent jusqu’à parler comme le vent. Apparaitre touché par le vent jusqu’à parvenir à parler comme le vent. Apparaitre touché par le vent jusqu’à essayer de parler comme le vent. Apparaitre touché par le vent jusqu’à avoir la tentation de parler comme le vent. 

 

 

 

« Deux qui conversent, comme s’ils mangeaient les propos l’un de l’autre, faisait un repas de mots… »

 

Manger la parole. Manger la parole avec le silence. Manger la parole avec les gestes du silence. Manger la parole avec le repos du silence, avec les gestes de repos du silence. 

 

 

« Manger un fruit comme l’arbre qu’il ne sera pas. »

 

Manger le fruit comme la chute de l’arbre. Manger le fruit du hasard comme la chute de nécessité de l’arbre. Manger le fruit du hasard heureux comme la chute de nécessité de l’arbre. 

 

 

« L’amande est un plaisir pour la dent, autant et plus que pour la langue. Plaisir animal et sans doute très ancien, de faire craquer sous la dent. »

 

Manger l’amande comme un caillou végétal. Manger l’amande comme un caillou amadoué, comme un caillou végétal amadoué. Manger l’amande comme le caillou de la tendresse. Manger l’amande comme le caillou végétal amadoué de la tendresse. 

 

 

« La blessure de l’arbre s’est refermée sur elle-même, avec les années, dans un puissant gonflement, de part et d’autre de l’écorce, comme des lèvres de silence. »

 

S’accorder à l’écorce. S’accorder à l’écorce comme avec un instrument de musique. S’accorder au silence de l’écorce. S’accorder au silence de l’écorce comme avec un instrument de musique. S’accorder aux lèvres de silence de l’écorce. S’accorder aux lèvres de silence de l’écorce comme avec un instrument de musique. S’accorder aux lèvres de silence de l’écorce comme avec l’instrument de musique de l’ainsi, comme avec l’instrument de musique de l’ainsi ça. 

 

 

 

« Brouillard comme un sommeil sur les formes - un sommeil des formes. »

 

Le brouillard donne à sentir le sommeil des formes du monde. Le brouillard donne à respirer le sommeil des formes du monde. Le brouillard donne à respirer du regard le sommeil des formes du monde. Le brouillard donne à boire du regard le sommeil des formes du monde. Le brouillard donne à boire à la respiration du regard le sommeil des formes du monde. 

 

 

« La neige est une pluie charmée, réduite au silence. »

 

La neige charme la pluie par le silence. La neige apparait comme une pluie charmée par le silence. La neige charme la pluie par la chute du silence. La neige charme le suspens de la pluie par la chute du silence. La neige charme la lévitation de la pluie. La neige charme la lévitation de la pluie par la chute du silence. La neige charme la pulsion de la pluie. La neige charme la pulsion de la pluie par la chute du silence. La neige charme la pulsation de la pluie. La neige charme la pulsation de la pluie par la chute du silence. 

 

 

 

« Le vrai silence est une parole ; une parole qui s’évanouit. »

 

Il n’y a pas de vrai silence. Le silence apparait comme une parole qui s’évanouit, une parole qui s’évanouit en dehors du vrai et du faux. L’exactitude impure du silence apparait comme une parole qui s’évanouit. L’exactitude impure du silence apparait comme une parole qui s’évanouit en dehors du vrai et du faux. 

 

 

« Nous ne sommes que paroles, mais nous-mêmes quelque chose nous tait. »

 

 Le silence du monde tait la parole de l’homme. La démesure de silence du monde tait le désir de parole infinie de l’homme. La démesure de silence du monde tait à chaque instant le désir de parole infinie de l’homme. 

 

 

« Le bruit d’une pelle qui ramasse de la terre ou du sable ne dérange pas le silence. Pourquoi ? »

 

Le bruit d’une pelle qui ramasse de la terre amplifie le silence. Le bruit d’une pelle qui ramasse de la terre amplifie le silence par le geste d’ensevelir le ciel à l’intérieur de la terre. Le bruit d’une pelle qui ramasse de la terre intensifie le silence. Le bruit d’une pelle qui ramasse de la terre intensifie le silence par le geste d’ensevelir le ciel à l’intérieur de la terre.  Le bruit d’une pelle qui ramasse de la terre donne à entendre l’envol de paralysie de la terre. Le bruit d’une pelle qui ramasse de la terre donne à entendre l’envol de paralysie de la terre comme ampleur du silence. Le bruit d’une pelle qui ramasse de la terre donne à entendre l’envol de paralysie de la terre comme palpation d’ampleur du silence.

 

 

 

« Il y a toujours, dans ce que nous disons, quelque chose qui n’est pas dit, qui est là, qui attend, mais n’est pas dit. Avant ce que tu vas dire, il y a ce qui te fait le dire et qui, lui ne sera jamais dit. »

 

Seul le silence provoque la parole. Seul le silence du monde provoque la parole. Seul le silence provoque la parole sans attendre. Seul le silence du monde provoque la parole sans attendre. La parole n’a pas la force de provoquer la parole. La parole n’a que le pouvoir de susciter la parole, de susciter la parole à travers son attente, à travers l’incohérence même de son attente. 

