Je

 

 

 

 

 

 

 

Je ne pense pas, je scande le temps avec des phrases.

 

 

 

Je ne pense pas, je scande le vide du temps avec des phrases.

 

 

 

Je ne pense pas, je scande le vide du temps avec le feu de silence des phrases.

 

 

 

Je ne pense pas avec mon cerveau, je pense grâce à la parure d’hémorragie du gel. Quand je pense, mon cerveau se repose seulement à l’intérieur de mon crâne comme la cicatrice de source invulnérable de ma parole, comme le totem de soif de ma déraison.

 

 

 

 

 

Quand je vole, j'ai un cerveau à l’extrémité de chaque doigt.

 

 

 

Quand je vole, la violence désinvolte de l'espace respire le séisme de sang de mon odeur, j'ai le visage d’un cerveau à l’extrémité de chaque doigt.

 

 

 

Quand j’écris, je vole que ce que je ne vois pas. Je vole la colère de l’espace. Je vole le crâne du vent.

 

 

 

Quand j’écris, j'ai l'image d'un cheval d’au revoir sur la langue. Je chante ce que je vole au futur antérieur.

 

 

 

 

 

J’écris des aphorismes par amour frivole de la lenteur.

 

 

 

Quand j’écris, je ne sais jamais à quoi je pense. Je poste seulement ce que j’écris à l’espace de l’instant, je poste ce que j’écris comme je l’envoie à la paralysie d’espace de l’instant.

 

 

 

Quand j’écris, il n’y a jamais aucun homme dans mon dos. Quand j’écris, dans mon dos apparaît uniquement le monde, le magma abstrait du monde, le magma abstrait du monde à l’abandon, le magma abstrait du monde adonné à l’abandon.

 

 

 

Parce qu’un jour ou l’autre, plutôt l’autre, je serai mort, et étant donné qu’une chose en suive une autre n’a aucun sens, comme un bonjour oublie la forme de l’horizon, comme un salut d’instinct alibre par contumace, comme l’iceberg de rires de l’obscénité, comme l’âme pénètre la décapitation, j’écris.

 

 

 

La forme de mon mysticisme. Je ne sais jamais ce que j’écris sauf quand je déclare ce que j’écris à l’équilibre cosmétique de la terre comme au sommeil animal du ciel, ou quand j’écris à quelqu’un qui apparait comme un extrait de l’équilibre cosmétique de la terre comme du sommeil animal du ciel.

 

 

 

J’écris comme j’ensevelis mon destin à l’intérieur de ma bouche. J’écris comme j’ensevelis l’envol de mon destin à l’intérieur du crâne de ma bouche. J’écris comme j’ensevelis l’envol de mon destin à l’intérieur du crâne de ma bouche par la pandiculation de sourires de ma respiration, par la pandiculation d’extase de ma respiration, par la parure de paralysie extatique de ma respiration.

 

 

 

J’écris comme j’ensevelis l’envol de mon destin avec comme à l’intérieur du crâne de ma bouche. C’est pourquoi mes lèvres pulsent par excitation d’extase, par excitation d’extase à blanc.

 

 

 

J’aimerais inventer des phrases jusqu’à ce que ma mort devienne clandestine, clandestine à ciel ouvert. Je n’écris pas afin d’être éternel. J’écris afin de donner forme à la disparition de ma mort. J’écris jusqu’à raturer le massacre futile de ma mort, jusqu’à raturer le sens obligatoirement ridicule de ma mort par le silence immédiat du destin.

 

 

 

Tant que je suis vivant, j'écris. Après ma mort, j'aurai toute l'éternité derrière moi pour me lire.

 

 

 

J’écris afin de perdre le temps sans jamais le sacrifier. J’écris afin de manger le chaos de clarté de ce que j'écris ainsi maintenant après ma mort.

 

 

 

 

 

Aujourd’hui j’ai bien dormi, le ciel apparait translucide, les nuages s’amalgament rigolos, je regarde des cathédrales d’herbe à l’intérieur du crâne de mes mains, aujourd’hui j’ai bien dormi aujourd’hui, l’artifice de terreur de ma joie love la certitude de ma respiration avec des racines d’envol.

 

 

 

Aujourd’hui j’ai bien dormi, le ciel semble laconique, les nuages s’amalgament rigolos, le temps vole en éclats, le matin me savonne de non-savoir, mon sexe devient le stéthoscope de passion du vide et le fou rire du destin joue au ping-pong avec le bombardement de lèvres d’une pluie de baleines inconnues.

