Bonjour Laurent,

 

 

 

Le Cela que tu évoques ressemblerait ainsi

 

 

à l’Indice selon Peirce. 

 

 L’indice est un signe immédiat. Une trace de pas, un bruit, le ciel rouge. « Lorsqu’un objet occurrent concret est relié à son signe désignatif par quelque action directe ou quelque réaction comme l’action du vent sur les ailes du moulin, alors le signe est un indice ». L’indice est un signe arraché à la chose ou précise Peirce, « réellement affecté par elle ». Dans le symptome médical, ou météorologique, dans le cas d’empreintes physiques, de trace. Il n’y a pas de code, de réflexion, ou de mentalisation. Le signe existe dans la nature tel quel. Il ne représente pas la chose ou le phénomène, il les manifeste en direct ou en propre. Dans une conversation, les intonations, les regards, la posture constituent une couche indicielle.

  

 

et aussi au Tel de Barthes. 

 

« Le haïku s’amincit jusqu’à la pure et seule désignation. C’est cela, c’est ainsi, dit le haïku, c’est tel. ( …) Ou encore : haïku (le trait) reproduit le geste désignateur du petit enfant qui montre du doigt quoi que ce soit (le haïku ne fait pas acception de sujet), en disant seulement : ça ! d’un mouvement si immédiat (si privé de toute médiation : celle du savoir, du nom ou même de la possession) que ce qui est désigné est l’inanité même de toute classification de l’objet … »  L’Empire des Signes  

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                    A Bientôt        Boris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Oui mais je voudrais que le cela soit un peu plus encore que l'indice de Peirce et le tel de Barthes. Chez ces deux auteurs, ce sont des catégories du signe, un signe plus immédiat et direct (dans un rapport de contiguïté) que le signe "mental", mais un signe quand même, détaché de la chose même s'il lui est lié.

Le cela, ce serait plutôt le signe rapatrié dans la chose. Le geste de montrer, si on veut, mais interne à la chose.

Ce serait dans la chose la façon qu'elle a de faire signe vers soi. Sa façon d'être liée à soi, indéfectiblement. Au fond le cela est moins un signe qu'une image (l'image tautologique).

Dans la bicyclette*, par exemple, le cela de la bicyclette, c'est la bicyclette en tant qu'elle passe par l'image de ses roues. C'est le film que se fait la bicyclette et qui la projette en elle ou sur elle, qui la met en (s)elle. Les roues en effet, dans leur ressemblance avec le rouet et avec l'appareil de projection cinématographique, figurent ou même provoquent le cela de la bicyclette, c'est-à-dire sa manière se dévider (ou de se rembobiner) qui constitue sa signification.

 

 

 

Le cela, c'est une évidence de la chose induite par sa forme même.

 

Le cela serait autant le signe que la signification. C'est pour cette raison qu'on a du mal à voir le cela, parce qu'il est ce qui montre la chose et ce qui est montré par la chose.

 

Je ne suis pas sûr d'être très clair, mais c'est une intuition que j'ai. Il faudrait être plus précis. Aller voir plus sérieusement chez les sémiologues et philosophes, en particulier chez Austin peut-être, qui parle de la performativité du signe (celui qui réalise ce qu'il énonce).

 

* à l'origine de cet exemple, un sonnet écrit tout récemment (où pointe un doute quant à l'inanité de ma petite théorie) : 

 

Bicyclettologie  

 

À mi-chemin du rouet, du cinématographe, 

La bicyclette sa bobine a dévidé. 

D’elle, il ne reste rien, qu’elle. Son épitaphe 

Le dit : « Ci-gît la bicyclette, bovidé

 

Gracile, bête à cornes docile, l’enfance 

En allée avec elle sur les routes de France, 

Toute aujourd’hui réduite à ce squelette d’elle 

Et enterrée dans ces roues, envolées ses ailes. »

 

Car la bicyclette, passée au laminoir 

De soi, devenue l’ombre maigre et résignée 

D’elle-même, ne sait plus que se désigner

 

D’un verbe vain qui tourne en elle jusqu’au soir. 

Ses roues la montrent, ses roues à jante d’inox, 

Pour ce qu’elle est : un très dérisoire Phénix. 

 

 

 

 

Bien amicalement à toi,

 

Laurent

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bonjour Laurent,

 

 

 

Quelques extraits d’articles à propos de l’Indice selon Pierce.

