Morale

 

 

 

 

 

 

 

L’homme n’incarne pas le mal. Le mal survit entre les hommes en tant que hantise de néant de la pensée. Le mal subsiste entre les hommes en tant que n’importe que loi de la pensée.

 

 

 

Dans l’univers du mal, la pensée oblige le corps à revendiquer un désir et une jouissance infinis. L’univers du mal est celui de la croyance en l’infinitisation possible du corps à travers la toute-puissance de la pensée. Dans l’univers du mal, la pensée laisse croire que le corps n’est que le signal organique de l’éternité de la lumière.

 

 

 

Dans l’univers du mal, la superstition de la toute-puissance de la pensée anéantit la sensation de la présence du monde. Dans l’univers du mal, la revendication d’un désir et d’une jouissance infinis n’est que le masque d’un dégoût envers l’apparition transfînie du monde. Dans l’univers du mal, l’obligation d’un désir et d’une jouissance infinis anéantit la catastrophe de frivolité du plaisir d’apparaître au monde.

 

 

 

Parce que le hasard existe, il est nécessaire de détruire à chaque instant la possibilité de subsister du mal. Le mal est la puissance qui laisse croire que la volonté d’apparaître au monde n’a pas lieu d’exister. Le mal est la puissance qui laisse croire qu’il est divertissant d’être un cadavre qui survit à travers le néant de l’éternité. Afin de détruire le mal les stratégies de l’intelligence sont inutiles. Seule la volonté d’apparaître au monde à l’instant a l’audace de détruire le mal.

 

 

 

 

 

Il n’y a pas de violence entre les hommes. La violence existe à l’intérieur de chaque chair. La violence est la pulsion de certitude de la viande. Ce qu’il y a entre les hommes n’est pas la violence c’est le mal. Ce qu’il y a entre les hommes est l’obligation de médiation infinie du mal. La croyance paranoïaque qui prétend que le mal existe et qu’il existe à l’intérieur de chaque homme est futile, en effet cette croyance paranoïaque masque la révélation selon laquelle le mal subsiste entre tous les hommes sans jamais exister à l’intérieur d’un seul. La tentation éthique de la monstruosité distingue la violence et le mal. Le monstre déclare qu’il existe une forme de violence créatrice et innocente, une forme de violence qui provoque l’apparition d’une nécessité de la sensation. A l’inverse il y a des signes du mal qui ne sont pas des formes de violence. Le mal ne violente pas, il anéantit. Le mal est justement la puissance qui anéantit l’existence sans la violenter. Le mal anéantit comme si de rien n’était. Le mal anéantit le monde comme si le monde n’avait jamais existé.

 

 

 

Le mal est divin et spirituel. La violence apparaît charnelle et animale. C’est pourquoi il n’y a pas de péché originel.

 

 

 

 

 

Le diable est le christproquo de la lumière.

 

 

 

Il ne suffit pas de connaître le diable pour ne pas croire en lui. En effet le vice du diable est justement d’accomplir l’indifférenciation infinie de la connaissance et de la croyance.

 

 

 

Savoir pourquoi et comment le corps est hanté à travers des stéréotypes diaboliques ne suffît pas à les détruire. La connaissance ne détruit pas la hantise. En effet, la connaissance est un des modes de la hantise. La seule manière de détruire la hantise est d’inventer des paraboles monstrueuses et des mythes innocents.

 

 

 

L’érudition du diable est infinie. En effet le diable connaît à chaque seconde le bien et le mal.

 

 

 

Le bien et le mal sont transmis sans apparaître donnés. Le bien et le mal sont transmis à travers la lumière de l’anonymat. Du fait que le bien et le mal sont les informations d’anonymat de la lumière, ils subsistent éternellement sans jamais exister.

 

 

 

La connaissance du bien et du mal engendre la décision de gomme de l’interdit.

 

 

 

 

 

La morale oblige l’homme à avouer à chaque seconde la preuve de sa survie.

 

 

 

La morale oblige l’homme à digérer la vérité de la loi à travers le mutisme de l’insomnie.

 

 

 

La morale prend le mal en otage et ne le libère que contre la rançon du bien.

 

 

 

La vulgarité de la morale est de désirer vivre comme si de rien n’était.

 

 

 

La vulgarité de la morale revendique la vérité de la mort en tant que pur possible d’éternité du rien du tout.

 

 

 

 

 

La hantise de la morale anéantit la sensation du temps.

 

 

 

La stupidité de la morale est de renier le temps en simulant sa continuité.

 

 

 

L’homme moral conçoit le temps à l’envers. L’homme moral est noué à travers une hâte neutre. L’homme moral est freiné à travers l’insignifiance d’une frénésie qui interdit l’injustice subtile du besoin. L’homme moral vit comme s’il vérifiait à chaque seconde sa mort.

 

 

 

 

 

Il est préférable plutôt que de se torturer à travers des questions morales, d’affirmer à mains nues des réponses éthiques comme problèmes de joie.

 

 

 

L’élégance de l’éthique affirme le geste de symboliser la discontinuité immorale du temps jusqu’à ce que la prolifération insensée des instants provoque le pacte de plaisir de la certitude.

 

 

 

La virtuosité de l’éthique affirme la volonté d’apparaître comme ça de hors-tout ainsi sera.

 

 

 

 

 

L’impératif moral rédige des ordonnances pour les microbes.

 

 

 

L’homme moral délivre sans cesse le pendu du suicide pour pouvoir l’étrangler à travers ses moignons de pur témoin.

 

 

 

 

 

Le moraliste cynique est un anthropophage anorexique.

 

 

 

Le moraliste cynique digère l’organe de la négation infinie sans jamais le manger. Le malheur du moraliste cynique est de ne jamais savoir si cet acte est un indice d’intelligence ou un signe de stupidité.

 

 

 

Le masque d’un crime d’adieu irradie les oreilles du moraliste cynique.

 

 

 

Les larmes du moraliste cynique attestent la vérité distraite de sa vivisection.

 

 

 

 

 

Le malheur est de s’ennuyer à travers sa méchanceté.

 

 

 

La méchanceté fait mentir la chance. La méchanceté nie la chance. La méchanceté désire anéantir le don du chant.

 

 

 

 

 

L’enfer n’est rien d’autre que la mauvaise foi de survivre en tant que témoin infini de son désir.

 

 

 

La loi du désir infini est de survivre en tant que parodie fidèle de l’enfer.

 

 

 

Le désir de faire le mal sans avoir le courage de détruire engendre l’abjection de l’angoisse.

 

 

 

 

 

La responsabilité est le sens diabolique de la prière.

 

 

 

Le pari expose le miracle épuisé de la prière.

 

 

 

Le viol révèle la forme vide de la prière.