Parole

 

 

 

 

 

 

 

Aucune parole ne parvient par sa seule apparition à esquiver une pierre jetée au visage. Aucun corps ne parvient par sa seule apparition à esquiver une parole jetée au visage.

 

 

 

La parole reste sans pouvoir face à la violence de la chair. La chair reste sans pouvoir face à la violence de la parole. C’est pourquoi la rencontre de la parole et de la chair ne provoque pas une guerre ignoble où une de ces deux forces révélerait la vérité, elle provoque plutôt un combat incroyable qui affirme la transfinitude d’exister face au dos du destin.

 

 

 

La parole serait un échange si les hommes savaient ce qu’ils veulent dire à l’instant où ils parlent. Cependant le charme de malédiction du langage révèle que les hommes ne savent pas ce qu’ils veulent dire et qu’ils parlent précisément afin de rencontrer la forme de leur volonté.

 

 

 

La réponse de la parole n’a pas lieu en échange d’une question. La réponse de la parole détruit la totalité des questions possibles et déclare ainsi le problème de métaphore de l’incendie du repos.

 

 

 

Chaque parole est une imposture lorsqu’elle désire subsister en tant que vérité de la justice. Lorsque la parole désire être juste elle se condamne à la vulgarité d’être inexacte. Le désir de justice de la parole interdit la déclaration de silence de la certitude.

 

 

 

 

 

La pureté de la pensée est sans valeur. La pensée n’a de valeur qu’à l’instant où elle apparaît jouée comme jetée par le geste d’impureté de la parole.

 

 

 

Il y a des pensées vraies qui se changent en pensées fausses lorsqu’elles ne sont pas dites.

 

 

 

Il y a des phrases approximatives qui deviennent précises quand elles sont dites à l’instant heureux.

 

 

 

Concevoir la parole en tant que communication est croire que chaque mot peut être échangé contre la totalité de lumière du sens.

 

 

 

Les mots que la vigilance prononce pour ne pas les écrire sont identiques à des erreurs adressées à la vérité.

 

 

 

Lorsque le langage est pur, le mutisme est abject. Quand la déclaration devient impure, le silence apparaît innocent.

 

 

 

Lorsque la conscience récite la vérité de la mémoire, la parole est ignoble. Quand le hasard de la démence évoque un événement de l’oubli, la parole devient malédiction.

 

 

 

La certitude d’une parole apparaît par le tact de temps de la voix qui l’invente. C’est pourquoi redire la parole de l’autre reste toujours tabou. Redire la parole de l’autre équivaut à trahir à la fois l’autre et la parole de l’autre.

 

 

 

Une parole n’est pas apte à projeter elle-même sa forme à l’intérieur de la mémoire. Afin de sauvegarder la forme d’une parole à l’intérieur de la mémoire, il est nécessaire d’inventer une autre parole qui répète le hasard de l’oubli au dos de la voix.

 

 

 

 

 

Le feu de la conversation joue aux dés. Les joueurs du feu de la conversation partagent la venue du hasard sans échanger le sens des chiffres de leurs dés. La conversation n’échange pas des pensées, elle partage le silence projectile des phrases, l’incendie de confidences de la parole. A l’intérieur du feu de la conversation, les phrases affirment l’insensé de leur apparition. Les joueurs du feu de la conversation ne détiennent aucune vérité qu’ils seraient sensés échanger, ils partagent seulement la féerie de terreur du hasard de la parole. Les phrases du feu de la conversation évoquent ainsi la répétition d’oubli du tabou comme fou rire impeccable de l’inexorable.

 

 

 

Le feu de la conversation sculpte le coma de verre de la respiration à l’intérieur de la bouche debout du silence.

 

 

 

Le feu de la conversation calligraphie le silence contorsionniste de la féerie de l’instinct.

 

 

 

Le feu de la conversation crucifie l’anesthésie des étoiles.

 

 

 

Le feu de la conversation calligraphie la projection de translucidité de la nuit au dos de la main.

 

 

 

Seule une conversation sait comment construire un escalier à la surface d’une fenêtre.

 

 

 

Le feu de la conversation sculpte les fenêtres animales de la métamorphose du coma.

 

 

 

Le feu de la conversation ouvre une fenêtre de paralysie à l’intérieur du s’il vous plait d’utopie de l’instinct.

 

 

 

Le feu de la conversation clandestine la musculature d’inouï de la terreur à l’intérieur du tact de respiration des voix.

 

 

 

Le feu d’herbes de la parole peaufine le visage de tonnerre de l’inconnu.

 

 

 

Le feu de la conversation calligraphie le firmament d’alcool de l’inconnu.

 

 

 

 

 

La parole affirme la posture d’érosion du feu.

 

 

 

La parole favorise la catastrophe de respiration du feu.

 

 

 

La parole affirme l’errance de la respiration comme habitude d’extase du feu.

 

 

 

La parole brûle la respiration avec l’affectation de désespoir d’un vide bu.