 

 

 

Je me contente aujourd'hui d'une posture de paix incroyable, une paix comme une forme de stupéfaction lucide. J’ai la sensation d’une désinvolture insensée à l'intérieur des traits de mon visage. Je savoure l'ellipse extrême de l'ouverture de mes yeux. J’ai le sentiment d’apparaitre respiré par la pierre de translucidité du temps, d’apparaitre caressé par le sourire de repos de l'espace, d’apparaitre béni par l'abandon comme ça, la peau abandonnée par une lascivité de solitude irréfléchie.

 

 

 

Hier j’ai beaucoup bu. Hier j’ai beaucoup bu, étrange simplicité. Hier j’ai beaucoup bu, aujourd’hui je m’adonne à l’instinct du temps. Hier j’ai beaucoup bu, étrange simplicité du handicap. Hier c’est-à-dire j’ai beaucoup bu.  

 

 

 

 

 

J’ai un crâne de jusqu’à. J’ai un crâne de jusqu’à beaucoup. J’ai un crâne de jusqu’à bonjour beaucoup.

 

 

 

J’ai parfois le sentiment que la force de gravitation ne s’adresse pas à l’intégralité de ma chair. J’ai parfois le sentiment que la force de gravitation s’adresse uniquement à mon visage. Ainsi la pesanteur de mon existence apparait projetée à l’intérieur de mon visage et le reste de ma chair repose avec une étrange légèreté euphorique comme posture d’aberration du dehors.

 

 

 

Mon visage apparait comme le lapsus de vagabondage de ma bouche. Mon visage apparait comme le lapsus d’implosion du vortex de ma bouche. Le saut périlleux du gouffre repose au sommet de mon visage. Le saut périlleux du gouffre repose au sommet du sommeil de mon visage. Le saut périlleux du gouffre repose au sommet du s’il vous plait de sommeil de mon visage.

 

 

 

Mes lèvres boitent d’invulnérabilité. Mes lèvres boitent l’invulnérabilité de ma déraison.

 

Quand je suis content et ému, mon front devient un iceberg de bicyclettes.

 

 

 

 

 

Chaque matin quand j’abandonne mon sommeil à sa disparition, j’essaie d’inventer une stratégie afin de ne pas réveiller la démence. C’est la seule éthique que je suive. Cette éthique provoque une forme de délicatesse dérisoire et malgré tout cruciale.

 

 

 

J’aimerais exister à l’intérieur d’un monde où chaque journée commencerait par un cyclone ou un séisme. Ah la joie étrange d’apparaitre réveillé chaque matin par un ouragan qui essaierait de vous détruire.

 

 

 

J’existe jour après jour. Mes projets n’excèdent presque jamais une journée. Je jette ainsi la forme de ma chair à l’intérieur de la prolifération des jours comme je pare la posture de mon âme avec la syncope de solitude de la nuit.

 

 

 

La nuit, j’ai le sentiment que les choses imaginent avec joie la forme de mon existence. La nuit, j’apparais toujours sauf. La nuit, le silence de ma solitude apparait toujours sauf

 

 

 

 

 

Je saigne comme une source de foudre à chaque fois que je dis bonjour.

 

 

 

J’aimerais savoir exploser de politesse, exploser de jubilation intacte à chaque fois que je dis bonjour.

 

 

 

Quand je dis bonjour avec précision, j’ai la dérive des continents à l’intérieur de la bouche. Quand je dis bonjour avec précision, ma langue love la dérive des continents à l’intérieur du vol en éclats de ma bouche.

 

 

 

J’aimerais n’exister comme un homme qu’à l’instant des formules de politesse, qu’à l’instant de dire ravi de vous rencontrer.

 

 

 

J’aimerais n’exister comme un homme qu’à l’instant de l’au revoir. J’aimerais n’exister comme un homme qu’à l’instant de la nébuleuse innommable de l’au revoir.

 

 

 

 

 

Je tombe par terre de bonheur quand quelqu’un déclare que j’existe à l’instant où nous nous trouvons seul à seul. A l’inverse, j’ai envie de tuer celui qui dit que j’existe alors qu’il y a des témoins ou encore qui dit à d’autres que j’existe alors que je suis absent. Cette dissociation de l’affirmation de mon existence révèle la forme démente de ma pudeur.

 

 

 

Le paradoxe burlesque de mon existence est d’avoir une forme de pudeur de l’apparition du visage plus intense que celle de l’apparition du sexe. Je ne rougis pas d’avoir un sexe, je rougis d’avoir un visage et je rougis aussi d’avoir le visage d’un sexe. Je rougis d’avoir un visage et le visage d’un sexe même pour ceux que je ne désire pas.