 

 

A l'origine, il y a l'immense domaine des indices, que nous partageons avec les animaux. L'indice est un fragment arraché aux phénomènes, un échantillon prélevé sur le monde. Dans la nature, c'est une chose parmi les choses : la fumée est l'indice du feu, la rougeur l'indice de la fièvre, etc... Il fonctionne par contact de manière matérielle, physique, en continuité. C'est une "partie de", un prélèvement. 

 

 

L'indice est un signe qui entretient un rapport physique, matériel avec la chose qu'il désigne. Les signes indiciels sont des traces sensibles d'un phénomène, une expression directe de la chose manifestée. Par exemple des empreintes de pas sur la neige ou le poing brandi qui est indice de menace. 

 

 

L'indice est lié (prélevé) sur la chose elle-même. Un indice est un signe qui perdrait le caractère de signe si son objet était supprimé. 

 

 

« Un Indice est un signe qui fait référence à l'Objet qu'il dénote en vertu du fait qu'il est réellement affecté par cet Objet. (...) Dans la mesure où l'Indice est affecté par l'Objet, il a nécessairement certaines qualités en commun avec cet Objet, et c'est sous ce rapport qu'il réfère à l'Objet. Il implique, par conséquent, une certaine relation iconique à l'Objet, mais un icone d'un genre particulier; et ce n'est pas la simple ressemblance à son Objet, même sous ces rapports, qui en font un signe mais les modifications réelles qu'il subit de la part de l'Objet. »  Pierce 

 

 

 

 

Oui mais je voudrais que le cela soit un peu plus encore que l'indice de Peirce et le tel de Barthes. Chez ces deux auteurs, ce sont des catégories du signe, un signe plus immédiat et direct (dans un rapport de contiguïté) que le signe "mental", mais un signe quand même, détaché de la chose même s'il lui est lié.

 

A propos de Barthes, le tel est en effet détaché. Cependant à propos de Peirce, j’insiste, je pense que tu pourrais découvrir des aspects intéressants. Il me semble que l’indice c’est précisément l’indistinction de la chose et du signe. La différence entre Pierce et toi ce serait que l’indice est pour Pierce une partie de la chose alors que le cela serait pour toi la chose même, la chose qui se signifie en tant que même ou la chose qui se mêmifie en tant que sens (si j’ose dire, comme si aussi pour toi le sens était ce par quoi la chose s’aime (le sème s’aime). Le cela est évidemment aussi en relation avec le secret, le cela est en effet celé.  

 

 

(Ce qui est important aussi c’est que la sémiologie de Pierce est d’abord un pragmatisme. Pour Pierce il semblerait que le signe soit d’abord un acte, un acte d’interprétation.) 

 

 

Je n’ai cependant jamais lu Pierce. Je ne saurais donc te dire où chercher à l’intérieur de son œuvre. Je sais seulement qu’il y a quelques articles parfois développés sur internet.  

 

(…)

 

 

 

Post-scriptum. Je trouve ton texte sur la bicyclette subtil et beau.  

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                    A Bientôt        Boris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cher Boris,

 

je t'envoie en pièce jointe quelques Notes sur le cela. Je les ai prises hâtivement, sans presque réfléchir, en tout cas sans savoir si c'est bien sensé. J'en doute, et je ne sais pas si j'y reviendrai ou si je vais abandonner cette voie-là. On verra. Je prends ton idée d'une "mêmification" de la chose...

 

Je veux bien malgré tout, et si tu le souhaites aussi, que nous continuions de discuter sur le cela. Est-ce que ça te semble une piste intéressante ? ou bien une impasse et une aporie, notamment parce que allier, comme je le fais je crois (ou le devine vaguement), sémiologie et phénoménologie n'aurait strictement pas de sens.

 

(…)

 

Amitiés,

 

Laurent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Notes sur le cela 

 

 

 

 

Le cela est un signe. Il montre, désigne, indique. Mais plutôt qu’au langage, il appartient à la chose. C’est le signe rapatrié dans la chose. Le geste de montrer la chose, si l’on veut, mais interne à la chose.

 

  

Le cela est le signe de la chose. Étant le signe de la chose, il fait signe résolument vers la chose. Mais comme il est le signe de la chose, il n’est que dans la chose, il la désigne obscurément, aveuglément, muettement, doucement presque, chosettemment.

 

 

Le cela est autant le signe que la signification. C’est pour cette raison qu’on a du mal à voir le cela, parce qu’il est ce qui montre la chose et ce qui est montré par la chose.