 

 

 

Le regard de peau de la parole affirme l’au revoir de verre de l’anesthésie du feu.

 

 

 

 

 

La parole improvise une fontaine d’échafauds.

 

 

 

La parole provoque un jeu de cache-cache affriolant avec le vide du jour.

 

 

 

La parole méprise le cerveau de la vérité avec l’absurdité du souffle.

 

 

 

La gorge vagabonde de la parole brise le pain de disparition du souffle.

 

 

 

Les paroles provoquent un baume paradoxal qui amplifie la blessure jusqu’à ce qu’elle apparaisse comme la trajectoire de coma impeccable du sang.

 

 

 

Les paroles provoquent un baume paradoxal qui amplifie la blessure jusqu’à ce qu’elle affirme la pulsion d’un repos comme un désert de respirations innombrables. Ainsi les paroles transforment la blessure en posture de tragédie de l’innocence.

 

 

 

L’épilepsie d’orgueil de la parole cartographie l’utopie de pesanteur du regard à l’intérieur de la musculature d’incendie des os.

 

 

 

La parole apparaît comme un projectile à l’abandon entre la respiration du crâne et le dos du sang.

 

 

 

 

 

La parole extrait la démence explétive du hasard.

 

 

 

La passion de la parole ouvre la porte du vide face à la fenêtre du hasard.

 

 

 

Le tact de toujours du hasard de la parole adresse le visage du vide à la trajectoire d’aveuglement du ciel.

 

 

 

 

 

La parole affirme l’habitude du hasard par la sauvagerie minérale de la bouche.

 

 

 

A l’intérieur de la parole, la langue apparaît comme la main de la respiration. A l’intérieur du silence, la respiration apparaît comme la bouche de la main.

 

 

 

 

 

Le bégaiement goûte le gag d’aube de l’amnésie.

 

 

 

Le bégaiement immisce un libertinage de gags abstraits à l’intérieur de la chute alibre de la bouche.

 

 

 

Le bégaiement goûte la voix de salive tacite du besoin d’extase de l’habitude.

 

 

 

 

 

L’homme porte la parole dans son ventre comme un enfant d’imminence, l’enfant de vide de la féerie de ses innombrables oublis.

 

 

 

 

 

Parler une langue étrangère est un travail de la pudeur.

 

 

 

Parler de l’écriture révèle la tentation d’extraire le regard de sa nuque par les mâchoires de souffle de la dérive des continents.

 

 

 

 

 

Quand un homme parle à un mur, qu’il ne s’indigne pas si le mur afin de dialoguer, préfère plutôt que d’accroître sa hauteur ou de s’effondrer, inverser ses deux faces par l’affectation de douleur d’une inconséquente monotonie.

 

 

 

 

 

Le muet attend décapité par sa demeure.

 

 

 

Le muet porte son visage sur ses épaules tel le cadeau cadavérique de la vérité.

 

 

 

Le muet porte son visage sur ses épaules telle une demande de pardon adressée à la liberté incognito de la vérité.

 

 

 

Ecouter le mutisme de l’autre est le désir d’être ponctué à travers l’insomnie de l’air.

 

 

 

 

 

Les êtres humains se ressemblent divinement à travers le désir de parler quoi qu’il arrive, à travers le souci frénétique de signifier. A chaque parole, les êtres humains témoignent de la distraction de leur croyance en la divinité anonyme du sens.

 

 

 

Le bavardage conçoit la totalité du langage en tant que prière dédiée à l’espèce humaine.

 

 

 

Le bavardage est l’acte de prononcer des mots sans les adresser ou en ne les adressant qu’à la lumière du sens. A travers le bavardage la parole n’est pas nécessaire et l’acte même de dire n’importe quoi ne l’est pas non plus. En effet à l’intérieur du bavardage, l’acte de dire n’importe quoi pourrait encore être adressé à quelqu’un d’autre.

 

 

 

Lorsque les paroles sont produites pour rien, pour la vanité de doute de la pure prononciation, elles ne font rien d’autre que signifier, elles interrogent alors le néant sans jamais répondre à une chose particulière. Le bavardage du sens n’est rien d’autre que le supplice d’un questionnement qui interdit la pulsion de la réponse. Le bavardage du sens est la folie de futilité du langage en tant qu’il s’adresse à n’importe qui.

 

 

 

Le bavardage du sens emploie le langage sans jamais l’adresser à une existence précise. Le bavardage du sens prétend révéler une vérité identique à la totalité des individus. Le bavardage du sens emploie le langage en tant qu’échange infini de l’anonymat.

 

 

 

Le bavardage est la situation de stupeur où n’importe quoi peut interdire n’importe quoi.

 

 

 

La stupeur du bavardage avoue chaque mot en tant que ponctuation divine du mutisme. La stupeur du bavardage avoue chaque mot en tant que ponctuation muette de Dieu.

 

 

 

Le bavardage croit à la transcendance de la vérité. Le bavardage croit que l’essentiel est de dire la vérité sans tenter de styliser la destination de la vérité.