 

 

« Le silence d’une œuvre, qu’il soit non dans ce qu’elle ne dit pas : ses suspens, ses blancs, ses marges ; mais dans ce qu’elle dit. »

 

L’écriture donne à sentir le silence de la parole. L’écriture déclare le silence. L’écriture déclare le silence comme forme de la parole. L’écriture donne à sentir la forme de silence de la parole. L’écriture déclare la projection du silence. L’écriture déclare la projection du silence comme forme de la parole. L’écriture déclare la projection d’extase du silence. L’écriture déclare la projection d’extase du silence comme forme de respiration de la parole. L’écriture déclare la projection de sang du silence. L’écriture déclare la projection de sang du silence comme forme de respiration de la parole. L’écriture déclare la projection de sang du silence comme forme d’extase de la parole. L’écriture déclare la projection de sang inexorable du silence. L’écriture déclare la projection de sang inexorable du silence comme forme de respiration extatique de la parole. 

 

 

 

« Il faut biffer dans la pensée, non dans l’écriture. »

 

L’écriture rature la pensée. L’écriture rature la pensée avec la précision de l’éclair. L’écriture rature la pensée avec la précision impeccable de l’éclair. L’écriture rature la gomme de la pensée. L’écriture rature la gomme d’infini de la pensée. L’écriture rature la gomme d’infini de la pensée avec la précision impeccable de l’éclair. 

 

 

« Il me semble parfois que je pense déjà ce que je ne saurai que plus tard. »

 

Ecrire affirme le geste d’imaginer déjà. Ecrire affirme le geste d’imaginer déjà par la certitude de la chair. Ecrire affirme le geste d’imaginer déjà par la certitude de foudre de la chair ce que je ne saurai que plus tard et parfois même ce que je ne saurai jamais. Ecrire affirme le geste d’imaginer déjà par la certitude de foudre de la chair ce que je n’aurai jamais le courage de penser et que je saurai ainsi comme par hasard, ce que je saurai ainsi ou ne saurai jamais selon la démence même du hasard. 

 

 

« Ou : je voudrais dire ce que je ne sais pas. Précisément ce que je ne sais pas. »

 

Ecrire comme déclarer les formes du non-savoir. Ecrire comme déclarer avec joie les formes du non-savoir. Ecrire comme déclarer avec joie les formes précises du non-savoir. Ecrire comme déclarer avec une jubilation tranquille les formes précises du non-savoir. 

 

 

« De la pleine et parfaite mémoire : un oubli qui se saurait oubli. »

 

L’oubli qui se sait oubli affirme l’exactitude du sommeil. L’oubli qui se sait oubli affirme l’insouciance du sommeil. L’oubli qui se sait oubli affirme l’exactitude d’insouciance du sommeil. 

 

 

« Tout est voué à l’oubli. Aller donc, aller déjà au monde selon l’oubli. Autrement le connaitre : « en l’« oubliant » le connaitre oublié. Vraiment, s’il se peut, le connaitre comme oublié. »

 

Ecrire comme affirmer les formes de l’oubli. Ecrire comme affirmer les formes d’exactitude de l’oubli. Ecrire comme affirmer les formes de précision de l’oubli. Ecrire comme affirmer les formes d’exactitude insouciante de l’oubli, les formes de précision insouciante de l’oubli. Ecrire comme affirmer les formes d’exactitude du sommeil, les formes d’exactitude insouciante du sommeil. Ecrire comme affirmer les formes de précision du sommeil, les formes de précision insouciante du sommeil. 

 

 

« Tout se fait, nécessairement finit par se faire, dans une sorte d’évidence grise. Dans le gris du « nécessairement ». »

 

Ecrire comme déclarer le gris de la nécessité. Ecrire comme déclarer le gag de la nécessité, le gag de gris de la nécessité. Ecrire comme déclarer le magma de la nécessité, le magma de gags de la nécessité, le magma de gris de la nécessité, le magma de gags gris de la nécessité.  Écrire comme déclarer la cataracte de la nécessité, la cataracte de gags de la nécessité, la cataracte de gris de la nécessité, la cataracte de gags gris de la nécessité. Ecrire comme déclarer le séisme de la nécessité, le séisme de gags de la nécessité, le séisme de gris de la nécessité, le séisme de gags gris de la nécessité. 

 

 

 

« Plaisir de l’aphorisme : celui de faire une seule phrase, une phrase seule. »

 

L’aphorisme affirme le plaisir de la phrase. L’aphorisme affirme la solitude de la phrase. L’aphorisme affirme le plaisir de solitude de la phrase. L’aphorisme affirme le plaisir d’apparaitre seul de la phrase. 

