Suicide

 

 

 

 

 

 

 

Le suicide croit au scepticisme de la mort.

 

 

 

Le suicide est le désir d’engendrer la pure possibilité de la mort.

 

 

 

Le suicide est le désir de mimer l’insu de la mort.

 

 

 

Le suicide est le désir de s’approprier l’échange tautologique de la mort.

 

 

 

 

 

L’homme se croit obligé de se tuer pour pouvoir découvrir qu’il est mortel. Malheureusement, lorsque l’homme se tue, il n’a pas la sensation de devenir mortel, il ne fait rien d’autre qu’éterniser la mort en tant que simulacre.

 

 

 

Le suicide est la revendication d’un droit. Le suicide revendique le droit de désirer la mort en tant qu’éternité de la vie. La stupeur infinie du suicide est de désirer être le justicier de sa propre vie. L’homme qui se suicide revendique le doit de désirer la mort parce qu’il n’a pas le courage de vouloir l’injustice de la grâce, la grâce de mourir de manière immortelle.

 

 

 

Le suicide est l’acte de masquer le mourir à travers la loi de la mort.

 

 

 

Le suicide est le désir idiot de nier la forme asubjective du gag de mourir.

 

 

 

Le suicide anéantit le rire d’anesthésie du mourir.

 

 

 

Le suicide n’est rien d’autre que l’impuissance du désir de ressusciter.

 

 

 

Le suicide est le divertissement de se donner la mort pour pouvoir éternellement l’échanger contre n’importe quoi.

 

 

 

Celui qui pour se divertir de son ennui fait semblant de se suicider est éternellement mort.

 

 

 

 

 

Le suicide est l’ironie de l’ignorance.

 

 

 

Le suicide est le désir de changer la mort en pure pensée.

 

 

 

Le suicide est un acte naturel. Le suicide est l’acte naturel de la conscience. Le suicide est l’acte naturel de l’éternité de la conscience.

 

 

 

Le suicide est le désir de conscience d’un cadavre inconscient.

 

 

 

Le suicide est l’acte naturel du sens. Le suicide est le passage à l’acte naturel du sens en tant que simulacre.

 

 

 

 

 

Le suicide est une idée neutre. Le suicide est l’idée neutre de la mort.

 

 

 

Le suicide est le désir de survivre en tant qu’idée éternelle de la neutralité.

 

 

 

Le suicide est l’idée suisse de la mort.

 

 

 

La profession de foi du suicidé est d’être suisse au centre de son cœur.

 

 

 

 

 

Un corps siamois est un suicide vivant.

 

 

 

L’homme qui manque son suicide se change en frère siamois de son cadavre.

 

 

 

 

 

L’homme qui manque son suicide devient plus triste et plus dégoûté encore de l’existence. Il a l’impression d’être un homme ridiculement éternel, un homme à qui la vie répugne et qui de plus répugne à la mort. Il éprouve alors l’infamie d’être une instance qui ne désire pas vivre et qui ne peut pas mourir.

 

 

 

Il y a une file d’attente des prétendants au suicide. La difficulté est que c’est justement au fil de cette file que chacun devra se pendre.

 

 

 

Le suicidaire cynique se pend à une croix ou se crucifie au fil de sa pensée.

 

 

 

Ne désirent se suicider que les Dieux qui s’ennuient. Le désir de suicide est l’ennui rationnel de Dieu.

 

 

 

Lorsque le suicide subsistera en tant que droit rationnel de l’inconscient, l’homme sera alors changé en organe sexuel secret de la lumière automatique des ordinateurs.

 

 

 

La nature propose à l’homme à la fois la vie et la possibilité de l’anéantir s’il le désire. A l’inverse l’illusion offre l’existence à blanc comme forme à imaginer du suicide tabou.

 

 

 

 

 

Se suicider par asphyxie, après avoir plongé la tête à l’intérieur de son cœur.

 

 

 

Se jeter dans le cratère d’un volcan est un suicide vulgaire. La grâce de mourir affirme plutôt le jeu de séduire un volcan jusqu’à ce qu’il se jette à l’intérieur de notre cœur.

 

 

 

Se suicider en envoyant son âme par la poste. Après avoir posé bien en évidence sur sa table de travail sa tête signée d’une balle dans la tempe pour expliquer son geste.

 

 

 

La seule forme élégante de suicide, se pendre à la foudre.