Parole

 

 

 

 

 

 

 

La parole défenestre le souffle.

 

 

 

Le feu de la parole défenestre la certitude du souffle.

 

 

 

L’euphorie de la parole sculpte les vertèbres à l’intérieur de la respiration.

 

 

 

La parole projette la débauche de parures de la respiration.

 

 

 

La parole affirme l’irresponsabilité de gel de la respiration.

 

 

 

La parole inachève le toujours de la présence. La parole inachève le toujours de la présence à l’intérieur du vide de la respiration.

 

 

 

 

 

Le gag de la parole affirme le feu de silence du futur.

 

 

 

Chaque parole d’un homme révèle la forme de son utopie.

 

 

 

 

 

La parole souffle des squelettes de bulles. La parole souffle les blessures de l’instinct comme des squelettes de bulles.

 

 

 

La parole incruste le stéthoscope d’un cœur disparu. La parole incruste le stéthoscope d’un cœur disparu au dos de la cible.

 

 

 

Le sperme de la parole calligraphie la parure du visage. Le sperme d’aisance de la parole calligraphie la parure d’ascèse du visage.

 

 

 

 

 

L’euphorie de la parole viole de manière nécessaire ce qui provoque sa disparition.

 

 

 

La certitude paradisiaque de la parole détruit la vérité indécidable de l’inconscient.

 

 

 

La moelle épinière de la parole improvise le geyser d’équilibre de la mémoire.

 

 

 

Le tas de translucidité des paroles apparait comme l’aura de malédiction désinvolte qui accompagne chaque geste de l’existence.

 

 

 

 

 

La parole habille le corps avec l’équarrissage de luxure du hasard.

 

 

 

La parole transforme les mâchoires en coups de dé du charme.

 

 

 

La respiration fabuleuse de la parole révèle le hasard d’absurdité du nom.

 

 

 

 

 

Le feu de la conversation calligraphie le tabou du souffle.

 

 

 

La conversation sculpte la cataracte d’éclairs du souffle. Le feu de la conversation sculpte la cataracte de souffle virtuose du sommeil. Le feu de la conversation sculpte la cataracte de souffle funambule du coma.

 

 

 

 

 

Le feu de la conversation transforme le langage en lieu de l’utopie.

 

 

 

Le feu de la conversation affirme le geste d’abandonner la trajectoire d’indécence des phrases à l’instant l’instant.

 

 

 

 

 

Le feu de la conversation cuisine les voix. Le feu de la conversation cuisine le magma de respiration des voix.

 

 

 

Le feu de la conversation affirme le coma d’ascèse cannibale de la certitude.

 

 

 

L’apothéose de feu de la conversation révèle la déchirure d’équilibre de la certitude provoquée par le vertige de la parole.

 

 

 

 

 

Le feu de la conversation compose l’archéologie de frivolité des noms. Le feu de la conversation compose l’archéologie de crucifixion frivole des noms.

 

 

 

La conversation donne à sentir un cimetière de vents éhontés. La conversation donne à sentir un cimetière de cyclones.

 

 

 

 

 

Seul le taciturne sait comment parler avec enthousiasme.

 

 

 

Il apparait préférable de parler afin d’amplifier sa solitude plutôt que de rester muet pour vérifier son identité.

 

 

 

Il y a des hommes qui parlent comme s’ils fuyaient un feu invisible et d’autres comme s’ils essayaient de donner un visage à l’océan.

 

 

 

Quand la parole devient l’unique forme efficace de la disparition d’un corps, le laconisme ressemble à l’écume de l’océan.

 

 

 

Le visage d’alcool du laconisme sauvegarde l’architecture de cicatrices de l’au revoir.

 

 

 

 

 

Le je est le premier qui parle. Le tu apparait comme le seul qui répond.

 

 

 

Le je est le premier qui dit la vérité. Le tu apparait comme le seul qui déclare la certitude. Le tu apparait comme le seul qui déclare le silence du destin.

 

 

 

 

 

Il est inutile d’écouter parler ceux qui sont sourds au silence.

 

 

 

Ecouter avec précision c’est non seulement écouter la parole de l’autre c’est écouter aussi et surtout l’instant où l’autre se tait, l’instant où l’autre abandonne le langage à l’illusion aléatoire du temps.

 

 

 

Quand il suffit de parler à quelqu’un pour lui faire un enfant, il devient extrêmement délicat de faire l’amour.

 

 

 

Il existe un espace comparable au tourbillon de translucidité d’une toupie où il apparait tabou de regarder quelqu’un et de lui parler en même temps. Si nous le regardons, il est alors logique de se taire. Si nous lui parlons, il est décent de ne pas le regarder. Il apparait ainsi tabou de ne pas regarder et parler en même temps, cependant cette forme du tabou appartient a deux catégories différentes. Il est faux de parler si auparavant le corps regarde. Il est interdit de regarder si auparavant le corps parle. Ceux qui se trouvent dans cet espace de tourbillon translucide n’effectuent pas toujours cette distinction, ce qui provoque des confusions incroyables entre la logique et l’éthique.

 

 

 

Celui dont la parole est la forme de sa faim est soit un salaud soit un saint.

 

 

 

 

 

Lorsque la parole est adressée à tous elle est pure, autrement dit insignifiante. Quand la parole apparait destinée à une seule existence, elle surgit impure c’est à dire indestructible.

 

 

 

Lorsque la voix est le miroir de l’aveu, la parole se change en signal de la stupeur.

 

 

 

Parler de quelqu’un en son absence est identique à l’acte de le tuer. Parler de quelqu’un en son absence est identique à l’acte de le tuer en l’obligeant à survivre à son insu, en l’obligeant à ressusciter à son insu en tant que suicide tautologique de l’insomnie.

 

 

 

Ne pas dire des mots que chacun attend révèle la destruction humoristique de la prophétie.