Langage

 

 

 

 

 

 

 

Le langage ne transcende pas le monde. Le langage ne transcende pas les choses du monde. Le langage apparait comme une des choses du monde, comme une des choses de charme alibre du monde. Le langage apparait comme une chose de charme alibre parmi d’autres choses de charme alibre.

 

 

 

Affirmer le langage comme illusion c’est affirmer que le langage n’est ni l’origine, ni la fin, ni la médiation du monde. Affirmer le langage comme illusion c’est affirmer la venue du langage comme un des gestes de la métamorphose immobile du monde.

 

 

 

Le langage facilite l’apparition des choses du monde par l’intensité tacite de sa jubilation.

 

 

 

Le langage révèle cependant il ne montre pas. Ce qui montre c’est le geste du langage. Ce qui montre c’est le gag mystique du langage comme geste tabou de l’extase.

 

 

 

 

 

Le sens du langage est la justice de celui qui désire être pur. A l’inverse l’événement du langage affirme l’humour du monstre.

 

 

 

Le sens du langage institue la justice occulte du désir d’être pur. L’événement du langage révèle l’humour du monstre par l’injustice d’extase de la catastrophe. L’immanence insensée du langage ne dit pas « sois juste ». L’immanence insensée du langage déclare « Apparais comme la jubilation inexorable de la souveraineté nécessaire. »

 

 

 

 

 

Tout n’est jamais dit ni ici, ni ailleurs. C’est pourquoi il apparait plaisant de dire une seule chose à l’intérieur d’un lieu et d’un temps précis.

 

 

 

Tout dire est le désir des criminels vertueux. Dire n’importe quoi est le désir des cyniques soucieux. Ne rien dire est le désir des pervers idiots.

 

 

 

 

 

Un univers où seuls les mots seraient vivants serait l’univers de la mort même. Un univers où seuls les mots seraient vivants serait l’univers de la mauvaise foi de la mort, de la mort en tant qu’imposture.

 

 

 

Chaque lapsus est un Dieu qui fait semblant de parler à travers une absence de bouche.

 

 

 

La vérité du langage est ce qui subsiste de la distraction de Dieu. A l’inverse l’illusion du langage apparait par le jeu de l’oubli de Dieu.

 

 

 

 

 

Le langage transforme la gueule en visage.

 

 

 

Le langage obsède le visage de passions indésirables.

 

 

 

 

 

Il y a plusieurs types d’attitudes envers le langage et le désir. Il y a ceux qui pensent qu’ils sont parasités à travers le langage et qui cherchent délibérément à accomplir l’imposture du mutisme. Il y a ceux qui pensent qu’ils sont parasités à travers le désir et qui souhaitent accomplir l’imposture du non-désir. Il y a ceux qui pensent qu’ils sont parasités à travers le langage du désir et qui ne cherchent rien, qui s’obstinent à triturer le langage du désir en croyant que le divan est identique au divin. Il y a ceux qui pensent qu’ils ne sont pas parasités à travers quoi que ce soit et qui se croient alors obligés de parasiter les autres corps en tant qu’imposteurs de la vérité. Il y a enfin ceux qui savent que leur propre identité parasite les autres corps et qui affirment cependant que la particularité de leur solitude ne les parasite pas. Ce sont ceux qui écrivent c’est-à-dire les intuitifs sauf.