Lettres

 

 

 

 

 

 

 

Chaque lettre repose envoyée par la voix d’incroyable de son oubli.

 

 

 

L’envoi d’une lettre est sourd. L’envoi d’une lettre n’est pas sourd aux mots qui y sont inscrits. L’envoi d’une lettre entend ce qu’il écrit cependant il reste sourd au silence de la lecture de l’autre. L’envoi d’une lettre n’entend de l’autre que la lettre qu’il envoie à son tour. L’envoi d’une lettre n’entend pas le silence incroyable du visage de l’autre, il n’entend que le discours de son mutisme; le discours de mutisme de l’adresse de la vérité à tour de rôle.

 

 

 

La pulsion épistolaire hallucine l’impression selon laquelle le langage attend provoqué par un tact abstrait en marge de la chair. La pulsion épistolaire hallucine l’impression selon laquelle les lettres sont envoyées à la démence du vide. Le hasard de politesse d’une lettre adresse la parole au suicide de la mort.

 

 

 

Le suicidé n’est pas mort lorsqu’il écrit la lettre qui justifie son suicide. Le suicidé n’est pas mort lorsqu’un autre lit cette lettre. Le suicidé est mort entre temps. Le suicidé est mort entre le temps où il écrit la lettre et le temps où un autre la lit. Le suicidé est mort à l’autre temps de la lettre. Le suicidé est mort à l’entre-temps de la résurrection comme si de rien n’était de la lettre.

 

 

 

Chaque lettre écrite sans avoir été envoyée s’adresse en vérité au suicide de la mort. Chaque lettre envoyée sans avoir été écrite s’adresse en vérité à la résurrection d’un meurtre.

 

 

 

Une lettre écrite sans être envoyée ressemble à l’ange anal d’un regard d’adieu.

 

 

 

Ecrire une lettre sans la poster est un crime exclusivement adressé au jugement distrait de Dieu.

 

 

 

 

 

A l’instant de poster une lettre, la gorge a des paupières de souffle.

 

 

 

Le geste de poster une lettre maquille le hasard de la fatalité.

 

 

 

Il est aussi difficile d’ouvrir une lettre avec une guillotine que de coller le timbre d’une voix avec du sang.

 

 

 

Le rire des boites à lettres apparaît sage à tombeau ouvert et libertin à paradis perdu.

 

 

 

La constellation des lettres déchirées compose l’extase d’anesthésie de la solitude.

 

 

 

 

 

Ecrire une lettre comme contempler le silence de l’autre avec les tympans de ses fesses.

 

 

 

Ecrire une lettre comme contempler le silence de l’autre avec les tempes d’à bientôt de son cul.

 

 

 

Envoyer une lettre comme toucher le vent avec les doigts d’inouï de la lucidité.

 

 

 

Envoyer une lettre comme ouvrir une fenêtre de surdité insouciante à l’intérieur du coma.

 

 

 

 

 

Poster une lettre blanche. Ainsi la lettre clandestine la mystification de souffle de son envoi.

 

 

 

La lettre blanche métaphorise l’envoi comme évidence de l’anesthésie.

 

 

 

La déchirure d’utopie d’une lettre blanche clandestine le feu de conversation de son envoi.

 

 

 

Poster une lettre blanche affirme le don illisible d’apparaître prénommé par la solitude de l’oubli.

 

 

 

 

 

La pensée poste des lettres signées par leurs enveloppes-mêmes.

 

 

 

La vérité écrit exclusivement les lettres qu’elle n’envoie pas et envoie exclusivement les lettres qu’elle n’a pas écrites.

 

 

 

La parole poste les enveloppes vides du langage par le souffle de hasard de la féerie.