 

 

Pour Peirce, l’indice est le signe matériel, direct et immédiat, qui est dans un rapport de contiguïté à la chose. C’est par contact avec la chose qu’il la désigne. Le cela, lui, est dans un rapport de consubstantialité avec la chose. Il la désigne parce qu’il est la chose. Il est si bien mêlé à elle qu’il ne s’en distingue pas, sinon comme l’évidence trouble qu’il y a en elle. On ne peut pas démêler dans le cela ce qui montre et ce qui est montré. C’est cela ensemble dont cela est le signe et la signification. Le cela met face à face et en même temps renvoie dos à dos le signe et la signification qui sont les deux pièces d’une même face.

 

 

Le cela est dans la chose la façon qu’elle a de faire signe vers soi. Sa façon qu’elle a d’être liée à soi indéfectiblement. Parler du cela de la chose, c’est donner comme signification à la chose le fait qu’elle se signifie, qu’elle se désigne. C’est faire de la chose un déictique, le déictique de soi-même.

 

 

Le cela est une évidence de la chose induite par sa forme même.

 

 

C’est l’image – l’image tautologique – qui révèle le cela. Dans la bicyclette, par exemple, le cela de la bicyclette, c’est la bicyclette qui passe par l’image de ses roues. C’est le film que se fait la bicyclette et qui la projette en elle ou sur elle, qui la met en (s)elle. Les roues en effet, dans leur ressemblance avec le rouet et l’appareil de projection cinématographique, figurent le cela de la bicyclette, sa manière de se dévider et de se rembobiner qui constitue sa signification.

 

 

L’évidence d’une chose lorsqu’elle parle d’elle-même et de soi-même, lorsqu’elle va de soi et à soi. Les choses sont claires quand elles sont hors d’atteinte, retranchées.

 

 

Il y a dans une chose une foule de choses, une multitude de choses qui la font se regarder, qui la font spéculer et la nourrissent. Il faudrait alors l’écrire au singulier : il y a dans la chose une foule de chose, une théorie de chose.

 

 

Le cela est le signe qui mêmifie la chose.

 

 

Le cela incurve la chose vers elle-même, elle la recourbe et fait d’elle un réceptacle, un recueil.

  

 

Quand le signe classique renvoie, le cela, plutôt, ramène. Si la trace de pas dans la neige renvoie à l’animal qui a marqué la neige de son empreinte, le cela ce sera la démarche de l’animal dans l’animal lui-même, l’espèce de souple allure qu’il y a en lui, le pas de l’animal qui s’imprime dans le pas de l’animal. Qui a vu un chat marcher a pu voir combien il a la démarche du cela.

 

 

Le cela est caché parce qu’il ne montre rien d’autre que soi. Le cela cèle le cela mais aussi le scelle, il en est le sceau.

 

 

Montrer tellement que ce serait faire montre avec soi.

 

 

L’index – à force d’idiotie – s’en sera lunifié.

 

 

Toute chose en proie à l’analogie simple, à l’analogie pure et simple.

  

 

Le cela s’accompagne d’un « c’est cela ». Il boucle la chose sur son évidence et sur l’évidence de son évidence, aussi exclamative qu’approximative, aussi heureuse qu’aporétique. La chose s’est trouvée et elle s’a trouvée : elle est tombée sur elle comme sur un os.

  

 

Pas de philosophe possible du cela. Pas de métaphysique. Seulement la poésie qui est une simple physique des choses.

 

 

L’image qui décèle le cela révèle la partie de la chose qui est son tout faisant signe vers elle. Elle fait de la chose le versant de la chose se versant dans la chose.

  

 

Le cela est cela qui s’adresse à soi dans la chose. Il faudrait parler d’un se-s’adresse de la chose ; du se-s’adresse du cela.

  

 

Le cela se cache souvent dans les plis. Quand une chose se recouvre, à l’endroit où il plie pour cela est le cela. Le pli est ce renflement de vide qui est à l’intérieur du bord des choses. Le pli est ce moment de l’adéquation d’une chose avec elle-même où le travail d’adéquation est visible quoique discret.

 

 

Ce qui montre, si ce qu’il montre est aussi ce qui le montre, alors il est plein de cela.

  

 

Le cela d’une braise. La braise du cela.

 

 

Le cela, en tant que signe secret ou celé, n’est pas tourné vers nous mais vers lui. Être sensible au cela, c’est être attentif à l’évidence et au mystère de la chose. À son évidence comme un mystère.

 

 

La faille de l’exactitude de la chose, c’est cela qu’introduit le cela. Dans cet infime écart de la chose à la chose est le tout de la chose. La grandeur de l’infini est de pouvoir se loger dans le minuscule, dans l’infime.

 

 

L’intime de la chose est l’intimation à être soi. L’injonction du cela fait se jointer la chose.