 

 

 

J’aimerais apparaitre comme le monstre d’un paradis clandestin. J’aimerais apparaitre comme un monstre impeccable face à ceux que j’aime et comme un vide courtois face à ceux que je méprise.

 

 

 

Je ne sais que penser de ceux qui sont pudiques lorsque leurs visages sont masqués.

 

 

 

Une des formes de ma bêtise. Je n’admire à l’intérieur des hommes que les livres qu’ils seraient aptes à écrire s’ils en avaient la volonté et je n’aime à l’intérieur des femmes que les œuvres qu’elles seraient aptes par leur seule présence à détruire si elles avaient la pamoison de tact de ne pas le désirer.

 

 

 

Une des formes de ma malédiction. Chercher des sensations à l’intérieur des chairs humaines et des sentiments à l’intérieur des choses. Chercher des sensations à l’intérieur des chairs humaines comme si elles étaient des choses et des sentiments à l’intérieur des choses comme si elles avaient créé les hommes.

 

 

 

 

 

J’aime l’herbe, le sang, l’exactitude de l’imagination, l’humour des tigres, les explosions d’icebergs, les fesses de l’ascèse et l’indécence du don comme inachèvement virtuose du hasard.

 

 

 

J’aime les tigres d’un amour abstrait et chaste. J’aime les tigres d’un amour courtois.

 

 

 

Aucun homme ne m’a jamais demandé de quelle race j’étais. Le temps apparait maintenant venu de le déclarer « Je suis de la race des exaltés taciturnes. »

 

 

 

Ma profession est d’être français et mon pays c’est la chute du paradis.

 

 

 

J’aimerais parler le français comme un escargot-tigre.

 

 

 

Ma seule révolte c’est ma récolte, la transhumance de clarté de ma récolte.

 

 

 

Mon odeur affirme l’euphorie mentale de ma décapitation.

 

 

 

 

 

Un précipice fait un saut périlleux à l’extrémité de ma langue, je parle.

 

 

 

Je parle comme si j’avais l’intuition que ma bouche ressemble à une bombe qui un jour ou l’autre explosera.

 

 

 

Quand je parle, ma bouche apparait charmée par les racines d’excitation de mon ombre.

 

 

 

Quand je parle, mon ombre respire l’exubérance de clandestinité de mon odeur.

 

 

 

Quand je parle, l’instinct d’utopie de ma solitude possède le vol en éclats de paralysie de mon cou comme parabole de silence de la décapitation.

 

 

 

 

 

Quand il y a du vent, ce que j’écris devient à l’instant à jamais illisible.

 

 

 

Quand la déhiscence du vent me donne des désordres, je travaille en deçà du désir.

 

 

 

Quand il y a du vent, ma chair devient la calligraphie même de ma volupté. Quand il y a du vent, ma chair apparait abandonnée au temps c’est-à-dire à l’illisibilité du destin.

 

 

 

 

 

J’aimerais avoir des mains clandestines, des mains qui n’existeraient qu’afin de caresser et d’écrire.

 

 

 

Une femme thaïlandaise, il y a mille ans, a effectué un jour de pluie un geste que je ne suis pas apte à évoquer aujourd’hui avec précision. Je sais malgré tout que ce geste a été le plus beau geste humain jamais effectué. Je ne sais pas quel était ce geste cependant mes mains tentent d’en sauvegarder la mémoire à chaque instant.

 

 

 

 

 

J’aimerais que les allusions de ma joie ressemblent à la plongée d’une nageoire de baleine à l’intérieur de l’océan.

 

 

 

J’aime parfois me retourner avec une extrême lenteur afin de surprendre ainsi la vitesse ultime de la lumière. J’aime parfois me retourner avec une extrême lenteur afin de surprendre les préparatifs de monotonie du ciel, les prétextes de translucidité du ciel.

 

 

 

 

 

Si je devais devenir un otage, j’aimerais rester l’otage d’une bouche qui embrasse.

 

 

 

Si une malédiction me forçait à incarner un seul et unique sentiment, j’aimerais que cela soit le simple sentiment d’apparaitre, d’apparaitre à l’intérieur de l’apocalypse du paradis.

 

 

 

 

 

J’aimerais savoir écouter comme l’éléphant.

 

 

 

J’aimerais quand je suis épuisé devenir un éléphant. J’aimerais quand je suis épuisé disposer de l’épouvante subtile et luxueuse de l’éléphant.

 

 

 

J’aimerais que mon nom ait le charme extatique d’une vache et mon prénom la magnificence amicale de l’éléphant.

 

 

 

 

 

La suite de dissociation des choses que j’ai perdues compose l’excitation de candeur de mon cœur.

