Divagations de la Méthode 002

 

 

 

D’abord ces phrases à rapprocher du problème de l’indice et aussi de ton attitude à l’intérieur du paysage, ta manière de marcher en particulier. 

 

 

« « Je ne me suis pas penché sur le sol comme l’entomologiste ou le géologue : je n’ai fait  que passer, accueillir. J’ai vu ces choses, qui elles, plus vite ou au contraire plus lentement qu’une vie d’homme passent. » Dans ces lignes, Philippe Jaccottet tend à remplacer le mot paysage par celui de passage ; à la mobilité du passant répond celle du paysage. Entrevoir le scintillement d’une rivière à l’autre bout d’un pré n’est une rencontre qu’en raison du magique passage qu’elle promet. (…) Au poète de l’inscription qu’est Ponge, s’oppose celui de la trace fugitive, destinée à disparaitre au profit de ce qu’elle indique, qu’est Jaccottet. » Gérard Farasse, Francis Ponge Vies Parallèles.

 

 

 

G. Farasse remarque que le dernier objet qu’évoque Ponge dans son texte La Forme du Monde c’est la clef « Si son énumération se clôt sur cette clef, seul objet de cette liste à ne pas lui avoir fourni matière à texte, c’est parce que tout objet est en réalité une clef. Une clef qui n’explique sans doute pas le monde, mais qui lui permet d’y entrer. » 

 

 

« La forêt est un espace clos et ouvert, une prison aux mille portes. » 

 

 

« Ainsi même les blessures des arbres n’ont-elles pas l’aspect répugnant, effrayant des blessures des bêtes ou des hommes (…) De même encore, ni le bois, ni la feuille morte n’effraient, ne repoussent. » G. Farasse

 

 

 

 

« Fleur d’Amandier

 

 

 

Même le fer peut engendrer, 

Même le fer. 

 

 

Nous sommes à l’âge du fer, 

Mais reprenons courage, 

Voyez le fer se rompre et bourgeonner, 

Le fer rouillé s’enfler de nuages de fleurs. 

 

 

L’amandier, 

Aux crampons de fer nu de décembre saillant hors de la terre. 

 

(…)  

 

Sur le fer et sur l’acier, 

Rares flocons comme de la neige, rares brins de neige, 

Rares miettes de neige fondante. 

 

 

Mais vous vous trompez, cela ne vient pas du ciel ; 

Cela sort du fer, cela sort de l’acier, 

Cela ne tombe pas du ciel, mais jaillit, 

Etrange jaillissement des densités souterraines 

Le long du fer vers l’acier vivant 

En pointes rose-feu, et flocons de neige rose-pâle 

Livrant une suprême annonciation au monde. 

 

 

Quel élan de foi puissante et subtile, 

Brisant le fer, 

Les épées rouillées des amandiers.  

 

(…) 

 

Fer mais inoublié 

Fer au cœur d’aurore, 

Cœur d’aurore toujours battant enveloppé dans du fer contre l’exil, contre les âges. 

 

 

Vois comme il sort ses fleurs 

Du cœur qui se souvient de la neige. 

 

(…) 

 

Pense à ceci, oser surgir soudain tout nu 

De la fermeté du fer, dans la perfection de la fleur, au-delà de la rouille de l’épée. 

Pense, être là debout, dans la nudité grand’ouverte, souriant, 

Au milieu du vent glacé et l’éclat du soleil, et l’étoile du Chien aboyant l’épithalame. » 

 

 

D.H Lawrence, Sous l’Etoile du Chien. 

 

 

 

« Il n’y aura plus qu’à tendre le temps comme du linge au soleil / L’inconnu fera la force. »   Alain Jouffroy 

 

 

Et pour finir quelques phrases afin de nuancer Malcolm de Chazal. 

 

Le monde ne regarde jamais l’homme. Le monde reste démesurément aveugle à la présence humaine. Le monde contemple la présence humaine sans jamais la regarder. Le monde contemple la présence humaine par le tact du lointain, par le tact d’immanence du lointain. Face à l’arbre, l’homme n’apparait pas regardé par l’arbre. Face à l’arbre, l’homme apparait contemplé par les innombrables feuilles aveugles de l’arbre. Face à l’arbre, l’homme apparait contemplé par les feuilles de l’arbre comme par d’innombrables petites mains aveugles.

  

 

 

 

 

 

                                                                                                                    A Bientôt        Boris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

Merci Boris pour cette salve de citations. En particulier le poème de D.H. Lawrence, surprenant, et beau.

 

Pas encore pris le temps de regarder tes ajouts au site. Enfin, j'ai juste jeté un coup d’œil, mais j'y retournerai, éberlué comme d'habitude.

 

Bien à toi,

 

Laurent