 

 

Il y a signe de la chose, il y a « cela » quand la chose est en position éloquente dans la perception qu’on en a, quand elle parle d’elle et pour elle, c’est-à-dire au fond quand elle se ressemble. C’est-à-dire encore quand nous notons – consciemment ou plus sourdement – d’une figure, son style. Cette position d’éloquence de la chose est atteinte lorsque face à elle nous nous rendons à elle, que nous ne pouvons dire qu’elle d’elle. Il y a « cela » quand une chose s’offre en se refusant. Par exemple il pleut. J’observe la pluie. Il n’y a que de la pluie dans la pluie. Vient un moment où la pluie tombe en elle, dégringole à l’intérieur de soi. C’est peut-être alors le cela de la pluie qui a plu.

 

 

Je marche dans un chemin creux. Un merle traverse devant moi en jetant son cri d’alerte. Celui-ci est sans doute adressé à ses congénères mais j’ai le sentiment du cela du merle, d’un engouffrement du merle dans le merle parce que sa frayeur a soudain frayé avec lui dans le trait qu’il est dans l’espace déchiré.

 

 

Une rose est penchée. Une rose est essentiellement penchée. Même une rose qui ne penche pas particulièrement est penchée. C’est qu’elle est comme le noyau d’un monde qui la hume et que sur cela, que sur son cela elle est penchée.

 

 

Le cela, ce serait une sorte de piédestal d’argile des choses, de socle unique et extrêmement fragile sur lequel la chose est dressée.

 

  

Le problème d’une vérité des choses est qu’on l’extrait des choses alors qu’il faudrait l’enfouir encore et encore dans les choses.

 

 

Le vertige qui prend la chose lui vient autant de son abyme que de son abîme, autant de l’image en elle qui la répète, de son identité à elle inscrite en elle, que de la faille, de l’écart à elle par dessus quoi elle doit faire le bond de la métaphore pour se rétablir. L’image est autant mimesis que trope, autant un reflet qu’un gouffre franchi. Le cela – le signe pur de la chose – désigne dans la chose cette identité acquise par une transformation en soi faite au-dessus du vide.

 

 

La volte de la chose, par angoisse et désinvolture.

  

 

Miroir : gouffre laqué.

 

 

Tout ce qui brille est suspendu, s’accroche désespérément à ce qui s’y reflète.

 

 

Le cela dans la chose comme une désignation à vide.

 

 

Le cela est un déictique non-linguistique, un signe vide échappé du langage et retourné aux choses. Les choses, bizarrement, seraient un pur langage hors du langage.

  

 

Il y a, dit-on, des locuteurs. Mais y a-t-il des locutés ? Les choses seraient précisément ces locutés sans locuteur.

  

 

Le lieu de la chose : l’occulte.

 

 

Une sémiologie sans structure ni système. Une sémiologie de la chose même.

  

 

L’aile de l’aile. L’aile de l’aile, c’est le cela.

  

 

On parle du cela comme d’un fond de surface, comme d’une essence accidentelle des choses. La chose débarrassée de sa contingence ne serait que (encore) sa monstration comme telle chose.

 

 

Chaque chose porte sa propre métaphore comme une breloque.

 

 

L’image enfourne la chose dans la chose pour en faire du cela.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bonjour Laurent,

 

 

Je ne pense pas que ton intention d’allier ainsi phénoménologie et sémiologie soit une aporie. C’est simplement un problème, c’était déjà aussi le problème de Ponge. Cependant ce que Ponge appelait la qualité différentielle de l’objet serait plutôt pour toi l’indice de son identité, une sorte d’identité sans différence, d’identité indifférente, l’indice du même. Le cela n’est pas pour toi le signe de différence de l’objet ce serait plutôt l’indice du même de la chose.  

 

 

 

Le cela dans la chose comme une désignation à vide.

 

Le cela – le signe pur de la chose – désigne dans la chose cette identité acquise par une transformation en soi faite au-dessus du vide.

 

Le cela affirme la métamorphose du même, la métamorphose du même au-dessus du vide. Le cela affirme la métamorphose du même à vide ou encore la métamorphose du vide à même. 

 

 

Le cela est un déictique non-linguistique, un signe vide échappé du langage et retourné aux choses. Les choses, bizarrement, seraient un pur langage hors du langage. 

 

Le cela apparait comme un geste de la main, un geste de la main à l’intérieur des choses. Le cela apparait comme le geste de la main de vide des choses, le geste de la main d’évidence des choses. Le cela apparait comme le geste de la main de même des choses, le geste de la main de vide à même des choses, le geste de la main de même à vide des choses.

