Lucidité

 

 

 

 

 

 

 

Distinguer vouloir savoir et désirer connaitre. Vouloir savoir apparait comme une forme d’exaltation de l’innocence. Désirer connaitre est le péché de ceux qui n’existent pas. Désirer connaitre est le péché des cadavres hypocrites qui dissimulent leur mort.

 

 

 

Apprendre sans désirer connaitre. Apprendre uniquement afin de savourer ensuite le plaisir de perdre ce qui a été appris à l’intérieur de la chair de l’autre avec une exubérance solennelle.

 

 

 

La violence du savoir affirme la forme indésirable de la sensation.

 

 

 

 

 

Le savoir souffle les bulles de savon de l’oubli.

 

 

 

Le savoir devient une forme de bonheur quand l’oubli ressemble à l’orgie de gel d’une voix.

 

 

 

 

 

Le savoir nage comme il étrangle. Le savoir nage au cœur de l’air comme il étrangle la translucidité de l’eau.

 

 

 

La passion de savoir affirme la démence de soif d’étrangler les décapités.

 

 

 

 

 

La frivolité du savoir affirme la fable d’anesthésie des murs.

 

 

 

Le déséquilibre d’amabilité du savoir joue à regarder la clarté des murs entre l’obscurité des fenêtres.

 

 

 

 

 

La lucidité intensifie la joie.

 

 

 

La lucidité survient comme un geste de souveraineté quand la chair a l’audace de dormir jusqu’à l’absolu.

 

 

 

 

 

La lucidité révèle le bégaiement de l’oubli.

 

 

 

La lucidité bégaie l’oubli comme strip-tease du hasard inconnu.

 

 

 

Le bégaiement d’habitude de la lucidité affirme le strip-tease d’oubli du hasard inconnu.

 

 

 

 

 

La lucidité éternue le destin.

 

 

 

La lucidité cueille des jeux de déserts.

 

 

 

La galanterie hagarde de la lucidité dépèce la pandiculation du ciel à la petite cuillère.

 

 

 

Il y a des idées qui n’ont aucune relation avec quoi que ce soit, des idées détachées sans être solitaires, des idées auxquelles nous n’accordons pas une grande valeur et qui ne sont cependant pas insignifiantes, des idées comme des femmes rencontrées une seule fois, des idées comme les femmes avec lesquelles nous n’avons partagé qu’une seule journée, que nous n’avons presque pas eu le temps de désirer et que nous avons malgré tout possédées sans aucune hâte, des idées comme des coquetteries de la frayeur, comme la démence délicate de construire soudain un mur avec le rire de son souffle.

 

 

 

 

 

La méditation compose l’implosion du crâne.

 

 

 

La méditation affirme la dynamite du souffle.

 

 

 

La dynamite de la méditation calligraphie les fruits de fumée de la terreur.

 

 

 

La méditation savonne le vide du crâne avec la précipitation de monotonie des voix.

 

 

 

 

 

Celui qui médite essaie de savoir à quoi ressemblent les gestes de son cerveau quand il ne pense pas.

 

 

 

La réflexion est l’acte de penser l’identité des objets et des situations. La méditation affirme le geste de penser la distinction des choses et des événements.

 

 

 

A force de méditer, le cerveau devient l’axe d’une excitation sans objet, une excitation qui ne vise aucun concept, une excitation qui vise uniquement le vide. A force de méditer, le cerveau devient l’axe de désinvolture du vide. Cette excitation ressemble au déséquilibre d’une épouvante qui provoquerait paradoxalement une forme d’envol, un envol abstrait en deçà du temps et de l’espace.

 

 

 

Il existe deux formes de méditations. Soit partir d’un point toujours identique pour aller dans des directions toujours différentes. Soit partir de points toujours différents pour aller en un lieu unique, lieu qui n’est ni une direction ni un sens, le lieu unique de l’âme.

 

 

 

 

 

L’éveil gobe la force de gravitation.

 

 

 

L’éveil gobe les confidences de temps de la gravitation.

 

 

 

Le hasard affriolant de l’éveil ausculte un cercueil de céréales.