 

 

« Que le silence soit avant le mot, pour y être encore après. »

 

L’aphorisme sait comment affirmer le silence à la fois avant le mot et après le mot et surtout à l’intérieur même du mot. Ou plutôt l’aphorisme sait comment affirmer le silence à la fois avant la phrase et après la phrase et surtout à l‘intérieur même de la phrase. 

 

 

« L’aphorisme de l’instant  n’est pas poème, n’a pas de rythme, n’a qu’une cadence, fugace et syncopée, comme l’instant. »

 

L’aphorisme de l’instant a un rythme, celui de sa proximité avec les autres aphorismes d’instants. L’aphorisme de l’instant a un rythme, celui de sa contiguïté, de sa proximité contiguë avec les autres aphorismes d’instants. L’aphorisme de l’instant a un rythme parce qu’il compose une suite, la fresque d’une suite, la fresque de feu d’une suite avec les autres aphorismes d’instants. 

 

 

« Dire, vraiment dire une chose qui ne soit pas compréhensible. Qui sorte du consensus. Et pourtant qui soit bien, vraiment dite. »

 

L’aphorisme affirme la simplicité de l’inconnu. L’aphorisme affirme la simplicité illisible de l’inconnu. L’aphorisme déclare la simplicité de l’inconnu. L’aphorisme déclare la simplicité illisible de l’inconnu. L’aphorisme affirme le feu de simplicité de l’inconnu, le feu d’illisibilité de l’inconnu, le feu de simplicité illisible de l’inconnu. 

 

 

« Seul purement parle celui qui ne parle à personne, ni pour personne. Dans le désert. »

 

« On n’écrit pas pour les autres. On n’écrit pas non plus pour soi. On écrit pour s’acquitter envers ce qui n’est ni les autres ni soi. Ce qui ignore et presque exclut les autres autant que soi. »

 

Affirmer l’exactitude impure de la parole. Affirmer l’exactitude impure de la parole c’est à dire parler uniquement à oui. Parler à oui ce n’est pas se parler à soi-même, ce n’est pas parler à l’autre, ce n’est pas parler à personne, ce n’est pas parler à l’humanité, ce n’est pas parler à Dieu. Parler à oui c’est parler au destin. Parler à oui c’est parler à la couleur du destin. Parler à oui c’est adresser la parole à la couleur du destin, à la couleur inexorable du destin. Ecrire à oui c’est adresser la parole à l’apocalypse de couleur du destin, à l’apocalypse de couleur inexorable du destin. 

 

 

 

« Il y a un fond de nous où jamais nous n’allons. C’est lui qui nous fait aller, lui seul qui va. »

 

Ce qui provoque l’élan d’exister, ce n’est pas la connaissance. Ce qui provoque l’élan d’exister, ce n’est ni l’ignorance, ni la connaissance. Ce qui provoque l’élan d’exister c’est l’inconnu, c’est la présence de l’inconnu, c’est la présence inexorable de l’inconnu, c’est la présence à la fois incroyable et inexorable de l’inconnu. 

 

 

« On n’est que poussé par la vie, dans son élan. Non abrité en elle, comme on croit. »

 

L’existence apparait projectile. L’existence apparait toujours projectile. L’existence apparait toujours comme une forme projectile. L’existence apparait comme la forme projectile de l’inconnu, comme la forme projectile de l’inexorable, comme la forme projectile de l’inconnu inexorable. Exister c’est apparaitre projeté par l’existence même. Exister c’est apparaitre projeté par l’inconnu de l’existence même, par l’inconnu inexorable de l’existence même. 

 

 

 

« Il faut savoir de temps en temps rester sans rien faire et même sans rien penser. Ce n’est pas là vivre pour vivre. Ce serait plutôt ne pas vivre, suspendre, dans la vie même, le vivre de la vie. »

 

Rester simplement là. Rester simplement là à l’intérieur du monde. Rester simplement là à l’intérieur du monde c’est-à-dire exister, c’est à dire exister sans vivre c’est à dire exister en deçà de la vie. 

 

 

« Ma vie n’est pas ma vie ; ma vie n’aura fait que hanter ma vie. »

 

La vie n’est pas l’existence. La vie est le fantôme de l’existence. La vie est la hantise de l’existence. La vie est la hantise qui distrait de l’existence. 

 

 

« Il me semble qu’à la fin d’une vie on sait, plus ou moins, ce qu’on fut, ce qui fut. On meurt de le savoir. » « On ne peut savoir la mort qu’en mourant. Cas extrême, mais exemplaire de tout savoir. »

 

La mort n’est pas un savoir, la mort n’est pas une connaissance. Celui qui meurt ne connait ni sa vie, ni sa mort. Celui qui meurt meurt sans connaitre la mort. De même que celui qui vit vit sans connaitre la vie, celui qui meurt meurt sans connaitre la mort. La mort n’est pas une révélation. La mort n’est pas la révélation d’une connaissance. La mort est un épuisement. Celui qui meurt meurt d’épuisement. Celui qui meurt meurt d’avoir épuisé sa finitude. Celui qui meurt meurt d’avoir épuisé le flux de sa finitude, le métamorphose de la finitude, le flux de métamorphose de sa finitude. 

