Bonjour Laurent, 

 

 

 

Marges de Plein Vent 

 

 

 

 

« Ce matin l’illumination 

en allumant 

la lumière » 

 

 

A ça, c’est une phrase parfaite. Je veux dire une phrase parfaite par rapport à la structure même de ton imagination. Cette phrase serait ainsi l’emblème de ta poésie, l’emblème même de ta poésie. 

 

 

 

 

« Terre gorgée d’eau 

mais l’eau : 

de quoi gorgée ? » 

 

 

L’eau apparait gorgée de langues. L’eau apparait gorgée de vide. L’eau apparait gorgée des langues du vide. L’eau apparait gorgée de langues de clarté, des langues de clarté du vide. L’eau apparait gorgée de langues d’allusions, des langues d’allusions du vide. L’eau apparait gorgée de langues de la clarté allusive, des langues de clarté allusive du vide.

 

 

 

« L’eau rigole dans les ruisseaux 

elle se moque bien 

des belles paroles » 

 

 

La rigolade du ruisseau boit l’eau au goulot de l’eau. La rigolade du ruisseau boit l’eau au goulot de dégringolade de l’eau.

 

 

 

« Nuit de brouillard 

choses suspendues dans une poussière d’eau 

depuis et comme des lustres » 

 

 

Le brouillard ébroue le lustre du gris. Le brouillard ébroue le lustre de l’humidité, le lustre d’humidité du gris. Le brouillard ébroue le lustre de la monotonie, le lustre d’humidité de la monotonie, le lustre de monotonie du gris. Le brouillard ébroue le lustre d’ombres de la clarté, le lustre d’ombres de la monotonie. Le brouillard ébroue le lustre d’ombres claires de la monotonie. 

 

 

Le brouillard ébroue le lustre de balourdise de la monotonie, le lustre d’humidité balourde de la monotonie. Le brouillard ébroue le lustre d’éther de la monotonie, le lustre de balourdise éthérée de la monotonie. Le brouillard ébroue le lustre d’humidité éthérée de la monotonie, le lustre d’humidité balourde éthérée de la monotonie. 

 

 

Le brouillard ébroue l’ébullition de la fraicheur. Le brouillard ébroue le lustre d‘ébullition de la fraicheur. Le brouillard tamise l’ébullition de la fraicheur. Le brouillard tamise le lustre d’ébullition de la fraicheur. Le brouillard tamise la roue de la fraicheur. Le brouillard tamise la roue d’ébullition de la fraicheur. Le brouillard tamise l’ébullition de balourdise de la fraicheur, l’ébullition d’éther de la fraicheur, l’ébullition de balourdise éthérée de la fraicheur. Le brouillard tamise la roue d’ébullition balourde de la fraicheur, la roue d’ébullition éthérée de la fraicheur, la roue d’ébullition balourde éthérée de la fraicheur. Le brouillard ébroue le lustre de la lenteur. Le brouillard ébroue l’ébullition de la lenteur. Le brouillard ébroue le lustre d’ébullition de la lenteur. Le brouillard ébroue le lustre de lenteur de la fraicheur. Le brouillard ébroue le lustre d’ébullition de la lenteur fraiche. Le brouillard ébroue le lustre d’ébullition balourde de la lenteur fraiche, le lustre d’ébullition éthérée de la lenteur fraiche, le lustre d’ébullition balourde éthéré de la lenteur fraîche.

 

 

 

« Les allusions 

sédiments 

du fleuve Amour » 

 

 

Les allusions restent là comme les alluvions de l’amour. Les allusions restent là comme les alluvions de c’est-à-dire de l’amour. 

 

 

« Un sillon et voilà 

rabâchée l’ancienne 

fraicheur de la terre » 

 

 

Une charrue et voilà rebêchée l’archéologique fraicheur de la terre. Une charrue et voilà à la fois rabâchée et rebêchée l’archaïque fraicheur de la terre, l’archéologique fraicheur de la terre. La charrue avance tranquille comme l’arche des ratures de la terre. La charrue avance à la fois laborieuse et tranquille comme l’arche des ratures de la terre. 

 

 

« La brouette oisive » 

 

Il y a une brouette oisive de l’ombre. Savoir comment sourire avec la brouette de son ombre. Savoir comment sourire avec la brouette d’oisiveté de son ombre. 

 

 

« L’ombre du chat 

sur le mur est encore 

Un chat »

 

 

Le chat joue avec la pelote de son ombre. Le chat jongle avec les allusions de son ombre. Le  chat joue avec la pelote d’allusions de son ombre. Le chat joue avec la pelote de sourires de son ombre. Le chat joue avec la pelote de sourires allusifs de son ombre. 

 

 

« Une noix qui tombe 

et le silence 

se fait qui coquille » 

 

 

Quand la clef tombe, le bruit de sa chute par terre se fait serrure, serrure du cœur serré, serrure du vide, serrure du cœur serré du vide. 

 

 

« Quelques maigres flocons 

on dirait les lambeaux 

d’une hésitation à neiger. » 

 

 

La neige hésite des sourires d’ombre. La neige hésite les sourires d’ombre du vide. 

 

 

« L’oraculaire est un sixième doigt »

 

L’oraculaire révèle le sixième doigt de l’orage. L’oraculaire révèle le sixième doigt du vide. L’oraculaire révèle le sixième doigt d’orage du vide.

 

 

 

 

« Cerisier en fleurs- 

l’éternité qui va 

éternuer » 

 

 

Les étoiles éternuent le ciel. Les étoiles éternuent l’éternullité du ciel. Les étoiles éternuent les œillets du ciel. Les étoiles éternuent les œillets d’éternullité du ciel. Les étoiles éternuent la courtoisie du ciel. Les étoiles éternuent les œillets de courtoisie du ciel. Les étoiles éternuent l’éternullité de courtoisie du ciel.

 

 

 

« Le coq tient ferme du poing de son cri la gerbe des couleurs. » 

 

 

Le coq pond l’escroquerie du cri. Le coq pond la gerbe d’escroquerie du cri. Le coq vomit  l’escroquerie du cri. Le coq vomit le poing d’escroquerie du cri. Le coq vomit le poing de vanité du cri. Le coq vomit le poing d’escroquerie vaniteuse du cri. Le coq déchiquette le cri. Le coq déchiquette la coquille du cri. Le coq déchiquette l’escroquerie du cri. Le coq déchiquette la coquille d’escroquerie du cri. 

 

 

 

« Parapluie foutu 

je me promène un corbeau crevé 

au bout d’un manche. » 

 

 

Le parapluie cassé déploie les ailes de corbeau crevé d’un rêve de Lichtenberg. Le parapluie cassé épluche les ailes de corbeau crevé d’un rêve de Lichtenberg. Le parapluie cassé éclot  des épluchures de corbeau crevé, les épluchures de corbeau crevé d’un rêve de Lichtenberg.  

 

 

 

 

 

 

                                                                                                            A Bientôt                Boris

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

Salut Boris,

 

merci d'avoir réagi à Plein vent.

 

"Quand la clef tombe, le bruit de sa chute par terre se fait serrure, serrure du cœur serré, serrure du vide, serrure du cœur serré du vide." c'est très beau, ça. C'est poignant quelque chose qui chute au sol et qui entraîne dans sa chute un chut, un appel au silence, une injonction à se taire, comme on met un doigt devant sa bouche pour prononcer le mot "chut".

 

Bon je te souhaite une très bonne année cher Boris.

 

(…)

 

Bien à toi,

 

Laurent