 

 

Le cela c’est la chose comme indice ou encore comme index. « Dans la main, l’index prend toutes les initiatives. » M. de Chazal. Ainsi par le cela, la chose s’anticipe, la chose anticipe son initiative, la chose anticipe son initiative d’apparaitre, son initiative d’exister, son initiative d’apparaitre à l’existence. Par le cela, la chose anticipe l’initiative de son évidence, l’initiative de son mystère, l’initiative de son évidence mystérieuse. Par le cela, la chose anticipe l’évidence mystérieuse du même.

 

 

Par le cela, la chose se déclare. Par le cela la chose déclare sa flamme. Par le cela, la chose déclare le gel de sa flamme.  Il y a « cela » quand une chose s’offre en se refusant. Par le cela, la chose déclare son commencement et par le geste de déclarer son commencement la chose ainsi se recommence.

 

 

Il y a signe de la chose, il y a « cela » quand la chose est en position éloquente dans la perception qu’on en a

  

Le cela proclame la chose. Le cela proclame la chose ouvertement. Le cela proclame la chose solennellement. Le cela proclame la chose ouvertement et solennellement. Le cela exclame la chose. Le cela exclame la chose ouvertement et solennellement.  Le cela exclame la chose de manière tacite. Le cela exclame la chose de manière tacite ouvertement et solennellement. Le cela déclare l’ouverture de la chose, l’ouverture tacite de la chose, l’ouverture solennelle de la chose, l’ouverture solennelle tacite de la chose.

 

 

 

On ne peut pas démêler dans le cela ce qui montre et ce qui est montré. 

 

Le cela serait ainsi un geste de monstration tacite de la chose ou plutôt le geste de monstration à vide d’une déclaration tacite d’apparaitre. Et ce geste de déclaration tacite donnerait aussi à sentir un tas (un tas cité). Le cela indiquerait le tas du même, le tas tacite du même.

 

 

Les choses sont claires quand elles sont hors d’atteinte, retranchées. 

 

Les choses apparaissent claires quand elles se retranchent c’est à dire quand elles se recoupent, quand elles répètent leur coupe au fil de vide de l’épée, au fil d’évidence de l’épée.

 

 

il n’est que dans la chose, il la désigne obscurément, aveuglément, muettement, doucement presque, chosettement 

 

Le cela serait le chuchotis d’évidence de la chose, le chuchotis de retranchement de la chose, le chuchotis d’évidence retranchée de la chose c’est-à-dire la confidence du même (la messe basse du même, la messe lasse du même, la messe masse du même, la masse d’ita missa est du même, la masse d’iota missa est du même, la messe d’itou missa est du même) par laquelle la chose à fois s’évide et se recoupe (comme les indices se recoupent à cette différence près que l’indice du cela n’est pas celui d’un crime, ce serait plutôt celui de la loi, de la loi du même, de la loi du même au dehors, de la loi du dehors même.)

 

 

Le cela, ce serait une sorte de piédestal d’argile des choses, de socle unique et extrêmement fragile sur lequel la chose est dressée. 

 

Le cela serait le piédestal d’évidence de la chose, le piédestal paradoxal où la chose s’évide et s’abime. Le cela serait le piédestal d’évanouissement de la chose. Le cela serait le piédestal où la chose s’évanouit à l’intérieur du même, le piédestal où la chose s’évanouit à l’intérieur de l’évidence mystérieuse du même.

 

 

L’aile de l’aile. L’aile de l’aile, c’est le cela. 

 

Le cela aile le ça. Le cela aile la démarche du ça. Le cela aile la pulsion de la chose, la pulsion d’apparaitre de la chose.

 

 

l’espèce de souple allure qu’il y a en lui, le pas de l’animal qui s’imprime dans le pas de l’animal. Qui a vu un chat marcher a pu voir combien il a la démarche du cela. 

 

Le chat marche ainsi chaque instant sur la pulsion du vide, sur le piédestal du vide, sur la pulsion de piédestal du vide.  

 

 

Il y aurait peut-être enfin aussi une relation entre le cela et le fer. Le cela ferre la chose. Le cela ferre la chose à la fois comme le maréchal-ferrant (le forgeron) et le pécheur. Le cela ferre le cheval de la chose, le poisson de la chose, le cheval-poisson de la chose. Le cela ferre à la fois le cheval qui nage comme un poisson et le poisson qui laboure comme un cheval de la chose. 

 

 

 

 

Post-scriptum.

 

Miroir : gouffre laqué. 

 

Je trouve cette formule superbe. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                    A Bientôt        Boris