 

 

La mort n’est pas une connaissance exemplaire. La mort apparait comme un non-savoir. La mort apparait comme un non-savoir singulier, comme un non-savoir à la fois singulier et contingent. 

 

 

« La mort me guérira, mais de quoi ? Le savoir maintenant serait précieux. »

 

La mort n’est pas une guérison. La mort ne guérit ni de la vie, ni du néant. La mort n’est ni la guérison de la vie, ni la guérison du néant. 

 

 

« Mourant, on passe dans l’invisible. Mais peut-être ne sort-on pas du monde ; ou l’on devient seulement invisible. Comme l’âme déjà l’était, avant. » « Les morts ne sortent pas du monde. Ils s’y perdent, s’y abiment. Et ainsi le perdent lui-même et l’abiment. A force d’y mourir, les morts délabrent le monde. »

 

Les morts sortent du monde. Les morts s’égarent en dehors du monde. Les morts s’égarent en dehors du monde et en s’égarant ainsi en dehors du monde, les morts montrent le noli tangere invisible du monde. 

 

 

« Celui qui meurt ne se reconnait plus. C’est de cela qu’il meurt. »

 

Celui qui meurt ne reconnait plus le monde. Celui qui meurt meurt précisément de ne plus reconnaitre le monde. 

 

 

« Qu’est-ce qui est le plus à vaincre : la vie ou la mort ?  Pour la plupart, c’est la mort. Mais nul n’y parvient. Pour certains, c’est la vie dans son avide élan. Quelques-uns y parviennent. Ils ont déjà vaincu la mort. »

 

Savoir comment mépriser l’avidité de la vie. Savoir comment mépriser la banalité de la vie par la bêtise de l’extase. Savoir comment mépriser l’avidité banale de la vie par la bêtise insouciante de l’extase. Savoir comment mépriser l’avidité banale de la vie par la bêtise insouciante de l’extase afin d’affirmer ainsi l’immortalité de l’existence, afin d’affirmer ainsi l’immortalité tranquille de l’existence, afin d’affirmer ainsi l’immortalité impeccable de l’existence. 

 

 

 

« Ce que je pense m’accompagne certes, mais parfois comme un compagnon de hasard. »

 

Il y a un hasard de la pensée. La pensée n’est pas hasardée par les circonstances ou les situations de la vie quotidienne. La pensée serait plutôt hasardée par les tournures de l’âme. La pensée n’est que l’aspect contingent de la tournure de l’âme. La pensée n’est que l’aspect hasardé, contingent de la tournure de nécessité de la chair, de la tournure de nécessité de l’âme, de la tournure de nécessité de la forme de la chair c’est à dire de l’âme. 

 

 

« Quand la pensée, touchant l’extrême, ne sait plus où elle en est, alors elle s’atteint. La pensée n’est que son vertige. »

 

La pensée apparait comme le vertige de son équilibre. La pensée apparait comme le vertige de son équilibre in extremis. La pensée apparait comme le vertige d’équilibre du non-savoir, comme le vertige d’équilibre in extremis du non-savoir. 

 

 

« Il est un ordre, où nous sommes sans le savoir, qui déborde à la fois la vie et la mort. »

 

Il y a un équilibre où nous savons comment apparaitre en dehors de la vie et de la mort. Il existe une forme d’équilibre de sommeil, une forme d’équilibre de lucidité, une forme d’équilibre de sommeil lucide où la chair sait comment apparaitre en dehors de la vie et de la mort. 

 

 

 

« Si la mort n’atteint pas l’âme, c’est que l’âme n’est pas dans l’être. »

 

L’âme apparait. L’âme affirme l’apparition. L’âme affirme la forme de la chair. L’âme affirme l’apparition de la chair. L’âme affirme la forme d’apparition de la chair. 

 

 

« Si l’âme ne meurt pas avec le corps, elle ne nait pas non plus avec lui. Grand mystère qui remue des abimes. »

 

L’âme apparait comme la forme de la chair. La forme de la chair de l’âme n’est pas biologique. La forme de la chair de l’âme apparait symbolique. La forme de la chair de l’âme apparait à la fois symbolique et parabolique. L’âme donne à sentir la forme symbolique de la chair. L’âme donne à sentir la forme parabolique de la chair. L’âme donne à sentir la forme à la fois symbolique et parabolique de la chair c’est-à-dire la forme à la fois de la solitude de la chair et du repos de la chair, la forme à la fois de la solitude de la chair et du calme de la chair. 

