Crime

 

 

 

 

 

 

 

Le criminel témoigne du néant. Le criminel emploie ses crimes pour témoigner du néant.

 

 

 

Le criminel emploie les crimes qu’il accomplit en tant que masques du néant. Le criminel habille son néant avec les cadavres de ses victimes.

 

 

 

Le meurtrier est le jumeau de mutisme de son néant.

 

 

 

Pour le criminel la peur n'est pas un sentiment. Pour le criminel la peur est son corps-même. Pour le criminel la peur est le placenta de néant que son corps reproduit à chaque seconde.

 

 

 

L’impuissance du criminel est de vivre à travers le néant. La stupidité du criminel est de croire à la vérité de son néant.

 

 

 

 

 

Le criminel atteste le néant du possible.

 

 

 

La stupeur du criminel est de désirer la pureté du possible.

 

 

 

Le criminel est le médiateur de la pureté du possible.

 

 

 

Le criminel identifie le n’importe quoi et la pureté. L’assassin croit au n’importe quoi de la pureté.

 

 

 

Le divertissement du criminel est de changer le n’importe quoi en fétiche de la pureté.

 

 

 

La folie du criminel est d’être l’incorporation même de la pureté. La folie du criminel est d’être l’incorporation de la pensée possible de la pureté.

 

 

 

Le divertissement idiot du criminel est de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité,  exclusivement aux représentants de la justice.

 

 

 

 

 

Le criminel n’a aucune imagination du mal. Le criminel ne voit l’image du crime qu’à travers sa réalisation même.

 

 

 

Le criminel vit encore dans le ventre de sa mère. C’est la raison pour laquelle le crime est pour lui impossible à imaginer. Le criminel est ainsi obligé de tuer réellement pour avoir une image du crime.

 

 

 

Le criminel fait le mal en tant qu’obligation sans l’accomplir par plaisir. Le criminel fait le mal sans l’aimer. Le criminel ignore l’amour. Le criminel n’aime pas le mal. Le criminel fait justement le mal en raison de son impuissance à aimer.

 

 

 

 

 

Le criminel ne tue que de façon timide. Le criminel est un timide inconscient.

 

 

 

Survivre comme si de rien n’était est l’idéal du meurtrier timide.

 

 

 

Le crime excrémente l'inceste. Le criminel masque la vertu de son visage à travers les excréments du meurtre.

 

 

 

 

 

Le criminel est le sosie de son suicide.

 

 

 

Le criminel se suicide à chaque fois qu’il croit être libre.

 

 

 

Les criminels sont des suicidaires timides. Les criminels simulent leur suicide à travers l’acte de tuer les autres.

 

 

 

 

 

Le criminel est déjà mort lorsque le crime se produit.

 

 

 

Le crime est ce qui simultanément tue et ressuscite le criminel.

 

 

 

La naissance du criminel est l’ultimatum de son désir d’éternité.

 

 

 

Le criminel désire ressusciter pour l’éternité dans le corps sans âme de celui qu’il a tué.

 

 

 

Il n’y a pas d’autre crime que de désirer être le responsable distrait de sa mort.

 

 

 

 

 

Le crime est un acte de vulgarité divine. Le crime est le divertissement d’un Dieu qui s’ennuie.

 

 

 

Le criminel est un Dieu distrait qui à travers chacun de ses crimes témoigne qu’il s’attend lui-même comme si de rien n’était.

 

 

 

Le criminel atteste le sperme d’impuissance de Dieu.

 

 

 

 

 

Le criminel anéantit n’importe qui parce qu’il ne sait pas comment dire qu’il n’a rien à dire.

 

 

 

Le meurtrier vouvoie les vivants et tutoie les cadavres. Le meurtrier est obligé de tuer pour pouvoir tutoyer.

 

 

 

Les hommes tuent parfois d’autres hommes parce qu’ils n’ont pas le courage de brûler des livres. Les hommes tuent d’autres hommes parce qu’ils n’ont pas le courage de brûler l’encyclopédie universelle de leur stupidité.

 

 

 

 

 

L’impossibilité pour l’homme de sentir s’il fait ou non un enfant change l’homme en

 

meurtrier distrait.

 

 

 

Le plus abject des meurtres est de tuer quelqu’un à travers le reniement de son sommeil.

 

 

 

 

 

Ce n’est pas le crime qui est abject. Ce qui est abject est le miroitement, le dédoublement, la réflexivité du crime. Ce qui est abject est le sosie du crime. Ce qui est abject est de désirer tuer un autre homme à travers l’acte de se changer en son propre sosie.

 

 

 

Les criminels ont rarement honte de leurs crimes. Et lorsque les criminels ont honte, ce n’est pas du fait d’avoir tué, mais du fait d’avoir tué quelqu’un qui n’était pas selon la logique de leur vertu celui qu’ils devaient tuer. Les criminels n’ont pas honte d’avoir tué quelqu’un. Les criminels ont honte d’avoir tué quelqu’un d’autre. Les criminels ont honte d’avoir tué le quiproquo de l’autre à la place de la vérité de quelqu’un.

 

 

 

Le criminel se maquille à travers des miracles insignifiants. Le crime est la folie d’accomplir des miracles insignifiants. Le crime est un miracle idiot parce que ce n’est pas un miracle créateur. La stupidité du crime est de changer l’univers des hommes sans rien changer au criminel lui-même. La stupidité du crime est de changer l’univers des hommes sans rien changer à celui qui change cet univers.

 

 

 

 

 

Désirer tuer le crime c’est encore y croire.

 

 

 

Le criminel ne connaît rien d’autre que son nom. Le criminel désire anéantir chaque corps pour préserver la transsubstantiation distraite de son nom.

 

 

 

La liberté des criminels inconscients est identique à la futilité infinie de leur souffrance.

 

 

 

La vulgarité du crime est de ne pas sentir le scandale de candeur de l’existence.

 

 

 

 

 

L’assassiné est le confident préféré de l’assassin.

 

 

 

Le crime est l’impératif moral des hommes qui n’ont jamais entendu de musique.

 

 

 

L’hésitation du crime est la croyance de l’athée honteux.