Société

 

 

 

 

 

 

 

Chaque société est un complot contre les singularités qui constituent cette société.

 

 

 

La société est constituée de sosies du souci. La société change tous les hommes en sosies du souci.

 

 

 

Le désir de reconnaissance sociale est un signe d’angoisse diabolique.

 

 

 

 

 

Chaque foule fomente l’idée fixe d’une épidémie d’hommes.

 

 

 

La société totalitaire contrôle les attitudes de veille et les postures de sommeil de chaque homme.

 

 

 

 

 

Les révolutionnaires pensent sans cesse à l’avenir parce qu’ils sont toujours en retard sur le présent. Les révolutionnaires désirent changer la société parce qu’ils ne parviennent pas à exister ici maintenant de manière asociale. Les révolutionnaires désirent changer la société parce qu’ils croient que le sens de la vie est obligatoirement social, parce qu’ils n’ont pas le courage d’imaginer une forme d’existence souveraine en dehors de la société.

 

 

 

Une révolution sociale est souvent identique à une virgule idiote dans une phrase jamais  écrite.

 

 

 

Préférer aux exécutions publiques les effectuations intimes. Préférer aux révolutions sociales les révulsions de volonté de la solitude.

 

 

 

 

 

Dans la société de l’avenir, ne pas écouter à chaque seconde la radio, ne pas regarder à chaque seconde la télévision, marcher sur l’herbe ou rester immobile seront des crimes infiniment plus condamnables que l’acte de tuer quelqu’un.

 

 

 

Dans la société  de l’avenir, des hommes prétendront que nous ne sommes pas encore suffisamment informés et qu’il est urgent de greffer des postes de télévision sur chacun des organes de notre corps pour qu’ils puissent connaitre en direct ce qui se passe n’importe où dans l’univers.

 

 

 

Dans la société de l’avenir, l’enfant tètera l’ordinateur comme si c’était sa mère, et la mère bercera l’ordinateur comme si c’était son enfant.

 

 

 

Dans la société de l’avenir, il y aura une technique de télé-accouchement. La femme sera revêtue d’une combinaison de capteurs virtuels pour accoucher son enfant. L’enfant sera alors accouché ailleurs à travers un écran d’ordinateur.

 

 

 

Dans la société de l’avenir, les automobiles prieront aux péages d’autoroute et les cartes bancaires prieront devant les distributeurs automatiques de billets.

 

 

 

Dans la société de l’avenir, il y aura une sorte de capitalisme transcendantal. Les fœtus seront alors munis d’un compte en banque pour pouvoir acheter leur vie et choisir leurs parents.