 

 

L’âme donne à sentir la forme de la solitude de la chair, la forme de la solitude symbolique de la chair. L’âme donne à sentir la forme du repos de la chair, la forme du repos parabolique de la chair. L’âme donne à sentir la forme de la solitude symbolique de la chair comme la forme du repos parabolique de la chair. L’âme donne à sentir la forme de la solitude symbolique de la chair comme la forme du sommeil parabolique de la chair. Ainsi grâce à l’âme, la forme de la solitude de la chair et la forme du sommeil de la chair coïncident. L’âme donne à sentir la connivence de la forme de la solitude de la chair et de la forme du sommeil de la chair. 

 

 

Avoir une âme c’est ainsi simplement dormir avec aisance. Avoir une âme c’est simplement dormir par l’ascèse de l’aisance comme par l’aisance de l’ascèse. Le monstre a une âme quand le monstre dort avec facilité. Le monstre athée a une âme quand le monstre athée sait comment dormir avec facilité, quand le monstre athée sait comment dormir à la fois avec précision et facilité. 

 

 

« « Je ne mourrai  pas… » C’est seulement si je le pense que je me crois vivant. »

 

L’âme apparait immortelle. Et c’est quand la chair imagine l’immortalité de l’âme avec précision que la chair a ainsi la sensation d’exister, que la chair a la sensation inexorable d’exister. 

 

 

 

« Chacun voit, sent différemment, mais ne le sait pas, se rangeant sur le sens commun. Seuls l’écrivain, l’artiste parviennent à le dire. »

 

L’étrangeté de l’existence d’un artiste c’est de disposer à la fois d’un corps spécifique et d’un corps particulier. L’étrangeté de l’existence d’un artiste c’est d’appartenir à la fois à son espèce et à son âme, c’est de se soumettre aux obligations biologiques de son espèce et d’affirmer malgré tout les formes inhumaines de son âme. Chaque artiste apparait ainsi à la fois comme humain et inhumain. Chaque artiste apparait comme le siamois inhumain de son corps humain. Ou plutôt chaque artiste apparait comme l’âme inhumaine siamoise de son corps humain. Ainsi chaque artiste apparait comme un monstre. 

 

 

« Le vrai salut n’a pas de visage. »

 

Le salut n’a pas de visage. Le salut transforme le visage en gueule. Le salut transforme le visage en gueule du silence. Le salut transforme le visage en gueule de l’inexorable, en gueule de silence de l’inexorable. Ainsi apparaitre sauf c’est apparaitre comme un monstre. Apparaitre sauf c’est apparaitre comme monstre du miracle, comme monstre du destin, comme monstre de miracle du destin. 

 

 

« La nécessité est ce qu’il y a de plus pauvre. D’autant plus pauvre que plus absolument nécessité. Ce qui nous force est le plus pauvre. »

 

La nécessité donne à sentir la liberté comme luxe de la pauvreté. La nécessité donne à sentir la liberté comme luxe heureux de la pauvreté. 

 

 

« Un être tout autre que l’homme aurait aussi pu porter ce qui fut le destin de l’homme. Par exemple, la vive abeille… »

 

Il n’y a pas de destin de l’homme. Le destin apparait toujours animal. Le destin apparait toujours comme une forme animale. Et le destin animal de l’abeille c’est de construire des cathédrales d’humilité. 

 

 

 

« Il y a une misère d’être. C’est une misère infinie. Elle est digne d’une compassion infinie. »

 

Il existe une joie d’apparaitre. Il existe une joie démesurée d’apparaitre. Et cette joie démesurée d’apparaitre existe de manière indigne et injuste. 

 

 

« La misère est de devoir commencer. »

 

La joie apparait comme le geste de vouloir commencer. La joie affirme le geste de vouloir commencer. La joie affirme le geste de vouloir commencer sans que cette volonté de commencer soit un devoir, sans que cette volonté de commencer soit un devoir envers l’origine. 

 

 

« Il n’y a de paradis que perdu. »

 

Il n’existe de paradis que recommencé. Il n’existe de paradis que recommencé par sa chute. Il n’existe de paradis que recommencé par l’extase de sa chute. Il n’existe de paradis que recommencé par l’extase inexorable de sa chute. Il n’existe de paradis que recommencé par l’extase de terreur de sa chute, par l’extase de terreur inexorable de sa chute. 

 

 

« Adam, l’a-t-on remarqué, Adam, l’homme plénier, jamais ne fut enfant. »

 

Celui qui écrit n’a pas la volonté de devenir Adam au paradis. La démence de celui qui écrit apparait plus intense encore. Celui qui écrit a la volonté de devenir l’enfance d’Adam, l’enfance d’Adam au paradis, l’enfance d’Adam au paradis qui détruit ainsi Adam, qui détruit ainsi le souci adulte d’Adam. Celui qui écrit essaie d’apparaitre comme un monstre enfant au paradis, un monstre enfant hybride à la fois du Christ et d’Adam au paradis, ou plutôt hybride du Christ enfant et d’Adam enfant au paradis. Et qui sait même celui qui écrit essaie d’apparaitre comme un monstre enfant hybride du Christ enfant, d’Adam enfant et d’Eve enfant au paradis, ou comme un monstre enfant hybride de la multitude des animaux, du Christ enfant, d’Adam enfant et d’Eve enfant au paradis. Celui qui écrit essaie ainsi de devenir l’arche d’enfance du paradis, l’arche d’enfance monstre du paradis, l’arche d’enfance monstre du paradis avant Adam et Eve, l’arche de la chute d’enfance monstre du paradis, l’arche de la chute d’enfance monstre du paradis antérieure à Adam et Eve. 

