Souffrance
La souffrance spirituelle est le plus abject des sentiments. La souffrance spirituelle souille le miracle d’exister. Celui qui souffre spirituellement dédaigne le miracle de terreur d’apparaitre au monde. La souffrance spirituelle est méprisable en ce qu’elle n’est qu’une impuissance à apparaitre à l’intérieur du monde. C’est pourquoi il n’existe qu’une seule forme d’élégance éthique, l’élégance éthique de devenir heureux.
Celui qui souffre spirituellement est le plus ignoble des êtres. Son abjection ridicule est d’ajouter des souffrances factices à la violence naïve du monde.
La souffrance efface sans oublier.
La souffrance spirituelle est d’être fidèle au néant.
La souffrance spirituelle est hantise. La souffrance spirituelle n’est jamais un événement. La souffrance spirituelle est le masque de transparence du mal.
Ce qui souffre est l’insignifiance du cœur.
Connaitre la raison de sa souffrance n’abolit pas la souffrance. Connaitre la raison de sa souffrance change la souffrance en infini.
La souffrance spirituelle atteste la vulgarité de l‘infini.
La souffrance purement spirituelle est l’infini de la mauvaise foi.
La souffrance spirituelle est suscitée à travers la gomme de liberté de la gloire.
La souffrance spirituelle est la folie de s’ennuyer au centre de son sommeil.
La souffrance spirituelle est la stupeur de désirer identifier la douleur du corps à la tautologie de lumière de l’insomnie.
Si l’homme savait qu’à chaque fois qu’il fait semblant de souffrir pour se distraire de son ennui, quelque part au même instant un homme était tué pour vérifier cette souffrance futile, l’homme se divertirait moins à souffrir pour rien.
Il est futile d’être le messager de sa souffrance et plus futile encore d’adresser à sa souffrance des lettres d’adoration anonymes.
La souffrance engendre des pensées informes similaires à des chimères de chimpanzés, des facéties de mouches et des fourmillements de miroirs.
L’homme est malheureux lorsqu’il désire être l’instrument de la vérité.
La stupidité du malheur est de désirer être responsable de la vérité. La stupidité du malheur est de croire à la vérité en tant que loi morale.
Le malheur organise une machination de divertissement moral.
Le malheur est de ne pas avoir le courage d’affirmer la forme particulière de son bonheur. Le malheur est de désirer que son bonheur soit reconnu à travers tous autrement dit qu’il soit reconnu en tant que vérité de l’anonymat.
Le malheur est d’avoir peur de montrer l’invention de son âme. Le malheur est de survivre sans jamais vouloir montrer l’invention de son âme.
L’homme malheureux est celui qui se croit à l’origine de son malheur et qui pense de plus que cette origine est insignifiante. L’homme malheureux pense qu’il est le responsable de l’insignifiance même de son malheur.
Le malheur mélange la guerre et la guérison à travers la justice réversible des rêves.
Le malheur revendique la possibilité d'être en manque de n'importe quoi lorsqu'on est mort.
Les sentiments de l’homme malheureux ne sont rien d’autre que des notices d’emploi de son cerveau rédigées pour divertir son cadavre à venir.
Le martyr a peur de s’ennuyer.
Le martyr fait semblant de souffrir parce qu’il ne sait rien faire d’autre.
Les martyr est le fainéant qui masque sa stupidité à travers son malheur.
Le martyr dissimule son absence d’âme à travers l’exhibition infinie de sa souffrance.
Le martyr change le ciel en miroir. Le martyr est le fainéant vaniteux de l’infini.
Le martyr est un cadavre qui idéalise son souffle pour masquer sa peur de parler.
Les organes du corps du martyr accomplissent la représentation incessante de son agonie en tant qu’incertitude d‘insomnie de la résurrection.
Il n’y a pas d’élégance du martyr.
La perversion du martyr est de prétendre que la haine des autres envers lui est la preuve même de sa grandeur.
Le désir d’être un martyr est la distraction de ceux qui ignorent le scandale de l’amour.