Bonjour Laurent,

 

 

Je t’envoie des extraits de textes de P. Virilio.

 

 

« Pour lui (Einstein), comme pour beaucoup d’autres avant lui, la vitesse sert à voir. Grandeur  qualitative, unité de mesure primitive, préalable à tout autre découpage géométrique, à tout décompte chronométrique, la vitesse c’est la lumière de la lumière. »  L’Inertie Polaire

 

« La thèse de Kant selon laquelle le temps est impossible à observer directement, selon laquelle finalement, le temps est invisible, s’effondre puisque la relativité, « théorie du point de vue » d’Einstein, correspond à une sorte de « mise au point » photographique (ou plus précisément photonique) du monde physique atomique ou sub-atomique. »  L’Inertie Polaire

 

« Si la vitesse n’est nullement un « phénomène » mais seulement la relation entre les phénomènes (la relativité même), paraphrasant Bernard de Clairvaux, nous pourrions déclarer à notre tour « La lumière se nomme l’ombre de la vitesse absolue. » (...) Dédoublant ainsi l’énergie lumineuse, d’une part en lumière, et d’autre part, en vitesse de diffusion de ladite « lumière », nous serions alors amenés à reconnaitre enfin que la vitesse sert à voir, mais surtout qu’elle donne à voir « la lumière » avant même les objets (les phénomènes) que cette dernière illumine à son tour. » L’Inertie Polaire

 

« Avec ce primat aujourd’hui accordé à la lumière, autrement dit, à sa vitesse perçue comme « horizon cosmologique » indépassable, nous entrons dans un nouvel ordre de visibilité où la temporalité subit une mutation : au temps qui passe de la chronologie et de l’histoire, se substitue un temps qui s’expose, qui s’expose à la vitesse absolue de la lumière. »  L’Inertie Polaire

 

« Le temps de la lumière, ou plus exactement encore le Temps-Lumière, c’est donc le « centre du temps ». C’est à partir du temps intensif de la lumière et de la gravitation universelle que l’on devrait donc étudier désormais la durée et l’étendue, ce temps extensif de la matière des objets et des lieux. » L’Inertie Polaire

 

« Si la vitesse, c’est la lumière, toute la lumière, alors le semblant c’est le mouvant et les apparences des transparences momentanées et trompeuses, les dimensions de l’espace n’étant elles-mêmes que de fugitives apparitions, au même titre que les figures, les objets donnés à voir dans l’instant du regard , ce regard qui est à la fois le lieu et l’œil. »  L’Espace Critique

 

« Le centre de l’univers, ce n’est donc plus la terre du « géocentrisme » ou encore l’homme de l’« anthropocentrisme », c’est le point lumineux d’un « héliocentrisme » ou plutôt d’un Luminocentrisme, que la relativité restreinte a contribué à installer… »  L’Espace Critique

 

« Si tout ce qui apparait dans la lumière, apparait dans sa vitesse, constante universelle, si la vitesse ne sert plus tellement, comme on le croyait jusqu’alors, au déplacement, au transport, si la vitesse sert d’abord à voir, à concevoir la réalité des faits, il faut absolument « mettre en lumière » la durée comme l’étendue ; toutes durées, des plus infimes aux plus démesurées, contribuant alors à révéler l’intimité de l’image et de son objet, de l’espace et des représentations du temps… »  La Machine de Vision

 

« Comment, dès lors, situer le « réel » ou le « figuré », sinon par un « espacement » qui se confond avec un « éclairement » ? L’écartement spatio-temporel n’étant, pour l’observateur  attentif, qu’une figure particulière de la lumière, plus précisément encore : de la vitesse de la lumière. »   La Machine de Vision 

 

 

 

 

 

                                                                                                              A Bientôt               Boris