 

 

 

« Je cherche là où personne ne cherche, ce dont aussi bien personne ne veut. »

 

La monstruosité de l’innocence affirme le geste de chercher et de trouver ce que la chair de  son âme apparait comme la seule à vouloir. La monstruosité de l’innocence affirme le geste de chercher et de trouver ce que le charme de son existence, le charme animal de son existence, le charme bestial de son existence apparait comme le seul à vouloir. 

 

 

« Tous les hommes n’ont peut-être qu’une même âme humaine disséminée, répartie entre tous. L’humanité est une. » « Tous les hommes pensent peu ou prou la même chose. Cette concordance n’est rassurante qu’à moitié. »

 

Les hommes pensent à peu près de façon identique. Et en même temps malgré tout aussi chaque homme imagine quelque chose d’unique, chaque homme imagine quelque chose d’unique et de radicalement différent, de radicalement non-humain, de radicalement inhumain, de radicalement en dehors de l’espèce humaine, de radicalement en dehors des  principes de l’humanité, en dehors des principes de pensée de l’humanité. Cette imagination radicalement autre, radicalement inhumaine, c’est le génie. Malgré tout rares sont les hommes qui ont l’audace et le courage de déclarer cette imagination radicalement inhumaine. En effet, le génie ce n’est pas uniquement d’avoir du génie. Le génie c’est plutôt d’avoir l’audace et le courage de déclarer son génie. 

 

 

« Tout homme a du génie, mais il ne le sait. Le plus souvent n’a pas eu, ou voulu se donner, les moyens de le savoir. »

 

Le génie c’est d’abord surtout le courage de savoir à quoi ressemble son génie, c’est d’abord le courage d’essayer de savoir à quoi ressemble son génie. Ainsi il n’y a pas d’homme de génie parce que ce courage d’essayer de savoir à quoi ressemble le génie n’est pas un courage humain, c’est un courage inhumain. Le courage d’essayer de savoir à quoi ressemble le génie et surtout le courage de déclarer son génie apparait comme un courage animal, comme un courage bestial, comme un courage monstrueux. 

                            

 

« Bien plus encore que sa « chambre », l’homme fuit le là. Tout lui est bon - distractions, voyages - pour ne pas se sentir là. »

 

L’homme n’a jamais le courage d’apparaitre là. Le génie affirme d’abord le geste d’apparaitre là. Le génie affirme le courage à la fois d’apparaitre là et de déclarer le là. Le génie affirme à la fois le courage d’avoir lieu et le courage de déclarer l’avoir lieu. 

 

 

« Le génie n’est pas rapide, il est soudain. »

 

Le génie apparait soudain. Le génie apparaît soudain comme le sourire de la foudre. Le génie apparait soudain comme le sourire de silence de la foudre. Le génie apparait soudain comme le sourire d’extase de la foudre, comme le sourire d’extase taciturne de la foudre. 

 

 

« L’homme ne veut que poursuivre, sans jamais commencer. » « Un feu qui s’éteint est comme du temps qui s’arrête. »

 

Le génie affirme le geste à la fois de commencer et de poursuivre. Le génie affirme le geste de poursuivre le commencement. Le génie affirme le geste de recommencer. Le génie affirme le geste de recommencer le temps. Le génie affirme le geste de recommencer la matière du temps. Le génie affirme le geste de recommencer le paradis. Le génie affirme le geste de recommencer la matière de temps du paradis. Le génie affirme le geste de feu du temps. Le génie affirme le geste de recommencer le feu de temps du paradis. Le génie affirme le geste de recommencer la forme du paradis, la forme de feu du paradis. Le génie affirme le geste de recommencer le feu d’extase du paradis. 

 

 

 

« Le savoir de l’homme n’est ce savoir qu’il est, dominant, sans appel, que d’être le seul. » 

 

L’homme est l’unique à connaître, l’unique à désirer connaitre. Malgré tout l’homme n’est pas le seul à savoir. En effet chaque existence à l’intérieur du monde dispose d’un savoir, d’un savoir précis à propos du monde. Chaque pierre dispose d’un savoir. Chaque plante dispose d’un savoir. Chaque animal dispose d’un savoir. Chaque chose même dispose d’un savoir. Chaque existence à l’intérieur du monde dispose d’un savoir inconnu, d’un savoir malgré tout inconnu.

