Oubli

 

 

 

 

 

 

 

L’oubli n’efface pas.

 

 

 

L’oubli ressemble à. L’oubli symbolise.

 

L’oubli bande le rituel à blanc. L’oubli affirme l’érection à blanc de l’illusion.

 

 

 

L’oubli ne fait pas comparaître devant le jugement. L’oubli donne à comparer dos à l’instinct. L’oubli projette la multiplicité des apparences dos à l’instinct.

 

 

 

 

 

Il n’y a pas de profondeur de l’oubli. L’oubli révèle la prolifération de surfaces du temps. L’oubli révèle la prolifération de surfaces de l’imminence du temps.

 

 

 

L’oubli invente une forme d’intimité en dehors de la subjectivité. L’oubli affirme le face à face obscène avec le silence cosmétique du cosmos.

 

 

 

La force qui oublie à l’intérieur de la chair, c’est le monde, la force de disparaitre sans s’effacer du monde. Ce qui oublie à l’intérieur de la chair, c’est l’unicité du monde, la fiction obscène du monde. Ainsi l’oubli survient comme un fragment d’illusion du monde.

 

 

 

La pulsion de l’oubli affirme le geste de détruire son inconscient à l’intérieur du crâne de la dérive des continents.

 

 

 

 

 

L'oubli drape de nudité projectile.

 

 

 

L'oubli donne à sentir l’aura d’absurdité de la chair.

 

 

 

Le tact de l’oubli déclare un parachute d’odeurs.

 

 

 

L’oubli abandonne un iceberg de ratures translucides.

 

 

 

Le charme crucial sans y croire de l’oubli hurle la débauche d’anesthésie de la banquise.

 

 

 

L’oubli affirme la respiration à blanc de la certitude comme forme burlesque du destin.

 

 

 

 

 

L’oubli inquiète l’homme. Ce qui inquiète l’homme n’est pas quelque chose, c’est que quelque chose de vécu soit oublié. Ce qui inquiète l’homme ce ne sont pas les événements qui lui arrivent, c’est d’oublier les événements qui lui arrivent. Ce qui inquiète l’homme n’est pas sa vie, c’est d’oublier sa vie, c’est d’oublier n’importe où, n’importe quand et n’importe comment les événements de sa vie.

 

 

 

Celui qui retrouve sans le désirer tout ce qu’il perd meurt obligatoirement déçu.

 

 

 

 

 

La liberté de l’oubli révèle l’utilité de la honte.

 

 

 

Celui qui adonne son âme à l’oubli devient un virtuose sans jamais savoir le virtuose de quoi.

 

 

 

 

 

L’amnésie inhale l’immobilité du ciel.

 

 

 

L’insouciance de l’amnésie révèle l’océan d’anesthésie du hasard.

 

 

 

L’absurdité de l’amnésie révèle la lascivité cosmétique de l’innocence.

 

 

 

La distinction de l’amnésie s’inscrit à la surface de la disparition des voix.

 

 

 

 

 

Il y a un aspect solennel de l’amnésie. Les secrétions, les éternuements, les cris même de l’amnésique sont solennels.

 

L’acrobate de l’amnésie examine les strates géologiques des gouttes d’eau et les mouvements de marée des montagnes.

 

L’imminence de monotonie de l’amnésie imagine le pain de décapitations des étoiles.