 

 

 

J’ai appris par cœur l’intégralité de ce que je ne sais pas et l’intégralité de ce que je sais m’a été offert par la grâce d’oubli du sang en dehors du cœur.

 

 

 

A l’instant où je pense à, mon cercueil devient mon cœur.

 

 

 

 

 

Les jours où je donne un rendez-vous à quelqu’un, j’écris toujours de manière maladroite.

 

 

 

J’écris aujourd’hui avec l’impression d’avoir un pétale d’éléphant coincé sur la joue gauche, la joue de la maladresse, c’est comme si l’œillade d’un cercueil avait incrusté la cicatrice d’une source à la surface de ma joue, la cicatrice d’une source comme la nostalgie d’une épouvante. Je me lave chaque matin afin d’abolir les souillures du rêve et cette fois étrangement c’est le savon même de mon éveil qui semble être devenu le souvenir cristallin d’une souillure comme la bénédiction paradoxale d’une obsession.

 

 

 

Entre chacune des phrases que je n’écris pas, subsiste la hantise d’une question stupide « A quoi pense celui qui ne pense à rien ? »

 

 

 

J’écris aussi afin de devenir apte à ne pas penser quand je n’écris plus. J’écris aussi afin de forcer la pensée à ne pas s’inscrire dans mon cerveau. J’écris aussi afin de reposer mon cerveau de sa douleur de devoir sans cesse être la surface d’inscription de la pensée. Les pensées inscrites dans le cerveau même si elles sont insignifiantes et sans valeur sont des pensées sacrées. A l’inverse les phrases écrites sur le papier même si elles apparaissent uniques et inoubliables ne sont jamais sacrées. J’écris afin de détruire l’aspect sacré de la pensée.

 

 

 

A l’instant où j’écris, j’ai la sensation de l’extase impure de mon âme. A la seconde où je vois quelqu’un lire ce que j‘ai écrit, je n’ai plus la sensation de mon âme, je reconnais exclusivement le sens de ma pensée.

 

 

 

Lorsque je suis en présence de quelqu’un qui lit ce que j’ai écrit, j’ai l’impression de trahir ma joie. Lorsque je suis en présence de quelqu’un qui lit ce que j’ai écrit, j’ai l’impression que ma présence trahit l’instinct de disparition de l’écriture. Je trahis alors ma disparition parce que j’en suis le témoin et que cet acte de témoigner de ma disparition change cette disparition en absence.

 

 

 

Lorsque que quelqu’un me demande de lui expliquer ce que j’ai écrit, j’ai l’impression qu’il me demande modestement de le tuer. A chaque fois je refuse. Je préfère en effet mépriser quelqu’un plutôt que d’avoir été son assassin consentant.

 

 

 

 

 

Mon coude ourdit le meurtre d’un arc-en-ciel.

 

 

 

Si le meurtre était comparable à une odeur de menthe, je deviendrais un meurtrier avec sagesse et sérénité.

 

 

 

 

 

Quand je m’ennuie, j’ai la nostalgie du temps où je savais à quoi ressemblait l’épouvante.

 

 

 

J’aimerais savoir comment provoquer l’implosion de mes yeux ou de mes mains afin d’indiquer à quelqu’un qu’il m’ennuie.

 

 

 

 

 

J’aimerais qu’il y ait plus d’aisance absurde à mourir.

 

 

 

Assis sur une chaise qui un jour disparaitra, je qui un jour disparaitra regarde l’exclamation d’inconnu du ciel qui une nuit par insouciance de la terreur aura la tentation de dormir debout.

 

 

 

 

 

Ma tombe ressemblera à une toupie.

 

 

 

J’aimerais que mon cercueil soit une toupie, la toupie d’un crâne, la toupie de paralysie projectile de l’imminence du vide.

 

 

 

J’aimerais que mon tombeau soit un dé somnambule, le dé d’une lévitation somnambule, le dé d’une lévitation somnambule par habitude d’extase.

 

 

 

Le jour de mon enterrement, j’aimerais disposer d’un tombeau pour ma bouche, d’un tombeau pour mes dons, d’un tombeau pour mes sourires, d’un tombeau pour mes excès, d’un tombeau pour mes regards, d’un tombeau pour mes aveuglements, d’un tombeau pour ma maison, d’un tombeau pour les phrases que j’ai entendues, d’un tombeau pour les phrases que j’ai dites, d’un tombeau pour mes livres, d’un tombeau pour mon nom, d’un tombeau pour mon prénom, d’un tombeau pour mon cou, d’un tombeau pour mes sourcils, d’un tombeau pour mes tempes, d’un tombeau pour mon crâne et que le reste de mon existence ne soit pas enterré et pourrisse ainsi par miracle au dehors.