                                                             

 

« L’animal, sinon tout vivant, est aussi « intelligent » que l’homme, dans son ordre. Mais il ne le sait pas. L’homme le sait, c’est son ordre. »  

 

Chaque existence sait, cependant chaque existence ne dispose pas de l’intelligence de ce savoir (disposer de l’intelligence du savoir c’est connaitre). Chaque existence dispose d’un savoir, cependant il n’y a que l’homme qui dispose de l’intelligence de ce savoir. 

 

 

« On devrait se dire chaque matin : je suis un homme. S’en pénétrer. Au moins se demander : qu’est-ce qu’un homme, mais peut-être qu’être homme n’est rien d’autre que cela : se le demander. »

 

L’homme n’existe pas. L’homme n’est rien d’autre qu’une question. L’homme est la question de l’homme. L’homme est le sens d’une question. L’homme est le sens de la question que l’homme suppose à chaque seconde de sa vie. 

 

 

« Plusieurs personnes ensemble, c’est d’abord  moins d’espace. Ce n’est souvent rien d’autre. »

 

Le malheur de la société humaine c’est de réduire l’espace, c’est d’abolir l’espace. A l’inverse, à l’intérieur de la solitude ou à l’intérieur de l’amour, l’espace apparait, l’espace respire. 

 

 

 

« La lumière fait du bruit, le plus haut bruit : celui qu’on n’entend plus, car il s’égale à toutes choses. »

 

La lumière fait un bruit de moulin. La lumière moud la farine de l’effacement. La lumière moud la lumière. La lumière moud la farine de la lumière. La lumière moud la farine d’effacement de la lumière. 

 

 

« La lumière ne montre pas les choses comme elles sont. Elle les revêt, on dirait les habille, pour qu’elles soient vues. Sans cet habit, elles ne seraient pas visibles. »

 

La lumière travestit les objets. La lumière travestit les objets à travers des dépouilles de visibilité, à travers des guenilles de visibilité, à travers des camisoles de visibilité. La lumière travestit les objets à travers une panoplie de visibilité. 

 

 

 

« Je m’endors en pensant : si je trouvais Dieu dans mon sommeil, que trouverais-je ? »

 

Il n’y a jamais aucun Dieu à l’intérieur du sommeil. Le sommeil détruit Dieu. Le sommeil détruit Dieu avec innocence. Le sommeil détruit le désir de Dieu. Le sommeil détruit le désir de Dieu avec une extrême innocence. 

 

 

« Ce que j’écris intéresse-t-il Dieu ? J’aimerais que cela L’intéresse. Et même n’intéresse que lui. »

 

Savoir comment écrire de manière à ne jamais intéresser Dieu. Savoir comment écrire de manière à n’être jamais lu par Dieu, de manière à ne jamais susciter le désir de lecture de Dieu. Savoir comment écrire de manière à détruire le désir de lecture de Dieu. Savoir comment écrire de manière à détruire le désir d’interprétation de Dieu. Savoir comment écrire   de manière à ce que Dieu ne soit jamais le témoin du livre ainsi écrit. 

 

 

« Dieu n’a pas de nom. En même temps, Dieu est le seul à avoir un vrai nom, absolu, qui ne convienne à nul autre : Dieu. »

 

Croire en Dieu c’est croire à la vérité du nom. A l’inverse l’athée a à la fois la sensation et le sentiment qu’il n’y a pas de vérité du nom. L’athée a la sensation comme le sentiment que le nom apparait plutôt comme une parure, que le nom apparait à la fois comme une parure de la chair et une parure de l’âme, que le nom apparait plutôt comme une parure de l’existence, une parure d’illusion de l’existence. L’athée a à la fois la sensation et le sentiment que le nom n’est pas la vérité de la vie, que le nom apparait plutôt comme ce qui séduit l’existence. Pour l’athée, chaque existence n’est pas vérifiée à travers son nom. Pour l’athée, chaque existence apparait séduite par son nom. 

 

 

« Pourquoi est-ce une injure d’être « traité de tous les noms » ? »

 

Celui qui est traité de tous les noms ne parvient plus à se distinguer parmi la foule des noms. Celui qui est traité de tous les noms ignore alors à la fois la distinction du nom et la métamorphose du nom. Celui est traité de tous les noms est alors condamné à l’anonymat, à l’anonymat du nom total, à l’anonymat du nom en tant que tout. 

 

« « Vous connaitrez le bien et le mal. » - oui, sans doute, mais comme indifféremment, non dans leurs frontières, non ce qui est le bien et ce qu’est le mal. »

 

La connaissance du bien et du mal est une connaissance indifférenciée. Connaitre le bien et le mal c’est connaitre le bien en tant qu’indifférence du mal et le mal en tant qu’indifférence du bien. Connaitre la différence du bien et du mal c’est connaitre le bien en tant qu’indifférence informe du mal et le mal en tant qu’indifférence informe du bien.

 

 

« Il n’y a jamais, hélas, de temps vraiment « perdu ». Le temps perdu reste du temps. »

 

Le temps reste perdu. Le temps reste perdu à l’intérieur de l’espace. Le temps reste perdu à l’intérieur du vide de l’espace. Le temps reste perdu à l’intérieur de la paralysie de l’espace. Le temps reste perdu à l’intérieur du vide de paralysie de l’espace. Le temps apparait perdu. Le temps apparait perdu à l’intérieur du vide de paralysie de l’espace. Le temps apparait comme perdu. Le temps apparait comme perdu à l’intérieur du vide de paralysie de l’espace.

 

« La suite d’aujourd’hui, c’est hier, non demain. »

 

La suite d’aujourd’hui apparait à la fois comme hier et comme demain. La suite d’aujourd’hui apparait comme l’hier du futur et comme le demain du passé.

 

« Le temps est vivace, est lui-même, dans l’enfance. Après, il n’est plus que du temps. »

 

A l’intérieur de l’enfance, le temps apparait comme la vivacité du destin. A l’intérieur de l’enfance, le temps apparait comme la vivacité animale du destin, comme la vivacité à la fois végétale et animale du destin. A l’intérieur de l’enfance, le temps apparait comme la vivacité de la certitude, comme la vivacité de certitude du destin, comme la vivacité de certitude végétale et animale du destin.

 

 

 

« En vieillissant, on sait de moins en moins de ces choses qu’il faut savoir, et de plus en plus de celles qu’on ne peut savoir. »

 

La vieillesse donne à sentir le savoir du non-savoir. La vieillesse donne à sentir le savoir de l’ahurissement, le savoir d’ahurissement du non-savoir. La vieillesse donne à sentir le savoir de l’ahurissement tranquille, le savoir d’ahurissement tranquille du non-savoir. 

 

 

« On apprendra jusqu’à la fin - souvent ce qui eut du servir avant. D’un savoir alors presque inutile. La vie est le lieu d’un savoir sans objet. »

 

Exister c’est apprendre la disparition même de son savoir. Exister c’est apprendre l’inutilité de son savoir, l’apparition inutile de son savoir. L’existence révèle le lieu d’un savoir inutile. Par la sagesse de l’oubli, l’existence révèle le lieu d’un savoir superbement inutile. Par la sagesse tranquille de l’oubli, l’existence donne à sentir le lieu d’un savoir magnifiquement inutile. 

 

 

« Avec l’âge, chaque saison qui revient est étrangement neuve … Je redécouvre la pluie froide de novembre, le froid de cette pluie, comme à neuf, hors de tout souvenir. »

 

Il y a une fraicheur de la vieillesse, une fraicheur paradoxale de la vieillesse. La fraicheur de la vieillesse c’est simplement celle de l’oubli, c’est simplement celle d’oublier sa vie. La fraicheur de la vieillesse c’est d’oublier les divers événements de sa vie et parfois même d’oublier les saisons de l’existence. 

 

 

« Je ne suis que mon usure. »

 

Apparaitre comme l’usure de son extase. Apparaitre comme l’usure tranquille de son extase. Apparaitre comme l’habitude son extase, comme l’habitude tranquille de son extase. L’âme apparait comme l’usure tranquille de l’extase. L’âme apparait comme l’habitude tranquille de l’extase. 

 

 

« Faire durer un objet usuel, un vêtement surtout, au-delà même du raisonnable, c’est comme le sauver. »

 

Porter un vêtement en dehors de la raison. Porter un vêtement en dehors de la raison afin de sauver ce vêtement, afin de sauver ce vêtement comme déchirure du vide. Porter un vêtement en dehors de la raison afin de sauver ce vêtement comme déchirure de vide de la déraison, afin de sauver ce vêtement comme déchirure de vide de la démence, afin de sauver ce vêtement comme déchirure de vide du délire. 

 

 

 

« Réduire le nombre des pensées pour n’en garder à la fin qu’une seule, toujours la même, inépuisée. »

 

Il reste malgré tout inutile de réduire le nombre de ses pensées pour essayer de révéler la pensée qui serait essentielle. En effet c’est plutôt à l’inverse la prolifération des formules, la prolifération anarchique des formules qui donne paradoxalement à sentir la forme d’un seul et unique sentiment, la forme d’un seul et unique sentiment inépuisable, à jamais inépuisable. 

 

 

« L’œuvre achevée est celle qui a trouvé son repos. »

 

L’œuvre apparait achevée quand l’œuvre trouve son repos. L’œuvre apparait achevée quand l’œuvre trouve son repos au sommet de sa catastrophe. L’œuvre apparait achevée quand l’œuvre trouve son repos au sommet de sa chute.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cher Boris,

 

merci beaucoup pour ces Marges et pour tes remarques. Oui Munier a beaucoup compté pour moi. Je crois en effet que j'ai beaucoup appris avec lui.

 

(…)

 

Porte-toi bien cher Boris.

 

(…)